Je suis Chris. Je suis un gentil, et je suis poursuivi par des méchants

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Ils étaient là. Je le sentais au plus profond de moi. Plusieurs types, emplis de colère et de rage, devaient être dans les parages. Ils m’avaient retrouvé. Le plan de Frida avait foiré. Ou alors mes recherches sur internet n’étaient pas si discrètes que cela. Je n’y connais rien en trucs de hacker, j’ai dû merder quelque part.

Je sentais Frida pleurer. Elle essuyait des coups en ce moment. Je m’arrêtai, tremblant de peur. Je l’avoue, j’ai honte, j’ai hésité. J’ai failli prendre mes jambes à mon cou. Me barrer loin, très loin. Mais utiliser Frida comme bouclier pour ma fuite, la laisser là subir je ne sais quoi par ces fous furieux, m’était tout simplement insupportable. Je ne pouvais pas lui faire subir le sort de Marie.

Je ne savais pas comment j’allais agir. Je fonçais, tête baissée, dans l’appartement sans aucun plan. La fureur s’empara de moi. Frida, gisait au sol, les fringues déchirées. Le gros connard, il n’avait même pas attendu une journée. Il était à moitié couché sur elle, son froc sur les chevilles, emporté dans un mouvement de va et vient entre ses cuisses. Des larmes silencieuses coulèrent de son visage paniqué. Les types l’avaient bâillonnée avec son foulard qui s’enfonçait bien loin dans sa gorge. Elle était à la limite d’étouffer. Un filet de sang s’écoulait d’une commissure des lèvres. Quant à son petit minois d’ange, il était méconnaissable. Les coups étaient passés partout. Elle avait tellement ramassé que son visage ressemblait à celui du bonhomme Michelin, en rouge.

À mon arrivée, ce connard s’arrêta et me foudroya du regard.

« Put… Choppez-le ! »

Les trois autres types se retournèrent vers moi. Des skins. Des vrais de vrais, pas comme ces malabars en costards. Je tentai une poussée désespérée, et ils arrêtèrent net leurs mouvements. Putain, ça marchait ! Ils se tournèrent vers l’enculé et l' encastrèrent dans le mur. Putain. Mon don s’était encore affiné, sans que je m’en rende compte. En fait, je remarquai également que j’étais face à des esprits plus faibles, facilement malléables. Des types en somme, qui avaient gobé des discours emplis de semi-vérité et s’étaient faits embrigader comme dans une secte.

Je les avais à ma merci. Ils m’obéirent au doigt et à l’œil et se mirent à tabasser le connard. J’étais hors de moi. Pendant que les 3 gusses lui faisaient déguster toute ma rage, je lui vidai entièrement son esprit. Alors qu’il hurlait sous les coups, tous eurent l’impression de son visage était en train de fondre. Comme si je le siphonnais réellement. J’entendis les hurlements de Frida à travers son bâillon. Son cri me stoppa dans mon élan. Au bout de quelques secondes, je repris mes esprits. Mais c’était trop tard. Face à nous, se trouvait un humain sans aucune mémoire. Une vraie coquille vide. Ses trois copains, eux, prirent peur et se cassèrent en courant.

Je me jetai sur elle et lui enlevai le bâillon. Elle pleura dans mes bras, mais était en colère.

« Putain, mais qu’est-ce que tu lui as fait ? »

« Je ne sais pas Frida. En te voyant par terre, et lui abusant de toi, j’ai vu rouge. Je ne sais pas ce qui m’a pris. »

Des sirènes retentirent dans la ville et se rapprochèrent.

Elle me regarda d’un ton sévère.

« Planque-toi dans ta chambre. Je vais régler ça. Ce n’est pas comme si je n’avais pas l’habitude. Laisse-moi parler avec les flics. Ne fais surtout rien d’inconsidéré et ressort dans quelques heures, quand tu seras sûr qu’ils sont partis. »

Elle se pencha près de l’endroit où elle avait été allongée et ramassa deux petites cartes plastiques qu’elle me tendit.

« Il les a quand même créées. Va-t’en, maintenant. »

Je la laissai là, seule dans le salon où elle s’assit et se remis à pleurer de plus belle. J’aurais tant voulu rester là, pour la soulager. Mais elle me fit signe de la main de décamper. J’étais à peine installé dans la chambre que les flics déambulèrent dans l’appart.

Planqué derrière la porte, je tendis l’oreille. Je ne pouvais résister à entendre ce qui se passait. J’avais trop peur, que suite à mon acte, elle me balance. Je fus étonné, je ne savais pas qu’elle était une sacrée comédienne.

Elle raconta aux flics que ce type la rackettait et la harcelait pour qu’elle travaille dans son équipe. Que constamment, elle devait subir du harcèlement de sa part, des menaces. Parfois, il s’amusait à la toucher en rue. Mais jamais jusqu’à ce point. Avec trois de ses potes, ils étaient rentrés de force chez elle et ils se mirent à la violenter puis à la violer. Lorsque les gars entendirent les sirènes, les trois non occupés s’enfuirent. Le connard quant à lui, s’était relevé et elle sauta sur lui. Après quelques échanges de coups il se cogna la tête au mur et ne réagissait plus.

Pendant que d’autres interrogeaient – enfin, essayaient d’interroger – le violeur, le flic aida Frida à se relever, et lui demandant si elle voulait porter plainte. Elle refusa catégoriquement avec une mine apeurée. Il tenta d’insister, de lui répéter que le type continuerait à harceler d’autres filles, rien n’y fit. Elle avait peur qu’il retrouve la mémoire et se venge d’autant plus.

Le flic fut déçu. Visiblement, il connaissait ce gaillard et l’avait dans son collimateur. Le genre de poisson impossible à pêcher, qui passe encore et toujours dans les mailles du filet malgré toutes les tentatives désespérées de la police. Ils embarquèrent le gars et s’éclipsèrent.

Après avoir fermé la porte, Frida s’y adossa et se laissa glisser en éclatant en sanglots. Elle pleura encore et encore. J’attendis là, contre la mienne, l’écoutant pleurer, me sentant totalement impuissant. Je mourrais d’envie d’aller la voir, la prendre dans mes bras et la réconforter. Mais je sentais bien qu’elle avait besoin de se sentir seule un moment.

J’attendis un bon quart d’heure avant de me décider à sortir. Le temps que les pleurs se calment un peu.

« Putain Chris. Ça avait beau être un connard, il n’avait pas à mériter ça. Ce qu’il m’a fait, je serai rapidement passée dessus. » Elle trembla d’effroi en repensant à la scène, devant même éviter quelques larmes.

« Je préfère dormir seule ce soir. J’ai besoin de réfléchir à tout ça »

Je hochai la tête, sans rien dire. Elle se releva et se dirigea vers sa chambre. Arrivée à l’encadrement, elle s’arrêta et me regarda.

« En fait, je crois que j’aimerais que tu partes. Tu m’as payé jusque demain, tu me rendras la clé après avoir déjeuné. Je veux être sûre de te voir partir de mes propres yeux. »

Elle s’enferma à double tour dans sa chambre. Elle ne l’avait fait que les premières nuits, avant que l’on commence à bien se connaître.

De ma chambre, je l’entendis pleurer une bonne partie de la nuit.

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