Chapitre 17

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Moukaï reprenait petit à petit ses esprits. Elle tenta de monter sur le dragon mais ses écailles étaient particulièrement glissantes, en plus de sa grande taille. Elle finit par s'accrocher à une des ailes pour grimper doucement vers le coup de Sky-Fire.

—Dis-moi que tu es vivant, supplia la kitsune, tremblante.

Elle essaya de trouver un endroit où elle pourrait sentir le pouls sous ses doigts, néanmoins elle ne trouva rien. Était-il... Non... Elle tapa du poing sur le poitrail du dragon en sanglotant et elle murmura :

« Tu n'as pas le droit de me laisser maintenant ! »

Avant de frapper à nouveau, un peu plus fort que le précédent coup. Une vague de peur crispa tout son corps, il ne pouvait pas mourir ainsi ! Pas comme ça. Elle se recroquevilla, elle se balançait en se souvenant de la mort de son frère et de sa petite sœur, elle serrait fortement contre elle ses jambes comme s'ils pouvaient la protéger de l'extérieur. Les sanglots secouaient ses épaules, elle avait la sensation d'être retourné au moment de son enfance, à l'enfant chétif qu'elle avait été.

Son cœur se comprima pendant qu'elle posait une main sur les écailles du dragon.

« Je suis désolé de ne pas avoir su te protéger. Tout ça est de ma faute. »

Tout à coup, l'animal se transforma pour reprendre sa forme humaine, le jeune homme au cheveux blonds reposait maintenant au côté de Moukaï. Elle venait de tomber dans le sable cependant son regard restait fixer sur Dragïos. Soudainement, il ouvrit ses grands yeux bleus face à elle et l'observa en détails. La kitsune sursauta de peur, involontairement elle le gifla avant de reculer et d'ajouter :

—Tu es vraiment stupide, déclara-t-elle, en lui tournant le dos.

—Hum... C'est celle qui aurait du tuer le mercenaire qui me dit ça. Un simplement « merci » ne serait pas de trop, pour t'avoir sauvé la vie.

—Tu te fiches de moi ? C'est toi qui as pris la poussière qui t'a paralysé ! Gronda-t-elle, en se retournant face à lui, les bras croisés sur sa poitrine.

Les joues de la kitsune se teintaient de roses, ses émotions faiblissaient car il était enfin là, bien vivant devant-elle. Un soupire s'échappa d'entre ses lèvres à cette pensée.

Dragïos se releva doucement, il épousseta ses affaires. Il posa un regard suspicieux au loin, depuis combien de temps étaient-ils là ? Où était partie le mercenaire ? En se retournant vers Moukaï, il la vit rougir et tenter de fuir son regard.

—Ma petite renarde, rougirait-elle ? La taquina-t-il.

Elle lui mit une tape sur l'épaule en murmurant : « non, pas du tout... ». Le jeune homme éclata de rire face à la gêne de la kitsune, pourtant il posa sur elle, un regard attendrissant. Il portait toujours sa tenue de guerrier, elle n'avait pas été déchirée lors de sa transformation ce qui était plutôt rare. De sa main gauche, il caressa tendrement le bras droit de la kitsune, où lors de son touché, elle frissonna. Sa peau réagissait au contact du dragon mais elle ne savait pas comment l'interpréter, qu'est-ce que ça voulait vraiment dire ?

Le jeune homme lui releva la tête doucement et leurs regards se croisèrent, les deux brillaient de milles et une étoile. Celui de Dragïos descendit vers son nez fin puis ses lèvres pleines et pulpeuses, il s'approcha comme hypnotiser par ce qu'il voyait.

D'abord, leurs lèvres se cherchèrent, avant de se toucher délicatement. Les mains de Dragïos encadraient le visage de Moukaï tandis que les siennes se promenaient sur sa nuque. Leurs corps se rapprochèrent l'un de l'autre comme s'ils voulaient oublier, se perdre dans quelque chose de plus fort que leurs souffrances. D'un coup, un éclair tomba entre eux deux, les projetant loin l'un de l'autre.

L'elfe de la nuit se tenait à cet emplacement, il leur souriait plutôt heureux de son entrée.

—Excusez-moi d'arriver à l'improviste, cette petite visite n'était pas prévue, déclara-t-il. Je cherche un certain Nils, l'auriez-vous vu ?

Dragïos se releva, Moukaï était assise en se tenant la tête, elle se sentait un peu sonnée car sa tête s'était cognée contre le sol. Le jeune homme étudiait son état pour se rassurer, du regard il lui demandait de rester calme, de ne pas agir sans réfléchir.

—Il n'est plus ici.

Zayos se tourna vers lui et s'approcha d'une démarche gracieuse. Il se pencha vers l'avant pour être à la hauteur du dragon.

—Oh... Et qui es-tu ?

Dragïos fut surpris par cette question, pourquoi voudrait-il savoir ce genre de chose ? Ses poils se hérissaient le long de ses bras et il doutait de plus en plus des intentions de l'étranger.

—Je me nomme Dragïos.

—Ce nom me dit étrangement quelque chose, annonça Zayos en se tenant le menton. Connaîtrais-tu la démone nommée Pheone ?

Une étincelle de lumière s'illumina dans le regard du jeune homme alors qu'il répondait.

—Bien sûr ! Vous savez où elle est ?

—Dans mon royaume, répondit Zayos, d'une voix froide.

Sky-Fire prit conscience du danger avant Dragïos et préféra le prévenir : « Il n'est pas notre allié. Son aura me paraît mauvaise. »

Soudainement, il vit la kitsune courir en direction de l'elfe avec ses deux dagues en main, elle sauta pour se donner un avantage sur son adversaire, en essayant de viser ses épaules sauf qu'il disparut aussitôt qu'elle toucha le sol. Il réapparut derrière-elle et l'attrapa par la nuque pour la soulever.

