En déposant mes affaires, je ne pus m'empêcher de me regarder dans le miroir d'un bref coup d'œil. Mon regard se détourna immédiatement de honte.

« Vous semblez prise d'un tel désarroi lorsque vous vous regardez dans ce miroir. Puis-je connaître les raisons d'une telle affliction ? dit l'homme qui m'accompagnait.

- Eh bien... J'en perds la parole. répondis-je brièvement d'une voix remplie de sarcasme amer, sans répondre à son regard sensible.

- Ne voulez-vous pas me partager vos douleurs ? s'enquit-il d'une douceur mielleuse.

- Vous conviendrez qu'il est plus simple pour moi d'en perdre l'usage de la parole plutôt que de devoir vous faire part de mes peines et d'être forcé ensuite à vous écouter déblatérer des discours postiches, hypocrites et tout faits. dis-je brusquement. »

L'homme se tut, abasourdi par ma réponse sèche et inattendue.

« Ne semblez pas surpris, ces discours on me les radote à chaque fois pour me bercer dans l'illusion. À force je les connais tous par cœur et pourtant ils sonnent toujours aussi faux, ils résonnent en vous comme des coquilles de noisettes pillées : creux. »

Je me détournai promptement de lui et continua de ranger mes petites affaires avec soin, évitant de ne dévoiler aucune émotion piteuse. Il se sentit impuissant et inutile face à tant de misère sur ce visage familier.

« Mais ma chère, ne dites pas de telle sottises. Vos paroles me transpercent le cœur et me jettent dans le tourment le plus profond et brutal qui puisse exister. Comment pouvez-vous avoir une si faible estime de vous ?

- Je n'accepterai aucune pitié à mon égard, bien qu'elle ne renferme que douceur et amitié. Êtes-vous assez fou pour croire que vous puissiez tromper mes yeux en vous jouant de mon cœur ? Ne soyez pas dupe. Ce reflet, vous ne pourrez le changer, pas même avec les plus doucereux gestes ou propos. »