Chapitre 8 1/2

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Du côté de la démone, elle se réveillait tranquillement, ses yeux s'ouvraient et elle pouvait voir qu'elle se trouvait dans la salle de réunion. Elle tenta de se lever quand un violent mal de tête la prit d'un coup, la laissant chancelante. Elle put compter sur les bras de Dragïos pour la rattraper car il était resté à son chevet jusqu'à son réveil. La possession du mage noir sur Pheone et la transformation de Dragïos, les avaient obligé à se reposer.

Le jeune homme s'était réveillé à peu près une heure auparavant. Il se trouvait dans la salle de bain du tipi en train de se laver. Ces habitations permettaient de posséder au maximum trois pièces plus ou moins grandes, la plupart n'avait seulement que deux salles.

Lorsqu'il avait entendu des bruits de pas, il s'était précipité sans réfléchir à l'extérieur. Il vit la démone chanceler, l'attrapant de justesse. Malheureusement pour lui, il se trouvait actuellement nu devant elle. Pheone se mit à rougir, avant de se cacher les tandis que Dragïos s'empourprait lui aussi, en allant mettre des vêtements.

—Hum... Tu aurais pu faire attention à ce genre de détail, sauf si c'est une technique de drague ? Si c'est le cas, il va vraiment falloir suivre des cours.

Le jeune homme éclata de rire, ses joues se coloraient de plus en plus. Pheone devait bien avouer qu'avec ses joues rosées et ses yeux timides qui fuyaient son regard, elle le trouvait plutôt mignon. En étant nu, elle le trouvait divinement sexy au point qu'elle avait envie de se souvenir de cette image du corps de Dragïos. Elle remarque le tatouage de dragon ainsi que des marques de brûlure à plusieurs endroits, au bas-ventre, sur ses hanches et même dans le bas du dos. Pheone pouvait aussi voir d'anciennes cicatrices.

Elle était rongée par les remords. Même si elle n'était pas coupable de ce qui était arrivé, elle se sentait responsable d'avoir mis en danger la tribu sans le vouloir. Le peuple de la tribu qui ne l'appréciait pas particulièrement devaient actuellement demander son bannissement voire même sa mort...

—Je ne me rappelle pas encore de tout même si certains souvenirs me reviennent... Dis moi que tes blessures ne sont pas graves, s'il te plaît..

Pheone se sentait mal à l'aise, c'était elle qui lui avait fait ça. Elle se triturait les doigts avant de tenter de se cacher avec la couverture, cependant Dragïos l'écarta rapidement. La détresse se lisait sur son visage, tiré par quelques rides, fronçant son front. Le jeune dragon la sortit de ses pensées alors qu'il prenait la parole :

—Juste de légères brûlures, ça finira par guérir doucement puisque malheureusement, mon espèce n'est pas dotée d'une guérison rapide.

Elle ne l'avait pas raté. Ses brûlures étaient encore vives et elle lui demanda si on l'avait soigné en l'observant, mais il lui répondit négativement. La jeune femme alla chercher une trousse de secours où elle prit une crème pour les blessures, qu'elle appliqua doucement. Son toucher fit frissonner Dragïos, leurs regards se croisèrent un court instant avant qu'ils se détournent l'un de l'autre.

La démone rigola à ses pensées tandis que le dragon fit une grimace à cause du froid. La jeune femme était sublime, elle ne laissait pas le dragon de marbre. Il se devait de la protéger donc il n'avait en aucun cas le droit de l'imaginer autrement qu'avec le statut de protégée. Il se mordilla la lèvre pour retenir son envie de se retourner et de respirer l'odeur floral boisé de la démone. Son cœur battait rapidement au point qu'il finit par perdre le contrôle.

Il devint Sky-Fire, qui en apparaissant détruisit le tipi. Le dragon ne connaissait que la crainte et la colère, lorsque les battements s'accéléraient, il comprenait qu'un danger approcher. Pheone atterrit sur son dos, elle paniqua en remarquant la transformation du jeune homme. Elle voyait en bas, ses amis les regardaient avec incompréhension. Ils étaient tous assis autour d'une table ronde dans une pièce à coté. Dragïos était maintenant logé dans son propre esprit, il n'arrivait en aucun cas à contrôler ses émotions à temps pour éviter ce genre de catastrophe .

Il se rappelait d'un moment passé où à cause de lui, Sky-Fire avait détruit des tentes qui appartenaient à quelques survivants de l'espèce des humains... Il ressentait pleinement ses émotions, il n'arrivait pas à garder le pouvoir sur ses transformations à cause de ça. Quant aux autres membres de la tribu, beaucoup étaient terrifiés par ce qu'il venait de se produire. Adonis ordonnait aux personnes de rejoindre le lac où les nymphes se trouvaient , il fit des signes de main à Xoka , Sakina et Chad pour qu'ils y aillent aussi. Il observa attentivement le dragon dont le regard était voilé. Sky-Fire semblait perdu et prêt à attaquer, mais quelque chose sur son dos attira son regard. Il ne sut pas comment réagir face à la princesse présente sur l'une des nombreuses piques, présentes dans le dos du dragon, elle semblait terrifiée..

