Chapitre 2 Partie 1

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Deux ans plus tard,

Lors de ces deux années, la démone s'était imaginée un tas d’événements différents. Elle dessinait chaque jour, une carte de tout les royaumes présents à Kindénia. Il lui arrivait par-moment de se poser au bord de sa fenêtre et de se demander à quoi pouvait bien ressembler le ciel là-bas, s'il était aussi noir que celui d'ici. Elle lisait encore et encore les pages du carnet de sa mère, s'imaginant partir à la conquête d'un endroit inexploré telle une aventurière.

Parfois, Pheone se mettait à courir dans les couloirs du château à la recherche d'Anya pour qu'elle lui raconte à nouveau des histoires sur le vécu de Leona. Elle s'était inscrite à des entraînements auprès de servant, apprenant le tir à l'arc et le maniement des dagues. Plusieurs fois, Xoka se cachait les yeux et soupirait de désespoir lorsque les lames rebondissaient sur le sol. Cependant, la démone avait une détermination sans faille, elle ne perdait jamais espoir et recommençait constamment jusqu'à réussir.

Le dernier jour, Pheone s'était arrêtée sur le pas de sa chambre, observant une dernière fois l'endroit où elle avait vécu, pendant des années.

-Je peux enfin tourner la page, maman. Oublier tout ces souvenirs douloureux, déclara-t-elle en refermant la porte derrière elle.

Sa main droite se serrait sur l'anse de son sac tandis que l'autre tenait fermement le carnet de note de Leona. Anya s'était empressée de l'enlacer en lui souhaitant bonne route, avant de lui tendre une sphère lui permettant de se téléporter.

Pheone avait aménagé à Névésias. Elle vivait dans un immeuble avec Xoka. La vie sur Kindénia ne ressemblait pas à celle des Enfers. La jeune femme apprenait énormément sur les humains et les autres espèces. Elle comprenait pourquoi sa mère appréciait cette terre. Leona avait eu la chance d'évoluer au milieu des multiples races, appréciant celle des hommes malgré le fait qu'elle soit plus faible que les autres.

Ce matin-là, la princesse descendait rejoindre Xoka. Elle était allongée sur le canapé du salon. L'appartement de la démone possédait une chambre accompagnée d'une salle de bain. Le salon et la cuisine formaient une même pièce. Cependant, la décoration du studio était fade, une tapisserie verdâtre reposait sur chaque mur. Elle avait du changé quelques meubles cassés, acheté des tableaux, des objets décoratifs pour redonner un peu de gaîté à l'appartement. La moquette était d'un blanc délavé, faisant grimacer la jeune femme. La salle de bain était l'une des plus belles pièces, une baignoire reposait au centre de la pièce. La commande en bois massif permettait de ranger les serviettes et gants, le robinet était d'une teinte argenté tandis que les toilettes se trouvait juste à côté. La chambre de Pheone lui plaisait énormément, un espace bien plus grand que sa précédente chambre, un lit double et un bureau en marbre avec une petite lampe.

Elle regarda par la fenêtre du salon, observant dans la rue, plusieurs véhicules se dirigeant dans des sens contraires, quelques passants marchent sur les trottoirs.

— Nous devrons retenter de trouver la tribu dont parle Leona dans son carnet. Deux ans que nous essayons sans pour autant réussir à les retrouver.

Xoka se leva et acquiesça. Elles se mirent en route, à pied. Elles rejoignaient une immense forêt verdoyante, des cascades s'écoulent des montagnes pour rejoindre les lacs, où certains hommes avaient aperçu des êtres surnaturels. Au milieu de tout ça, logeait l'un des plus grands chênes de ce monde, dépassant de loin tout les arbres de la forêt. L'herbe était d'un vert éclatant avec de multiples reflets dues aux rayons du Soleil, venaient se refléter sur chaque feuille, fleur, branche... Dans la forêt, on pouvait y voir des lièvres, des biches, et même quelques loups vagabonder en toute liberté. On entendait chaque petit bruissement ainsi que les chants des oiseaux, emplir toute la forêt.

La Reine avait plusieurs fois cité ce lieu dans son carnet. Elle avait rencontré un vieux mage, nommé Makoïs, ainsi qu'une tribu habité par des espèces différentes. Pheone se demandait pourquoi son père souhaitait tant détruire un monde si harmonieux et paisible ?

