02. Mise à nue

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Mardi 3 septembre 2013

L’heure passe si péniblement que sitôt le cours terminé, je quitte la classe avec ma boîte à Smarties et m’enferme dans les chiottes. Je ne vais pas rester sur un trip aussi court, alors que je suis incapable de me concentrer sur le moindre exercice. Je veux vivre une nouvelle aventure, plus érotique, plus délirante encore que la première.

Je gobe ma seconde ecstasy aussitôt le verrou tourné. De cette manière, je suis certaine que personne ne peut entrer et influencer mon rêve. Je m’assois sur la cuvette. Mon cœur chavire brutalement en même temps que la fièvre me brûle le ventre. La porte se trouble et semble changer d’aspect. Je vois de l’eau pétillante qui coule par-dessous. La porte bat légèrement, alors que le loquet avait bien fonctionné. Inquiète, je la pousse et alors je découvre le vide. Je suis au bord d’une falaise que la rivière grimpe, comme si elle coulait à l’envers. Un lapin bleu passe devant moi en volant grâce à des mouvements de brasse. Je suis soudainement aspirée dans le vide. Mon cœur se soulève et me réveille simultanément.

— Mon Dieu ! Mon Dieu ! Vous êtes vivante ? !

L’aubergiste ? m’étonné-je.

— Vous étiez devenue toute transparente, même vos vêtements ! C’est à peine si vous m’étiez visible !

Je souris, ravie d’avoir l’occasion de poursuivre mon rêve. Je vais savoir si oui ou non, je serai l’élue qui couchera avec Sten. Si j’ai peu de doute à ce sujet, je suis curieuse de suivre le chemin que mon imaginaire construit.

— Je vais bien, ne vous en faites pas, c’est parfaitement normal, ça m’arrive souvent.

— J’ai eu si peur que vous soyez morte !

Cette fois-ci, j’ai mon smartphone accroché par la bandoulière à ma main.

— Dîtes-moi, pour passer les tests, là, le truc des vierges…

— Oui. À la citadelle des scribes, à la capitale.

— C’est loin ?

— Guère ! À deux heures de marche. Vous ne pouvez pas vous y tromper. Avez-vous quelqu’argent au cas où ?

— Non. Comment s’appelle la capitale ?

— Varrokia. Je vais vous donner quelques sous.

— C’est bien gentil à vous.

— C’est normal.

Tandis qu’elle tourne le dos, je tape Varrokia sur mon GPS, qui propose lui-même l’orthographe correcte. L’écran m’affiche une vue topographique, m’indiquant que je me trouve dans la bâtisse d’un petit hameau. Une flèche, comme une boussole apparaît et tourne avec moi. Je souris et cache le téléphone au moment où elle revient avec une petite bourse en cuir.

— Tenez. Que les scribes vous aient désignée aspirante ou non, revenez me voir pour me l’annoncer.

— Bien, c’est promis.

Elle m’accompagne jusqu’à la porte. Les nuages ont commencé à se parsemer et quelques rayons de soleil balaient le chemin pavé. Il n’y a ni poteau téléphonique, ni peinture au sol. Ce monde vit à la vieille époque. Je remercie une dernière fois la taulière, puis m’engage sur la route en direction de la capitale. Deux heures, ce n’est pas le temps d’effet de la pilule. Il faudra que je m’arrête avant de me réveiller pour pouvoir disparaître dans un coin d’où je pourrais reprendre mon rêve dès que possible.

Au dehors de la taverne, un homme conduit un troupeau de dinosaures. Les bêtes aux pieds larges, la tête protégée par une grande plaque osseuse ont des regards effrayés de bovins et s’agitent un peu.

— Excusez-les, elles ont un peu peur des étrangères.

— Ne vous inquiétez pas, je ne fais que passer !

Je m’éloigne avec un sourire jusqu’aux oreilles, humant l’air pur débarrassé du dioxyde de carbone, et savourant tous les détails de ce rêve. Jamais je n’aurais soupçonné avoir pareille imagination.

En dehors du hameau, le paysage n’est que plaines aux herbes hautes et douces. Dans le lointain, deux hommes font avancer un reptile à carapace pour qu’il tracte un soc et laboure le sol. Je les salue de la main en poursuivant sur le sentier de terre.

Je n’ai pas l’habitude de marcher une heure sur des cailloux et mes pieds me le font sentir. J’ai beau me répéter que tout n’est qu’une hallucination, la douleur est présente.

Un cavalier remonte le chemin, à dos d’un dinosaure carnassier ressemblant à un vélociraptor. L’homme porte une veste pourpre et dorée et ne me prête aucune attention.

Au virage qui suit, j’aperçois l’immense cité fortifiée dans le lointain, aux faubourgs cernés d’éoliennes.

