Minute 76
J'aimerais qu'il se passe quelque chose de grand dans ma vie. Un tout petit rien de grandiose qui sublimerait la simplicité que j'aime tant. Un instant qui me remuerait les tripes, qui créerait ces tornades d'émotions dont les livres se gaussent.
Tu sais, j'ai longtemps cru que l'apotéose de l'existence viendrait de l'amour-désir. Mais je vieillis, moi aussi, je n'échappe pas au temps malgré mes vingt-et-un ans. Et les secondes s'égrènent et je vois l'amour des autres passer en n'y trouvant jamais mon compte.
L'humain manque d'irréel et de féérie pour me contenter.
Lorsqu'on glisse des doigts avides sur mes hanches, je les veux fébriles. Ressentir l'appétit de tes pensées. Chaque fois que tu me fais l'amour, je veux que tu t'imagines le faire, que ce soit partout, dans tes sens et dans ta tête ; dans ton cœur et sur ta peau. Chaque fois que tu me fais l'amour, je veux que tu craignes voir mon corps t'échapper. Qu'il s'égare un peu et que tu le rattrapes, et qu'on s'entraine dans le bruit du silence à s'agripper la chair avec autant de tendresse et de fougue que la conscience.
Mais voilà, si tu étais vivant.e, je te tuerais. Car je suis certaine qu'on m'entendrait crier que je n'aime pas, que je ne peux pas aimer.
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