Le vent faisait danser les branches des arbres, rendant la forêt bruyante. Le bruissement des buissons, les quelques rayons traversent les feuillages des arbres, permettent un éclairage tamisé. Une biche mâchouillait de l'herbe à peu près deux mètres devant la démone. Pheone était accroupie, observant une empreinte de chaussure récente sur le sol.

-Quelqu'un est passé par-là, murmura-t-elle en relevant la tête.

Elle posa sa main contre la terre, ses yeux se fermèrent tandis qu'elle expirait, écoutant calmement les bruits de la forêt. Xoka s'était assise à ses côtés, reniflant l'air, sa queue remuant légèrement.

Lorsqu'elle rouvrit son regard, elle aperçu un court instant, une ombre se faufilait derrière les végétaux.

-Présente-toi inconnue.

Cette voix qui résonnait comme un grognement fit sursauter la jeune femme, elle était toute proche d'elle. Pheone se doutait qu'elle ne pouvait appartenir qu'au chef de meute, il se trouvait être le seul à pouvoir s'adresser aux inconnus dans la forêt. Le jour, ils restaient camouflés à l'intérieur des buissons sous une apparence humaine. Les loups-garous avaient la possibiltié de muter quand ils le souhaitaient, mais lorsque l'aube arrivait, ils perdaient plus rapidement leurs forces.

La princesse s'éclaircit la voix puis d'un ton assuré lança :

-Je me nomme Pheone, fille de Leona et de Kolaris, princesse des Enfers.

L'homme était posté derrière les buissons. Il resta hébété à cause de la réponse de la jeune femme. Il n'en croyait pas ses yeux et de multiples émotions traversèrent son corps, d'abord la surprise tandis que la colère étirait ses traits.

-Leona, as-tu dit ? Comment est-ce possible ? Demanda-t-il en passant une main dans ses cheveux. Elle a disparu, il y a de cela des décennies.

-Leona était en Enfers avec mon père. Il l'a séquestrée dans le château, raconta la démone, d'une voix vibrante d'émotion. Elle est malheureusement décédée juste après ma naissance.

L'inconnu sortit des buissons. Son visage était marqué par son âge, il devait avoir une quarantaine d'année. Il possédait une forte carrure, une mâchoire carrée et un nez fin. Quelques mèches de ses cheveux châtains lui retombaient devant ses yeux vairons. Il regardait avec méfiance la princesse. L'homme était bien plus grand qu'elle et une aura puissante se dégageait de son corps.

-Je me nomme Adonis, chef de la meute de la forêt. Si ce que tu dis est vrai, alors tu es la bienvenue chez nous.

Le nom de ce loup-garou lui fit un électrochoc. Il avait tant de fois été cité dans les carnets de sa mère, que Pheone resta bouche bée face à l'inconnu. La Reine le décrivait avec un tas de mots doux. Cette personne, qui autrefois, avait été proche de sa mère. Avaient-ils eu une relation ?

-C'est justement vous que je cherchais, déclara-t-elle. Leona vous a régulièrement cité dans son carnet. Elle vous vouait une confiance sans limite, donc j'imagine que je peux faire de même.

L'homme aux yeux vairons observa plus attentivement la jeune femme devant lui, il revoyait Leona en elle, une femme courageuse et aventurière, n'ayant jamais froid aux yeux.

-Nous étions très proches votre mère et moi, annonça-t-il avec un sourire rêveur. Elle était une grande démone mais malheureusement quand elle s'est unie à Kolaris, qu'elle a totalement disparu de Kindénia.

Sa voix s'était enrouée sur les derniers mots. Son regard venait de s'assombrir tandis que Pheone voyait les poings du loup-garou se serrer.

-Mon père a fait de multiples erreurs et continue encore à en faire. Seul ses objectifs comptent pour lui, cracha-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine. J'ai besoin de vous parler dans un lieu privé.

-Suivez-moi.

Adonis se dirigea vers une grande haie de lianes qu'il poussa tel un simple rideau et ce qui était derrière laissa la princesse hébétée : Il y avait plusieurs tipis plutôt grands, des enfants courent et rient aux éclats tandis que des adultes parlaient un peu plus loin. L'herbe était aussi verdoyante ici, sans oublier que la forêt s'étendait à perte de vue avec de sublimes chênes, qui atteignaient presque les nuages. Pheone était totalement subjuguée par le spectacle se jouant devant elle, au point que la démone n'avait pas vu Adonis lui faire des signes pour qu'elle continue de le suivre en direction des tentes.

