Dimanche
Pendant plusieurs années, le dimanche pour moi commençait à minuit.
Paupières pailletées, parfumée, j’étais déjà alcoolisée.
Réveillée par quelques traces de C.
Et bien sûr un, voire deux petits paras de MD.
J’étais dans le son, dans ce noir lumineux.
Je brillais car là, aucun problème pour être moi.
La vertu ? Loin de moi.
Chaque verre tendu, je buvais.
Chaque clé proposée, j’inhalais.
Chaque latte offerte, je fumais
Chaque individu que j’aimais, j’étreignais.
Et bien sûr, je dansais.
Je dansais au point de ne plus exister.
Lorsque célibataire, je rentrais seule ou avec un partenaire.
Du bien, du moins bien, du rien, du très bien !
Puis, je l’ai rencontré, lui. Alors, avec moi, il finissait tous les dimanches.
À peu près la même histoire : douche, joint, lit, réveil, bon gros repas, comatage devant série ou film.
Seul avant, avec lui après.
Puis ce fut fini. Fini les sorties, fini lui, fini le dimanche de nuit.
Place aux dimanches de jour.
Les dimanches commencent entre 5 et 8 heures, en fonction de la qualité de mon sommeil.
Grand verre d’eau tiède, citron (vit C), collagène, prise d’antidépresseurs et anxiolytiques.
Affirmation positive, salutation au soleil, sirsasana.
Petit déjeuner, glandage sur le téléphone, le temps de boire mon thé.
Musique.
Brossage de dents, soins du visage, double nettoyage, gommage, argile, masque tissu, huile, crème.
Puis vient la nouvelle transe.
Pas celle de la drogue, mais du ménage.
Pas de place pour la flemme, c’est tellement satisfaisant.
Là aussi, je n’existe plus.
Armée de mon spray, vinaigre, huile essentielle de cannelle, tout brille, double purification et quel plaisir de retrouver mon miroir sans trace. Je ne me vois même pas. Je ne regarde que le chiffon imbibé qui le rend immaculé.
Une fois tout fini, troisième purification.
On n’est jamais trop prudent.
Hertz différent en fonction du mood, tout comme l’encens ou la sauge choisie.
Petit moment de repos, c’est que c’est du sport tout ça.
Réinfusion, pause, moment de lecture, écriture, ou zonage.
Puis vient la douche, avec lavage de cheveux.
Oui, le dimanche, c’est le grand nettoyage.
Corps, esprit, lieu, énergie.
Un petit repas maison sympa.
Et puis après, qu’est-ce que ce sera ?
Lire, écrire ou David Suchet ? Peu importe.
Je sais que cela me plaira.
À 21h, deux anxiolytiques, et deux anxiolytiques antihistaminiques.
Brossage de dents.
Je rends grâce à l’univers, salutation à la lune, sirsasana.
Petit moment soins nuit : crème pour les mains, soin pour les lèvres.
Spray relax sur les draps, bonus lavande parfois, et au lit à 22h.
C’est marrant la vie, non ?
Je n’aurais jamais imaginé une semaine sans soirée et maintenant je me réjouis,
je me réjouis de ces dimanches de sérénité purifiée.
Je danse toujours, cette habitude-là, jamais elle ne me quittera.
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