—Qu'est-ce que tu as essayé de faire, petite chose ? Ricana-t-il.

Zayos releva son regard vers celui du dragon, qui venait de se transformer à cause d'un élan de colère. Il le vit le charger pourtant il ne broncha pas car la patte de Sky-Fire ne l'attendrait jamais, il se téléporta pendant que les griffes du dragon fendit l'air, seulement quelques brins de poussières volèrent autour de Dragïos, déboussolé.

—Moukaï ! Hurla le dragon de tout ses poumons dans ce vaste désert qu'était les alentours de Vénusis.

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Sinélia était assise dans une des nombreuses cellules de la prison, face à la sienne se trouvait celle de Lidéos. Elle s'était jetée dans les bras de l'ennemi sans grande hésitation, elle avait eu si peur pour Lidéos et Chad. Où était le loup actuellement ? Était-il en sécurité ? Elle avait pu l'apercevoir une dernière fois avant de disparaître. Elle aurait aimé qu'il soit là pour la rassurer, depuis qu'elle était arrivée ici, de nombreuses visions lui apparaissaient et tout cela la terrifiait.

—Lidéos... J'ai peur, que vont-ils nous faire ?

Dos aux barreaux, le jeune homme jetait une balle contre le mur face à lui.

—Je ne sais pas, nous ne pouvons qu'attendre et supposer.

Tout à coup, ils entendirent un bruit de téléportation dans la cellule à droite de Sinélia.

—Voici ta nouvelle demeure, grande élémentaire, déclara Zayos d'un air moqueur, avant de disparaître à nouveau.

—Je vais te tuer ! Je te préviens que je te tuerai la prochaine fois ! Hurla Pheone enragée.

Un bruit de coupa contre le mur résonna dans toute la prison, en faisant grimacer l'adolescente.

—Pheone, c'est toi ?

—Siné... ? Oh, vous êtes encore envie ! Soupira Pheone, rassurée.

—Vous pensiez qu'on était mort ? Demanda Sinélia, d'une voix fluette.

Pheone se tut alors que Sinélia se demandait si son père pensait encore à elle, la croyait-il morte ? La cherchait-il au moins ?

De nouveau, le même bruit que toute à l'heure se fit entendre, cette fois-ci dans la cellule face à celle de Pheone. Une kitsune apparut et l'elfe disparut aussitôt, en les laissant seuls encore une fois.

—Où suis-je ? Qui êtes-vous ? Demanda la femme au teint hâlé.

—Ta tenue vient de Vénusis, non ? Questionna Sinélia en admiration devant une telle armure de guerrière.

Pheone s'approcha des barreaux et posa ses mains autour. Elle regardait avec beaucoup d'espoir la nouvelle arrivante.

—Est-ce que tu connais Dragïos ? Un jeune homme blond aux yeux bleus, s'écria la démone, en espérant avoir des nouvelles de son ami.

La kitsune se gratta la nuque avant de rougir, elle se remémorait leur dernier instant en tête à tête.

—Oui, j'étais à Vénusis avec lui, annonça-t-elle d'une voix calme. Nous pourchassions Nils, un mercenaire qui a tué les membres de la tribu s'étant réfugiés là-bas.

Les yeux de la princesse s'embuèrent, elle se rappelait des personnes qu'elle avait aidé à s'orienter vers ses royaumes pour qu'ils survivent. Elle s'était toujours demander ce qui avait pu leur arrivé ou s'ils vivaient enfin heureux. Son cœur se comprima à l'image des enfants ensanglantés, elle avait du mal à accepter qu'ils étaient morts à cause d'un mercenaire, sans aucun doute engagé pour les tuer. Où était l'honneur lorsqu'on prenait la vie d'innocent ?

—Je suis Lidéos, l'adolescente c'est Sinélia et la démone se nomme Pheone, se présenta le garçon de la cellule à côté.

La kitsune acquiesça avant de s'asseoir à même le sol.

—Que faisons-nous ici ?

—Zayos a un plan ou plutôt il obéit aux ordres de mon père. Peut-être serons-nous torturés ou tués, tout dépendra d'eux, répondit Pheone en soufflant et baissant les épaules.

—Qui est-il ? Demanda Moukaï, subitement inquiète.

—Un être dont personne n'aimerait croiser la route, déclara la démone. D'après les nombreuses rumeurs, il aurait donné son cœur à Kolaris.

Sinélia trembla à cause de la peur, leurs futurs étaient incertain et cela la terrifiait. Lidéos restait de marbre, maître de ses émotions. Pheone paraissait inquiète, elle se laissa glisser le long du mûr en soupirant de désespoir. Peut-être que leur quête s'arrêterait aujourd'hui ou demain mais ils risquaient de ne pas tous sortir vivant d'ici. La paniqué se lisait dans le regard de la kitsune, ses mains devaient être moites vu le teint livide de sa peau hâlé. Ils étaient tous les quatre perdus sans savoir si demain ils seraient encore vivants.

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Zayos n'avait pas trouvé le skinwalkers, il était donc rentré à son palais.

Maintenant, il portait un long costume de roi avec sa cape parsemée d'étoiles. Il arpentait les couloirs de sa demeure où trônait un long tapis gris clair, d'immenses fenêtres prenaient toute la place le long des mûrs, cependant il n'y avait pas la moindre décoration, les teintes étaient plutôt ternes et mal entretenues. Il ne voulait pas s'encombrer d'objets inutiles, ni apporter une quelconque joie dans sa demeure, cela lui importait peu.

Il marcha la tête haute en réfléchissant à ce qu'il ferait de ses prisonniers, il devait attendre un ordre de Kolaris pour agir sauf qu'une certaine frustration prenait place en lui, il voulait agir vite et frapper fort.

—Mon roi, dit une voix fluette. Un message des Enfers.

Il prit la lettre et la lut rapidement, les ordres étaient clairs : « Vous pouvez torturer le guerrier et la kitsune. Laissez ma fille et la petite en vie. Je viendrai vous voir le plus tôt possible ».

