Chapitre 13

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Adonis était accoudé à la porte de la salle d'entraînement du royaume de Lunatios. C'était devenu son quotidien de suivre Azuria partout lors de ses déplacements. La jeune femme marchait lentement, en ayant les mains posées sur les avant-bras de Xyféris. Elle l'avait forcé à lui venir en aide, le temps qu'elle aille mieux. Il devait la guider dans sa rééducation.

Elle devait reprendre en muscle doucement puisqu'elle avait eu beaucoup de difficultés à remarcher, alors elle s'entraînait chaque jour avec l'aide du médecin qui la soutenait. Elle fit au début de nombreuses chutes dans les bras du jeune homme qui à ce moment-là posaient ses yeux argentés sur elle. Elle se relevait toujours rapidement avec les joues légèrement rosies, mais le plus dur pour elle était le moment où après chaque entraînement, elle devait remettre l'homme aux yeux d'acier et sa fille dans le cachot. À chaque fois cela brisait le cœur de la prêtresse, elle se ruait par la suite dans sa chambre pour camoufler sa détresse aux yeux des siens sauf que Adonis, Chad et Lidéos voyaient son état se dégrader.

Chad rendait régulièrement visite aux deux prisonniers. Il avait pu voir l'air absent de Xyféris, pendant que Sinélia paraissait plutôt heureuse de le voir. L'adolescente avait bien changé depuis qu'il l'avait rencontré. Elle était toujours aussi fine avec une peau si pâle et des cheveux cendres qui cascadaient jusqu'aux bas de son dos, elle avait hérité des yeux couleur acier de son père sauf qu'un éclat argenté étincelait à l'intérieur puisque la fillette était emplie de bonheur sans cesse. Elle était d'une taille moyenne et de nombreux tatouages anciens avaient recouvert son corps lorsque son pouvoir s'était révélé, ses bras étaient empli de multiples symboles et traits d'encres que seul les anges morts anciens pouvaient comprendre.

— Comment vas-tu aujourd'hui, petite ?

L'ange morte ronchonna contre quelque chose avant de s'approcher des barreaux qui séparaient les deux amis.

— Je vais bien. Sais-tu quant est-ce qu'on pourra sortir d'ici ?

Sinélia observa son père au fond du cachot qui restait assis sur le sol en observant ses pieds sans laisser la moindre parole sortir de sa bouche. Elle voyait Xyféris périr à petit feu à chaque fois qu'il retournait ici alors que lorsqu'il aidait Azuria dans sa rééducation, un sourire apparaissait sur ses lèvres. C'étaient les seuls moments de joies qu'ils avaient tous les deux.

— Sinélia..

Au ton de voix que prit le loup, elle sut que la nouvelle qu'il apportait avec lui aujourd'hui serait mauvaise. Elle le regarda avec inquiétude se demandant ce qu'avait décidé la prêtresse.

— Demain, vous serez amenés au centre-ville du royaume pour être exécutés.

La jeune fille s'écroula au sol en pleurant et serrant les barreaux entre ses petites mains fragiles. Elle ne pouvait pas y croire, Azuria ne pouvait pas leur faire ça… Et pourtant.. Elle sentit des mains se refermer sur les siennes, les serrant tendrement, ces mains étaient chaudes et rugueuses, mais si réconfortante qu'elle leva les yeux pour croiser le regard de Chad, un regard aux couleurs d'automne. Elle y lut toute la peine que cela lui faisait de devoir perdre une nouvelle amie qu'il avait appris à apprécier.

— Chad.. Il faut que vous sauviez mon père, il ne mérite pas de mourir à cause de moi !

— Petite.. Il a pris sa décision.

Sinélia refusait que son père meure en même temps qu'elle alors qu'il n'avait commis aucun crime à part de vouloir protéger son enfant jusqu'au bout. Elle sentit son pouvoir vibrer dans ses mains tandis que le loup ouvrait grand les yeux. Chad s'approcha du garde qui conservait la clé à sa ceinture et lui prit de force avant de frapper sa tête contre le mûr pour l'assommer. Il ouvrit le cachot à Xyféris et Sinélia qui sortirent en faisant le moins de bruit possible.

Ils remontèrent à la surface sauf qu'ils furent surpris par Azuria à l'entrée. Elle était là, dotée de sa fidèle armure et de ses doubles lames ; dans sa tenue, elle était une guerrière sans pitié qui faisait régner l'ordre dans son royaume et devant sa stupeur, Sinélia fut terrifiée de ce qu'il allait maintenant leur arriver après une tentative de fuite ; elle observa son père qui observait tendrement la prêtresse.

