Une semaine pour souffler

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Une semaine ! Une semaine que Mathis est vautré dans le divan devant Netflix. Allez, j'exagère... Parfois, il se déplace pour aller jouer sur son ordinateur portable. Je ne sais toujours pas si ces yeux rougis sont dûs aux écrans ou aux pleurs que j'entends parfois. Même si cette "moule-attitude" - mot breveté récemment - m'énerve au plus haut point, j'ai tenté de ne rien laisser paraître jusqu'à présent. Il vit un moment difficile après sa séparation avec Amélie. Je lui ai donné un peu de temps pour se remettre en selle. Mais là... Je crains fort qu'il soit simplement retombé dans la phase "début d'adolescence". Et je ne vais pas attendre quatre ou cinq ans qu'il atteigne de nouveau l'âge adulte.

Je cherche un plan pendant que je me défoule sur mon vélo élliptique. J'ai quand même réussi à le faire déplacer dans mon bureau par Mathis. J'ai dû ré-organiser la pièce et je suis un peu à l'étroit. Mais c'est temporaire... J'espère. L'avantage c'est que j'ai toujours vue sur la fenêtre et je peux admirer les jardins sans difficulté pendant que je m'active. Ça y est ! J'ai trouvé comment donner un coup de fouet à mon fainéant de fils. On va partager les tâches ménagères. J'en ai marre de m'occuper de tout alors qu'il n'en touche pas une depuis son retour. Ça l'occupera et ça mettra fin à la spirale "moins j'en fais, moins j'ai envie de faire" dans laquelle il est complétement englué.

- Mathis ! Les règles vont changer à partir de maintenant, lui dis-je après ma douche.

- Huuum, me répond-il avec un enthousiasme pas du tout débordant.

- Ça fait une semaine que tu te morfonds. Je t'ai laissé du temps mais c'est fini maintenant. On va se répartir les tâches ménagères.

- Génial, murmure-t-il en levant les yeux au ciel.

- Tu iras faire les courses pour que tu sortes un peu, tondre la pelouse aussi et tu seras responsable du lave-vaiselle !

- Hooo et toi ? Qu'est ce que tu vas faire ?

- Tu me poses sérieusement la question ? Je vais continuer à faire le ménage de toutes les pièces, même ta chambre, ranger derrière toi, préparer les repas, m'occuper du linge... et j'en passe. Allez bouge ! Vas tondre la pelouse maintenant !

Heureusement qu'il s'exécute. Non mais quel ingrat ! Je lui demande de faire trois choses... et encore ! Pas tous les jours. Et ça chicane encore. Je me souviens quand nous vivions avec sa soeur, ils étaient toujours à discuter pour tout : "moi j'ai fait ci alors que lui, il a pas fait ça." J'avais presque oublié à quel point j'appréciais le fait d'être seule de temps en temps. Je dis ça maintenant. Mais je sais très bien que je les regrette une fois qu'ils sont partis. L'être humain n'est jamais satisfait !

Il faut dire que le choix des tâches ménagères pour Mathis n'est pas totalement annodin, surtout pour la pelouse. Je limite mes sorties dans le jardin au stricte minimum. Je ne sais toujours pas quoi penser de ma relation avec Maxime. Relation !? C'est un grand mot... Depuis son échappée matinale, nous ne nous sommes plus vus seul à seul. Nous avons à peine discuté par Whatsapp. Jamais rien de profond. Je ne sais pas si j'étais un coup d'un soir, et d'un matin, ou autre chose. Quand j'en ai parlé à Marie, tout en évitant les mêmes détails que l'autre fois, elle s'est mise à rire. Selon elle, je me projette beaucoup trop vite. Je dois laisser les choses suivrent leur cours.

- M'man ! J'trouve pas la tondeuse ? me crie Mathis dans le jardin.

Comment peut-il louper une machine aussi grosse dans un si petit cabanon ! C'est masculin ou c'est de la mauvaise volonté ? Je m'empresse d'arriver à sa hauteur, en ayant préparé une petite phrase bien cinglante, quand je me rends compte que la tondeuse n'est effectivement pas là. On m'a volé ma tondeuse ! Ben merde alors. J'entends du bruit derrière le chalet, le contourne et vois Maxime accroupis avec ma machine en pièce détachée devant lui.

- Ha ! C'est toi le voleur ! m'écrié-je.

- Quoi ? Ben non, dit-il dépité. Bonjour quand même.

- Ouais ben je vous laisse. Je vais pas savoir tondre là, dit Mathis en s'éclipsant rapidement.

- Mais qu'est-ce que tu lui as fait ? Pourquoi est-ce qu'elle est étendue sur le sol comme ça ?

- Mon doigté la emmenée au septième ciel, dit il en souriant, comme pour toi.

Je rougis. Aucune modestie ce gamin.

- Idiot ! Non. Sérieusement ?

- Ben... Je me suis dit qu'elle devait avoir besoin d'un bon ramonage...

- Chut ! Ne dis rien de plus, dis-je en étant sûr qu'il allait ajouter un "comme pour toi".

- Quoi pas d'entretien ? Après une période de non-utilisation, c'est pas sérieux, dit-il en se redressant et en s'avancant vers moi.

- Qu'est-ce que tu fais ? Pas ici !

- Je ne peux pas me laver les mains ici ? dit-il en s'approchant d'un seau d'eau.

- Si, si. Evidemment, dis-je en rougissant encore une fois.

- Tu t'attendais à ce que je fasse autre chose ? dit-il à seulement quelques milimètres de moi. Ça peut-être ?

Sa bouche s'empare de la mienne. Il me plaque contre le chalet. Je me laisse aller à ses caresses, sa langue est si douce, ses mains si puissantes sur mon visage. Comme si je n'étais qu'une poupée de chiffon, il relève mes bras et les emprissone au dessus de ma tête. Son autre main détaille les courbes de mon corps, remonte ma robe, passe la barrière de ma culotte et s'introduit en moi. Je suis entièrement prête à l'accueillir. Mais pas ici. Je me dégage de sa bouche pour lui dire que c'est impossible.

- Comme si tu n'avais jamais rien fait de lubrique dans cet endroit, s'exclame-t-il en souriant et lachant mes mains.

- Non, jamais ! Démentis-je avec vigueur.

- Le mystère du transat cassé reste donc intact, dit-il en retournant s'accroupir devant ma tondeuse.

Moi qui avait espéré être discrète l'autre jour... J'ai la confirmation que c'est raté !

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