—Dragïos, il faut que tu te calmes !

Sky-Fire se tourna vers lui. Une brume sortit des narines du dragon qui fit comprendre au chef de la tribu qu'il était en mauvaise posture. Adonis étudia les nombreuses possibilités qui s'ouvraient à lui, un moyen de ramener le jeune homme ou bien une solution de l'arrêter...

Pheone pouvait voir de nombreux tipis se faire écraser sous son poids. Elle tenta de s'accrocher plus fortement, craignant de chuter. Dragïos était un fidèle ami, contrôlé par des sentiments complexes comme il lui avait expliqué, un soir. Elle se souvenait de ce moment, où il était venu chercher du réconfort auprès de la démone.

—Pheone ? Appela une voix grave, timidement.

Elle releva la tête du carnet de sa mère, qu'elle ferma brutalement avant d'apercevoir Dragïos.

—Oui ?

Il rentra dans le tipi de la démone, s'asseyant sur son lit à côté du bureau, où elle était.

—Même si ça fait pas longtemps qu'on est ami. Je ressens le besoin d'en parler car j'ai peur de mes transformations, déclara-t-il, d'une voix vibrante.

Elle se tourna vers lui, se penchant sur sa chaise en mordillant son stylo.

—Tu peux tout me dire, Dragïos. Je suis là pour t'aider s'il y a quoique ce soit, souriait-elle.

—Tu sais que mon espèce entière à disparu, cependant... j'ai du mal à passer à autre chose, avoua-t-il. Je me rappelle de chacun de mes amis, de leurs corps et du sang... Je revois même Whine parfois.

—Qui était Whine ? Demanda-t-elle.

Le jeune homme se tritura les doigts, en détournant le regard. Elle remarque qu'il venait de se perdre dans ses pensées.

—C'était une femme époustouflante. Elle pouvait être révoltée puis d'un coup, elle devenait calme, murmura-t-il, son regard s'éclaira d'une émotion nouvelle. Je ne savais pas toujours sur quel pied danser mais je ressentais quelque chose pour elle.

Il souffla la fin de ses mots comme si il avait encore du mal à accepter la réalité, entre le décès de Whine et ses sentiments pour elle.

Pheone l'observait en silence, préférant l'écouter et le laisser parler. Elle jouait son rôle d'ami, en étant là pour lui lorsqu'il en ressentait le besoin.

—Depuis que je les ai perdue, je me sens seul et parfois je me réveille sans reconnaître mon tipi, déclara-t-il en baissant la tête. Je perds le contrôle sur mes transformations lorsque mes émotions sont trop fortes.

Elle ressentait au travers de sa voix, l'inquiétude que lui apportait cette situation. Il avait peur de lui-même et de ce qu'il pouvait faire, des dégâts qu'il serait capable de causer.

—J'ai encore du mal à vivre avec lui, on ne se comprend pas vraiment...

—Pourquoi ?

—Je pense que c'est parce qu'il n'est pas ma moitié, qu'il est censé être celui de mon père, souffla-t-il d'une voix blanche. Cette situation est assez compliquée...

Elle se pencha vers lui, posant ses mains sur les genoux du jeune homme.

—Il faudrait peut-être que vous parliez l'un et l'autre. Vous avez un passé commun, lui-même a perdu des amis, même plus s'il a gardé la mémoire de sa vie antérieure, avoua-t-elle d'une voix douce. Il faut que vous communiquiez ensemble pour arriver à un équilibre plus ou moins parfait.

Il la regardait attentivement. Elle lui souriait en espérant lui apporter du réconfort.

—Il est toi et tu es lui, souffla-t-elle d'une voix assurée.

Brusquement, il l'enlaça en déposant sa tête dans le cou de la jeune femme.

—Merci, murmura-t-il. Méfie toi quand-même de moi lorsque tu me verras perdre le contrôle sur mes émotions.

Elle le repoussa en le tenant par ses épaules.

—Tu es mon ami, Dragïos. Je serai là pour toi si tu perds le contrôle, déclara-t-elle.

Ils passèrent la nuit à discuter de la tribu, de leurs vies avant cet endroit.

Ce souvenir la fit sourire. Le jeune homme avait eu l'air si fragile cette nuit là, comme si Sky-Fire et lui ne faisaient pas un. Elle repensa à ce qu'elle lui avait dit, c'est à ce moment là, qu'elle décida d'avancer lentement sur le dos du dragon. Elle atteignit la tête du dragon, avant de se mettre à caresser sa peau écailleuse en chuchotant :

—Je suis là, Sky-Fire. Tu es en sécurité ici, Dragïos a seulement perdu le contrôle sur ses émotions.