— Tenteriez-vous de fuir ? Oh Sinélia... Je ne voulais pas en arriver là, je pensais que tu laisserais ce pauvre loup tranquille, mais je vois que je me suis trompée.

— Azu...

— Silence ! Vous deviez être tué demain dans le centre-ville, mais maintenant avec cette tentative qui a échouée, je vais devoir le faire maintenant.

Azuria observait avec colère Sinélia, la petite n'aurait jamais dû faire ça.. À la nuit tombée, la prêtresse serait venue les libérer en leur faisant quitter le royaume en toute discrétion, mais maintenant cela était impossible. Les guerrières attrapèrent Xyféris puis tentèrent d'approcher de Sinélia sauf que Chad s'interposa entre eux sous sa forme de loup, il grognait sur les anges mortes prêt à les attaquer s'ils osaient la toucher.

— Fillette, veux tu vraiment mettre en danger la vie du loup ? Ça ne te suffit pas déjà d'amener dans ta mort ton père ?

La prêtresse était dure dans ses mots, mais elle n'avait pas le choix, elle ne pouvait se permettre de montrer sa faiblesse à ses guerrières sinon elles tenteraient de la tuer en se servant des gens qu'elle aime. Elle se sentait piégée, incapable de savoir quoi faire.. Elle devait faire régner l'ordre, mais était ce si important si cela voulait dire de tuer des êtres chers ?

Sinélia cessa d'exercer son pouvoir sur Chad le laissant reprendre ses esprits tandis que les guerrières s'emparèrent d'elle, guidant les deux prisonniers jusqu'au centre-ville.

Chaque pas qui rapprochait la prêtresse de son devoir était un couteau qu'on plantait dans son cœur, derrière son masque froid, elle souffrait. Lorsqu'ils ne restèrent que quelques marches, Azuria devint livide face à la guerrière qui attendait plus loin, armé d'une hache des plus tranche du royaume.

Adonis était appuyé contre un muret observant les prisonniers étant amenés par des guerrières suivis de près par la prêtresse qui avançait d'une démarche assurée, le menton haut tandis que le loup remarqua les lèvres tremblantes de la jeune femme.

Xyféris et Sinélia furent mis à genoux, la petite suppliait l'ange morte d'épargner son père en pleurant. Xyféris fut le premier, la guerrière à la hache se rapprocha traînant son arme sur le sol pavé faisant trembler les spectateurs. Elle souleva la hache puis s'en suivit un coup bien précis qui devait atteindre l'ange mort à la nuque pour lui trancher nette la tête, mais cela ne vint pas au contraire un bruit métallique se fit entendre. Azuria était un genou à terre, ses deux épées tendues pour protéger le jeune homme, usant toute la force qu'elle avait malgré sa blessure encore récente, qui se rouvrait laissant échapper un crie de douleur à la prêtresse. Cependant, elle tint bon. Elle croisa le regard acier de l'ange mort et entendit une voix lui dire :

— Tu as fait le bon choix mon enfant, mais n'oublie pas, une vie pour une vie.

La guerrière à la hache ré-attaqua à la suite, Azuria accusa le coup en se protégeant avec ses épées. Elle venait de montrer sa faiblesse aux yeux de tous, mais sa blessure l'affaiblissait. Elle entendit alors Adonis et Chad approcher en grognant contre la guerrière qui tentait de tuer la prêtresse. Sinélia s'était relevée et avait tiré son père vers elle s'éloignant de la joute des armes.

— Guerrières ! Regardez comme notre prêtresse est faible, il est temps !

Quelques anges mortes se rapprochèrent en voulant affronter la plus redoutable des guerrières.

Azuria tourna son regard vers les deux loups et leur dit :

— Amenez les, récupérez le démon, Lidéos et partez du royaume.

Les loups ne réagirent pas jusqu'à qu'elle leva le ton en leur hurlant :

— Tout de suite ! Fuyez !

Chad attrapa Sinélia puis partit en direction des portes pour quitter le royaume.

Adonis tira Xyféris lui aussi vers la sortie tandis que l'ange mort hurlait en se débattant pour aller aider sa prêtresse. Avant qu'ils franchirent les portes, Xyféris vit Azuria tomber au sol en perdant beaucoup de sang, ses yeux croisèrent les siens ; dans un dernier effort, elle bougea les lèvres lui disant :

— Je t'aime..

