Partie 7 - 3

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 Parfois, je m’en veux de ne pas avoir vu de mes yeux la fin du règne des machines sur Ition-g. Pourtant, on me conta ce moment avec tant de détails, que moi-même, je n’aurais pas pu mieux voir. Les archivistes présents, Jorald et celui de la décurie Arcourt, usèrent de toutes leurs capacités mémorielles pour retranscrire dans l’Humania la fin des terribles premiers moments de l’Homme sur Ition-g.

 Depuis leur cachette, en hauteur dans les montagnes surplombant la vallée, ils usèrent des moyens technologiques récupérés dans les cubes de ravitaillement. Mais, même si les archivistes donnaient vie à chaque seconde du déroulement de l’« Instant Arcourt » comme nous le nommâmes par la suite, c’est Olas qui le rendit le plus vivant en entrecoupant chacune de ces phrases de borborygmes et d’onomatopées en tous genres. Il me raconta tout, le soir même, alors que nous avions rejoint le camp embryonnaire Alpha à bord d’une navette affrétée par le Markind.

 « Je vous ai vus courir tous les deux comme des dératés. Chacun dans la direction opposée après avoir crié à pleins poumons et allumé les PIMs. Il n’aura pas fallu longtemps pour voir arriver ces deux saloperies toutes tuyères déployées crachant leur plasma à plein régime. Et PAF ! frappant du poing dans sa paume de main pour mimer l’arrivée au sol des MART-MKD.

 Je continuais à l’observer. Ces yeux exhalaient l’excitation du moment.

 « Elle a eu des idées de génie. Les PIMs ont simulé la présence d’au moins deux décuries de sécurité armées et prêtes à en découdre forçant les protocoles de ces tas de ferraille à être tous les deux présents sur le même site. Leur cervelle synthétique n’avait même pas conscience de la ruse… »

 Son excitation baissa, laissant place à l’évocation de l’action d’Ingrid Arcourt.

 « … et là. Elle est sortie. Piiishh », mimait Olas de trois de ses doigts en forme de pinces s’élevant au-dessus de sa paume.

 « Les petits réacteurs l’ont maintenue au milieu des deux machines de malheur. Elle se protégeait simplement par deux plaques de blindage des robots tactiques. BOUM ! La détonation fonctionna faisant se braquer sur elle les armes. Un tir croisé. Un simple tir croisé. Tu te rends compte Valentin ? La hantise de tout soldat en opération. Mais ces machines n’y ont rien vu. Elles ont tiré. Pleine puissance pour percer le blindage de leur ennemie. BAM ! Dans leurs fichues têtes. Elles se sont grillées toutes seules. La décharge était telle qu’il ne reste rien d’eux là où ça a tapé. Jamais je n’oublierai ce moment à chialer. J’espère qu’ils vont nous la requinquer Ingrid, les biologistes. Elle a pris cher. »

 Olas se tut, mettant sa tête dans ses mains. Je ne regardais pas, mais je suis certain qu’il pleurait à chaudes larmes. Les soubresauts de son dos dans mon bras le trahissaient. 

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