Un amour sans faim

de Image de profil de Lissy BeeLissy Bee

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Je me réveille ce matin et je me sens gorgée de vitamines. Le soleil tape sur ma peau dès son levé, ce qui me donne depuis quelques jours un joli teint de pêche. Quelle magnifique matinée d’été. Ma mère et mes sœurs dorment encore. C’est le moment que je préfère dans la journée, le seul moment où je peux me prélasser sur mon lit fleuri pour contempler le voisinage et ses environs sans être dérangée.

Depuis quelques semaines je dois admettre que le fils du voisin me plait. Je sais que malgré la carapace bâtie autour de lui, il n’est pas indifférent à mon charme. Je ne dois pas être bien discrète, et s’il est trop aveugle pour comprendre ce qui se trame, ses sœurs sont loin d’être dupes. Certaines fois où je me prends à le fixer, ses sœurs ricanent, et je reconnais des gouttes de sueurs perlées sur sa peau mate. Quand à moi je rougis mais je ne m’en cache pas. Ma mère me répète tout le temps que c’est bon pour moi de rougir.

Mes grandes sœurs sont jalouses de la relation naissante avec lui. Au fond d’elles je sais qu’elles auraient espéré être l’élu de son cœur. C’est le seul garçon parmi cette flopée de filles, quel cadeau ! Ma mère elle, n’a eu que quatre filles et je suis l’avant dernière.

- Coucou B, tu as bien dormi ?

Ma petite sœur s’est réveillée. Elle est encore très jeune et si fragile. Depuis sa naissance j’ai toujours eu un regard protecteur sur elle. Mes grandes sœurs ne sont pas vraiment tendre avec moi, alors je trouve refuge dans l’amour que me porte ce petit bourgeon.

- Salut ma fleur, bien dormi oui et toi ?

- J’ai rêvé qu’on me secouait comme un prunier et que je tombais !

- Ne t’inquiètes pas il ne t’arrivera rien tant que maman et moi sommes là pour s’occuper de toi.

Soudain un rire moqueur vient perturber notre échange :

- Ecoute ça C, E a encore fait un méchant cauchemar et va encore se mettre à pleurer !

Mon abominable grande sœur A et son double maléfique cadet C, qui surenchérit de plus belle :

- Attention petite E, j’ai vu qu’un renard rôdait dans le coin en ce moment. Si tu te retrouves seule parterre il va te manger tout cru !

- Ca suffit ! riposte-je.

- Oh oh, B se la joue super héros !

- Au lieu de t’occuper des autres tu devrais commencer à t’occuper de toi. As-tu remarqué comme ta peau se flétrissait dernièrement ? Et je trouve que tu as pris un peu trop de poids aussi. Tu es gorgée de méchanceté ma vieille, personne ne voudra de toi, et encore moins pour en faire leur quatre heure c’est sur.

A me fusille du regard.

- Je souhaite… Je souhaite que tu partes à tout jamais de chez nous et que tu te fasses gober par le renard !

- Les filles, les filles ! Non mais c’est quoi tout ce brouhaha de bon matin ? Vous vous disputez encore ! Et pourquoi E pleure-t-elle, hein ? Non vous avez raison ne me répondez pas, je ne veux tout simplement plus vous entendre de la journée !

Tout le monde écoute notre mère. La journée passe donc en silence, chacune s’adonnant à nos activités respectives. Le fils du voisin est toujours là et j’ai eu le temps de remarquer qu’entre quelques conversations avec ses sœurs, il se permettait de me lancer des coups d’œil.

Le vent se rafraichit, les feuillages virevoltent. La nuit tombe et je ne tarde pas à m’endormir.

Il est maintenant si prêt de moi « Tu es si belle et si douce B, je ne veux que toi, je n’ai toujours voulu que toi. S’il te plait vient avec moi et partons fonder notre propre famille à notre tour » C’est ce dont j’ai toujours rêvé ! Il est si magnifique. Je sais que notre amour est impossible mais j’ai pourtant tant envie d’y croire. Nos corps sont si proches maintenant que je peux le sentir. Sa peau à lui est piquante et irrite mon corps. Soudain tout se noircit autour de nous, l’espace se met à trembler. « Qu’est ce qu’il se passe ? » Mais il ne me répond plus et je le vois s’éloigner de force, pris par un tourbillon l’emportant loin de moi. « Non ! »

C’est alors que je me réveille. Le ciel est à la fois gris et noir. Une tempête s’est abattue chez nous et je vois avec horreur toutes les fleurs du jardin qui se courbent par la force du vent. Je jette un coup d’œil à ma sœur, elle est apeurée mais tiens le coup. Elle me regarde et je sens que de me voir l’apaise. Mais soudain son visage devient livide.

- B Noooon !!!

C’est comme si une partie de mon rêve se reproduisait. Une force transparente autour de moi me fait perdre l’équilibre et m’arrache de ma famille. Je suis propulsée en l’air et atterrie sur un sol doux et humide. Le jardin a amorti ma chute. Malgré la puissance de celle-ci je me sens indemne – Boum ! – j’ai parlé trop vite. Un poids se projette contre moi et ma vision se floute.

- B réveille toi ! B !

J’ouvre délicatement les yeux. Ma vision est encore floue. Je me remémore petit à petit ce qui vient de se passer. La tempête, la chute, le boum, puis le noir.

- B ça va, es-tu vivante ?  

Je ne reconnais pas cette voix. Je comprends grâce à la lueur qui se frai dans ma rétine qu’il fait jour et que la tempête est passée. Je rassemble mes forces et mes vitamines pour reprendre rapidement mes esprits. C’est alors que je le vois :

- Toi…

Lui .

- Je suis désolé B, moi aussi la tempête m’a emporté, c’est moi qui t’ai cogné et…

- …Alors c’est toi le Boum ?

Il rigole.

- Non moi je m’appelle 3.

- 3 ?

- Oui. Comme toi tu t’appelles B.

- Je sais c’est juste que je n’ai jamais rencontré d’autres personnes à part des A, B, C et E.

- C’est normal nous ne sommes pas sensés nous côtoyer. Tu appartiens à une lignée destinée à procurer des vitamines, la mienne est destinée à procurer des oméga.

- Je… je ne comprends pas.

- Nous sommes destinés à être manger par l’espèce humaine. Cette tempête, c’est une bénédiction. Nous sommes libres ! Je n’en reviens pas. Mes souhaits les plus fous ont été exaucés. Tu es si belle et si douce B, je ne veux que toi, je n’ai toujours voulu que toi. S’il te plait vient avec moi et partons fonder notre propre famille à notre tour.

- Suis-je encore en train de rêver ?

Il rigole.

- Non pas cette fois.

L’épine de sa carapace m’agrippe la peau. J’aime cette sensation, c’est exactement comme dans mon rêve. Du sol, la cime des arbres que nous avons un temps considéré comme nos maisons paraisse si lointain. Nous nous éloignons alors tous deux de ce jardin pour aller vivre notre histoire et nos rêves. Qui a dit qu’une histoire d’amour entre un marron et une nectarine était impossible ?

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Un amour sans faimChapitre7 messages | 10 ans

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