Zayos grimaça en s'imaginant ce que Kolaris comptait faire de la jeune femme et de l'enfant. Il regarda celui qui venait de lui apporter le courrier et lui ordonna :

—Faîtes amener le guerrier et la kitsune devant le palais.

Il partit d'une démarche déterminée, il devait récupérer les armes qu'il lui faudrait pour briser l'âme de ses ennemis. Il ouvrit deux portes aux dorures luxueuses, où derrière se tenait une pièce remplie d'armes en tout genre. Il attrapa deux dagues, une hachette ainsi qu'un arc avec des flèches. Il passa devant une épée et pensa qu'elle pourrait lui être utile, avant de repartir vers l'entrée de sa demeure.

À l'extérieur, les gardes amenaient déjà Moukaï et Lidéos, on les força à se mettre à genoux. Ils leurs mirent des cordes autours de leurs poignets, reliés à des poteaux de bois pour tendre leurs bras au maximum. Il ne fallait pas que les prisonniers puissent avoir la moindre chance de blesser leur roi.

Moukaï se débattit en leur criant de la relâcher immédiatement, de lui donner une épée pour combattre à arme égale, à la loyale !

Lidéos restait calme comme s'il s'était préparé à affronter quelque chose d'horrible que lui seul voyait. Un lourd silence s'abattit quand le roi d'Oxyris franchit les portes, en tenant à sa ceinture deux dagues et une hachette, dans son dos reposait un carquois avec plusieurs flèches puis dans ses mains, il tenait une épée et un arc.

Moukaï fut horrifiée alors que Lidéos ne bronchait toujours pas.

—Qui veut passer en premier ? Demanda poliment le roi, d'une voix sinistre en faisant briller la lame de son épée.

—Moi, répondit l'ange mort sans la moindre émotion que ça soit dans sa voix ou les traits de son visage.

—Alors, ça sera elle, déclara Zayos en pointant son épée vers la kitsune. Jolie tentative de sacrifice, mon petit mais je vois en toi une certaine résistance intrigante.

Les gardes déposèrent une table pour poser chacune des armes. Zayos garda en main la hachette et avant que Moukaï n'est eut le temps de se préparer au premier coup, il trancha son dos habillé d'un simple bandage ce qui laissa une plaie béante où le sang coulait lentement. La kitsune voulait hurler, mais elle devait affronter la douleur sans le moindre bruit, elle priait avec espoir que Dragïos vienne la libérer même si elle savait qu'il était bien trop loin d'ici...

Les coups continuèrent à la hachette puis s'en suivirent des flèches à courte distance. Le dos de la jeune femme était couvert de plaies sanguinolentes, elle cherchait à résister, mais son corps commençait à la lâcher, tout devenait flou autour d'elle.

—On arrête. Au tour de ce jeune, ordonna Zayos d'une voix froide et tranchante.

Il recommençait le même rituel, mais avec les deux dagues et l'épée. Lidéos ne criait pas, ne bougeait pas, il encaissait les coups.. Il sentait une douce caresse dans son esprit de Sinélia qui avec son don avait réussi à créer un lien entre eux. Il entendit sa douce voix : « Je suis là, mon ami. Ta douleur est ma douleur. », elle s'emparait totalement de la souffrance qu'aurait dû lui apporter les coups.

« N'oublie pas, résiste jusqu'au bout... Je.. » sa voix s'éteignit quand d'un coup, il ressentit la douleur fulgurante du coup de dague qui le fit hurler. Sinélia avait épuisé toutes ses forces en voulant le protéger.

-Tu es un être intéressant. Ce soir, tu vas venir avec moi dans mon palais, déclara le roi en s'accroupissant devant Lidéos et en lui tenant le visage droit.

Les gardes attrapèrent Moukaï laissant ses jambes traîner par terre alors que Zayos détachait le jeune guerrier puis le souleva passant son bras sur ses épaules d'elfe. Il lui fit gravir les marches avant de pénétrer sa demeure.

Lidéos était assis sur une chaise avec une table immense devant-lui. Au lieu d'admirer tout ce qu'il avait autour de lui, il se demandait comment allait Sinélia après avoir aspiré sa souffrance.

—Comment as-tu fait pour résister à la douleur ? On aurait presque cru que tu ne... Mais attends, ça ne serait pas ton amie qui serait derrière tout ça ? Kolaris m'avait dit que son soldat avait eu une vision où il avait entendu parler d'une petite particulière.

Il se releva brusquement faisant tomber sa chaise dans un fracas pas possible, en tapant des poings sur la table.

—Vous n'avez pas intérêt à toucher un de ses cheveux ! grimaça-t-il sentant ses plaies le tailladés.

L'elfe de la nuit ricana avant de taper dans ses mains.

—On ne t'a jamais appris à ne pas montrer tes points faibles à ton adversaire ?

Le guerrier se mit à courir et pencha son corps vers l'avant pour plaquer au sol le Roi de Oxyris, ce qui arriva. Les deux hommes se retrouvèrent au sol, l'un empêchant le poing de l'autre de s'écraser sur son visage.

—Tu devrais apprendre à contrôler tes émotions, annonça Zayos en tenant fermement la main du garçon.

Les yeux de l'elfe reflétaient une véritable détermination, mais aussi un brin d'admiration pour ce jeune qui préservait une partie de ses émotions en lui. Cela lui rappelait l'enfant innocent qu'il avait pu être,il y a de cela plusieurs années.

Pendant des années, il avait été « prince », un petit garçon adoré du peuple entier. Il était toujours courtois et gentil envers tout le monde même les plus démunis. À chaque fois qu'il sortait du palais, tout le monde le saluait joyeusement en lui offrent parfois quelques cadeaux comme de délicieux petits pains de la boulangère de la rue « Miel ». Cette vieille femme était douce et pour lui, elle représentait une seconde mère, il aimait lui rendre visite tout les jours. Sa fille avait à peu près le même âge que Zayos, il craquait secrèement pour elle au point qu'un jour avec timidité, ils s'étaient embrassés après lui avoir demander son accord. À leurs âges, ils avaient ris en disant « beurk ».