Un peu moins de deux heures plus tard, je n’ai pas disparu. En parvenant aux premières maisons, la foule se densifie. Les soldats impériaux portent tous les mêmes armures noires, ce qui les rend facile à repérer. Aucun d’eux n’a les ramures de la garde impériale, mais beaucoup ont de belles ailes noires. Des Messiens, sans aucun doute. Ici, tout le bétail a été remplacé par des reptiles, des petits dinosaures apprivoisés. Des pâtres mènent leurs bêtes à des enclos, des vélociraptors muselées salivent à les observer. L’air est bon, les odeurs de la campagne semblent réelles, et le rêve s’éternise. La douleur de mes pieds s’étend dans mes mollets tant j’ai marché. J’erre en m’enfonçant entre les bâtisses de pierre et de mortier, construites tout autour du château gigantesque et noir. Les rues sont particulièrement propres. Des caniveaux sont taillés larges pour que les animaux y fassent leurs déjections. Une équipe traînant une charrette avec une grande citerne d’eau, les rince pour évacuer dans de longues grilles. L’odeur de la ville est musquée, mais pas trop étouffante. Les rues sont assez vastes pour que l’air circule. À dire vrai, c’est bien plus agréable que le monde réel et son dioxyde de carbone permanent.

Me voyant marcher le nez en l’air, un garçon d’une dizaine d’années m’interpelle :

— Votre seigneurie !

— Moi ?

— Oui. Vous allez à la citadelle des scribes ?

Je dévisage ses habits pauvres et ses pieds nus.

— Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

— Vous êtes belle et bien coiffée. En plus vous avez de beaux habits. Si vous voulez, je vous les garde pendant que vous passez devant les scribes. Sinon vous allez vous les faire voler.

— Pourquoi ? Je peux les garder moi-même.

— Ils ne pourront pas vous observer.

— Et j’imagine que ce n’est pas gratuit.

— Trois écus. Si vous êtes aspirante, je vous rends les écus et vous me prenez à votre service.

Je regarde ma besace. Trois pièces pour ce miséreux ? Je pourrais même les lui donner sans lui demander de service. Mais s’il existe en effet une possibilité de se faire voler ses vêtements, autant m’en servir. Je lui tends les trois pièces dorées, embellissant d’un sourire son visage. Il aura le droit de me mater en même temps que les scribes.

— OK. C’est quoi ton nom ?

— Fantou.

— Montre-moi par où c’est.

Il sourit et il me guide avec bonne humeur vers la citadelle, non sans passer près des étals de charcuterie dont le parfum me met en appétit. J’ai l’impression qu’il me fait circuler par le marché pour me faire dépenser, car les commerçants que je me force d’ignorer me hèlent tous à mon passage. À dire vrai, mon débardeur rouge vif, tranche avec les habits ternes que tous ici revêtent. Ils me prennent pour une riche bourgeoise, sans nul doute.

La citadelle, adossée aux murs noirs de château, est un immense bâtiment circulaire avec une tour centrale étroite montant vers le ciel. Aux abords, des fillettes vendent leurs services et hèlent toutes les adolescentes qui passent. Il semble en effet qu’il faille mieux être accompagnée d’un enfant, ou bien qu’user des services d’un miséreux soit gage de bonté.

Une file de binômes enfant-adolescente sinue jusqu’à l’extérieur. Je me place derrière une blonde aux cheveux ondulés qui a mon âge, parée d’une belle robe bleue cyan et de bijoux. Si elle se fait voler tout ce qu’elle a sur elle, il y en aura pour du pognon. L’enfant tressée qu’elle a embauchée n’a pas huit ans. Elle se tient calme et silencieuse, le regard baissé. Je préfère de loin le jeune garçonnet au regard plein de malice qui m’accompagne.

Une mère accompagne ses deux fillettes en demandant à la plus jeune :

— Prends soin de ta sœur.

Le plus grande doit avoir à peine treize ans. Sous ses frusques, je ne lui distingue même pas de rondeurs. Quelles probabilités a cette gamine de devenir impératrice, quand bien même les scribes lui laisseraient cette chance ?

Après dix minutes sans que l’effet hallucinogène ne se soit encore estompé, nous pénétrons dans un hall, surveillé par quatre gardes ailés en armure noire. Leur heaume ne laisse entrapercevoir que leur nez, leurs yeux perdus dans l’obscurité. Je dévisage les concurrentes les moins modestes, jolies, bien coiffées parées de bijoux. Parmi elles, il y a des filles ailées et même une avec des bois.

— Une voix trop aiguë ! s’exclame une blonde nasillarde. J’ai parcouru cinq cent lieues pour venir ici ! C’est à l’Empereur de juger ! Et d’abord, ça n’était pas mentionné dans les prescriptions !

Les épaules de la blonde devant moi tressautent d’amusement. Cela doit lui plaire de voir une rivale aussi jolie être déjà écartée. Nous finissons par nous avancer chacune vers les deux sas d’accès. Les scribes dont tous parlent sont des créatures humanoïdes en blouse blanche, sans cheveux, avec une crête d’épines comme celle d’un poisson-scorpion. Leur peau présente des rayures similaires. Ils n’ont pas de nez, une grande bouche ornée de petites dents pointues. Des lunettes semblent incrustées devant leurs yeux et remplies d’eau. Deux d’entre eux me reçoivent dans le sas sans porte.

