Chapitre 14
5 ANS PLUS TARD
Boris, le gardien était venue la chercher. Au matin, on lui avait apporté deux cartons à sa demande pour qu'elle puisse y déposer ce qu'elle souhaitait conserver. Il n'y avait qu'elle pour rapporter des souvenirs de prison. Elle s'en moquait. Elle voulait récupérer ces objets qui l'avaient tant aidé durant tout ce temps. Ce n'était pas grand chose en vérité. Rien de valeur mais elle avait quelques photos, des lettres et des bouquins. Une petit bracelet sur lequel était alignées des perles pour écrire son prénom. Elle avait tout mis en boîte aussi soigneusement que possible. Une fois qu'elle eut terminé, Boris l'emmena aux douches communes pour qu'elle se lave puis la ramena dans sa cellule où étaient déposées les affaires qu'elles portaient à son arrivée.
A travers la fenêtre à barreaux, elle aperçut le pluie qui tombait ce jour-là. Elle remarqua la peinture des murs de la prison qui s'écaillait sous le poids des gouttes. Elle émit un petit rire étouffé et termina de se changer. Ses vieux vêtements étaient légèrement trop grands. Le train de vie qu'elle menait ici avait eut quelques bénéfices finalement. Elle plia l'uniforme de la prison et le déposa sur la banquette.
- Johnatan, c'est l'heure !
Boris frappa avec sa matraque sur les barreaux de la cellule. Elle avait tissé des liens avec lui. Cet homme avait facilement vingt ans de moins qu'elle et il était passionné par l'affaire Andrew Cromwell. Pour lui, la présence de Laura était une véritable aubaine. Il pouvait lui poser toutes les questions qu'il voulait. D'ailleurs, il s'était toujours demandé pourquoi elle avait fait de la prison alors qu'elle avait servi sa ville ! Laura avait beau le lui expliquer, il argumentait de différents acquittements pour service rendu. Il était jeune et fougueux. Avec du bon travail, il évoluerait surement. C'est ce qu'elle lui avait dit. Et il l'avait cru.
Voila longtemps qu'elle était enfermée ici. Bien qu'elle reçut un traitement de faveur, elle avait eut du mal à s'habituer et à faire sa place. Car en prison, il fallait faire sa place. Lors du procés, elle put obtenir d'être incarcérée dans une prison pour femmes. Non pas que les femme soient moins violentes mais elle savait comment les femmes étaient entre elles et elle pensait pourvoir mieux gérer. La première année fut difficile. Jennyce, une ancienne, avait pris le contrôle de la prison et terrorisait même les gardiens. Elle avait constitué un groupe pour prendre soin d'elle. Un grand classique. Laura ne voulait pas se prêter à ce petit jeu et fit de son mieux pour l'éviter. Jennyce n'avait pas vraiment apprécié et avait tenté à deux reprises de s'en prendre à elle. Une fois, elle l'avait coincée dans les douches. Le couteau sous la gorge elle lui avait dit que d'ici la fin de la semaine elle la supplierait de venir s'occuper d'elle. Laura était totalement démunie et ne répondit rien. La seconde fois ce fut à la fin de la dite semaine. Mais cette fois, Laura était prête. Jennyce avait trouvé le moyen de soudoyer la gardienne pour qu'elle lui ouvre la cellule de Laura. A peine entrée, elle la reluqua d'un air lubrique. Ni une ni deux, Laura lui planta un manche de brosse à dent en bois qu'elle avait limé pour être un minimum capable de blesser. Jennyce avait hurlé de douleur. Du sang giclait de son aine. Pour atténuer le son, Laura avait mis sa main sur la bouche de Jennyce et en la tenant fermemant, elle lui avait parlé.
- J'ai touché une artère. Vois-tu, personne ne va t'entendre et tu vas te vider de ton sang. Sauf si tu passes un marché avec moi. Si tu es d'accord tapes cette barre.
