Chapitre 24 : Perdue

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« Prolonger l’incertitude,

C’est prolonger l’espoir. »

Charlotte Brontë.

Ils marchèrent calmement et en silence, rejoignant l'escalier qui descendait jusqu'à la petite cour déserte.

- Chaque fin de semaine nous organisons un grand repas où toute la communauté se réunit, expliquât le grand brun.

Ça explique tout...

Alex ne répondit rien. Bien que son esprit commençait à se calmer après ses petites « mésaventures », un tourbillon de questions et d’incompréhension se déchainait en elle. Amaron du s’en apercevoir car il demanda :

- Tu es sûr que tout va bien ?

- Je... J'avoue que je suis un peu perdue..., avoua la jeune fille.

Depuis quand disait-elle ce qu'elle pensait ? Depuis quand faisait-elle confiance aux gens ? Il était certain qu'elle avait pris un sacré coup sur la tête !

Allez Alex, ressaisis-toi !

Ils sortirent de la cours et suivirent un petit chemin dallé, bordé de buissons et éclairé tantôt par des magnifiques lampadaires, tantôt par les lucioles qui voletaient d'une plante à l'autre : des lucioles qui faisaient la taille d’une balle de golf…

- Je comprends, répondit-il simplement.

- Et... les autres... spéciaux, ils sont comment ?

Amaron esquissa un petit sourire et répondit :

- Et bien... ce sont des adolescents comme nous.

- Et tes parents ? Ils vivent ici ? Ils savent qui tu es ?

Amaron afficha une mine inquiète, l'espace de quelques secondes et mit nerveusement ses mains dans ses poches.

- Euh... je n'ai pas de... parents.

Alex releva brusquement la tête vers son ami.

Oups, la boulette...

Subitement, un souvenir lui revint : la foie ou Amaron lui avait dit qu’il ne savait pas ce qu’il était. Il semblait tellement triste ce jour-là ! A présent Alex comprenait pourquoi. Vivre en ne sachant pas ce que l’on ait, seul, sans famille pour nous expliquer ou nous aider à supporter un tel fardeau ! Ce n’était pas étonnant que cela le rende triste.

- Oh, je suis... vraiment désolée...je ne savais pas...

- Ne t'en fais pas, ce n’est rien, lui assura Amaron devant sa petite mine confuse. J'étais très petit et je me souviens à peine d'eux. Les autres spéciaux sont dans le même cas que moi, c’est pour cela que nous sommes là.

- Et ça fait combien de temps que tu vis ici ?

- J'ai été recueilli un an après la mort de mes parents, j'avais 6 ans.

Alex avait de la peine pour Amaron. Il semblait triste et avait l'air... perdu ?

- Et comment se fait-il qu'il n'y ait que trois spéciaux ? D'où viennent vos pouvoirs ?

Amaron souffla un rire.

- On peut dire que tu es très curieuse, s'amusa-t-il.

- J'essaie seulement de comprendre, avoua-t-elle.

- Je ne sais pas Alexandra, je ne sais pas.

Sa voix n’était plus qu’un murmure.

Alex baissa la tête et ils continuèrent de marcher en silence. Il faisait frais, l'air était doux et une légère brise lui caressait le visage. Tout était si calme, si tranquille, si étrange aussi...L’air s’insinuait doucement en elle et calmait un peu la tempête qui rageait dans son esprit. Elle ne comprenait toujours pas, mais acceptait d’attendre - encore - un peu avant de comprendre.

- Allez, haut les cœurs ! s'exclama soudain le grand brun. Ce soir, c'est la fête. Crois-moi, tu vas bien t'amuser.

Voyant l'enthousiasme de son ami, Alex esquissa un petit sourire. S'amuser ? Elle en doutait fortement.

Elle ne connaissait personne et se retrouvait encerclée par des gens capables de lire dans les pensées et de soulever des objets par la force de l’esprit… ! Elle donnerait n’importe quoi pour être dans sa chambre.

Même si cette journée l'avait bouleversée.

Enfin, ils aperçurent de loin un immense feu de joie et des personnes mangeant, rigolant et dansant entre les arbres.

Les deux amis arrivèrent au bout du chemin de pierres. Au-delà, le sol était de terre battue. Alex se rendit compte qu’ils étaient dans une forêt. Le sol était plat et les hauts arbres étaient espacés dans le but de faciliter l’accès à un grand nombre de personnes. Ils approchèrent de l’endroit où était réunie une petite foule, tout vêtus de longues robes ou de tuniques, pour les plus jeunes. Il y avait de grandes tables sur lesquelles reposaient des amuses bouches et des boissons qu’Alex ne reconnaissaient pas. Certains mangeaient ou buvaient dans des calices en argent près des tables tandis que d’autre discutaient et jouaient autour de l’immense feu de joie.

