Mystère 1: Un tracteur nommé Christine - partie 2

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Munit de la carte, il fallut tout de même au médecin une bonne demi-heure sur de petites routes de campagne avant de trouver la ferme en question. Lorsqu'il arriva sur place, une voiture de gendarmerie ainsi qu'un camion de pompier étaient déjà sur les lieux.

Et ben, on ne doit pas avoir la même définition du mot discrétion, nota t-il.

L'été était exceptionnellement beau et l'herbe des prés avait déjà commencé à jaunir. Cette grande étendue grillée qui l'entourait, mêlée à la poussière qui se soulevait de la route après le passage de son véhicule, rendaient l'atmosphère étouffante.

Il gara sa voiture à côté de ce qui semblait être une étable moderne où un petit groupe d'hommes en uniforme discutaient. Leur premier reflexe fut de le dévisager avec attention et méfiance. Il n'eut même pas le temps de poser le pied-à-terre qu'un gendarme se précipita frénétiquement vers lui et alors qu’il allait justifier sa présence, ce dernier lui serra la main vigoureusement.

— Vous devez être le neveu d'Henry ? Capitaine Enizan, nous nous sommes parlé au téléphone. Un grand merci de vous être déplacé.

Sans plus de présentation, l'homme à la carrure imposante demanda à Alex de le suivre immédiatement. Ils longèrent alors l'étable, apercevant au passage une femme en pleure entourée de deux pompiers, et traversèrent ensuite un pâturage. Au milieu de celui-ci se trouvaient déjà plusieurs gendarmes et pompiers agenouillés au pied d'un tracteur.

— Attention où vous mettez les pieds, le terrain est miné Doc, plaisanta le capitaine tout en pointant un énorme excrément.

Fin, très fin, pensa Alex avant d'éviter le pire à sa chaussure droite, un peu plus et je faisais une rencontre fatale, se dit-il en souriant.

— Fatal, dit le gendarme en regardant Alexandre d’un air grave.

— Euh... Excusez moi Capitaine, vous disiez ? demanda le jeune médecin, gêné d'avoir laissé son esprit divaguer de la sorte.

— Je vous disais que l'écrasement de Monsieur Vaillant par son tracteur lui a été fatal, annonça le gendarme en lui montrant un homme gisant sous les énormes roues de l'engin.

Alex se pencha par-dessus les épaules des gens déjà présents et aperçu le corps d’un homme, les yeux écarquillés et le visage déformé par la peur, comme il n’en avait jamais vu. On lui fit de la place pour qu’il puisse s’approcher. Il observa quelques instants le corps puis prit son pouls par acquit de conscience.

— Je confirme. Il est mort, lança-t-il d’un ton très professionnel.

Le capitaine Enizan brisa par un petit toussotement le silence d’incompréhension qui suivit cette annonce.

— Merci pour cet éclaircissement doc, ajouta t-il embarrassé.

Alex, accroupit près du mort, releva la tête vers l’assistance et ce n’est qu’à ce moment là que les regards interloqués, presque amusés, des hommes qui l’entouraient lui firent comprendre que sa phrase était superflue. Il se ridiculisait.

Le jeune médecin se remit alors debout, sans perdre son assurance naturelle, et laissa le groupe soulever le tracteur afin de libérer le corps.

— Je ne comprends pas. Pourquoi me faire venir s'il est déjà mort ? interrogea Alex.

— Et bien, il n'y a pas de légiste ici et le temps que celui de la ville la plus proche ne vienne, ce serait trop long vous comprenez. Alors on a un arrangement avec votre oncle, il accepte de s’en occuper. Henry sait être discret, vous voyez ce que je veux dire ? demanda Enizan en faisant un clin d’œil grossier.

— Pas du tout à vrai dire, répondit Alex, un peu effrayé par cette attitude.

Putain, j’espère qu’il ne va pas me demander de l’empailler…ou pire…Ne put s’empêcher de penser le jeune homme.

— Disons qu’Henry a l’esprit ouvert et n’a pas peur de sortir des sentiers battus. Par exemple, là j'aimerais que vous me disiez...

Le capitaine prit Alexandre par le bras pour l'entrainer à l'écart.

—…Que vous me disiez de quoi il est mort, reprit-il en chuchotant.

Hello Captain Obvious….Man vs Tracteur, maintenant tu sais qui gagne, pensa Alex.

— Il a dû faire une fausse manœuvre, tomber et se faire écraser par son tracteur. C'est triste, mais je pense que c'est l’explication la plus probable, commenta Alex tout en retenant un rictus.

— Oui bien sûr. Pourriez-vous tout de même examiner le corps? Voir s’il n’y a pas quelque chose qui sorte de l’ordinaire. Parce que voyez-vous...

Le capitaine hésita à poursuivre :

— J'ai un témoin qui dit avoir vu le tracteur se diriger vers Jean enfin, Monsieur Vaillant, sans qu'il n'essaye de l'esquiver, alors...

— Qu'il n'essaye d'esquiver... Son tracteur ? insista Alex qui ne comprenait pas où il voulait en venir.

— Oui, car le témoin, une personne très sérieuse, dit que le tracteur... Avançait tout seul, avoua le capitaine.

Alex prit un temps avant de répondre.

— Je vois…Et vous ne pensez pas que c’est plutôt le témoin que je devrais examiner parce que de toute évidence c’est lui qui a un souci.

Le visage du Capitaine Enizan resta figé. Il n’était pas du même avis.

— Si seulement votre oncle était là, il aurait comprit lui, bougonna t-il.

— D'accord, d’accord, vous pouvez amener le corps au centre, je le garderais le temps qu'un légiste vienne, céda Alex en s’éloignant.

Son interlocuteur sourit. Sa longue expérience ne l’avait encore une fois pas trahie, il savait que la référence à son oncle allait à coup sûr piquer au vif celui qu’il voyait déjà comme un jeune coq pouvant lui être très utile.

— Cela reste entre nous ! insista le Capitaine qui n'eut comme réponse que le bras levé du jeune homme.

— Ouais, je ne suis pas un fucking légiste non plus, maugréa Alex en retournant vers sa voiture.

Un tracteur qui roule tout seul, c'est ça ouais... Putain de campagne, se dit-il en ouvrant sa portière.

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