Élise et le Secret de la Forêt Ancienne

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 Dans le creux d’une forêt ancienne, où les arbres murmuraient des secrets vieux de millénaires et où la lumière du jour peinait à percer l’épaisse canopée, Élise, une jeune biologiste aux yeux emplis de curiosité et à l’esprit assoiffé de connaissances, parcourait un sentier oublié.

Peut-être y trouverai-je plus que des plantes rares, pensa-t-elle, une lueur d’espoir naissant dans son cœur. Elle se trouvait là non seulement pour étudier la flore rare, mais aussi pour échapper à la monotonie de la vie en laboratoire, cherchant dans la nature un répit que les données chiffrées ne pouvaient offrir. Ses pensées vagabondaient vers des légendes anciennes, racontées par sa grand-mère, de royaumes cachés et de magie, des histoires qu’elle avait reléguées au rang de contes pour enfants, mais dont l’écho résonnait toujours en elle.

 Alors qu’elle s’enfonçait plus profondément dans les ombres verdoyantes, un frisson inexplicable parcourut son échine. Ce n’est que le vent, ou peut-être quelque chose de plus ? songea-t-elle, scrutant l’obscurité autour d’elle.

 — Ce n’est que le vent, se murmura-t-elle, tentant de chasser l’angoisse montante, une voix intérieure chuchotant que ce n’était peut-être pas tout.

 L’atmosphère semblait chargée d’une électricité statique, faisant vibrer chaque cellule de son corps. Secouant la tête, Élise attribua cette sensation à la fatigue ou à l’isolement, bien que son cœur suggérât une autre possibilité.

 Elle vit alors l’éclat. Un lumineux scintillement, vacillant comme une flamme, flottait entre les troncs.

Ne sois pas ridicule, Élise. Il y a sûrement une explication logique, se rassura-t-elle, son esprit de scientifique cherchant du réconfort dans la rationalité. Son premier réflexe fut de chercher une réponse cartésienne — peut-être un reflet, un insecte bioluminescent, ou une illusion d’optique. Mais l’éclat grandit, pulsant d’une lumière pure et incohérente avec les lois de la nature qu’elle connaissait.

 La peur s’insinua dans son esprit.

 — La magie n’existe pas, se rappela-t-elle, une conviction inébranlable de son éducation scientifique.

Mais et si ...?

 Une partie d’elle, celle qui avait écouté avec émerveillement les contes de sa grand-mère, osait rêver. Pourtant, devant elle, cette lumière dansait, défiant toute rationalité.

 Elle recula d’un pas, son cœur tambourinant contre sa poitrine. La lumière se rapprocha, comme attirée par son énergie ou sa présence.

Fuis, ou reste et découvre le secret ? lui criait chaque fibre de son être, mais ses jambes refusaient de bouger, paralysées par une fascination terrifiée.

 La lumière émit un son, une mélodie douce et surnaturelle, qui caressait les plus profonds recoins de son âme. Élise ressentit une vague de tristesse et d’accablement, comme si cette lumière portait en elle les échos d’un monde perdu, d’une beauté indescriptible et d’une mélancolie immémoriale.

Est-ce le chant d’un autre monde ? se demanda-t-elle, submergée par un sentiment de nostalgie pour un lieu qu’elle n’avait jamais connu.

 Elle étendit la main, ses doigts frémissant dans l’air humide.

 — C’est impossible, murmura-t-elle, tandis qu’une petite voix intérieure chuchotait : Mais si c’était possible ?

 À ce contact, une décharge de sensations l’envahit. Des images de forêts anciennes, de créatures ailées, et de royaumes oubliés dansèrent devant ses yeux. Des sons mélodieux, des parfums de fleurs inconnues et d’océans lointains l’entourèrent, enveloppant son esprit dans un voile d’émerveillement.

 Puis, aussi soudainement qu’elle était apparue, la lumière s’éteignit, laissant Élise seule dans la forêt assombrie, tremblante et bouleversée. Elle resta là, immobile, luttant pour reprendre son souffle, pour comprendre ce qu’elle venait de vivre.

Ai-je rêvé ? se demanda-t-elle, mais au fond d’elle, elle savait que ce n’était pas une utopie. La rencontre avec la magie, cette force inexplicable et terrifiante, avait ébranlé les fondements de son monde. Comment pourrait-elle retourner à sa vie d’avant, sachant que quelque chose d’incroyablement puissant et mystérieux se cachait juste au-delà du voile de la réalité ?

 Tandis qu’elle reprenait son chemin, une voix grave et douce surgit de l’ombre.

 — Vous avez vu ce que peu ont observé, dit une silhouette encapuchonnée, émergeant de l’obscurité.

 Élise s’arrêta, son cœur battant à tout rompre.

