Bill

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Oyez, oyez, chers amis, braves gens et preux chevaliers ; je viens vous conter l'histoire d'un homme, le récit d'un dieu vivant, qui sur terre pourchassa le Mal de son bras vengeur. Écoutez l'aventure de ce fier combattant : par ses exploits, il illumina le monde de sa lumière, et pourfendit les ténèbres de sa simple légende. Ce héros, symbole de courage et de noblesse, bien que n'étant pas de frêle apparence, n'en demeurait pas moins redoutable. Bill, nom de cette épique personne, anéanti l'injuste et le félon dans l'épopée d'aujourd'hui.


Nul ne sait d'où il vint, car tout héros surgit des brumes du passé pour jaillir tel un rayon du Soleil éclatant dans la bataille entre le bon et le vilain. Nul ne le connaissait, il vint tous nous aider. Nul ne l'espéra, lui pourtant nous sauva tous. Le Chevalier Noir à cette époque siégeait sur son trône macabre, entouré de ses hordes maléfiques, menace pour le monde de paix et de lumière qu'était le nôtre hier et qu'il est aujourd'hui. Les hommes le craignaient, et n'espéraient plus voir le Mal disparaître un jour de ces contrées, le jour où Bill apparut, comme surgissant de nulle part, aux portes de la citadelle impie.

Notre joufflu héros, immédiatement assailli par les gardes de l'abjecte porte, ne fut point ralenti, tant sa lame fut prompte à cueillir ces canailles. D'un moulinet du bras, il fit passer à trépas huit de ces malotrus, et les cinq restant les suivirent de peu, telle était la force de Bill. Et si les gardiens du lieu ne l'arrêtèrent point, le pont-levis ne fut pas plus efficace : d'un bond il traversa la douve, la porte n'étant pas assez robuste pour résister à sa généreuse carrure.

Cela fit du bruit, concevons-le, mais cela n'inquiéta pas notre corpulent bienfaiteur. Il pouvait en arriver des centaines et des milliers, pas une goutte de son sang ne perlera. Il le prouva par ailleurs, quand une légion entière, si ce n'est plus, de ces noirs vétérans arriva dans la cour illuminée de sa présence. Erreur courante que le Mal fait dans le cœur des injustes : il accourt auprès de celui qui peut le punir.

Et c'est ce que Bill fit, de quelques coups bien placés. Quelques secondes suffirent, tant la volonté de justice animait le dodu champion. Comme je l'annonçai, il y eu du sang, des membres coupés, des corps déchirés, mais nul fer n'approcha le corps de notre héros, malgré son encombrante posture. La technique de son bras n'était guère élégante, mais elle fut efficace, tant et si bien que le nombre de coups qu'il donna était loin de surpasser le nombre de leurs victimes.


Ainsi Bill se débarrassa des félons, prestement mais justement, afin de s'attaquer au plus vite à de plus féroces ennemis. Il entra dans la tour après avoir réajusté la porte à sa convenance. Ici l'attendaient les paladins maudits qui servaient le Chevalier Noir, afin de couper court à sa quête altruiste.

Inutile tentative ! Il furent trois hérauts de la destruction à affronter le ventripotent aventurier ; aucun n'en réchappa. L'un d'entre eux pourtant réussit à perforer le poumon de l'adipeux élu, d'une dague empoisonnée. Qu'importe, le mécréant en mourut dans la seconde, et le grassouillet combattant continua son périple, à peine touché par la bataille.


Alors, arriva le plus effroyable des pièges, celui qui, de peu, aurait pu sonner le glas de notre monde de lumière et de bonté. Devant notre joufflu personnage se présenta ce qu'il n'avait envisagé, tant sa pureté ne pouvait imaginer telle manigance.

Le Chevalier Noir, dans sa plus grande ignominie, avait truffé sa tour d'étroits escaliers à colimaçon, révélant une fois de plus ses malveillantes pensées. Bill, dans son incommensurable courage, ne fut point intimidé et s'y engouffra. Mais le colimaçon ne se laissa pas monter. Il poussa, tira, tenta de se faufiler, rien n'y fit, l'escalier ne se laissait pas pénétrer, et il resta coincé entre les pierres des murs. Tout espoir semblait perdu. Ce piège infâme semblait pouvoir avoir raison de notre héros et de ses justes ambitions. La malveillance était au seuil de sa victoire, le monde était sur le point de vaciller.