— Bonjour. Veuillez décliner votre nom.

Hélène Hamel, ce n’est pas très swag pour une Impératrice.

— Léna… Hamestia.

— Votre âge ?

— Dix-huit ans.

— Veuillez lire ces mots.

Je lève les yeux vers l’inscription très étrange, prends une inspiration, puis sur moi pour obtenir ma meilleure élocution.

— Il s’en vint avec vingt verres de vin, qu’ils dégustèrent avec six saucissons et saucisses sèches…

— Cessez, m’interrompt-il. Vous savez lire. Votre voix est conforme. Veuillez me donner votre bras.

Je lui tends mon bras droit au-dessus duquel il place une grosse loupe rose. Avec une plume de métal, reliée à un câble, il dessine sur mon poignet. Un picotement électrique parcourt désagréablement l’intérieur de mon bras. Progressivement, il termine sa fresque : un cercle au-dessus d’une liste de quatre idéogrammes. Il appuie sur un bouton de sa plume et une encre noire coule pour venir remplir le sillon. Elle chatouille mes nerfs, provoquant une contraction involontaire de mon bras.

— Vous pouvez passer dans le vestibule. Déshabillez-vous entièrement, avancez avec les autres, puis attendez qu’on vous appelle par ce numéro.

Au travers de la loupe, je regarde les quatre symboles inscrits sur mon poignet puis je retire mon bras. Sans filtre, le tatouage est invisible. Je frotte mon bras tout en me dirigeant vers la porte, sans parvenir à ressentir le traçage du dessin. Une porte derrière se ferme, et celle de devant s’ouvre. Fantou m’explique :

— Si tu es recalée, ils barrent le dessin. Si tu es admise, ils ajoutent une autre fresque. Comme ça, tu ne peux pas te présenter deux fois.

Tout en avançant dans la pièce sombre au sol carrelé de petite faïence blanche, je devine :

— Tu as déjà été avec d’autres candidates ?

— Deux.

— Pourquoi ont-elles été recalées ?

— Trop de graisse dans les fesses et l’autre les seins qui tombaient trop. Mais ça ne se voyaient pas quand elles étaient habillées. Elles étaient dégoûtées, car une aspirante avec une cicatrice a été acceptée.

— J’aurais peut-être dû te demander avant de venir ici.

L’Empereur est exigeant. Mais je ferai sans doute de même à sa place pour pouvoir faire le tri. Avec son rang, difficile de croire en l’amour sincère, alors autant être exigeant sur le reste. Personnellement, je n’ai pas à rougir de mes formes, je les sais parfaites.

La porte du sas se referme derrière nous et nous nous trouvons dans une grande pièce où patientent des enfants à qui on a confié des vêtements. Les candidates se dénudent ou se rhabillent, souriantes ou larmoyantes. Celles qui viennent d’arriver s’engagent dans un couloir encadré par deux scribes. Il règne un silence religieux.

Même si je ne possède pas une pudeur exacerbée, j’avais pensé que nous serions seules face à celui qui nous ausculterait. Faire des selfies avec ses meilleures amies, c’est bien plus fun que se dénuder devant une foule d’inconnues. Pas de cabine, pas d’échappatoire. Il n’y a que des patères et des bancs sur lesquelles les fillettes attendent. Les candidates sont en file indienne, comme du bétail, les bras croisés devant leur poitrine. Pour un fantasme, il n’est pas très sympa. J’ôte mes chaussures humides puis roule mes bas. Les pastilles de faïence blanche qui couvrent le sol ne sont pas chaudes. J’enlève ma jupe, mon débardeur, les pose un à un pliés sur les bras de Fantou qui sourit, malicieux.

— Ça te fait bander ?

— Bander ?

— Le zizi tout dur.

— Je suis une fille.

Je masque mon étonnement et m’excuse :

— Pardon.

Elle sourit. Après un bref regard autour de moi, je dégrafe mon soutien-gorge, puis baisse mon slip. La blonde dénudée me scrute sans grande discrétion. Je laisse mes bracelets, mon pendentif et mes boucles d’oreilles en espérant que Fantou ne déguerpira pas avec. Mal à l’aise, je m’avance au milieu des autres fillettes qui patientent dans un hall jusqu’au couloir. En fait, il n’y a que des filles, aucun garçon, j’aurais du deviner que Fantou en était une.

— Quelle est la salope qui m’a pris mes vêtements ? ! hurle une femme ailée. Elle était là ! Une robe blanche ! Là, juste là !

Aucune ne répond, mais toutes affichent des sourires narquois.

— Quand je serai impératrice, je vous ferai bouffer vos fringues !

— Quel langage, pour une future impératrice, se moque une autre.