 — Qui êtes-vous ? demanda-t-elle, sa voix trahissant un mélange de frayeur et de fascination.

 — Un ami, répondit la silhouette, et peut-être un guide, si vous choisissez d’accepter ce que vous avez vu.

Un guide vers quoi ? se demanda-t-elle, intriguée et effrayée à la fois.

 Élise sentit en elle un changement irréversible. Une part d’elle avait peur de ce qu’elle avait découvert, mais une autre, plus profonde, se réjouissait de cette ouverture sur un univers où l’impossible devenait possible. La magie, autrefois un simple mot, s’était muée en une expérience indélébile, gravée dans son âme.

Je suis sur le seuil d’un nouveau monde, pensa-t-elle, un mélange d’appréhension et d’excitation la parcourant.

 La silhouette encapuchonnée guida Élise à travers la forêt, ses pas semblant à peine effleurer le sol couvert de feuilles.

 — Je suis Eolan, gardien de la frontière entre votre monde et le nôtre, déclara-t-il d’une voix qui évoquait le murmure des rivières anciennes.

Un gardien ? Comme dans les contes de fées ? s’interrogea Élise en son for intérieur, sa curiosité scientifique luttant contre sa fascination enfantine. Élise, bien que sceptique, ne pouvait nier l’étrangeté de la situation.

 Ils arrivèrent devant un vieux chêne dont l’écorce semblait scintiller sous le clair de lune.

 — Ce que vous avez vu n’est que le début, dit Eolan en posant sa main sur l’arbre. La magie est partout, liant chaque être, chaque élément. Mais elle se révèle seulement à ceux qui sont prêts à voir au-delà des apparences.

Alors je suis prête ? pensa Élise, un sentiment de responsabilité grandissant en elle.

 Élise, captivée, écoutait chaque mot.

 — Pourquoi moi ? demanda-t-elle. Pourquoi une scientifique comme moi ? se demanda-t-elle intérieurement, se sentant simultanément honorée et dépassée.

 — Votre cœur est pur, et votre esprit, bien qu’ancré dans la science, est ouvert aux merveilles de l’univers. Vous êtes l’Élue pour réunir nos mondes, longtemps séparés par la peur et l’ignorance.

L’Élue… cela sonne si solennel, songea Élise, à la fois flattée et intimidée par cette désignation.

 Élise sentit le poids de ces paroles. Elle pensa à sa grand-mère, aux histoires de son enfance, et tout commença à prendre sens.

 — Que dois-je faire ? interrogea-t-elle, sa voix trahissant en même temps l’excitation et l’appréhension, tandis qu’une partie d’elle-même chuchotait : Suis-je vraiment prête pour cela ?

 Eolan sourit.

 — Apprenez. Comprenez. Enseignez. La magie, comme la science, cherche à expliquer l’inexplicable, à relier tout ce qui existe. Vous devez être le pont entre nos mondes.

Un pont… je peux le faire, se convainquit Élise, trouvant en elle une force qu’elle ne savait pas posséder.

 Soudain, le chêne s’illumina, révélant une porte secrète.

 — Votre voyage commence ici, Élise. Mais rappelez-vous, chaque décision que vous prendrez aura des conséquences dans les deux mondes.

Je suis prête à franchir ce pas, pensa-t-elle, une détermination nouvelle emplissant son cœur.

 Élise prit une profonde inspiration et franchit la porte, pénétrant dans un monde où le ciel était parsemé d’étoiles d’un éclat inconnu et où des créatures de légende se mouvaient librement. Elle savait qu’un long chemin l’attendait, truffé de défis et de découvertes, mais pour la première fois, elle se sentait exactement là où elle devait être. C’est mon destin, se dit-elle, une joie tranquille remplissant son âme.

 Des années plus tard, Élise serait connue comme la Grande Médiatrice, celle qui avait réuni science et magie, révélant au monde les liens cachés entre toutes choses. Elle avait ouvert les yeux de l’humanité sur les merveilles de l’univers, prouvant que la véritable magie résidait dans l’union des connaissances et des croyances.

J’ai changé le monde, pensa-t-elle avec humilité et fierté, regardant le soleil se coucher sur un monde transformé.

 Alors que le crépuscule baignait un monde achevé, Élise, debout près de l’ancien chêne, sourit. Elle avait trouvé sa place, non pas juste dans un monde, mais dans l’harmonie de deux univers, unis par la magie et la science, par l’ancien et le nouveau. Et dans ce moment de paix, elle sut que sa grand-mère, partout où elle était, souriait aussi.

Merci, grand-mère, d’avoir allumé la première étincelle de magie en moi, pensa Élise, une larme de gratitude brillant dans ses yeux.

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