Néanmoins, son innocence lui fut enlever du jour au lendemain, tout ce qu'il lui était cher lui avait été enlevé. Comme à son habitude, il alla à la boulangerie de sa seconde mère, où il retrouva un vieil homme en pleure.

—Tout est de ta faute ! Tu les as tués !

Le garçon n'y comprenait rien alors ce jour-là, il avait couru, ouvrant brusquement la porte puis il avait aperçu avec horreur, la fillette dans les bras de la vielle femme, toutes les deux dans une flaque de sang rouge vive... Il se mit alors à hurler puis il tenta de fuir de ce lieu sauf que le vieil homme qui attendait devant la boulangerie fût épris d'une haine sans pareil. Il attrapa alors l'enfant, qu'il rua de coup dans les rues, devant son peuple horrifié puis après la rumeur se répandu et il devint l'enfant le plus détesté. Lors de ses sorties, il entendait, « c'est un assassin.» , « tu te rends compte que par sa faute une vieille femme et une petite fille sont mortes ? », « quel être ignoble. » , toutes ses phrases le faisaient atrocement souffrir au point qu'un jour il ne sortit plus de chez lui restant sous la joute de son père qui passait son temps à le rabaisser, à le battre tandis que sa mère restait à coté tel un simple observateur... Pourtant il l'avait tant de fois supplié de l'aider, mais cela n'était jamais arrivé.

—L'amour et l'amitié sont des faiblesses, mais aussi des forces, lui apprit Zayos en baissant la tête. Tu dois à tout prix cacher la moindre de tes émotions sinon elle sera utilisée contre toi.

Lidéos se releva et tendit sa main à l'elfe avant de dire.

—Apprenez-moi. Cependant, je vous en conjure, ne faites pas de mal à Sinélia. Dans cette histoire, elle est innocente.

Le roi acquiesça avant de le faire s'asseoir alors qu'une servante amenait leurs plats. Les deux hommes discutèrent ensemble autour de ce repas. Zayos pensait au fait qu'il devrait parler avec chacun d'entre eux pour en apprend plus sur leurs faiblesses, mais aussi sur chacun d'eux alors que Lidéos était tourmenté par le masque que portait l'elfe de la nuit.

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Pheone était assise dans sa cellule à taper les barreaux tandis que Sinélia chantonnait alors que Moukaï était toujours inconsciente. Elles entendirent la porte s'ouvrir et d'un coup une tension parcourut toute la prison. Une odeur particulière de feu prenait le pouvoir dans le bâtiment alors que Pheone comprenait qui venait de rentrer.

—Xocarès, grimaça Pheone.

Il se tourna vers elle et fit une révérence.

—Heureux de vous revoir, princesse, dit-il sournoisement.

—Que fais-tu ici ?

—Je viens accomplir ma mission.

Il continua sa route tandis que Pheone serrait fortement les barreaux en essayant de les briser. Xocarès s'arrêta devant la cellule d'à côté, celle de Sinélia, où l'adolescente le regardait terrifiée

—Toi, tu viens avec moi, annonça-t-il en serrant les dents.

Il traversa la grille sous les yeux hébétés de la démone.

—Non, Xocarès laisse-la ! Hurla Pheone.

Le démon attrapa la main de Sinélia, elle le mordit directement. L'archer grogna et insulta l'ange morte. Il l'attrapa par les cheveux avant de disparaître avec l'aide d'un cube.

Pheone s'était recroquevillée dans sa cellule, elle serrait ses genoux contre elle tout en murmurant : 

« Les loups hurleront, le dragon veillera, la phoenix s'éteindra alors que la magie s'envolera... ».

La jeune femme se sentait perdue alors que Moukaï reprenait conscience en grognant légèrement. La démone laissa les larmes de désespoir couler le long de ses joues alors qu'elle se remémorait Xoka, la renarde polaire courrait vers elle ainsi que toutes les fois où elles avaient ri ensemble. Elle revoyait aussi le grand et majestueux loup qu'était Adonis au côté d'une femme ressemblant à sa mère. Elle arriva à visualiser Makoïs et son sourire, Dragïos riant au éclat ainsi que sa forme de dragon. Elle se souvenait des parties de jeu de société avec Néphélis, de toutes les fois où elle avait taquiné Ash aux Enfers. De la volonté de Xyféris et de la force d'Azuria, de leur détermination réunit pour lutter ensemble contre les injustices de leur royaume.

Tout ces visages lui manquaient terriblement. Elle se laissa envahir par les souvenirs et les émotions qu'ils amenait avec eux, elle sombra pendant que toutes ses défenses s’affaissaient pour laisser émerger le mage noir.

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Sinélia fut brusquement jetée au pied de quelques escaliers. Ses bras et jambes s'écorchèrent au contact du sol, en la faisant grimacer.

—Mon roi, la voici, annonça Xocarès.

En premier lieu, elle se mit à genoux pour observer les alentours et elle remarque un homme bien plus âgé que l'archer. Il s'approcha et se baissa à son niveau pour la regarder en détail, une de ses mains vint caresser la joue pâle de l'ange morte pour récolter une larme. Sinélia était tendue, la peur se lisait dans son regard, elle ressentait du dégoût à être touché ainsi. Cet homme avait deux cornes bien plus imposantes que celles de Pheone, une aura sombre lui collait à la peau. Sa taille impressionnait l'ange morte, elle était habituée à des hommes de taille moyenne et non aussi grande. Il portait une tenue moyenâgeuse avec plusieurs pierres précieuses le long de sa tunique. La main qui caressa à nouveau sa joue, possédait de longues griffes. L'obscurité dans le regard de cet homme lui faisait froid dans le dos, pourtant quelque chose attirait l'adolescente, elle voulait le toucher pour avoir une vision.