— Cela nous fera une belle impératrice, si sa réputation est de se présenter nue dans les rues.

Je ne dis rien. Je méprise leurs ragots mais mémorise ce qui peut entacher ma réputation. Je jette un regard à Fantou pour lui indiquer de façon tacite qu’elle a intérêt à bien se cacher si elle disparaît avec mes vêtements, et encore pire avec ma bourse.

— Je ne peux pas sortir sans être accompagnée, me rassure-t-elle.

— Ça veut dire qu’une autre aspirante est sortie avec les vêtements de la fille.

Fantou hoche la tête.

— Les salopes !

Je pense que tous les coups bas seront de mise pour gravir les marches de la gloire. Il faut que je me lie d’amitié avec l’enfant.

— Je m’appelle Léna, au fait.

— Ça ferait un joli nom d’impératrice.

Je souris, puis frissonne de pudeur. Je m’insère derrière la même blonde que tout à l’heure. Elle est plutôt bien foutue, rien à jeter comme dirait mon père.

Qu’est que je fous à poil ? Ce n’est qu’un mauvais moment à passer, il faut que je m’en convainque. Je jette un regard par-dessus mon épaule pour m’assurer que Fantou est restée. Elle n’a pas l’air de vouloir fuir. Bien au contraire, elle prie que je réussisse, pour que je la prenne à mon service, et pour devenir la numéro un de la future Impératrice. Chacune y cherche son compte. L’aubergiste également, doit espérer y trouver le sien. La pièce dont nous longeons le mur est sombre, impersonnelle, éclairée par des grosses ampoules peinant à briller. La fille venue avec sa sœur se place derrière-moi. Poitrine tout juste née, hanches étroites, je ne lui donne même pas treize ans. Je regarde droit devant-moi pour tenter d’oublier que je suis nue, dans ce vestiaire malsain d’impudeur. L’envie de disparaître et me retrouver dans les toilettes du lycée me tenaille.

Au bout de la pièce se trouve le second filtre de scribes. La blonde avance devant moi et présente son poignet au scribe dont le front soutient une loupe à filtre rose. Je reste derrière la ligne peinte en noir sur le sol et donc je n’entends pas ce que le scribe dit, mais je le vois, avec un crochet métallique, lui ouvrir la bouche pour compter ses dents, regarder ses oreilles si elles ne sont pas mal formées puis lui demander de mettre les mains sur la tête. Elle obéit, se tourne face à moi en me lançant un regard dédaigneux. Je le soutien avec noirceur, souligné par mes cernes naturels et le fard que j’y ai ajouté. Lorsqu’ils ont fini, le scribe dessine sur son bras avec le stylet mystérieux, puis c’est à moi d’avancer, et de subir la palpation. Je lui présente mon bras et il lit :

— Grigri Lambda Recto Facia.

J’imagine que ça correspond à mes idéogrammes. Il trempe son crochet dans de l’eau puis l’essuie rapidement sur un simple chiffon. C’est donc glacé qu’il le pose sur mon téton. Il soupèse ma poitrine avec son outil avant de l’appuyer sur mon ventre comme sur mes cuisses.

— Poitrine ferme de catégorie 3, ventre plat catégorie 1, une belle peau blanche.

Je discerne seulement à l’instant un scribe assis à ma droite qui note. Le crochet se fend en deux sur la longueur pour soulever mon poignet.

— Ongles propres et taillés, cheveux soyeux, yeux bruns.

Je constate que toucher à main nue la future impératrice peut être délicat pour leur avenir. Cela me fait sourire. Il écarte mes lèvres avec le crochet et conclut :

— Dents blanches, aucune ne manque. Veuillez lever les bras. Bien, veuillez-vous tourner.

J’obéis tout en voyant la jeune candidate qui m’observe. Elle me mate avec un besoin de comparaison. Elle est loin d’avoir mon corps de femme. Je garde un visage fermé tandis que le crochet appuie sur mon postérieur, puis palpe mes cuisses.

— Penchez-vous.

À contrecoeur, je tends mes mains vers mes pieds tandis que son crochet longe ma colonne vertébrale.

— Fesses catégorie 3. Jambes fermes catégorie 2. Colonne vertébrale bien équilibrée. Pas de cellulite, ni de vergetures. Aucune cicatrice apparente. Vous pouvez vous tourner et présenter votre bras.

Avec soulagement, je pivote vers lui. Sa plume reliée à un câble trace deux sillons courbes dans le cercle, puis l’encre vient chatouiller la cicatrice.

— Vous pouvez avancer.

Je ne me fais pas prier et passe l’étroit corridor menant à la pièce voisine. Nous sommes au cœur du bâtiment. Une vitre au sommet ferme la tour dans laquelle nous trouvons. Le soleil qui la transperce ne réchauffe pas pour autant la pièce, mais apporte une luminosité suffisante.