Alexandra n’avait rien vu de tel auparavant. Ce feu faisait environ deux mètres de haut et envoyait de la fumée au-dessus de la très haute cime des arbres.

Pendant qu’ils marchaient, certaines personnes les observaient d’un œil intrigué. Non, pas eux : elle. C’était Alex qu’ils regardaient. Non seulement ce n’était pas un dryamagus, mais quand bien même en serait-elle une, ses vêtements contrastaient fortement avec ceux des habitants. Par chance, ces curieux étaient rares, les autres préféraient profiter de la soirée.

Une soirée, qui angoissait beaucoup la jeune fille. Elle était partagée. Elle n’avait pas envie de suivre Amaron partout. Non pas qu’elle n’appréciait pas sa compagnie, bien au contraire. Mais elle ne voulait pas ressembler à un chien suivant son maître. D’un autre côté, elle ne voulait pas non plus rester toute seule. Elle ne connaissait personnes et ô combien elle avait du mal à aller vers les autres. « Moins il y a de monde, mieux je me porte » telle était sa devise. Autant dire qu’à cet instant, elle ne se portait pas bien du tout !

D’autant plus que les amis d’Amaron devaient tous avoir des pouvoirs extraordinaires, elle serait l’intrus : la vilaine petite humaine incapable de créer de sphères lumineuses ou bien de faire léviter des objets ! Elle avait peur d’être rejetée…

Toujours en silence, Amaron les conduisit vers une table ou discutaient des personnes et la jeune fille reconnue Eldaron et Vérondile.

- Nous sommes là, déclara le grand brun une fois devant le chef.

- Ah ! s’enjoua-t-il. Alexandra, je voudrais te présenter ma femme, Arienne.

Alex tourna la tête vers la jeune femme qui se trouvait près d’eux. Celle-ci était d’une beauté à couper le souffle – comme à peu près tout le monde ici. Cependant, elle dégageait une douceur et une grâce splendide. Sa peau était claire, ses longs cheveux noirs étaient rattachés en une tresse et quelques mèches, trop courtes pour être coiffées, se posaient sur son front ou sur ses joues.

- Bonjour, fit simplement la jeune fille d’une voix timide.

Aller Alex, un peu de courage s’il te plaît !

- Bonjour Alexandra, je suis très heureuse de te rencontrer, fit la voix mélodieuse d’Arienne. Pourrais-je te demander de me donner ta main ?

Alex jeta un rapide coup d’œil à Amaron comme pour se rassurer et il hocha la tête. Alors elle posa sa main dans celle que la jeune femme lui tendait. Celle-ci posa sa seconde main sur celle de l’adolescente. Le contact avec la main d’Arienne était doux et délicat. La jeune femme ferma les yeux et inspira profondément. Quelques secondes passèrent avant qu’elle ne les réouvre et déclare :

- Et bien, Alexandra, je te sens encore perdue et angoissée, mais ne t’en fais pas. Ici, tu ne crains rien, et tu peux compter sur nous.

L’intéressée hocha légèrement la tête, mal à l’aise avant qu’Arienne ne lâche sa main et lui sourit.

- Tu devrais aller rejoindre tes amis Amaron, annonça Eldaron. Ils se demandent ce que tu fais.

- Bien, j’y vais. Tu viens Alex ?

Cette dernière hocha la tête avant de suivre le garçon.

- A tout à l’heure ! dit doucement Arienne tandis qu’elle s’éloignait.

Ils firent quelques pas avant qu’Alex ne demande :

- C’était quoi ça ?

Le jeune garçon souffla un rire et répondit :

- Arienne est une empathe. Elle lit les émotions.

- Sérieux !

- Oui, elle voulait s’assurer que tu ailles bien. Maintenant, suis-moi, je vais te présenter les spéciaux.

Alex ne répondit rien et le suivit.

Ils s’éloignèrent de la cohue et s’enfoncèrent légèrement dans la forêt. A cet endroit-ci, les arbres ordinaires laissèrent place à des arbres aux troncs et aux branches très épais qui s’entremêlaient les uns aux autres.