Elle s'était exécutée rapidement. Elle négocia sa vie contre une immunité totale pour elle et toutes personnes avec qui elle parlerait. Sans quoi elle n'hésiterait pas à finir ce qu'elle avait commencé. Jennyce n'avait pas d'autres choix à vrai dire. Elle tapa à nouveau la barre. Laura envoya les deux autres femmes qui avaient accompagnés Jennyce chercher un gardien. Jennyce fut prise en charge suffisament vite pour qu'elle ne meure pas, mais pas assez pour qu'elle ne s'évanouisse pas. Ainsi, elle n'eut pas vraiment l'occasion d'expliquer comment elle s'était blessée. Laura avait déposé l'arme dans la main de Jennyce et avait ainsi pu donner sa version des faits. C'est à partir de ce moment que le traitement de faveur commença pour Laura. Jennyce avait été transférée dans une autre prison et fut condamnée à faire un an de plus. Laura quant à elle avait gagné le respect de ses co-détenues et une paix quasiment royale. Elle se doutait bien que le jour de sa sortie, Jennyce se vengerait. Elle savait qu'elle sortirait six mois avant elle. Lors d'une visite de Doc, elle l'avait informé de la situation. Elle savait très bien qu'il ferait le nécessaire pour que Jennyce la laisse tranquille.
Cinq longues années s'écoulèrent dans cette bulle temporelle aux codes bien différents de ceux qu'elle a connu. Un rythme bien établit : lever six heures, petit-déjeuner. Lecture, arrivée du courier, répondre au courier. Coup de téléphone, retour en cellule. Midi, pause déjeuner. Sieste, sport, psychanalyse, groupe de parole et retour en cellule. Chaque journée se ressemblait. Heureusement, Boris lui tenait le compte et lui rapportait aussi de quoi s'occuper. Principalement des livres et de temps en temps des jeux auxquels ils jouaient parfois ensemble. Elle ne s'attacha à personne d'autre. Les femmes enfermées ici n'étaient pas toutes mauvaises. Certaines avaient seulement tenté de survivre à un mari alcoolique trop violent, d'autres s'étaient trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Il y avait tout de même des femmes qui avait ça en elle.
La mort.
Profondément enfouie dans leur génétique. Celles là étaient enfermées dans une aile spéciale de la prison, l'aile bleue, et Laura ne les voyait jamais. Cependant, elle savait. Par chance, elle n'était pas dans cette aile. Pourtant, plus d'une fois elle s'était posé la question. Ce soir-là, toutes ses émotions s'étaient envolées. Elle s'était ancrée en elle-même tellement profondément. A ce moment précis, lorsqu'elle avait appuyé sur la gachette, elle l'avait sentie. Cette plénitude de la certitude. Il devait mourir. Il ne pouvait pas s'échapper encore une fois. Pas après Sonia, pas après T, pas après Sarah. Aucuns remords ne vint jamais l'assaillir, même encore aujourd'hui elle le pensait. Cette ordure avait eu ce qu'il méritait. C'est ce que disent beaucoup de ces femmes de l'aile bleue. Ces femmes qui ont les gènes de la mort en elle. Avait-elle aussi ces gènes en elle ? Etait-elle une meurtrière au coeur de glace ? Toutes ces questions elle les avait abordés avec le psychanaliste, le Docteur Simon.Peu lui importait s'il devait informer la direction de toutes supspicions qu'il pouvait avoir quand à son état mental qui justifierait un autre traitement. Lorsqu'elle était en séance, elle repensait à Gabriel. Elle avait appris qu'il était mort aussi cette fois-là. Elle n'avait rien ressenti en vérité. Ni de satisfaction ni de peine. Il était mort et il avait payé les conséquences de ses actes. Au fond, elle s'en moquait. Ce qu'elle abordait le plus souvent en séance, était le sujet de Sonia, sa filleule. Avec le temps elle était passée par dessus son sentiment de culpabilité. Ce n'est pas elle qui avait tué Sonia. C'était Cromwell ou plutôt un de ses agents. Le Docteur Simon, qu'elle voyait tous les jours étaient plutôt bon. Cela la faisait souvent rire intérieurement. Doc aussi s'en amusait mais un peu moins. Elle parlat de son alcoolisme, et fit sortir toutes sortes de souvenirs qu'elle pensait enfouis à jamais dans sa mémoire. Et puis un jour, il y a six mois de cela, le Docteur Simon lui annonça qu'il en avait terminé avec elle. Surprise elle lui avait demandé ce qu'il voulait dire par là. D'un ton plutôt rassurant, il lui expliqua que la thérapie arrivait à son terme. Ils avaient, selon lui, analyser toutes les problématiques de Laura et le travail avait porté ses fruits. Quatre années à décortiquer tout ce qu'elle pensait, ressentait et se souvenait. Pour lui, elle sortirait de prison avec une vision nouvelle et il était certain, à la vue de son évolution, qu'elle était désormais en accord avec elle-même. A aucun moment il ne l'avait jugé. Dès le début, il lui avait expliqué que son rôle n'était pas de la juger mais de définir s'il y avait un terrain pathologique qui pouvait supposer qu'elle tuerait à nouveau. Ses conclusions étaient on ne peut plus claire. Pour lui, elle n'était pas malade. Il lui avait expliqué qu'il avait fourni ses conclusions seulement à peine un an après avoir commencé la thérapie. Il avait continué parce qu'il sentait un besoin de résoudre quelque chose d'autre. Ces explications avaient apporté à Laura une réponse concernant la question du gène de la mort qu'elle pensait avoir en elle.