Une vingtaine de filles attendent, assises sur des bancs, les jambes croisées, les bras croisés devant le buste. Aussitôt que j’entre, les regards me parcourent, scrutateurs, comparateurs, mauvais. La jalousie et la compétition règnent ici, sans aucun masque de politesse ni semblant de fair-play. Sans lire dans les pensées, je devine qu’elles tueraient pour être l’élue.

Un escalier plongeant est protégé par des scribes silencieux et impassibles. Au-dessus de leur tête se trouve une arche avec plein des petites ampoules blanches qui affichent les idéogrammes de la prochaine à pouvoir s’avancer. Les câbles, aussi nombreux que les lumières passent au-dessus des têtes vers le mur. Je m’approche des rambardes qui partent de part et d’autre de la première marche. Au pied de la dernière se trouve une petite courette donnant sur trois pièces circulaires. Elles n’ont pas de porte, ce qui permet de voir dans chacune d’elle deux scribes, l’un notant sur un carnet, un autre palpant la candidate allongée sur une table de métal. M’imaginer à leur place me noue les tripes et je me dis à voix haute :

— Faut le vouloir, être impératrice, articulé-je.

— Qui ne le voudrait pas ? grince ma voisine.

Finalement peut-être moi. La gamine qui se trouvait derrière-moi accède également à la terrasse. Je reste dos à mes concurrentes sans pouvoir hasarder régulièrement un œil par-dessus mon épaule. Je croise de temps en temps un regard épieur. Celles dont je ne croise pas les yeux sont les filles les plus timides. Une fille ailée et chauve, aux ailes d’un blanc éclatant, se sert de ses plumes pour abriter sa pudeur.

Je patiente, mal à l’aise dans cette ambiance médicale. Des filles arrivent, d’autres reviennent, austères ou ravies. Je vois la blonde onduler des hanches vers l’escalier, alors je devine que c’est bientôt à moi.

— Roule des hanches, blondasse, cela me ferait marrer qu’ils te trouvent une maladie, grogne une fille.

Il n’y a pas de quoi frimer parce qu’elle remplit les critères de beauté de l’Empereur. Toutes les candidates présentes ici y répondent, et nous sommes trop nombreuses. Le panneau affiche mes symboles. Allez Léna ! Ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Je présente mon tatouage au scribe qui me laisse alors descendre les marches.

— Alcôve sur votre droite.

L’estomac plus serré qu’avant un oral, je parviens à la dernière marche. Sans hâter le pas, je me présente à l’alcôve en question. La pièce austère est éclairée par la vitre très haute qui referme la tour. Les deux créatures en blouse blanche m’attendent, comme des vétérinaires observant des génisses à la chaîne.

Comme au second sas, l’un a un monocle, l’autre prend des notes avec une plume sur une table de verre. Celui qui la tient s’assure de qui je suis :

— Grigri Lambda Recto Facia ?

— Oui, confirme celle au monocle en lisant mon bras. Allongez-vous.

Impatiente d’en finir, je me couche sur le métal tiédi par le passage des autres candidates.

— Bien, me dit le dactylo, veuillez observer uniquement et tout le long de cet entretien l’œil au-dessus de vous. Il nous dira si vous mentez.

J’observe la sphère rose et lumineuse placée en lanterne au-dessus de ma tête, tandis que son collègue saisit mes chevilles, me fait plier les genoux, mes pieds l’un contre l’autre avant d’ouvrir une vue large sur mon intimité. Putain j’ai envie de courir loin d’ici ! Quelques minutes, ça ne va durer que quelques minutes…

— Vous vous appelez Léna Hamestia ?

— Oui.

— Vous avez dix-huit ans ?

— Oui.

— Avez-vous déjà eu des relations sexuelles avec un homme ?

— Non.

— Avez-vous déjà été attirée par une femme ?

— Non.

— Avez-vous déjà eu des relations sexuelles avec une femme ?

— Non.

— Nous allons procéder.

Son confrère présente une baguette métallique à ma bouche. La barrière de mes dents s’ouvre par dépit, et laisse le scribe à l’observation. Rien que de penser aux nombres de bouches dans lesquelles la baguette a traîné, ma peau frissonne. Il semble l’enduire de salive. Je détourne quelques secondes le regard pour le voir touiller sa baguette dans un pot en verre. Le liquide incolore qui s’y trouve vire au rose. Le scribe ausculteur le compare sur un étalonnier fixé au mur et déclare :

— Pure. Aucune infection.

— Fixez l’œil, insiste l’autre.

Son comparse, avec une pince métallique écarte mes lèvres. Ma respiration se coupe, mon cœur s’accélère. Plus que quelques secondes. La baguette de métal que j’ai eu dans la bouche et qui a servi pour toutes les candidates, s’aventure sur ma vulve. Je fixe la lanterne rose pour contenir mon envie de fuir. Elle effleure mon clitoris brièvement avant d’explorer à l’orée de mon vagin.

— Clitoris type 1, lèvres type 1, hymen annulaire. Note, aucun effluve, vulve très bien entretenue.