Elle décida de tendra ses mains vers lui, mais il lui attrapa les poignets avant qu'elle ne puisse le toucher. Cela n'empêcha pas la suite des événements, une vision arriva subitement et le corps de la jeune fille fut secouer avant de s'écrouler au sol inconsciente. Elle découvrait un tout autre endroit de par son esprit.

Elle entendit les vagues s'écraser contre les côtes de l'île, elle sentit l'herbe sous ses pieds et les rafales de vents qui venaient caresser son visage. Cependant, son attention fut attirée par des bruits d'épées qui s'entrechoquaient. Elle monta le long d'une pente appartenant à une petite colline verdoyante, cette île paraissait magnifique de par sa couleur et la vue qu'elle apportait, sa beauté lui rappelait les histoires sur « Les Terres Oubliées ». Elle avança doucement, du sommet de la colline, elle vit des personnes en armures en train de se battre, quelques corps reposaient sur le sol. Par-dessus tout ça, elle reconnut l'armure d'Azuria et celles des guerrières anges mortes. La cuirasse était couverte de sang et la prêtresse boitait légèrement, quand elle la vit hurler.

—Xyféris !

Avant qu'elle ne s'écroule à genoux avec une épée lui traversant le torse, Sinélia chercha du regard son père paniquée et elle le trouva plus loin sur la côte en train de combattre un démon. Lorsque le cri atteignit ses oreilles, il détourna le regard de son adversaire pour voir Azuria et quand il la vit, son regard devient obscur, il prit le contrôle sur ses émotions en sentant l’adrénaline et la colère dominaient en lui. Il hurla de rage en voyant le corps de son aimée s'écroulait sur le sol sans vie.

Il se retourna et planta son épée dans l'abdomen de son adversaire, qui lâcha quelques gargouillements avant que Xyféris retire sa lame de la plaie. Il se précipita sur un autre ennemi à quelques pas, il enchaînait les coups sans réaliser qu'il s'affaiblissait à force de mettre autant de hargne dans ses coups.

Sinélia observait la scène, elle se sentait démunie face à la détresse de son père. Ce n'était qu'une vision pourtant elles étaient si réalistes à chaque fois.

Tout à coup, son regard se fixa sur l'étranger qu'elle venait de toucher, il apparut derrière Xyféris et l'attrapa par la nuque avant de la briser d'un coup sec, la tête de l'ange mort forma un angle anormal.

Un hurlement strident traversa les lèvres de l'adolescente lorsqu'elle croisa le regard vide de son père, il venait de le tuer.

—Non, ce n'est pas possible... Non !

L'étranger lâcha le corps de son père, elle l'entendit tomber lourdement contre le sol. Elle tomba à genoux brisée, ses mains appuyaient contre l'herbe, elle tremblait de toute part. Elle supplia la terre et le ciel de lui venir en aide, de changer le cours du temps.

Elle fut sortir brusquement de sa vision par cet homme, celui qui avait enlevé la vie de son père. Il venait de la gifler, sa joue habituellement pâle se colora d'un ton rougeâtre.

—Tu crois que je ne suis pas au courant de tes dons ? S'emporta le roi, en la tirant par le bras pour l'asseoir à côté du trôner. C'est justement ce qui m'intéresse chez toi.

Il l'attrapa par les cheveux pour relever son visage à la hauteur du sien, une haine incommensurable se lisait dans le regard de l'adolescente.

—J'ai appris que tu faisais partie de la légende, tu serais celle qui tuera ma fille.

Subitement, Sinélia manqua d'air à cette révélation. Elle paniqua et tenta de se débattre, elle ne voulait pas être utilisée pour nuire à Pheone et ses amis. Elle gardait espoir de pouvoir empêcher ses visions de se réaliser, elle aurait peut-être la chance de les sauver.

—Je ne sais pas ce que tu as vu mais je te conseille de coopérer avec moi, si tu souhaites que ta famille continue à vivre.

L'adolescente lui lança un regard noir de colère avant de cesser de se débattre. Comment pouvait-il savoir si elle avait encore de la famille ? Avait-il des espions parmi eux ou bien celui qui l'avait enlevé les observer depuis le début ?

Elle remarqua du coin de l’œil l'archer baisser la tête et se retourner pour quitter la pièce, mais elle cria avant qu'il ne puisse refermer la porte.

—Tu auras ma mort sur ta conscience !

Xocarès se raidit en relevant la tête pour jeter un coup d’œil au petit bout de femme qui venait de lui jeter une vérité connue de tous.

—De quel mort parlez-vous ? Vous êtes encore vivante et pour un bout de temps.

Il se retourna avant d'ajouter :

— Nous nous reverrons sur le champ de bataille, morveuse.

Il quitta la pièce en laissant derrière-lui, l'adolescente aux mains de Kolaris. Un certain sentiment de culpabilité lui bloqua la respiration mais il refusa d'y faire attention. Il devait obéir, point.

Sinélia était perdué face au roi qui l'observait attentivement, en attendant qu'elle le suive de son plein gré même si elle n'avait pas vraiment le choix. Elle finit par s'asseoir à côté du trône pendant que l'homme lissait sa tenue. Il lui jeta un regard qui voulait dire :

« Dis-moi ce que tu as vu dans ta vision ».

À ce moment-là, elle sut qu'elle devait mentir pour aider les siens. Elle ne voulait pas que la légende se réalise, que ses mains soient souillées du sang d'une innocente.

—Je vous ai vu sur un lieu qu'on nomme « Les Terres Oubliées », vous vous faisiez tuer par votre unique enfant, son épée vous transperça pendant qu'une flèche d'Ash se plantait dans votre poitrine, déclara-t-elle d'une voix colérique, en serrant les dents.

