Chapitre 5

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Le temps passait rapidement dans la tribu.

Chad était assis devant le tipi de Pheone, veillant sur elle lorsqu'elle se reposait. Il était inquiet pour elle or la jeune femme paressait plus forte qu'elle n'en avait l'air. Il réparait les cordes des arcs, vérifiant l'état du bois aussi.

Pheone faisait des rêves étranges sur un endroit qu'elle ne connaissait pas, pourtant elle entendait des voix qu'elle avait l'impression de connaître. Son sommeil se trouvait agité chaque nuit par ses tourments aussi, elle revoyait le sang et les corps au sol.

Sky-Fire reprenait sa forme humaine, Dragïos, il ne faisait que ressasser la phrase qu'il avait entendu dans sa tête, sans comprendre d'où elle venait et où elle le mènerait. Il marchait à la lisière de la forêt, observant ses pieds. Le jeune homme était pensif. Il trouvait cette histoire bizarre, cependant il n'arrivait pas à comprendre ce qu'il se passait.

—Si seulement tu étais là, Gynavi, murmura-t-il en serrant les poings. Tu aurais compris ce qu'il se trame ici.

Elle apparut devant lui, il savait que ce n'était qu'une illusion pourtant il aimait pouvoir la voir encore et encore.

—Gy, souffla-t-il d'une voix triste.

Il tendit la main pour caresser la joue de la dragonne.

—Cet endroit est sublime, Drag ! Signa-t-elle avec ses mains, un grand sourire étirant ses lèvres.

Elle s’assit au sol, elle croisa ses jambes en invitant Dragïos à faire de même.

—Tu aurais adoré ce lieu et ces gens, répondit-il, en même temps, qu'est-ce que tu n'aimes pas ?

Ils éclatèrent de rire. Dragïos avait la sensation de l'avoir toujours à ses côtés. Il tourna sa tête vers elle, croisant son regard, qui brillait tel une étoile.

—Tu me manques énormément, souffla-t-il. La vie n'est pas pareil sans toi à mes côtés.

Elle acquiesça avant de disparaître alors qu'il entendait des voix approcher de là où il était.


Sakina était rongée par la haine. Elle avait perdu son frère lors de la première attaque des démons sur la tribu. Shatïs était mort en voulant la protéger. La phœnix se disait que si Leona n'était jamais venue, son aîné serait peut-être encore en vie.

Elle se recroquevilla dans la grotte derrière la cascade. Les larmes roulaient sur ses joues tandis qu'elle étouffait ses sanglots.

—L'histoire recommence... murmura-t-elle d'une voix blanche.

La tribu venait à nouveau de subir une attaque après l'arrivée de Pheone. Pourtant la paix régnait, depuis plusieurs années sur Kindénia. Sakina continuait de sentir cette colère augmenter dans son cœur.

—Qu'est-ce que j'ai fait pour que ça recommence ? Cracha-t-elle en passant ses mains dans ses cheveux.

Elle tremblait lorsqu'une voix sombre déclara :

—C'est seulement le début...

La phœnix regarda tout autour d'elle, paniquée. Cependant, elle était seule dans la grotte. Elle cru devenir folle pourtant elle sentait bien qu'il se passait quelque chose, qu'elle ne comprenait pas. Ses yeux changèrent brusquement, ses pupilles étaient devenues totalement noir un court instant avant de revenir à la normal.

Sakina repensa à son frère. Elle espérait qu'il soit en paix et peut-être heureux là où il était. Elle avait envie de s'accrocher à l'idée qu'il vivait ailleurs... Elle se rappela soudainement du moment où il était décédé.

Le souvenir se déroulait quelques années avant la disparition de Leona.

Ils avaient subi une attaque de démons, accompagnés de mages, qui étaient sous leur contrôle, il y a de cela sept ans, au sein de la tribu.

—Shatïs que ce passe-t-il ? Demanda-t-elle en se précipitant vers lui.