Sans blague ?! Quelle sotte viendrait ici la chatte puante ? J’entends le scribe touiller à nouveau dans un pot en verre. Sans détourner les yeux de la lanterne, j’attends le verdict :

— Pure. Aucune infection.

— Toutes les conditions sont remplies.

Je sais que c’est mon délire et donc que tout tourne en ma faveur, mais je n’ai jamais été aussi ravie d’être encore vierge. L’idée de chevaucher Sten me laisse avec une sensation agréable au fond du cœur. J’allonge mes jambes lorsque le scribe prend mon poignet. Avec son stylet, il complète le cercle dessiné par un symbole complexe. Lorsque l’encre se répand dans les sillons, le dactylo me dit :

— Si vous avez déjà une courtisane, vous pouvez la faire enregistrer à l’alcôve numéro quatre.

— Bien.

Je descends de la table avec un soulagement immense. C’est avec un sourire aussi insolent que d’autres que je remonte les marches. Le sourire ou les pleurs, au choix. Je dévisage mes concurrentes qui patientent en haut des marches, moins nombreuses que tout à l’heure. La journée se termine, le soleil va être trop bas pour poursuivre les inscriptions aujourd’hui. Elles me dévisagent et je leur adresse un haussement de sourcil provocateur en me dirigeant vers le couloir de sortie. Fantou, assise sur le banc parmi les autres se dresse soudainement. Je suis vraiment contente de voir mes vêtements. Impatiente, elle se lève d’un bon et questionne :

— Alors ? Alors ?

— Alors je suis bonne, souris-je.

— Ne te la pète pas trop, me lance une brune un peu plus grande que moi qui vient de se déshabiller. T’as la peau trop blanche et le sourire trop niais pour plaire à l’empereur.

— Léna sera la future impératrice ! grogne Fantou.

La brune lui file une claque sur le front.

— C’est ça morpion ! Tu crois que t’as des chances d’être courtisane ? Qui voudrait d’une courtisane aux cheveux courts ?

Alors que je regrette de ne pas l’avoir tirée par les cheveux, elle rit, en rejoignant la file. Je suis trop fair-play. Je pose ma main sur l’épaule de Fantou et lui dit :

— Moi je te veux bien comme courtisane. Mais je n’ai pas beaucoup d’argent.

— Je m’en fiche, je suis sûre que vous gagnerez.

— Moui. Et si je ne gagne pas ?

Elle se mord la lèvre puis conclut :

— Tant pis.

J’enfile ma culotte et Fantou me demande en voyant le crâne rasta :

— Pourquoi votre blason représente un crâne avec des cheveux ?

— Je trouvais ça cool.

Je termine de m’habiller. Jamais je n’ai ressenti un soulagement aussi fort que d’être vêtue. C’est doux, c’est chaleureux, protecteur. Fantou murmure :

— Je suis sûre que vous allez gagner.

Je prends la direction que suivent les gagnantes qui sont accompagnées. Alcôve n°4. Il n’y a qu’une personne devant nous : la même blonde que tout à l’heure. Elle est présente devant le scribe, qui après discussion, fait déshabiller la fillette. Fantou, moins pudique que moi, anticipe en se défaisant de ses deux uniques vêtements. Les pieds sales, le visage plus mat que le corps, les cheveux pas lavés depuis longtemps, elle me fait de la peine.

Elle me précède lorsque c’est son tour. Le scribe la détaille des pieds à la tête puis lui demande :

— Quel est ton nom ?

— Fantou Batteur.

— Quel âge as-tu ?

— Onze ans.

— Quelle aspirante sers-tu ?

— Léna Hamestia, lance-t-elle fièrement.

— Ouvre la bouche.

Il trempe une baguette sous sa langue et la trempe dans le réactif. Manquerait plus que Fantou soit malade. La coloration rose pâle me rassure. Toujours en préférant utiliser des ustensiles que ses doigts, le scribe ausculte ses oreilles, ses cheveux. Fantou se laisse manipuler docilement jusqu’à ce que l’homme-poisson m’adresse la parole :

— Je note juste un grain de beauté assez large dans le dos, et de la crasse. Voulez-vous la prendre ?

— Oui.

— Où voulez-vous que je la marque ?

— C’est-à-dire ?

— Elle vous appartient. Votre code doit apparaître sur sa peau.

Je hausse les épaules en croisant le regard impatient de Fantou. Trop impatiente, cette dernière désigne son ventre.

— Là.

— Quelque chose de discret, insisté-je.

Il trace des petits sillons sous le nombril, ce qui fait se contracter les muscles de Fantou. Ensuite l’encre avant de les remplir et les idéogrammes géométriques apparaissent. A la différence des miens, ceux-ci restent affichés sans qu’un filtre ne soit nécessaire pour les lire.

Tandis qu’elle revêt ses guenilles, ma servante me dit :

— Il faut trouver des gens prêts à vous soutenir pour vous payer des cours de manières.

— Tu trouves que je manque de bonnes manières ?

