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Mon rythme cardiaque s'emballe, mon estomac se noue, quelques gouttelettes de sueur font leur apparition le long de mes tempes. Je commence à suffoquer tout en tentant de m'autopersuader que tout ceci n'est que le fruit de mon imagination. Calme-toi, Céleste. Ce n'est qu'une hallucination, un délire. Respire.

Je l'entends qui glousse et mon cœur rate un battement. Le souffle me manque, mes jambes tremblent si fort que je peine à rester debout. Je le sens, je suis en train de faire une crise d'angoisse. Comment peut-il se tenir devant moi ? Comment peut-il être en vie ? Comment a-t-il pu revenir d'entre les morts ? Je l'ai tué, je l'ai vu mourir ! Alors pourquoi...?

Il avance d'un pas et je recule, tétanisée. L'absence d'oxygène commence à me faire tourner la tête, j'ai l'impression d'imploser. J'aimerais hurler, m'enfuir, appeler à l'aide... Mais mon corps refuse de bouger. Et lui s'approche encore et encore... Mes yeux s'écarquillent de terreur quand il arrive à mon niveau. Je vais mourir, je le sais. Je vais crever là, dans la rue, après des mois et des mois de thérapie. Des mois pendant lesquels j'ai tenté de me convaincre que j'étais en sécurité. Des mois à hurler, pleurer, regretter... Tous ces efforts pour rien.

Non, pas pour rien. Souviens-toi de ce que le psy t'a dit. Tu ne dois plus fuir mais te battre. Allez ! Bats-toi !! Prise d'un élan de folie, je plonge ma main dans la poche de mon pyjama et récupère le couteau suisse de mon père. Il ne me faut que quelques secondes pour l'ouvrir et le planter directement dans le torse du monstre qui se tient devant moi. J'y mets toute ma force pour ne pas le louper mais le liquide noir qui s'écoule de sa blessure retire toute la fougue qui m'habitait.

— Ouch. dit-il.

Il baisse les yeux et observe sa blessure sans un mot. Je crois halluciner. Il n'a pas l'air de souffrir du tout.

— Donc, commence-t-il tout en retirant le couteau de sa poitrine. Tu m'aurais tué une deuxième fois si tu avais pu ? J'arrive pas à le croire. Quelle vilaine fille.

Je suis foutue. Quelle option me reste-t-il ? Si je m'enferme chez moi, il va démolir la porte et buter toute ma famille. Si j'essaie de m'en prendre de nouveau à lui, il risque de me voir venir. Alors, sans réfléchir, je tape un sprint pour lui échapper.

Mon cœur bat à 100 à l'heure tandis que je fuis pour ma vie. J'entends son rire complètement dément raisonner derrière moi, mon sang se glace d'effroi. La mort ne l'a pas changé. Pire, j'ai l'impression qu'il ne cherche même plus à contenir sa folie. Un sociopathe qui souffre d'érotomanie, voilà ce qu'il est.

La brûlure intense dans mes poumons finit par avoir raison de moi, m'obligeant à ralentir malgré la peur. Dépitée, j'observe les alentours et reconnais la maison de Madame Deslois. Je cours vers celle-ci, récupère la clé dissimulée sous un pot de fleurs et m'enferme à l'intérieur le plus silencieusement possible. Il ne m'a pas vue. J'ai peut-être une chance.

La lumière du couloir s'allume et j'écarquille les yeux en découvrant Madame Deslois en robe de chambre, encore somnolente.

— Céleste, c'est toi…?

Je cours vers elle et lui fait signe de se taire. J'éteins la lumière et lui saisis les mains pour qu'elle garde son calme.

— Liliane, je vous en prie, ne faites pas de bruit. Je suis poursuivie, il faut que j'appelle la police... chuchoté-je

— Oh mon Dieu ! Mais qu-...

Toc toc toc !

Oh non...

— Mon amour, c'est moi ! Tu veux bien m'ouvrir s'il te plaît ? Il fait froid dehors.

Trop tard. Je plonge mon visage entre mes mains et éclate en sanglots. Madame Deslois écarquille les yeux en reconnaissant la voix du défunt.