Puis la redoutable guerrière sombra pendant que ses alliés fuyaient le royaume accompagné de Ash et Lidéos que Chad étaient allés chercher après avoir mis Sinélia dans une grotte un peu plus loin.

La jeune femme gémissait de douleur à chaque fois qu'on la tirait sur le sol, sa plaie lui faisait horriblement mal. Elle savait que sa fin était proche maintenant qu'elle était tombée au sol, qu'elle était vulnérable. La guerrière à la hache qui l'avait terrassée la jeta dans le cachot et fit appeler un nouveau médecin pour qu'il la soigne tandis qu'elle serait exécutée dans quelques jours.

~~~~~~~


Xyféris faisait les cent pas dans la grotte où ils avaient trouvé refuge. Ils avaient laissé derrière eux Azuria qui était peut-être morte depuis les quelques heures qui s'étaient écoulées. L'homme aux cheveux de cendres s'inquiétait pour cette femme au regard si froid, mais au cœur tendre... Elle lui avait dit avant qu'elle ne sombre et que lui parte, qu'elle l'aimait ; à chaque moment de la rééducation de la prêtresse, ils se rapprochaient l'un de l'autre, riaient ensembles, se criaient dessus et pourtant, ils finissaient constamment la journée avec le sourire aux lèvres des deux cotés. Malgré qu'elle les ait enfermés, il savait qu'elle s'en voulait à chaque fois car elle portait dans son cœur la petite aux yeux d'acier. Azuria, la guerrière, avait toujours été indomptable, une femme qui maniait le monde à sa manière sans suivre ni règle, ni loi. Pourtant, il fut des moments comme celui-ci, où elle n'avait pas le choix, sauf qu'elle avait quand même décidé de les sauver en se sacrifiant, même si elle se savait bien trop faible pour combattre. Il ne pouvait se permettre de rester là les bras croisés sans savoir comment allait la jeune femme.

Adonis était appuyé sur une roche, il élucidait à un plan pour peut-être pouvoir sauver la guerrière seulement si elle était encore en vie... Il avait perdu Leona quelques jours auparavant pour la seconde fois, mais cette fois-ci, il ne laisserait pas quelqu'un d'autre périr. Cette femme avait sauvé une enfant d'une mort sûre tout comme elle l'avait fait avec l'homme aux cheveux de cendres. Il entendit une voix douce et agréable à son oreille lui disant :

— Mon doux loup, tu sais ce que tu dois faire.

Il passait son temps à l'entendre à chaque seconde, sans compter chaque perte de connaissance où il se retrouvait dans un endroit noir où il n'entendait que des hurlements de loups. Le fait d'avoir perdu sa moitié animale l'affaiblissait de plus en plus ainsi que la perte de sa douce renarde.. Il sentait que le temps était compté, que bientôt la folie prendrait le dessus, mais il ne voulait pas y croire...

~~~~~~~


Chad était assis au côté de Sinélia. Elle caressait délicatement les cheveux du loup, elle l'aimait bien mais plus le temps passait, plus elle le voyait comme un grand-frère. Sa compagnie était agréable et apaisante, elle se savait en sécurité à ses côtés.

Lidéos, quant à lui, restait dans un coin. Il avait la sensation d'être constamment en danger. Il était perdu dans ce monde nouveau, tout était différent pour lui depuis qu'il était tombé dans le coma et qu'il s'était réveillé. Ash observait l'extérieur préférant voir les rayons de lumière que l'obscurité présente au fond de leur refuge, il espérait revoir rapidement la démone.

Soudainement, un pied tapa le sol fort avant qu'une voix rauque dise :

— Je ne peux pas rester là à me tourner les pouces alors qu'elle est peut-être en vie !

Des larmes coulaient le long des joues du médecin. Il refusait de se montrer faible, il passa sa manche pour les essuyer tandis qu'une larme continuait sa chute. Elle atteignit le sol de la grotte d'où un murmure s'échappa :

« L'ange mort sauvera, le loup disparaîtra, le guerrier deviendra alors que l'ancienne ange morte accomplira… »

Les cinq héros se statufièrent face à la nouvelle légende qu'ils entendirent venant de la grotte puis l'ange mort se souvint d'avoir entendu parler dans son enfance d'un lieu unique qui pouvait annoncer des événements futurs même si à tout moment la prédiction pouvait être modifié par rapport aux choix que les personnes feront.