— Non.

Elle hésite, inquiétée de m’avoir froissée. Lorsque je me dirige vers l’extérieur, elle reprend son explication :

— Mais les gens ne voteront que pour une aspirante qui a le sceau d’une ancienne courtisane. Faut juste un peu d’argent pour suivre des cours.

— D’accord, d’accord. Tu connais des gens prêts à nous aider ?

Nous parvenons à l’extérieur où le crépuscule étire les ombres des remparts. Je me sens bien plus à l’aise dans mes vêtements, même au milieu de la foule bigarrée, que dans cet endroit glauque. Le cauchemar est fini. Fantou, reste silencieuse, puis me dit :

— Pas à Varrokia. Les aspirantes riches ont déjà acheté plein de monde.

— Je connais une aubergiste qui m’a soutenue alors que je n’étais pas encore aspirante. Elle m’a vue embrasser l’Empereur, elle croit en moi, elle m’a déjà prêté d…

— Vous avez embrassé l’Empereur ? ! s’exclame-t-elle à voix basse.

— Oui, ce matin. — Elle reste bouche bée. — C’est à deux heures de marche, dis-je, un petit hameau. Tu peux y aller sans chaussures ?

— Oui, pourquoi ?

— Pour rien. Allons-y.

— Est-ce qu’on peut passer voir mes parents pour les prévenir que je vous appartiens ?

— Ben… Bien sûr.

Je suis la pouilleuse aux cheveux courts à travers les rues étroites de Varrokia. Il ne fait pas très chaud, me faisant regretter de ne pas avoir une petite veste. Nous parvenons à des maisons mitoyennes et sordides, loin des belles avenues nettoyées menant à la citadelle. J’ignore comment ses géniteurs vont prendre la nouvelle. Peut-être, si la famille est nombreuse, vont-ils être soulagés ? La gamine se faufile par une porte sans m’attendre et je l’entends appeler :

— Maman ? Papa ?

Ne sachant encore comment ils vont réagir, je patiente sur le seuil.

— Fantou ! gronde sa mère. Pourquoi tu n’es pas rentrée à l’heure.

— Regarde !

Sans doute lève-t-elle son vêtement car sa mère s’exclame :

— C’est merveilleux ! Chéri ! Fantou est courtisane ! Oh la la ! Ma petite puce !

Rassurée, je me glisse dans l’entrée sans trouver personne. Ça pue le reptile domestique et la végétation sèche. De vieux meubles récupérés meurent devant un âtre froid.

— Vraiment ? fait une voix d’homme désabusée. Tu traînes du matin au soir, tu n’es pas coiffée…

— Regarde ! Regarde ! s’exclame la mère.

Je parviens à l’arrière-cour, où Fantou tient des frusques levées pour exhiber son nombril tatoué à ses parents émaciés et ses deux frères aînés. Le père, sosie de Jésus, se recule d’un pas en m’apercevant. La mère se fige avant de se précipiter vers moi. Ses mains saisissent les miennes et elle larmoie :

— Merci ! Merci beaucoup ! Fantou vous servira bien, vous verrez !

Le père me demande :

— Pourquoi avez-vous choisi Fantou ?

— Elle m’a abordée, et elle m’a plue.

— Quel est votre nom ?

— Léna Hamestia.

— Nous vous sommes infiniment reconnaissants de prendre Fantou auprès de vous. Nous ferons connaitre votre nom dans les faubourgs.

— Merci. — Un blanc se profile. — Je vous laisse lui dire au revoir. Je l’attends à la porte.

Je quitte la misérable maison, puis patiente dans l’ombre de sa façade. Fantou ne se fait pas trop attendre. Elle me rejoint, pleine d’enthousiasme.

— C’est parti !

Nous commençons à marcher vers les extérieures, retrouvant des rues sans pavages, puis les premiers champs maraîchers. Comme le silence apaisant m’enveloppe, mes pensées retournent à la réalité, et à la pilule dont l’effet s’éternise. Lorsqu’elle cessera, je pourrais espérer reprendre mon trip comme je l’ai repris à l’auberge. Alors que nous nous longeons les herbes hautes, je lui dis :

— Si je deviens toute transparente, cache-moi. Je reviendrai à la vie dès que possible. Ta mission, maintenant, c’est de me protéger.

Elle écarquille les yeux, mais je ne cherche pas à lui expliquer davantage. Tout en accélérant le pas pour ne pas que la nuit nous surprenne, je reviens sur cette aventure étrange. Pourvu qu’après que la drogue ait perdu de son effet, je revienne dans le même songe poursuivre cette histoire délirante mais fort prenante. Avoir traversé cette auscultation humiliante sans pouvoir mettre la main sur l’Empereur me ferait bien chier.

Je caresse les hautes herbes qui bordent le sentier en me demandant pourquoi je ne me réveille pas. Overdose ? Coma ? Fantou me tire de mes réflexions en voulant lancer une conversation :

— C’est vraiment génial que j’ai encore l’âge de devenir courtisane !

