L’ascenseur s’enfonça dans les profondeurs de la base militaire, emportant les écuyers dans un concert de plainte métallique. Au moment où la porte s’était fermée, Anil avait aussitôt appuyé sur sa poignée où un petit bracelet était accroché. Un holoécran apparut devant lui et il se pencha dessus avec attention.

— Il semblerait que l’autre rascal soit arrivée. Tu vas la chercher pendant que je prépare le lancement ? demanda Anil.

Il attendit la réponse de Koliane puis se tourna vers Vaillance qui l’observait en silence.

— Tu as de la chance jolie Vaillance, tu ne seras pas toute seule à partir pour Skalia ! Une fille un peu cinglée s’est présentée il y a quelques jours et a été prise dans la même académie que nous. Il se pencha en avant et, comme s’il partageait un secret, murmura dans son oreille. En plus, c’est une noble !

Vaillance réagit à peine, hocha un tout petit peu du menton. Intérieurement, ce n’était pas le même cirque qui se passa. Elle crut que le garçon venait de lui verser un seau d’eau sur la tête. Un filet de sueur perla sur son front. Une noble ? Cela ne pouvait dire qu’une chose, Gwën avait bel et bien réussi à rejoindre les écuyers. Si durant une seconde Vaillance se réjouit, sa dernière conversation avec la fille à la crinière d’argent lui revint à la figure telle une brique au bout d’un élastique. Qu’allait-elle bien pouvoir dire en la voyant ? Allait-elle lui en vouloir ? Les questions se bousculèrent dans son esprit et l’adolescente ne sut contenir la panique derrière son visage factice.

— Ne t’inquiète pas Vaillance, souffla Koliane, rassurante. Les nobles ne sont pas si terribles que ça et puis ta future camarade m’a semblé très gentille quand je l’ai emmené au test d’aptitude.

— Elle n’était pas triste ou en colère ? interrogea Vaillance d’une toute petite voix.

Koliane posa le doigt sur sa tempe, sourit légèrement.

— C’est vrai qu’elle paraissait un peu dans les choux en arrivant, mais c’est très vite passé. Tu sais, les nobles doivent se présenter d’eux-mêmes. Ça aurait été bizarre qu’elle n’ait pas envie d’être là.

Vaillance savait déjà tout cela, mais cela ne l’avait pas empêchée de se retrouver dans cette étrange situation. Le cœur battant la chamade, elle quitta l’ascenseur et suivit Anil dans un énorme hangar creusé sous la base militaire. Si la base de Sol IV n’avait pas grand-chose pour elle, elle ouvrit grand la bouche en découvrant les dizaines d’appareils entreposés dans ses entrailles. Tout autour de Vaillance, des vaisseaux aux tailles et formes variées étaient posés, prenant la poussière en attendant le prochain conflit qui viendrait frapper la petite planète solitaire. Malgré son manque de connaissance en la matière, l’adolescente reconnue de vieux modèle datant d’avant sa naissance. Elle avait croisé les mêmes lors de sa visite du musée de l’Aviation et de l’espace avec sa classe l’année passée et pouvait même dire qu’il avait servi durant la bataille contre les armées vlin’ns.

Vaillance n’avait jamais voyagé à travers les étoiles et monter dans de tels engins tenait du rêve devenant réalité. Si l’occasion s’était présentée un autre jour, elle n’aurait pas réussi à contenir son excitation.

Anil traversa le hangar, zigzagua entre les modèles en expliquant leurs fonctions à l’adolescente qui ne l’écouta que d’une oreille. Il finit par s’arrêter devant un grand modèle aussi noir que le vide stellaire, sobre et mystérieux. Vaillance sut aussitôt qu’il s’agissait de celui des haïkadens. Long de près de vingt mètres, il prenait des airs de scarabée et aurait pu embarquer sans difficulté plusieurs Orcas comme celui qu’elle avait découvert dans le musée.

— Mate-moi un peu cette bestiole, jolie Vaillance ! Anil frappa la coque du vaisseau qui s’illumina. Ce petit coucou est notre bébé à Koliane et moi. C’est un nef, un vaisseau de transport. Il en jette, pas vrai ? Nous l’utilisons pour nous entraîner au pilotage. Il en vue des sales, mais il vol toujours aussi bien.

Vaillance étudia attentivement la surface du vaisseau tout en écoutant son compagnon, à première vue il était en parfait état, mais elle ne sut reconnaître le matériau utilisé. Ça ne ressemblait pas du tout à celui du skycraft.

— Bon, ce n’est pas tout, mais je dois aller préparer le décollage. Tu veux bien m’attendre ici bien sagement et ne pas bouger ?

Vaillance signala son accord d’un petit son d’affirmation et observa le garçon partir au pas de course. Enfin seule, elle s’abaissa et cacha son visage entre ses mains. Dans quelques minutes, elle sera réunie avec Gwënaelle et n’avait toujours pas la moindre idée de comment cela aller se passer. Que devait-elle dire ? S’excuser ? Faire comme si de rien n’était ? Tel un ouragan, les questions secouèrent l’adolescente au point où elle en perdit l’équilibre. Trébuchant sur ses propres pieds, elle alla cogner l'arrière de son crâne contre le blindage du vaisseau. Comme la fois où elle avait touché l’Orca dans le musée, sa peau se couvrit de frisson et le vaisseau s’activa. Vaillance sursauta et s’écarta prestement du nef qui la scanna de long en large. Un holoécran apparut sur la coque et, un peu hésitante, Vaillance s’en approcha. En gros plan, elle vit une photo d’elle sous son pire profile suivit de son grade et nom, le tout identique à la fiche qu’Anil lui avait montrée durant son enregistrement. Une lueur bleue remonta le long du nef alors que les boucliers passifs de celui-ci s'évanouir, puis la porte lui bloquant la route se rétracta, l’invitant à entrer.

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Quasar point:

Tous les personnages parlent de manière courante le galactique qui est la langue d'état de la Confluence. Anil, quant à lui, parle une forme d'argot d'où le ton beaucoup plus familier de ses dialogues.

"Koliane", comme il l'est écrit dans le texte, n'est pas exactement le vrai prénom du personnage. Son nom vlin'ns est KoLia An Lu'ir. Quand Anil l'a rencontré, il ne savait pas que les vlin'ns utilisaient des particules dans le nom de famille d'où le surnom de Koliane.