Sinélia reçut une seconde gifle qui la fit s'écrouler sur le carrelage de la salle du trône, ses mains atterrirent en premier pour lui permettre de se rattraper et d'éviter que sa tête ne cogne contre le sol. Son corps était secoué de tremblement tant la violence du coup avait été douloureuse. Elle releva la tête, ses yeux larmoyants croisèrent le regard froid de son ennemi alors que sa joue prenait une teinte rosée et laissait une marque visible.

—Ce n'est que foutaise ! Nous gagnerons la guerre et tuerons tout ceux qui m'empêcheront de prendre le pouvoir dont toi.

Il l'attrapa au cou tout en la soulevant, pendant que ses petites mains venaient s'accrocher au poignet du démon pour tenter de se soustraire, ses yeux s'écarquillèrent tandis que l'air commençait à lui manquer. Elle le supplia de la lâcher mais il ne l'écouta pas, sa peau vira à l'écarlate, elle commençait à suffoquer et quelques tâches noirs apparaissaient sur sa vue.

Soudainement, la porte s'ouvrit et Kolaris la lâcha. Son corps d'adolescente s'écrasa contre le carrelage, elle grimaça et grogna de douleur, sa hanche avait absorbé le plus gros de l'impacte. Elle remarqua que Xocarès arrivait à grand pas vers eux. Était-il revenu à cause de ce qu'elle lui avait dit ? L'avait-elle jugée trop tôt ou...

—Que veux-tu, archer ? Questionna le roi.

—Je m'excuse de vous interrompre mais je devais vous prévenir que le roi des elfes de la nuit rencontre des difficultés avec votre fille, annonça-t-il en jetant quelques regards vers la jeune fille.

Kolaris grogna avant de disparaître dans un nuage de fumée. Il laissa Sinélia face à Xocarès, les deux se regardèrent longuement avant que l'archer décide de s'approcher et de tendre sa main gantée vers l'adolescente. Elle se demanda si c'était un piège à nouveau ou bien un test de confiance. Il comprit qu'elle doutait de ses intentions, qu'elle se demandait si elle pouvait lui accorder une quelconque confiance. Il lui attrapa la main et l'aida à se relever avant de la tirer à sa suite, il prit à droite dans le couloir pour atteindre une salle de bain plutôt petite. Il pansa les quelques plais que lui avait fait Kolaris.

Lorsqu'il la toucha, elle sentit de nombreuses décharge électrique dans tout son corps, la peau était sensible après son passage. Leurs regards se croisèrent et une certaine intensité se lisait dans chacun d'eux, leurs respirations paraissaient saccadées. Elle pouvait déceler une faille dans les pupilles de l'archer, il n'était plus maître de lui-même. Leur roi avait un certain pouvoir sans limite sur eux.

Sinélia posa une main sur le biceps de Xocarès, qui se contracta immédiatement à ce contact. Il semblait inquiet de cette situation, au point qu'il détourna son regard vers une blessure de l'adolescente, l'ambiance qui était présente dans la pièce s'atténua d'un coup. Sinélia continuait de l'observer malgré sa main qui pendait maintenant dans le vide, Xocarès avait préféré reculer de quelques pas, il caressa doucement la hanche de l'ange morte qui prenait une teinte bleue à cause du précédent choc. Il jura entre ses dents serrées, la jeune fille laissa échapper une gémissement lorsqu'il appuya sur l'endroit endolorie. Il releva son regard et à nouveau, une certaine tension apparue entre eux et c'est à cet instant que l'ange morte remarqua un petit filament relier leurs corps, il les entourait totalement.

Il s'approcha doucement pendant que la main de Sinélia attrapa celle du démon. Il n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit, qu'elle se sentit partir dans une autre vision alors que des bras l'entouraient pour l'empêcher de tomber.

Il était présent lui aussi sur le champ de bataille avec son arc bandé. Il visait quelqu'un que l'adolescente n'arrivait pas à voir, alors elle décida de se placer derrière-lui pour voir ce qu'il voyait. Elle remarqua que la flèche pointait vers Chad mais aussi Lidéos, les deux guerriers étaient côte à côte à combattre. Elle voulut le plaquer au sol pour l'empêcher d'agir sauf qu'elle la traversa et atterrit sur l'herbe bêtement. La flèche du démon fut lancée, elle fendait l'air à toute vitesse en faisant un bruit de sifflement à son passage jusqu'à qu'elle atteigne sa cible, qui n'était autre qu'un démon.

Elle releva son regard vers Xocarès, la surprise se lisait sur son visage et sa bouche en forme de « O ». Il venait de tuer l'un des siens pour une raison qui lui était encore inconnue, elle le vit regarder derrière-lui alors elle suivit son mouvement pour apercevoir des démons se rapprocher de lui, il venait de les trahir. Il devait fuir mais au lieu de ça, il se retourna et arma à nouveau une flèche pour viser quelqu'un que Sinélia n'eut pas le temps de voir à temps. Elle remarqua juste un corps s'écroulait avant qu'elle ne découvre qu'elle était elle aussi présente sur Les Terres Oubliées.

—Fuis Xocarès ! Hurla Sinélia.

Sa voix et son physique impressionnèrent l'ange morte, elle avait bien changé entre maintenant et cette vision, elle lui apportait des informations cruciales sur la date de cet événement et son déroulement.

Xocarès l'embrasa du regard, il lui fit un clin d’œil et un dernier sourire carnassier avant que deux épées le transpercent, que son teint devenait livide alors qu'il murmurait du bout des lèvres :

« On se retrouvera, mon apilia ».

Il tomba un genou à terre, l'adolescente se trouvait à terre au milieu du champ de bataille, le regard écarquillé. Son double se faufila agilement entre les ennemis pour rejoindre l'archer. Sinélia eut juste le temps de voir un doigt du démon bouger avant qu'ils ne disparaissent, en ne laissant qu'un simple nuage de poussières à leurs places.