- Ca va Madame Johnatan ?
Boris ne la voyant pas sortir s'était premis d'entrer. Elle lui offrit un sourire apaisé et hocha la tête en guise de réponse affirmative.
Elle saisit ses cartons et Boris l'accompagna sous le regard silencieux des autres détenues. Face à la grande porte de métal, Laura sentit une pointe d'angoisse. Qui l'attendrait dehors ? Elle le savait pourtant très bien pourtant, elle se posait la question. La porte s'ouvrit vers sa liberté.
Dehors. Elle était libre. A peine deux pas, elle s'arrêta et huma l'air. Il lui sembla que son odeur était différente. L'odeur de l'air libre se dit-elle. Elle regardait vers le ciel. Elle se retourna et d'un signe de tête, elle salua Boris qui l'air triste disparu derrière la porte principale de sécurité.
Qu'allait-elle faire de cette liberté retrouvée ?
Elle se décida à avancer. Au bout de quelques mètres, elle se trouva près d'un parking quasiment désert. Elle repéra le seul véhicule près duquel trois silouhettes se mouvèrent à son approche. Lorsqu'elle arriva vers ses amis, une petite fille de 3 ans s'approcha d'elle.
- Tu as gardé mon bracelet ?
- Bien sur Cindy, répondit-elle. Regarde, je l'ai même accroché à mon poignet.
La petite bondinette habillée de rose se retourna vers Sarah, assise dans son fautueil roulant.
- Maman tu as vu dis ? Elle l'a ! Tu as vu ?
Sarah riait en lui ébouriffant les cheveux. Doc prit les cartons des mains deLaura et les posa dans le coffre. Laura s'approcha de Sarah et l'embrassa. Elle la serra fort dans ses bras et ne put retenir ses larmes.
- Je suis tellement désolée Sarah. Si tu savais.
- Je sais Laura. Je ne t'en ai jamais voulu.
Sarah n'était jamais venue voir Laura. Elle lui avait expliqué dans une de ses lettres que cette incarcération était pour elle une injustice cruelle. A la place elle lui écrivait et lui envoyait des photos de sa filleule et de la famille. T posa son bras autour de Laura et posa un baiser sur sa tempe. Ils avaient tous entendu ce moment. Combien de fois, Sarah lui avait-elle écrit qu'elle avait hate de la voir apparaître sur les photos de famille. Parrain et Marraine réunis autour de sa fille. Un raclement de gorge interrompit les retrouvailles. Doc manifestait son impatience. Lorsqu'elle s'approcha de lui, Laura se sentit prise par un élan de timidité. Elle se sentait bête tout à coup face à cet homme qui l'avait attendue pendant cinq longes années. Il était venue la voir tous les mois pendant cinq ans et n'avait jamais manqué un rendez-vous. Leur relation était devenue plus spirituelle d'une certaine façon. Leurs âmes s'étaient enfin mise d'accord. Il lui prit la main en douceur pour ne pas l'effrayer. Elle n'avait pas eu ce genre de contact depuis longtemps. C'était doux et chaleureux. Ses yeux menaçaient encore de la trahir. Il la prit dans ses bras et embrassa ses cheveux qui avaient eu le temps de repousser. Pour Doc, se détail avait de l'importance. Il lui avait demandé de ne pas les couper. Il voulait que sa coiffure soit ravissante pour le grand jour.
Sarah prit les choses en main et de son habituel entrain tapant dans ses mains pour annoncer le départ.
- Bon aller ! Il faut se dépêcher ! Le mariage a lieu dans quelques heures et il faut qu'on te prépare Laura.
- Oh ouiiiiiii ! S'extasia Cindy ! La belle robe de mariée !
FIN
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