Ruben errait dans la sombre forêt, sans but. Ses pieds traînaient dans la terre et la mousse, et ses paupières de plomb étaient à moitié endormies. Soudain, il atteignit un lac au milieu de la forêt ; la surface plane était parsemée d'étincelles. Les arbres entouraient le lac paisible. Il s'en approcha ; quelques plis vinrent troubler la surface, formant des ondes pures qui glissaient jusqu'à lui. Non loin, une femme dont il ne pouvait apercevoir que les courbes, se baignait sous la lune ; sa peau opaline brillait sous la lueur de la nuit et elle semblait presque éthérée. Ses doigts délicats glissaient le long de ses bras, laissant s'écouler des gouttes d'eau semblables à des perles.

Elle ne l'a pas remarqué — pas encore.

Après quelques instants d'observation à distance, dissimulé derrière les buissons, il commença à s'avancer, comme envoûté par sa grâce. Ses pas feutrés écrasèrent une brindille par accident ; un craquement retentit, amplifié par le silence de la nuit. Il sursauta et essaya de se cacher maladroitement derrière un arbre, mais, dans sa panique, trébucha de nouveau et s'effondra, tête la première, dans un bruit sourd.

« Aïe-... »

Depuis sa position, il entendit le ruissellement de l'eau s'écouler le long du corps de la jeune femme qui semblait s'avancer vers lui. Elle enfila une chemise blanche qui collait par endroits à sa peau encore mouillée. Elle s'acroupi devant lui, ses bras entourant ses genoux, et l'observa avec curiosité :

« Je ne t'avais jamais vu par ici. Tu es couvert de terre, tu le sais j'espère, dit-elle avec légèreté tandis qu'il relevait son visage, d'où s'égrenaient des miettes de terre. Heureusement que la forêt t'avait préparé ce lit de mousse pour que tu ne te blesse pas. Je m'appelle Marilyn. Et toi ? »

Ruben était déconcerté par ses manières désinvoltes et sa nonchalance par rapport à son état de nudité. Il se releva. Se frottant le front et tapotant ses vêtements il tenta de se débarrasser de la terre sèche.

Quelle étrange rencontre.