— Mais c'est... Non, ce n'est pas possible...

Les battements sur la porte retentissent de plus belle. Les coups sont plus impatients, plus brutaux.

— Céleeeeeeste... je perds patieeeence !

Alors que je suis figée par la peur, Liliane me décale sur le côté pour se placer devant moi. La porte cède au même moment, défoncée par des coups de pieds virulents. Il pénètre dans la pièce et nous trouve instantanément malgré l'obscurité.

— Bonsoir, Liliane. Ça faisait longtemps ! C'est comme ça que vous recevez vos invités ? dit-il avec un grand sourire en marchant sur les débris de la porte brisée. Admettez que ce n'est pas très correct.

— Tu n'as jamais été un invité. lance-t-elle sans se démonter. Sors de chez moi !

— Hey ! Pourquoi c'est moi qu'on traite comme un monstre ? C'est elle qui m'a tué, vous vous souvenez ?

Comme une petite-fille, je me cache derrière Liliane et m'agrippe à son pyjama. Je suis terrifiée, c'est à peine si j'ose respirer. Cette situation risque de dégénérer mais je n'ai pas le courage de m'interposer. Pourtant, Liliane continue de lui tenir tête.

— Pour se défendre ! Tu étais devenue fou et incontrôlable. Maintenant sors de chez moi ou j'appelle la police !

Il penche la tête sur le côté et vient chercher mon regard. C'est à peine si j'arrive à le soutenir tant il me fait peur.

— Alors comme ça tu as raconté à tout le monde que j'étais fou, hein ? Sale petite garce égoïste.

— Ça suffit, j'appelle la police !

Madame Deslois se dirige d'un pas décidé vers le téléphone. Je tends la main pour l'en empêcher mais elle m'échappe. Elle porte le combiné à son oreille, tape le numéro... Crack. Elle s'effondre à terre, la nuque brisée.

— NOOOOOON !!!

Il l'a tuée. De sang-froid, sans aucune émotion dans le regard. Les larmes ne s'arrêtent plus, mon nez commence à couler.

— C'était mon amie ! Tu n'es qu'un monstre...!

Il éclate de rire et s'approche de Liliane. Là, il attrape sa main et, à l'aide de son pied, lui brise le bras dans un craquement sinistre. Mes yeux s'arrondissent à la vue de cette scène cauchemardesque. Il porte le membre sans vie à ses lèvres et mord dedans à pleines dents. Il déchiquète la chair, l'avale avec une frénésie écœurante. Je vomis instantanément. Ce n'est pas possible. Ça ne peut pas être vrai !

— Berk, elle n'était plus très fraîche celle-là. Mais ça suffira. balance-t-il.

Il mord une dernière fois dans le bras avant de le laisser tomber. Des veines noires apparaissent, recouvrant l'intégralité de son cou et une partie de sa mâchoire. Je le vois entrer dans une sorte de transe. Ses iris sombres se teintent de blanc comme s'il était devenu subitement aveugle. Cette fois, j'en suis sûre, il n'a plus rien d'humain.

Il tape violemment sur le mur d'à côté et pousse un râle animal qui me terrorise. Il tremble, halète, observe le corps inerte devant lui. Soudain, son visage se tourne vers moi et je cours pour aller m'enfermer dans une pièce.

— Où est-ce que tu vas ? Viens ici !

Il me rattrape avec une facilité déconcertante et me plaque brutalement contre le sol. J'essaie de lui échapper mais sa main vient se glisser sous ma gorge pour m'étrangler lentement.

— Continue à te débattre et je t'assure que je ferai en sorte que tu ne puisses plus jamais bouger. Tu m'entends ?!

Je pleure à chaudes larmes et hoche doucement la tête. La pression de ses doigts sur mon cou se resserre, à tel point que j'ouvre la bouche pour mieux respirer. Soudain, quelque chose de dur enfle et se presse contre mes fesses. Je crois rêver. Non, non, non ! Tout mais pas ça !

— J'ai envie de te sauter... murmure-t-il à mon oreille.

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