Elle reprit conscience d'un coup et appuya ses mains sur les deux bras muscles qui la maintenaient, alors elle releva son regard pendant que sa vue revenait à la normale. Elle vit l'inquiétude du démon dans ses yeux et elle sut qui il était vraiment. L'une de ses mains se posa sur la joue barbue de l'archer qui se raidit à son contact, son regard descendit au niveau des lèvres de Sinélia, que celle-ci mordillait doucement. Xocarès demanda silencieusement son consentement, qu'elle lui donna.

Leurs lèvres se rapprochèrent d'abord lentement puis lorsqu'elles se caressèrent, un feu brûlant fit irruption dans leurs corps alors que le filament scintillait d'une couleur dorée. Elle se rapprocha, en appuyant sa poitrine contre le torse tendu de l'archer. Cependant, il la repoussa brusquement avant de s'écarter essoufflé. Xocarès ressentit de la culpabilité mais aussi de la colère pour ne pas avoir su contenir ses propres désirs, elle était bien plus jeune que lui, l'ange morte restait majeure mais il ne pouvait pas se permettre un tel écart de conduite, ça ne lui ressemblait pas.

—C'était une erreur, morveuse. Tout ça, c'est impossible et j'espère que tu le comprends ? Nos clans sont opposés dans cette guerre, je devrais sans doute te tuer...

Elle le coupa en déposant un baiser sur ses lèvres. Elle savait maintenant qui il était, celui qu'il allait devenir même. Elle ressentait déjà que l'obscurité s'éloignait, que petit à petit l'archer devenait conscience de ses actes passé et du contrôle qu'exerçait Kolaris sur eux.

—J'ai vu ce que tu allais faire, annonça-t-elle. Tu es différent des tiens, certains d'entre vous sont peut-être comme toi. Ils ne veulent pas cette guerre, ils attendent pour pouvoir vivre en paix.

—Tu ne sais pas de quoi tu parles, morveuse. Tu ne connais pas ce monde, rétorqua-t-il en grinçant des dents.

—Ce que je connais, c'est grâce à mes visions.

Il serra les dents et passa sa main dans ses cheveux avant d'attraper la main de l'adolescente pour quitter la pièce.

—Tes visions n'empêcheront pas et ne changeront pas le futur, cracha-t-il mécontent. Maintenant tais-toi et suis-moi jusqu'à ta chambre que Kolaris a prévu pour toi.

Sa main fut tiré pour l'obliger à marcher rapidement. Elle ne pouvait pas arrêter de penser au baiser qu'ils avaient échangés au point qu'elle toucha délicatement ses lèvres, en repensant à la sensation que ça lui avait apporté. Elle se remémora le filament qui s'enroulait autour de leurs pour s'emmêler au niveau de leurs mains. Xocarès la sortit soudainement de ses pensées, en ouvrant une porte où il la poussa à l'intérieur. Il lui indiqua que cette chambre était la sienne pour un moment.

Un grand lit à baldaquin rouge se trouvait contre le mur au Nord de la pièce, une immense fenêtre avec deux longs rideaux noirs empêchaient la luminosité de pénétrer dans la pièce. Face au lit se trouvait une commode, juste à côté de la porte pour rejoindre une seconde pièce, une salle de bain dans les mêmes tons que la chambre.

Sinélia voulut se retourner pour le remercier, pourtant elle entendit la porte se refermer derrière-elle, le démon venait de partir sans qu'elle ne s'en rende compte. Une certaine déception était visible que ça soit par la forme de sa bouche contrariée ou bien par ses yeux scintillants. Elle en fit abstraction, elle devait penser à des sujets bien plus important comme ses amis encore enfermés dans la prison d'Oxyris et de Lidéos qui n'était pas revenu avec Moukaï. Elle espérait qu'ils se portaient tous bien, que le garçon était en sécurité. Elle avait fait tout son possible pour le protéger de la torture qu'il avait subi à cause de Zayos, cependant ça lui coûtait énormément d'énergies à chaque fois. Son corps épuisée s'était alors laissée tomber contre le sol froid de sa cellule. Au moment où elle avait caressé l'esprit du guerrier, une sensation particulière l'avait traversé comme lors de l'attaque des léviathans à Lunatios et que Chad avait été en danger. Le réveil de Lidéos n'était pas naturel, elle avait le pressentiment que ça venait d'une puissante magie.


Tandis que Sinélia s'installait doucement sur le lit, que Chad était toujours entouré de Xyféris, Azuria, Ash et le médecin, ils avaient tenté de retrouver Pheone et ce fut à la grotte que reposait le dernier indice de sa disparition soudaine avec une lettre. Pendant ce temps, Dragïos volait rapidement à la recherche de Nils, ce mercenaire était important et il devait le retrouver pour peut-être sauver Moukaï. Lidéos s'entraînait dans la salle d'armement de Zayos avec le roi sauf qu'ils eussent été interrompus par la secousse d'une explosion qui venait tout droit des cellules où une forte fumée s'échappait. Moukaï et la guerrière à la hache s'étaient éloignés vers Mikanos alors que la fureur du mage noir faisait rage entre les mûrs de Oxyris.

Kolaris apparaissait au coté de Zayos qui le regardait avec une certaine méfiance se doutant de ses intentions lorsque sa fille serait devant-lui.

Le mage noir avait pris possession du corps de Pheone, il avait fait fondre les barreaux de la cellule puis avait avancé vers la sortie lorsqu'il avait atteint la surface, la démone voyait à travers ses yeux, cette chose envoyait des flammes puissantes sur certaines maisons lançant des incendies un peu partout dans le royaume. Elle n'avait pas la force de se battre, elle voulait simplement aider les siens alors elle avait écouté cette voix lui parler jusqu'à lui laisser la place.

«Nous allons faire un peu de ménage puis ton père ne devrait pas tarder à arriver ».

