L'Arbre

de Image de profil de Carolina BaileysCarolina Baileys

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Image de couverture de L'Arbre

 Loin dans une forêt sauvage et inconnue trônait le grand et vieil Arbre. Âgé de plusieurs millier d’années, entouré de ses congénères et d’une multitude d’animaux, il dominait toutes vies avec ses branches gigantesques et ses racines profondes. Les artères de cet impressionnant végétal se prolongeaient sur plusieurs lieux, parcourant des régions sèches et d’autres humides, des zones couvertes de végétation luxuriante et d’autres piétinées par de gros pachydermes.

- Ils...

Le vieil arbre parlait rarement. Cela lui demandait un effort colossal. Et lorsqu’il le faisait, c’était toujours très lentement. Il lui fallait plusieurs jours pour prononcer un mot. Les vibrations qui naissaient de son tronc venaient frapper les feuilles les plus hautes faisant s’envoler les oiseaux. Le son grave se propageait dans les racines et se répercutait jusque dans des marais lointains, formant des ondes sur la surface de l’eau, jusque dans les pattes des animaux faisant vibrer leurs entrailles et dans le désert pour se perdre dans les tempêtes de sable.

- ...se...

Alors que les lumières du crépuscule transformaient le paysage de couleurs orangées, donnant à l’Arbre un éphémère éclat lumineux, ses feuilles se tendaient encore un peu plus pour mieux attraper les rayons nourrisseurs puis se rétractaient à nouveau. Le soleil se perdait derrière les cimes laissant peu à peu une ombre s’installer pour finalement tout englober. Les sons subtiles de la nuit prenaient le pas sur ceux du jour. Les gros mammifères, les joyeux volatiles et autres bêtes diurnes s’étaient tus, bien installées pour dormir. Les chauves-souris, chouettes et reptiles circulaient à leur tour librement sur cette autoroute nocturne. Un nombre impressionnant d’insectes au travail grouillait librement sur les branches de l’Arbre, le chatouillant doucement.

Parmi eux, de nouveaux insectes. Plus petits et moins amicaux, aux objectifs douteux.

Les premiers jours, l’immense Arbre les avait accueilli avec joie et enthousiasme. Il avait toujours apprécié la compagnie des autres êtres-vivants. Il leur offrait de quoi se nourrir et de quoi se protéger. Il était une source inébranlable et réconfortante pour toutes les créatures qui l’entouraient.

Cet être qui semblait immortel apportait la tranquillité et la sérénité et était en retour fort bien choyé. Mais cette vie douce qu’il menait depuis des temps immémoriaux lui avait petit à petit été enlevée.

- ...jouent...

Cela avait commencé de façon bien innocente. De fait, il lui avait fallu un certain temps pour se rendre compte que quelque chose n’allait pas. Trop de temps. Au début, il ressentait des chatouilles un peu plus présentes que celles auxquelles il était habitué. Proches de picotements, elles étaient focalisées sur une petite surface de son tronc majestueux. Puis la zone s’était agrandie et les picotements s’étaient transformés en démangeaison. Il observait le début d’une gène. La surface s’était encore élargie et devenait irritée. Les premières écorchures s’étaient formées et devenaient progressivement plus profondes et douloureuses. Le vieil Arbre avait fait le choix de cacher ses inquiétudes à ses compagnons, ne souhaitant pas les déranger et encore moins les effrayer. Il s’était habitué à cette légère douleur diffuse et avait ainsi tu son malaise au point que la douleur devienne intolérable. Les mites s’étaient insérées dans tous les coins et grattaient avec ardeur dans la belle écorce, creusant des trous de plus en plus grands, ignorant la bienveillance et l’hospitalité de leur hôte. Les autres habitants de l’Arbre finirent par comprendre que quelque chose le tourmentait et partagèrent leurs craintes avec les autres êtres qui peuplaient les environs. Avec une grande efficacité, tous se pressèrent pour apporter leur aide et sauver leur vieil ami. Chacun se mit en chasse à sa manière pour anéantir toutes les mites qu’ils trouveraient sur leur route. Les volatiles perçaient les vils insectes en deux à coups de bec, les reptiles les gobaient par paquets, les mammifères les écrasaient avec leurs doux coussinets et des nuées d’insectes menaient des batailles impitoyables dans les fins interstices pour détruire ceux cachés en profondeur. Alors qu'une guerre féroce était menée sur son dos, le vieil Arbre, toujours aussi lent, peinait à finir sa phrase.

- ... de...

-...moi.

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L'ArbreChapitre2 messages | 2 ans

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