Quand la jeune femme fut au pied des tipis, elle se rendit compte de leurs tailles plutôt imposantes. La tribu paraissait grande, avec plusieurs espèces différents à l'intérieur coexistantes en paix. Elle observait des nymphes nager dans l'eau, des louveteaux lui passèrent entre les jambes en jappant tandis qu'un sourire étirait ses lèvres.

Adonis fit réunir tout son peuple pour présenter la jeune femme et de leur demander de bien la traiter. Il lui indiqua le tipi, qui allait lui appartenir. La démone vit un pendentif pendre à la porte de la tente, ornée d'une étoile rappelant à la jeune femme, le collier qu'elle portait depuis sa naissance. Cette tente devait être celle de sa mère, car Leona serait restée vivre ici plusieurs années.

La démone avança vers la tente, quand elle fut stoppée par une femme à la chevelure flamboyante, la peau satinée et des yeux d'un teint assez clair. Elle était fine et plutôt petite avec un regard haineux, sans que la princesse ne comprenne pourquoi. Son visage avait des traits lisses et plusieurs taches de rousseur, qui descendaient se perdre au niveau de sa poitrine. Elle portait une longue robe rouge feu et un bandeau orangé relevait sa chevelure en une queue de cheval.

-Adonis n'aurait jamais dû te mener jusqu'à nous, cria-t-elle en appuyant ses mains sur ses hanches. Qui peut nous dire que tu ne mens pas sur ton identité ou sur tes intentions ?

Un homme à la longue tenue de mage s'avança doucement s'appuyant sur un bâton plutôt imposant. Il étudia la démone d'un air curieux puis se tourna vers la jeune femme aux cheveux de flammes.

-Sakina ! Tu remets en question les choix de notre chef ? Rétorqua l'inconnu. Adonis n'aurait jamais amené cette femme ici, si ses pensées étaient obscures.

La femme à la peau satinée nommée Sakina, regarda avec dédain l'homme et déclara :

-Makoïs, tu sais très bien que son espèce n'apporte que le malheur sur nos terres ! Rappelle-toi quand sa soi-disant mère, Leona, est arrivée ici, tout ce qu'a subi la tribu après.

-Sakina, cette jeune femme n'est pas Leona. Tu ne fais que ressasser le passé et nourrir ta jalousie par rapport à la relation entre notre chef et la démone.

Le visage de Sakina se tordit dans une grimace à l'énonciation d'une quelconque relation entre Adonis et Leona. Pheone était intriguée par cette femme phoenix, dotée d'une tenue avec plusieurs tons orangés. Ses yeux aux couleurs d'or indiquaient à la démone qu'elle était capable de guérir les blessés.

-Makoïs, je te conseille de te taire au lieu d'inventer de telles absurdités.

-Arrêtez ! S'interposa soudainement Pheone. Sakina, est-ce bien votre nom ? Si vous ne m'aimez pas, ce n'est en aucun cas mon problème. Au lieu de vous comporter comme une enfant, comportez vous en adulte et ignorez moi au lieu de chercher à salir la mémoire de ma mère.

La princesse était contrariée, ses mains s'ouvraient et se fermaient sous la colère. Elle respirait calmement pour éviter de s'emporter.

-Que vouliez-vous dire quand vous parliez de relation entre Adonis et ma mère ? Demanda-t-elle plus apaisée.

La phoenix devint écarlate et tourna les talons brusquement faisant voler ses longs cheveux, en murmurant : « Ce n'est pas fini, tu ne vas pas rester longtemps dans cette tribu ! »

Makoïs secoua la tête, désespéré par les propos de Sakina. Elle ne pouvait pas s'empêcher de ressentir de la haine envers Pheone.
— Il s’est passé beaucoup de choses ici quand ta mère est arrivée, mais ce n’est pas à moi de te raconter tout ça, ma petite.

— Cher Mage, je suis venue en ces lieux pour en apprendre le plus possible sur ma mère et sur les causes qu’elle défendait, annonça la démone en croisant les bras sur sa poitrine, serrant la mâchoire.

— Princesse démone, je ne doute pas de tes intentions mais étant sous les ordres d’Adonis, je lui dois obéissance et respect. Je ne peux pas me permettre de te donner de telles informations à son sujet, il est plus convenable qu’il t’en parle de lui-même.














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