Elle avait simplement hoché la tête en s'abandonnant à cette noirceur qui consumait son cœur. Les elfes de la nuit hurlaient lorsque la démone passait devant eux en brûlant leurs foyers et en exterminant le moindre guerrier qui osait s'interposer sur son chemin alors qu'il avançait vers le palais du roi. Pheone aperçut un enfant en bas âge se jeter dans les bras d'un guerrier au loin qui brandissait fièrement son épée elfique. Le petit pleurait et hurlait à son père de partir pendant que le mage noir avança vers eux avec un sourire en coin, mais la démone paniqua en ressentant le feu dans ses mains qui d'une minute à l'autre allait brûler ses deux personnes, mais avant qu'elle ne puisse agir, ce fût trop tard...L'être obscur en elle tendit les mains vers l'avant projetant un énorme jet de flammes sur le guerrier et l'enfant tandis que

Pheone hurlait mentalement, qu'elle essayait de reprendre le contrôle de son corps face à une scène aussi effroyable. Elle savait qu'il était mauvais, mais dans un instant de faiblesse, elle l'avait laissé gagner... Les deux corps qui se serraient dans les bras étaient calcinés sur le sol alors qu'un hurlement de femme en détresse arrivait à ses oreilles.

Qu'avait-elle fait ? Elle voyait maintenant dans son esprit du sang couler de ses mains s'écrasant sur le sol noir.

Le mage noir continua sa progression pendant que Pheone se lamentait de sa décision quand une voix retentit devant eux.

—Arrête-toi là, mon peuple n'a rien fait pour mériter cela, ordonna l'elfe de la nuit avec une certaine colère qui fronçait ses sourcils et son front.

—Ton peuple ? Tu as toi-même détruit les tiens. Regarde qui est ton plus proche allié, petit, déclara la voix habituellement féminine de Pheone qui aujourd'hui était horriblement rauque et grave.

Zayos se tenait droit à quelques mètres devant Pheone, avec Lidéos derrière lui à sa droite et Kolaris juste à côté,observant en détails sa fille.

—Tu devrais justement être de notre côté, mage noir, rétorqua-t-il d'une voix plus calme.

—Oh que non, je suis un solitaire et mon but sera toujours le même. J'ai besoin de prendre le contrôle sur ce corps, annonça froidement le mage noir.

Kolaris s'approcha doucement en disant :

—Connaissant mon enfant, tu ne pourras jamais prendre le dessus sur elle, mais je te propose alors une place dans mon corps.

Pheone secoua la tête, elle savait que cela était une mauvaise idée mais le choix ne lui revenait pas. Si l'être obscur décidait d'occuper le corps de son géniteur, les deux seraient plus ou moins gagnants et la guerre deviendrait bien plus difficile que prévu.

—C'est une offre tentante que vous me faites là mais je dois la refuser. Vous n'êtes pas aussi puissant que votre fille, et en plus de cela, il m'est impossible de quitter ce corps de ma propre volonté.

Kolaris éclata de rire, surpris Zayos recula sur le coup ainsi que Lidéos, alors que le mage noir regardait étonner le roi démon.

—Il y a une solution, tu dois totalement briser ton hôte, annonça le roi des Enfers.

La démone resta bouche bée, il devait la détruire pour pouvoir quitter ce corps, depuis le début tout était si simple enfin de compte, mais... elle avait perdu énormément en perdant chacun de ses plus proches amis alors comment pourrait-il la briser ? Elle réfléchissait à cette question assise dans l'obscurité alors que le mage commençait à faire crépiter certaines flammes aux bouts de ses doigts.

—Bien, mais cela n'empêchera pas la fin que je vous réserve, déclara-t-il en tendant les mains devant lui et projeta de nouvelles flammes.

Kolaris ne craignait en aucun cas le feu grâce à son espèce mais ce n'était pas le cas de l'elfe de la nuit et de l'ange mort.

Zayos se protégea à l'aide de son pouvoir, il forma un bouclier de ténèbres devant-lui. Il ressentit le crépitement des flammes sur les paumes de mains mais c'était peu cher payer pour ce qu'elles lui auraient fait si elles l'avaient atteint. Quant à Lidéos, il se jeta derrière le mur d'une maison pour se protéger, il pensa à ses ailes qui lui auraient d'une grande aide pour ne pas ressentir la chaleur et se protéger correctement, cependant elles n'étaient plus là même si parfois il avait la sensation que si tels des membres fantômes. Des égratignures couvraient ses avant-bras mais au moins il était à l'abri des flammes.

Un vent fort soufflait, les arbres étaient déchaînés autour d'eux, il ramenait les cendres des corps calcinés vers eux. Les racines des arbres sortaient de la terre pour s'enrouler autour des membres de ses trois adversaires tandis qu'un nuage de pluie se formait au-dessus d'eux en amenant de la foudre qui faisait vibrer le sol à chaque coup.

—Que comptez-vous faire contre moi ? Je contrôle chacun des pouvoirs de cette démone et je n'ai aucune limite.

Il alla stopper la pluie pour seulement garder la foudre et la noirceur dans le ciel qu'elle apportait. Toutefois, une flèche se planta dans son cou, le mage noir grimaça alors qu'il la retirait, il chancela légèrement sous la douleur et fut écœuré que son hôte soit si peu résistant. Il entendit la voix de la démone murmurer :

« Non, il faut résister ! On ne sait pas ce qu'il pourrait nous faire ».

Elle hurla et tapa à plusieurs reprises dans les parois de son esprit avec l'espoir de maintenir son corps éveillé sauf que ce fut en vint, le mage noir finit par s'écrouler lourdement contre le sol, en soufflant :

« Désolé petite, j'ai failli à ma tâche. »

Leurs yeux se fermaient petit à petit, ils ressentaient tout les deux la douleur, l'obscurité les appelait jusqu'à qu'ils ne perçoivent plus rien, ils plongeaient dans le néant jusqu'au prochain réveil.

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