— Pourquoi, il y a des limites ?

— Oui ! Les courtisanes des impératrices ont toujours été des femmes, parce que l’Empereur Etich 1 avait peur que quand il partait en conquête, l’Impératrice tombe amoureuse d’un autre homme.

— Jusque-là, ça me paraît logique.

— Et si l’Impératrice était malade ou enceinte, c’était une de ses courtisanes qui la remplaçait.

— Mais vous êtes des enfants.

— Parce qu’un jour, l’impératrice Sanava est tombée amoureuse d’une de ses courtisanes. Elle s’est mise à aimer une femme, plus qu’elle n’aimait l’Empereur Khal. Khal a tué Sanava et toutes les courtisanes, puis il a décrété que toutes les courtisanes seraient toujours des enfants.

— Mais tu vas grandir.

— Non, pas si vous devenez impératrice. Si vous le devenez, l’Empereur vous donne la jeunesse éternelle. Et les scribes font en sorte que les courtisanes aussi.

— Sérieux ? J’ai le droit à combien de courtisanes ?

— Prrrr. Au début, une seule. Ensuite, les chefs de villages peuvent vous en offrir une. Elle doit représenter le choix de cinquante personnes, et un scribe doit le notifier. En plus, le village doit donner assez de sous pour que vous puissiez vous occuper de la courtisane.

— C’est vraiment passionnant.

Je me réveille brutalement, les tempes battantes et douloureuses. Je suis affalée sur les toilettes. Mes vêtements ont séché et les heures ont passé. Je regarde mon bras, comme dans l’idée que revenue à la réalité, j’y verrai le tatouage invisible.

Le soir est tombé. Neuf heures ont défilé, soit huit de plus qu’avec la première ecstasy, exactement le même temps que celui écoulé dans mon délire. Peut-être est-ce parce que je rêve à vitesse lente que cela me paraît si réel. Je sors des toilettes. Le bahut est totalement désert, j’ai faim, il est temps de rentrer chez moi.

La nuit tombée, dans mon lit, malgré mes jambes éreintées et les émotions, je ne parviens pas à fermer l’œil. Mon aventure imaginaire m’obsède toujours. Je ressens encore cette humiliante auscultation, tout autant que ce début d’amitié qui se tisse entre ma courtisane et moi. Mon subconscient confond totalement le rêve et la réalité.

Le groupe Whatsapp intitulé « Rainbow Sorority » me siffle.

Siloë : Quoi neuf, mes poulettes ? Comment s’est passée votre journée ?

Chell : Trop bien, sauf que je n’ai toujours pas l’eau à l’appart. J’ai dû aller squatter chez un voisin, trop mignon.

Léna : T’as de la chance. Moi je suis toujours dans le même lycée, trop pourri.

Siloë : T’as pas une photo ? Il est comment ?

Chell : Je pense qu’il est gay !

Léna : Siloë, devine qui fait un BTS aussi à Marie Curie ?

Siloë : ???

Chell : Moi, je ne le connais pas ?

Léna : Non.

Siloë : Il est beau ?

Léna : Je t’aurais bien dit oui, mais je ne suis plus une collégienne.

Siloë : Geoffrey ?

Léna : Gagné !

Siloë : Trop bien ma poulette !

Léna : Trop bien, pas trop ! Il m’a mis le râteau de ma vie !

Siloë : Attends ! Je veux savoir ! On fait une conf !

Léna : Non, je suis crevée.

Chell : Mais raconte-nous au moins !

Léna : J’étais planquée dans les chiottes des mecs et je l’ai entendu parler de moi. Il disait que j’étais stylée, sexy… Du coup je l’ai choppé entre deux portes et je l’ai embrassée. Et il m’a dit que j’étais sexy mais trop zarbi. Que je n’étais pas faite pour un homme, mais que je devais chercher un collégien.

Siloë : Le connard !

Chell : Il n’est pas fait pour toi ! T’as de la poisse de retomber sur lui cette année.

J’hésite à parler de Sten, juste pour leur dire que je ne suis pas si déprimée que ça, mais je n’ai pas envie de leur expliquer un jour que c’était juste un mec fantasmé grâce à des drogues de Victor.

Léna : Ouais… Enfin bref, l’année ne commence pas comme j’aurais aimé. Vous me manquez trop mes poulettes.

Chell : Grave, vous manquez trop aussi !

Siloë : Dès qu’on revient, on se fera une soirée entre nous, t’inquiète ! On te remontera le moral ma poulette.

Léna : Merci, c’est cool. Je vais me coucher, j’en peux plus.

Chell : Une soirée pyjama sans pyjama.

Siloë : Je commence à penser que t’es bi.

Chell : Mystère !

Je pose le téléphone, laissant vibrer les répliques de l’une et de l’autre. Une soirée avec elles, ce serait cool. Je n’aurais pas envie de retourner dans ma fantasmagorie.

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