Son frère se tenait face à elle, inquiet. Ses cheveux gris descendaient jusqu'à ses épaules, sa taille moyenne lui avait valu quelques moqueries mais il était doué dans le maniement des armes, au point que la jeune homme au teint sombre se trouvait être le meilleur combattant de la tribu.

—Je ne sais pas. Rejoins les autres, ils vont avoir besoin de toute l'aide possible, ordonna-t-il. Je dois récupérer mes armes.

Elle acquiesça avant de partir en courant vers l'avant du camp. Elle entendait les cris et les pleures des personnes, qui venaient de perdre leurs proches. Au loin, les épées s'entrechoquaient tandis qu'elle se précipitait vers un démon. Sa lame l'entailla au bassin or elle n'arriva pas à se rattraper. Sakina tomba au sol, elle chercha sa dague qu'elle avait lâché dans sa chute. La panique s'empara d'elle tandis qu'elle tâtonnait autour d'elle alors que l'ennemi approchait, traînant son épée derrière lui.

Brusquement, son torse fut traversé par deux dagues.

—Sakina, ça va ? Cria Shatïs, en s'approchant d'elle.

Il lui tendit la main, qu'elle prit directement. Elle ramassa sa dague et observa un court instant, le corps inanimé de son ennemi.

—Ce n'est pas fini, il y en a encore, murmura-t-il en appuyant sa main sur l'épaule de la jeune femme.

Il s'élança dans la foule d'habitant, suivie de près par sa soeur. Ils se retrouvèrent rapidement à l'entrée, où le sang coulait à flot dans les deux camps. Elle fonça tête baissée vers les démons, tranchant et poignardant dès qu'elle le pouvait.

Pourtant, elle sentit un frisson la traverser d'un coup, quelqu'un utilisait de la magie à quelques pas d'elle. Sakina n'eut pas le temps de se retourner, qu'elle entendit un cri et fut projetée au sol.

—Sakina ! Hurla la voix de son frère.

Un halo de lumière éclata subitement. Shatïs s'effondra à genoux sous le regard terrorisé de sa sœur, il se décomposait en de multiples petites cendres. Le temps s'arrêta pour la phœnix lorsque la main de son frère caressa sa joue, où des larmes ruisselaient.

—Je serai toujours auprès de toi, petite sœur.

Puis il se désintégra dans un hurlement strident laissant la cadette au sol, elle hurla à l'unisson avec le résonnement du cri de son défunt frère. Sakina se releva, son corps était sous l'influence de la souffrance mélangée à l'adrénaline. Elle se mit à courir en direction du mage, le poignard tendu dans la direction du cœur de son adversaire et elle ne rata pas sa cible, l'arme l'atteignit, le transperçant. Le mage observa la phœnix et murmura : « merci ». Puis son corps tomba dans un lourd fracas au sol.


Elle fut sortie de ses pensées par des bruits provenant de l'extérieur, les enfants jouaient au niveau de la cascade.

