La chaise-longue

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Arrivée dans ma chambre, je tente par tous les moyens d'arrêter le flot de pensées qui m'envahit. Sans succès. La main entre les cuisses, je laisse le fantasme déferler dans mon esprit. J'imagine son corps, si jeune, si ferme, éblouissant de vitalité.

***

Il est seul sur la terrasse, n'a pas conscience d'être observé, et s'enduit d'huile. Caressant ses épaules musclées, ses biceps tracés, ses pectoraux dessinés par plusieurs années de natation. Il apprécie la sensation de ses propres mains sur sa peau, il en frémit. Elles glissent sur son ventre jusqu'à son maillot, qui se tend légèrement. Il applique une nouvelle couche d'huile sur ses jambes. En remontant, sa main se perd sur le bord de son slip de bain. Il hésite, vérifie aux alentours... Personne... Il détache le cordon qui le maintient fixé à ses hanches. Ses bourses sont dures et serrées dans ce vêtement. Il les caresse à travers le lycra et les emprisonnent dans sa poigne. Son autre main vient chercher son sexe, qui tentait déjà de sortir. Il enduit d'huile son manche, du gland à la base.

N'y tenant plus, il fait voler son maillot pour se délivrer de toute entrave. Sa verge palpite sous les assauts de son poing. Le jeune homme est magnifique dans cette position, assis, les jambes écartées, ondulant inconsciemment du bassin. Avide, il regarde sa verge disparaitre sous ses doigts à chaque mouvement. Ses bourses se resserent un peu plus, malgré sa poigne qui les maintient toujours fermement. Il halète de plaisir, ferme légèrement les yeux et ressent un spasme le traverser au moment où il libère en jet saccadé sa semence sur son torse. Il cajole doucement son membre encore frémissant, jusqu'à ce qu'il repose mollement entre ses cuisses.

***

Maintenant que j'ai relâché la pression, je peux aller le retrouver dehors. Ce n'est pas très correct de ne pas aider son voisin comme ça ! Il faut au moins que j'aille m'excuser d'être partie précipitamment.

- Désolée, dis-je en passant la tête derrière la haie, j'ai eu une urgence. Mince. Il va croire que je suis incontinente ! Le téléphone sonnait et je me suis dit que c'était peut-être important... Oui, c'est mieux ça.

- Oui, ça devait être important pour durer vingt minutes, dit-il après avoir regardé sa montre.

- Oui, c'était Marion. Tu sais... Les filles, quand ça commence ! Pardon ma chérie pour le cliché.

- Ha. Du coup, tu me l'étales ?

Mon cerveau m'envoie un flash de lui assis, le ventre recouvert de sa semence... Avant de me rendre compte qu'il me parle de la crème solaire.

- Oui, oui, bien sûr, dis-je toujours aussi troublée. Et puis, au diable la distanciation sociale.

Il se retourne et me présente son dos. J'applique la crème sur chaque centimètre de peau, de ses épaules au bas de son dos. La protection solaire est très, très importante. Il ne faut jamais sous-estimer les effets néfastes d'un cancer de la peau ! Je termine par sa nuque où je remarque un léger frison. J'ai dû mal à retirer mes mains de son corps. J'étale l'excédent de crème sur sa gorge. Il m'arrête en saissisant ma main et embrasse le creux de mon poignet. Mon coeur va exploser dans ma poitrine.

- Merci, me dit-il, son regard rivé au mien.

Je pourrais me perdre dans ces yeux bruns aux éclats verts. Heureusement que je suis assise parce que mes jambes ne répondent plus totalement. Il se retourne pour me faire face. Je me sens toute molle, et humide, à l'intérieur. Ça fait longtemps qu'un homme ne m'avait plus fait cet effet là. Un homme... Que dis-je ? Un garçon ! Mais pourquoi me regarde-t-il ainsi ? Il est si jeune. Je pourrais être sa mère. Sa mère !? Carine ! Je l'avais presque oubliée.

- Et Carine, elle est où ? Dis-je en brisant la magie qui s'était installée.

Je vois son regard changer en un instant. Je me maudis.

- Elle est partie chez Jacques pour quelques jours, dit-il après un instant de réflexion.

- Ha. Ils ont le droit ? Avec le confinement et tout ça ?

- Oui. Les couples de longue durée qui n'habitent pas sous le même toit peuvent se voir apparemment, dit-il en changeant de place.

Je me rends alors compte que je suis toujours assise sur la chaise-longue près de lui. J'ai beau chercher, je ne trouve aucune raison valable de rester plus longtemps collée à lui. Je me relève à contre-coeur.

- Haaa c'est bien ça. Et ta petite copine, tu peux aussi la voir alors ? dis-je, pas totalement innocemment.

- Ben... C'est compliqué.

A quoi est-ce que je m'attendais ? Bien sûr qu'il a une petite copine. Vingt ans et beau comme un dieu. Je tente de cacher une pointe de déception et une légère jalousie. Très légère !

- Elle est restée en Australie. Je crois que ça va pas le faire. La distance, tout ça quoi.

- Hooo quel dommage, dis-je en tentant de réprimer un sourire. Et ta mère, elle revient quand ?

- Aucune idée, dit-il en regardant son téléphone.

- Bon. Ben... Profite bien du soleil. A plus tard.

J'ai eu le dernier mot. Mais j'ai quand même l'impression d'avoir été congédiée... par son téléphone. Mon estomac gronde et me rappelle qu'il est passé treize heures. Après un léger repas, je décide d'aller faire une petite sieste. Dimanche, c'est sacré. Comme je n'ai plus de chaise-longue, je me rabats sur mon lit. Je ferme le volet au trois quarts pour la luminosité. J'entends la vibration de mon téléphone indiquant la réception d'un sms. C'est encore le numéro inconnu, me souhaitant de faire une "bonne sieste". Mais qui est-ce ?

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