C'est alors qu'acculé, Bill fit un dernier effort, et non des moindres. L'édifice ne supporta pas cet acte de désespoir et la forteresse s'effondra en un tas de pierres, anéantie jusqu'à sa base.


Notre redondant protecteur fut alors libéré pour mener son ultime combat : devant lui, dans les champs de ruines, se dressait le Chevalier Noir et ses trois dragons. Le Champion de la Noirceur, avant l'affrontement final, s'entretint avec toute sa vile véhémence :

- Pourquoi donc, de ta magnificence, affrontes-tu mon abject domaine, Héros de la Lumière ? Qu'ais-je donc fait de si infernal pour qu'un tel servant du Bien vint sans pitié me pourchasser ?

- Que ne le sais-je, répondit-il, tu étais sur mon chemin, et qu'un tel château d'infamie me fasse changer de cap, personne ne l'entendra dire, je puis le jurer.

- Que mon occulte plan tombe à sa perte pour le lieu de son élaboration, c'est un destin que je ne peux tolérer. Viens donc vers ta fin, ma sombre épée aura raison de la divine volonté qui t'anime, Paladin Éclatant.

- Ces paroles sont celles d'une maléfique nature. Je saurai mettre fin à tes projets, aussi promptement de s'est effondré ton lieu de règne.


Notre imposant guerrier alors s'élança vers son ennemi et le lacéra par trois fois de son arme avant même d'avoir esquissé le moindre mouvement. Les dragons réagirent en crachant leurs souffles ardents, mais Bill est rapide malgré ses rondeurs, et les flammes ne touchèrent que son sombre adversaire.

Le Héros de la Lumière put ainsi occire deux des reptiles, tandis que l'éclat du brasier les aveuglait. Hélas, le troisième toucha notre défenseur, et la moitié de sa masse il perdit, tant la chair arrachée de ses bras par les griffes de l'ignoble créature fut volumineuse.

Il hurla sa douleur, si fort que le monde entier l'entendit. La Terre en pleura, les arbres perdirent leurs feuilles de chagrin, les oiseaux cessèrent de chanter et firent s'élever une mélancolique litanie en l'honneur du héros qui souffre.

Mais le combat ne s'arrêta pas pour autant. Bill reprit ses esprits, récupéra son arme, et, la douleur ne l'handicapant pas, poussant même à son paroxysme son désir de combattre, il trancha en deux la bête sans le moindre effort, ou tout du moins il ne le laissa pas paraître.

Enfin débarrassé de ces sbires, il put se concentrer sur son ennemi fatal. Celui-ci avait profité de ce répit pour pratiquer ses noirs pouvoirs : il était un homme, il devint un titan. De ses septante-trois mètres de haut, il surpassait en taille le bedonnant combattant, qui ne pouvait opposer à cela que son impressionnante largeur. Dans sa main droite, il tenait une lourde masse fait d'un métal si sombre et envoûtant qu'il ne pouvait provenir que du cœur de l'enfer, et de sa main gauche dardaient des éclairs de sang, diaboliques résultats d'une magie démente.

Cela n'intimida pas notre replet chevalier, qui pour le combat se muni de deux espadons, ainsi que de trois masses d'armes et d'un bouclier quand ses blessures finirent de cicatriser. Rapidement, le sinistre antagoniste fut mis à terre, malgré les pouvoirs que lui conférait sa démoniaque ascendance, grâce à la main des dieux qui guidait le noble bras du rebondi paladin.


Ainsi donc tomba le Chevalier Noir, après son règne despotique sur ses terres, par la force d'un unique homme. Mais par n'importe lequel. Bill devint, par l'héroïsme que seul son talent au combat surpassait, notre sauveur à tous, bienfaiteur de notre monde. C'est à lui que nous faisons honneur quand aux nobles aventuriers qui pourchassent le Mal, le nom Gros Bill nous donnons. Pour que la légende ne s'achève point, et que l'éclat de ce champion hypertrophié restaure à jamais la lumière, pour nous et pour toutes les générations qui nous suivront.

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