La jeune femme avait perdu, depuis ce jour-là, la dernière personne de sa famille. Il avait toujours veillé sur elle après le décès de leurs parents. Elle se sentait maintenant terriblement seule. Sakina souhaitait se venger de la mort de Shatïs et de celle de Makoïs. Elle se transformait petit à petit en une femme sanguinaire, voulant faire couler le sang sur son poignard.

~~~~~~~~~


Adonis observait l'état de la tribu et pensait au temps que cela prendrait de tout reconstruire. Il essayait de ne pas penser à la perte de son ami le plus proche, préférant occuper ses pensées à tout ce qu'il fallait revoir dans le village. On pouvait dire que le nombre de membres de la tribu avait bien chuté en une seule nuit, ils étaient avant cette attaque une cinquantaine. Aujourd'hui, ils se retrouvaient plus qu'à une trentaine. Ce constat serrait le cœur du loup, les remords lui rongèrent l'esprit puisqu'il se demandait s'il n'aurait pas pu empêcher cela. Peut-être que Adonis aurait pu mieux protéger les siens.

Il observa la cascade qui s'écoulait dans le lac, les enfants jouaient en rigolant quand un museau se frotta contre sa main. Il se détourna de cette vue rempli de joie pour voir quel animal venait le déranger. L'homme ne fut pas étonné lorsqu'il croisa le regard ambré d'une renarde au pelage aussi blanc que la neige. Elle l'observait avec une certaine tendresse. Il s'accroupit et se mit à lui caresser doucement la tête.

—Tu ne devrais pas ressentir de remords, Adonis. Tu as fait le nécessaire.

Cette phrase lui rappelait une personne, qui avait toujours pris des décisions avec sagesse sauf une, elle avait mené à sa disparition.

—On croirait entendre Leona qui me réprimandait comme avant.

La renarde lui mit un coup de museau le faisant tomber au sol et lui dit :

—C'est moi ! La seule personne capable de te connaître mieux que quiconque. Je savais que tu aurais des remords quand j'ai vu au loin Makoïs périr devant tes yeux. Tu passes ton temps à ruminer en te demandant si tu ne pouvais pas faire mieux.

Adonis ouvrit la bouche puis la referma. Ses yeux s'embuèrent tandis qu'il réalisait ce que venait de lui dire la renarde. Il se demandait si c'était vraiment possible qu'elle soit là ? Si ce n'était pas une sombre blague de mauvais goût ?

—Leo...Leona ? Mais comment est-ce possible ?

—Il y a une légende sur les mages qui est vraie, nous pouvons nous réincarner dans le corps de l'animal que nous souhaitons. Je suis donc devenue Xoka pour veiller sur ma fille, je ne souhaite que la protéger de son père. Tu n'imagines pas à quel point, je regrette Adonis que ma fille ne soit pas ton enfant, je l'ai tellement souhaité pendant des nuits...

Il se demandait encore si tout ça était vraiment réel. Il avait la sensation que s'il la touchait, elle disparaîtrait et il se souviendrait qu'elle était morte. Il voulait conserver cette idée qu'elle soit encore là, parmi eux. Il crut apercevoir dans le regard de la renarde, les yeux de Leona à travers les pupilles de l'animal.

—Leona.. Je voulais venir te chercher, te libérer.. Ce jour-là, tu n'aurais jamais dû accepter et les laisser me tuer, tu ne méritais pas de périr là-bas.

La Reine l'observa, il avait partagé sa couche pendant des nuits entières lorsqu'elle se trouvait encore sur Kindénia. Il la soutenait et l'aidait à s'améliorer à chaque instant. Elle sentit son cœur se déchirer, lorsqu'elle se remémora la décision qu'elle avait prise quand Kolaris était prêt à tuer son bien-aimé. Elle ressentait de la tristesse à l'idée qu'il ait pu se morfondre pendant plusieurs années, alors qu'elle reprenait sa vie en main aux Enfers.

—Adonis, je ne pouvais pas me résoudre à te perdre. Il faut que tu acceptes cette décision et que tu continues d'avancer au lieu de ressasser le passé, souffla-t-elle en levant les yeux vers le ciel étoilé. Tu n'aurais jamais pu changer le cours de l'histoire. Aux côtés de Kolaris, je n'ai pas été malheureuse, enfin... pas tout le temps. Il y eut des moments où je voyais en lui un « homme » mais il disparaissait aussi vite.

Elle soupira avant de continuer :

—Le seul regret que j'ai encore, c'est que ma fille en est beaucoup souffert après mon décès, déclara-t-elle d'une voix tremblante. J'étais forcée de la voir se faire fouetter, lui lacérant le dos et les jambes sans que je puisse agir.

Il fut attendri par le vécu de Pheone et par l'impuissance de Leona. Il était heureux de retrouver cette femme, pourtant la peur régnait dans son cœur. Personne ne devait savoir qu'elle était encore vivante.

—Oh ma douce...

Il l'attrapa, en la serrant dans ses bras. Son cœur battait la chamade car il se rendait compte, qu'elle se trouvait bien là en chair et en os.

Ils discutèrent tout le long de la nuit, de leurs vies, de leurs vécus et de l'avenir qui les attendait.

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