Chapitre 1 - 3

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Bahamas, 1705

Le pirate en herbe s’élança sur ses frêles jambes et agrippa la main de sa sœur. Dans l’élan, Bekhy faillit trébucher sur une racine. Ethan la soutint de justesse.

— Est-ce que ça va ?

Un simple regard échangé suffit à lui signifier que sa grande sœur n’était pas du tout rassurée par la situation. Après tout, ils n’étaient que deux gamins seuls en pleine nature indomptée. La bonté et le grand cœur du garçon le firent déclarer :

— Ne t’en fais pas, je suis là. Il ne t’arrivera rien. Je veille sur toi.

Cela fit du bien à Bekhy d’entendre ces mots rassurants, même si l’ordre des choses exigeait d’elle que ce rôle soit inversé. Son frère avait toujours aimé la protéger. Il prenait cette idée très à cœur et jamais il ne se serait pardonné s’il lui était arrivé quelque chose, encore moins par sa faute. Il la conduisit très vite jusqu’à un trou de quelque trente centimètres de côté et de profondeur :

— Regarde, c’est là.

Bekhy s’accroupit et se colla contre lui pour être moins sujette au déséquilibre face aux bourrasques. Elle n’y vit pas grand-chose à part un morceau de fer arrondi qui s’enfonçait dans le sol.

— Je voulais creuser davantage pour le dégager mais je n’ai pas de pelle, expliqua Ethan penaud.

— C’est ça ton trésor ? s’indigna-t-elle.

— Bien sûr !

Elle se releva en capturant ses cheveux qui n’en faisaient qu’à leur tête dans le grand vent.

— C’est nul.

— Tu n’y connais rien, se vexa-t-il.

— Tu te prends pour un pirate mais tu n’y connais rien non plus, rétorqua-t-elle sans se laisser démonter.

Ethan serra les poings pour éviter que son cœur ne subisse les tourments de ses railleries. Il aimait sa sœur mais trop souvent ses mots transperçaient son armure et l’affligeaient comme un coup de sabre en pleine poitrine. Il était vexé, il avait envie de pleurer. Comment pouvait-elle être aussi incisive avec tout ce qu’ils partageaient, avec tout l’amour qu’il lui portait ? Ethan ne comprenait pas.

— Je m’entraîne dur, tu sais. On ne devient pas le meilleur pirate du jour au lendemain.

— Tu parles, tu n’en as jamais croisé un seul, comment peux-tu savoir ce qu’il faut faire ?

Le vent mugissait et fondait sur eux avec une force comparable à leur querelle. Des zébrures tentaculaires parcouraient le firmament. Les deux enfants et la nature semblaient se nourrir mutuellement de la fougue de l’un et de l’autre pour enfler et attiser leur colère.

Soudain, un éclair relia le ciel et la mer à quelque trois milles nautiques de leur position, interrompant toute dispute. Lorsque le tonnerre qui en découla se mit à gronder et à se réverbérer au-dessus de leur tête, Bekhy trembla et sentit son cœur s’emballer. Bien qu’être née sur cette île aurait dû lui permettre d’appréhender et d’apprivoiser ce genre d’évènements naturels, il n’en était rien. Elle se sentait minuscule face aux éléments. Elle s’agrippa au bras de son frère.

— On rentre, hein ?

Ethan dut admettre qu’il n’était pas plus hardi que sa sœur en cet instant. Il était imprudent de rester ainsi exposés. Mieux valait faire vite et éviter d’être trempés jusqu’aux os. Car c’était ce qui allait se passer s’ils restaient plus longtemps. Et, en effet, à peine quelques secondes après avoir franchi le seuil de leur maison, la pluie s’abattit sur les terres, sans merci.

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