L’avare
Veritable lettre envoyée il y a quelques temps à un individu dont je tairai le nom :
XXX, mon "cher" oncle... Quel monument de vacuité ! Quelle incarnation grotesque du parvenu sans âme, bouffi de suffisance et gavé de son propre fiel !
Que voilà donc un bien grand mot pour une si petite âme ! "Oncle", ce lien sacré, ce maillon béni censé unir deux êtres par le sang et la tendresse... Laissez-moi en rire aux larmes, et au diable le sacrilège !
Car de quel oncle s'agit-il ici ? De quelle caricature bouffonne d'humanité, de quel grotesque de foire gavé de sa propre importance ? XXX, voilà bien un patronyme qui sonne comme un rot à mes oreilles délicates !
XXX le magnifique, XXX le mirobolant, le pharamineux, l'époustouflant ! Comme vous devez jubiler, du haut de votre piédestal d'or et de fange, de contempler la misérable fourmilière qui s'agite à vos pieds !
Humains, trop humains, ces êtres rampants qui osent respirer le même air que vous... À commencer par votre propre frère, mon père, que votre grandeur sublime regarde de si haut qu'elle en attraperait un torticolis !
Quelle audace, quelle insolence de sa part que de ne pouvoir rivaliser de lustre et de pécune avec votre gracieuse personne ! C'est à se demander comment vous daignez encore partager son patrimoine génétique...
Dites-moi, cher oncle, l'altitude de votre menton vous donne-t-elle parfois le vertige ? Ne craignez-vous pas, à force de prendre vos pets pour le souffle du Grand Vent, de finir par vous envoler dans les hautes sphères de votre mépris ?
Remarquez, cela nous ferait des vacances... Un peu de silence, enfin, après la cacophonie incessante de vos vantardises et de vos quolibets ! Car en plus d'être bouffi de vanité, vous êtes un odieux pingrelet doublé d'un rat, un sordide grippe-sou qui décrotterait un denier percé pour en extraire trois liards de bon aloi !
La générosité ? Connais pas ! L'altruisme ? Une tare rédhibitoire ! Vous garderiez un pet de peur qu'on vous le vole, vous tondriez sur un œuf et écorcheriez un pou pour le revendre au prix du bœuf ! Harpagon à côté de vous est un philanthrope, un panier percé, que dis-je, un prodigue dépensier sans foi ni loi !
Bon, il suffit la politesse. Je ne jouerai plus à ce petit jeu pervers du neveu et de l'oncle. Cette farce a assez duré. Le vouvoiement se mérite. Mais toi ..
Toi, et ton mépris puant, ta cruauté insondable me révulsent le cœur et l'esprit. Tu trônes sur ton piédestal d'or et de fange, écrasant de ta superbe tous ceux qui ont le malheur de graviter dans ton orbite putride.
Et tu oses te prétendre philosophe, te comparer à un Rousseau (si jamais tu te souviens d,une certaine discussion il y a 23 ans) ? Grotesque posture ! Tu n'es que le bouffon pitoyable d'une cour des miracles, le pantin désarticulé de ta propre vanité. Ton relativisme de façade masque mal le vide abyssal de ta pensée.
Pavane-toi donc dans les atours ridicules de ta prétendue grandeur. Paradoxalement, elle ne fait que souligner ta petitesse d'âme. Tu n'es qu'un minable avorton moral, prisonnier de son immense médiocrité.
Je voudrais pouvoir te regarder dans les yeux et y lire la honte, une honte à la mesure de ton abjection. Mais en es-tu seulement capable, vieux fou, toi dont la conscience s'est depuis longtemps noyée dans les méandres de ton égoïsme ?
Puisse au moins le jugement sans appel de la non postérité te poursuivre jusque dans la tombe ! Ce sera là ton unique épitaphe et la vacuité la seule richesse qui te restera …
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