Lorsque la voix résonna, ils se pétrifièrent tous d'un coup. Ils ne comprirent pas sur le coup d'où elle provenait et pourquoi elle venait d'annoncer une prophétie.


Xyféris allait prendre la parole quand il vit Adonis les yeux écarquillés, observer quelque chose qui était derrière l'ange mort. Il se retourna et fut surpris de tomber face à une femme aux cheveux flamboyant, aux yeux émeraudes qui l'observaient attentivement. Une ombre approchait derrière l'inconnue, un homme plutôt frêle portant un sac et en soufflant comme un bœuf, avant de dire d'une voix essoufflé :

— Pheone, la prochaine fois fais-toi pousser des ailes, car tu n'imagines pas comme c'est épuisant pour un humain de gravir des montagnes et de marcher sans presque aucune pause... Je sais que tu veux garder ton cul divinement musclé, mais on fera sans à l'avenir.

Chad éclata d'un rire franc tandis que Sinélia ricanait, que Lidéos observait l'inconnu.

Adonis approchait, entapant l'épaule de la démone avant de rire puis vint le moment où Pheone dit :

— Ce n'est pas moi qui ai besoin de me muscler les fesses, puisque rappelle moi il y a peu... Qui s'est fait brouter le fessier ?

Néphélis devint rouge pivoine face à cette révélation avant de rétorquer.

— Je me rappelle bien avoir retrouvé un soir, une demoiselle allongée sur mon canapé devant un film x qui buvait calmement son jus tandis qu'on entendait dans tous les appartements voisins les cris.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, tu veux qu'on parle des moments où tu me parlais à quel point une sucette s'était succulent ?

Un fou rire général arriva dû aux chamailleries de la démone et de l'humain qui ne cessaient de se taquiner sans cesse, mais Adonis finit par dire :

-Pheone.. Nous avons besoin de toi pour aller sauver la prêtresse de Lunatios.

Elle le regardait en détail, se demandant pourquoi ils souhaitaient sauver la redoutable guerrière des anges mortes puis.. non, ils n'étaient quand même pas entrés dans ce royaume ? Pheone remarqua que Xoka était absente du groupe de trois qu'elle avait vu fuir, elle croisa le regard du loup lui posant une question muette tandis qu'il baissait les yeux ne sachant pas comment lui annoncer la nouvelle..

— Je... Elle est morte.

La démone ressentit un chagrin qui lui lacéra le cœur alors qu'elle apercevait le démon dont elle avait tant espérer qu'il survive après l'avoir vu en Enfer.Elle l'enlaça, une profonde tristesse était présente dans son regard. Elle ne s'attendait pas à ne plus revoir son familier.

— Comment ?

Adonis releva la tête, croisant le regard de la jeune femme qui était devenu un véritable brasier entre colère et tristesse.

— Un léviathan l'a tué quand elle a sauvé d'une mort sûre le démon.

Pheone cacha son visage derrière ses fines mains alors qu'un sanglot traversait sa bouche et que ses épaules se mirent à trembler. Le démon la prit dans ses bras tandis qu'elle s'écroulait sous le remords de ne pas avoir pu sauver la renarde, d'avoir était si longue à les rejoindre alors qu'ils avaient besoin d'aide. Les larmes qui ruisselaient tombaient au sol faisant gronder à nouveau la voix des prophéties :

— Les loups hurleront, le dragon veillera, la phoenix s'éteindre tandis que la magie s'envolera...

La voix retentit à nouveau :

— La démone tombera sur le champ de bataille, le dragon soufflera sa dernière flamme, le mercenaire agira dans l'ombre pendant que le mal approche à grand pas.

Tout le monde comprit les paroles des événements à venir, ils jetèrent tous un regard chagriné à l'idée de perdre la démone, mais à tout moment cela pouvait changer.

-Il faut qu'on retourne à Lunatios. Azuria a besoin de nous !

C'était Xyféris qui venait de crier ses mots refusant d'attendre plus longtemps pour tenter de sauver l'ange morte. Certains se relevèrent pour le suivre tandis que d'autres acquiesçaient en emboîtant le pas au médecin, alors que Néphélis déclara :

-Euh... Vous êtes sûrs de vous ? Je peux vous attendre là en tenant compagnie à cette grotte étrange,non ?

Pheone rit avant de lui dire de venir avec eux et plus vite que ça.

Ils étaient en route pour accomplir l'un des premiers événements prédits...

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