L'animal percevait la douce voix de la jeune femme. Son esprit lui paraissait embrouillé dans une épaisse brume, ce qui énerva le dragon au point qu'il lâcha une gigantesque flamme en direction d'Adonis, qui l'esquiva de peu. Il entendit la voix de Dragïos lui dire que tout allait bien, qu'il se trouvait en sécurité et qu'il n'avait pas besoin d'attaquer.

Le dragon s'allongea, permettant à Pheone de descendre de dos car il devait d'abord la mettre en sûreté avant de s'envoler. Il se mit à battre des ailes de plus en plus vite. Il entendit le sifflement des rafales de vent dans ses oreilles, les arbres se frottaient les uns contre les autres à ses battements d'ailes, tandis qu'il montait vers le ciel, avant de traverser un nuage. L'air était plus froid dans les hauteurs, frappant sa peau écailleuse. Les oiseaux piaillaient autour de lui alors qu'il rugissant en s'éloignant, sous la colère de ce mal-entendu. Il remarqua plus loin, la grotte dans laquelle il avait vécu quelques temps auparavant. Il décida de s'y réfugier pour reprendre ses esprits.

Un matin, il se réveilla en remarquant qu'il n'était plus seul dans la grotte...

~~~~~~~~

Depuis la guerre où Makoïs avait perdu la vie, Sakina était envahie d'une colère noire qu'elle ne réussissait pas à calmer malgré ses nombreux entraînements avec Chad et Adonis. Leona avait détruit la vie de Sakina, pas seulement par rapport à la mort de Shatïs mais pour celle de son défunt compagnon, un Sylphe nommé Angalion.

Elle s'assit au bord de l'eau, en repensant à son époux. Ses yeux étaient larmoyants car elle ne pouvait s'empêcher de continuer de l'aimer. Il était un homme d'une douceur et gentillesse sans pareil, son espèce représentait des« anges gardiens » mais lorsqu'il avait veillé sur la tribu, il fut tué par la flèche d'un archer, Xocarès. Elle se souvenait du moment où elle avait retrouvé son corps.

Elle avança jusqu'à derrière la grande cascade qui s'écoulait dans le lac, où une très fine entrée amenait à une grotte spacieuse. Elle était inquiète pour Angalion malgré le faite qu'elle l'avait mis à l'abri. Cependant, elle remarqua rapidement des traces de sang alors qu'elle continuait de marcher.

—Angalion ? Cria-t-elle, d'une voix tremblante.

Elle aperçut rapidement son époux appuyer sur un mur de la grotte. Une flèche était plantée dans son abdomen, où du sang dégoulinait, tachant les vêtements du Sylphe.

—Mon amour ! Hurla-t-elle.

Elle se précipita à ses cotés, tombant à genoux alors que ses yeux faisaient des va et vient entre le souffle d'Angalion et sa blessure.

—Non...non... murmura-t-elle d'une voix chevrotante. Pas toi...

Des larmes se formaient aux creux de ses yeux tandis qu'elle appuyait sa main contre

—Je t'aimerai pour toujours, ma lumière, toussa-t-il en crachant du sang. Continue de brûler petite phœnix pour que je puisse t'observer de là-haut.

Une unique larme roula le long de sa joue pendant que son dernier souffle s'échappait.

—Angalion, souffla-t-elle.

Sa voix se brisa subitement. Elle étouffa un sanglot alors qu'elle fermait les yeux de son époux d'une main tremblante. Sakina déposa un léger baiser sur les lèvres de son défunt amour.

Elle regarda autour de lui et observa le symbole sur la flèche, deux cornes accompagné d'une sphère. Elle comprenait qu'elle provenait de l'arc de Xocarès. La phœnix comprenait comment la scène s'était déroulé, Angalion en tant que Sylphe, avait dû refuser de se battre contre le démon alors que le démon n'avait pas hésité une seule seconde pour tirer sa flèche.

Sakina sentit des larmes coulaient le long de ses joues, pendant qu'elle hurla toute sa souffrance en sanglotant. Le décès de son frère l'avait mise à genoux mais la perte de son époux venait d'anéantir le peu de lumière qu'il restait.

Elle aperçut du coin de l’œil, une ombre au travers de la cascade. Elle courut vers cette personne, mais avant d'atteindre sa cible, elle fut touchée par une flèche à la hanche. Sakina chuta contre une des parois de la grotte. La jeune femme n'avait jamais autant souffert qu'à ce moment-là, elle ne souhaitait plus qu'une chose, mourir par la même main qui lui avait enlevé son amour. Pourtant Xocarès n'avait pas prévu de la tuer, vu qu'il désarma son arc en l'observant. Il s'approcha d'elle et déclara :

—Ce n'est pas aujourd'hui que tu mourras, je sens quelque chose de particulier en toi...

Avant de lui tourner le dos la laissant gravement blessée derrière la cascade.

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