Le calme vint, mais ne resta guère longtemps. Très vite, Alex entendit des voix s’exclamer et des bruits de pas.

Il lui semblait percevoir du coin de l’œil des ombres se mouvoir entre les arbres. Soudain, Amaron l’arrêta en plaçant son bras devant elle et Alex vit un ballon passer à toute allure et lui frôler le visage.

- C’était quoi ça ! demanda-t-elle surprise et le souffle court.

Alex entendit un rire et une jeune fille apparut devant elle.

- Excusez-moi, je n’avais pas vu que vous étiez là, annonça-t-elle.

Cette dernière avait de beaux cheveux roux frisés qui dégringolaient le long de son visage. Elle était tout juste plus petite qu’elle et devait avoir son âge.

La petite brune n’eut pas le temps de répondre qu’elle aperçut une boule feue foncer droit sur elle à toute allure.

Mais que se passe-t-il ici !

Amaron l’attrapa par le bras, la dégagea et plaçant son autre main devant elle et fit réapparaître un champ de force. Lorsque qu’elle entra en contact avec la sphère, la boule de feu se désintégra.

Mais que se passait-il ici ! Elle ne savait pas qu’en venant dans ce… Camp, elle risquait de se prendre des boules de feu en plein dans la figure !

- Arthur ! Fais attention ! réprimanda Amaron pendant qu’Alex se dégageait marmonnant un rapide remerciement.

C’est alors qu’un jeune garçon blond vénitien qui semblait à peine plus âgé qu’elle descendit d’un arbre en sautant devant eux.

- Désolé Amaron, je ne vous avais pas vu, s’amusa le dénommé Arthur.

- Quoi ? Quelqu’un a dit Amaron ? fit une autre voix de fille provenant des arbres.

Mais ce n’est pas possible ! Ils sont combien là-haut ! songea Alex en se tordant le cou pour observer le sommet des arbres.

Une jeune fille aux cheveux blond et bouclés descendit à son tour d’un arbre et s’avança d’un pas sûr.

- Amaron ! s’enjoua-t-elle en le prenant dans ses bras.

L’intéressé sourit en la prenant. Seulement, elle n’était pas arrivée seule et avait été suivie par un autre garçon aux cheveux blond et lisse qui rappelait un champ de blé.

Une fois que la jeune fille se fut dégagée, Amaron tapa dans la main du grand blond.

- Hey ! Où étais-tu ?! Eldaron n’a rien voulu nous dire, le questionna ce dernier.

Ok… et moi qu’est-ce que je fais là !

Alex se sentait complètement perdue au milieu de ces gens qu’elle ne connaissait pas. Elle ne savait plus où se mettre. Elle décida de garder le silence et de se faire toute petite.

- Désolé, j’avais une urgence, avoua Amaron.

- Oui, on voit ça, dit doucement la petite rousse.

Ses yeux se posèrent sur Alex et tous l’imitèrent, la dévisageant ce qui la rendait extrêmement nerveuse.

- Gaël ! appela la jeune fille aux cheveux blonds. Descends ! Amaron est là et est accompagné.

Sur ces mots, un jeune garçon aux cheveux noirs les rejoignit.

- Alex, je te présente la personne qui a failli t’assommer avec un ballon : Dixit, plaisanta Amaron.

La jeune rousse réitéra ses excuses.

- Voici Arthur, Gaël et Maïa, continua Amaron.

Il désigna de la main, le blond vénitien, le garçon aux cheveux noirs qui venait de les rejoindre puis la jeune fille souriante aux cheveux blonds.

- Salut ! fit cette dernière.

- Et Newt.

Le dénommé Newt, le grand blond, fit un geste de la main avec un petit sourire au coin qui fit ressortir deux petites fossettes.

- Maïa et Newt sont des spéciaux, expliqua le grand brun.

Alex les observa. Alors c’étaient eux les spéciaux ? C’est vrai qu’ils ressemblaient à tout adolescent ordinaire ! Cependant, il y avait dans leur regard une maturité qu’Alex n’avait jamais chez des jeunes de cet âge. Ce devait être bien difficile de grandir sans sa famille avec des pouvoirs dont on ignore l’origine. Même si ces relations avec sa famille étaient compliquées, elle n’imaginait pas vivre sans elle. Heureusement, les spéciaux avaient Eldaron et Arienne.

Par la suite, Amaron la présenta tandis qu’Alex se demandait comment allait se passer le reste de la soirée :

- Les spéciaux, les dryamagus : je vous présente Alexandra Milse.

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