Chapitre 20

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La prêtresse des anges morts arrivait à la fin de sa grossesse. Xyféris passait son temps à l'obliger à se reposer comme tout bon médecin le ferait sauf qu'il sous-estima la jeune guerrière qui le mit au sol très rapidement malgré son ventre rond.

—J'ai un peuple qui compte sur moi dans toutes les situations inimaginables alors ce n'est pas maintenant que je vais arrêter de veiller sur lui ! Hurla-t-elle, le visage rouge de colère.

—Ce n'est pas... essaya de dire Xyféris.

—Ah non ! Ne recommence pas avec le « ce n'est pas bon pour le bébé », car je te préviens qu'à force, je vais t'attacher pour que tu me laisses tranquille !

Le médecin secoua la tête totalement désemparé devant la poigne de sa femme. Il lui attrapa la main en déposant son autre main sur le doux visage froncé de la guerrière.

—Je ne veux que ton bien, ma douce, murmura-t-il en observant chaque trait du visage de la sublime femme qui portait son enfant.

—Je le sais, mais tu m'étouffes. Fais-moi confiance, mon amour, lui répondit-elle en fermant les yeux appréciant la caresse de la main de l'ange mort sur sa joue.

Il la regardait intensément en montrant chacune des émotions qui le submergeaient, désir, amour, protection... Il l'embrassa tendrement puis la fit tournoyer sur elle-même pour admirer son sublime physique alors qu'elle se mettait à rire en faisant sourire le jeune homme.

Ils profitaient de chacun des petits moments qu'ils pouvaient passer ensemble avant de devoir renfiler leurs armures pour entraîner les leurs.

Azuria déposa un baiser sur le bout du nez de l'ange mort le faisant rire alors qu'elle faisait demi-tour, elle quittait leur chambre pour se présenter devant le château où son peuple l'attendait impatiemment.

Elle se plaça au sommet des escaliers avec une vue d'ensemble de tout les anges morts présents, que ça soit femme, homme ou bien enfant.

—Bonjour à tous, je vous suis reconnaissante de m'accorder un court instant de votre attention. Vous devez vous dire que je suis devenue une personne faible, car j'ai décidé de gouverner aux cotés d'un homme avec même un futur enfant ainsi que je suis devenue plus tendre et ouverte. J'espère que vous me suivrez dans cette évolution pour qu'on puisse rencontrer d'autres peuples en temps de paix.

Les anges morts levèrent les armes vers le ciel pour la soutenir, même si elle avait bafoué leurs anciennes lois, ils la suivraient pour sa loyauté et sa volonté, pour tout le bien qu'elle avait fait à Lunatios. Plus d'une fois, la jeune Azuria avait tenu tête à la précédente prêtresse pour défendre des habitants, elle luttait pour l'égalité entre les hommes et les femmes, c'était justement son objectif premier lorsqu'elle était montée sur le trône.

—Aujourd'hui, l'heure est grave. Une guerre est à nos portes, des royaumes nous ont assurés leurs soutiens sur le champ de bataille, annonça-t-elle d'une voix forte. Dans ce combat, ils seront nos frères et nos sœurs, nous mettrons de côté nos différents pour le bien de notre monde, de nos royaumes !

Elle montra d'un geste de la main plusieurs calèches avec des Sophratis, qui étaient arrivés il y a quelques jours.

—Vénusis a proposé de nous fournir des armes, des armures et de mettre à notre disposition leurs fidèles compagnons ailés, ajouta-t-elle. Je compte sur les forgerons de notre royaume pour faire de-même, nous aiderons les autres royaumes à s'équiper.

Une centaine d'hommes et de femmes s'exclamèrent, d'autres se proposaient de les aider pour pouvoir en fabriquer bien plus. Les anges morts devenaient solidaires, ce qui était rare pour un peuple comme celui-ci, ils avaient l'habitude de s'entre-tuer, d'avoir constamment des conflits et aujourd'hui, ils se serraient les coudes. Azuria sourit à cette pensée, elle aurait cru ne jamais voir ça de son vivant, pourtant c'était bien là, un peuple uni et soudé.

—Les Enfers nous ont déclaré la guerre, cracha-t-elle. Ils en sont pris à des innocents, à nos amis, à nos familles ! Combien de fois les avons-nous laissé décimer des peuples pour ne pas avoir à subir leurs courroux ? Maintenant, c'est terminé, nous lutterons jusqu'à la mort !

Des cris de plus en plus forts se faisaient entendre dans tout le royaume. Ils la suivraient tous pour leurs terres, leurs familles et pour pouvoir donner un avenir à leurs enfants. La révolte grandissait de jour en jour, à chaque pas ou parole échangeait.

—Ils veulent conquérir nos terres ! Gronda-t-elle. Oxyris a trahit Kindénia mais nous ne ferons aucun mal à son peuple, j'ai eu vent qu'ils ne souhaitaient pas suivre leur roi, Zayos. On ne devra tuer que ceux qui nous attaquerons en retour.

Elle se tourna vers Xyféris, il acquiesça face à son regard, un message discret passa entre eux. Azuria entendit déjà de nombreuses voix s'élevaient, le vent de l'hiver soufflait déjà sur les braises de la colère, de l'amour pour Kindénia.

—Profitez du temps qu'il vous reste avec vos familles, vos amis car le printemps approche, il annonce la fin de l'hiver et le début d'un nouveau monde.

Son peuple l'acclama et hurla dans chacune des runes. Elle vit le médecin qui l'avait soignée hocher la tête, ses guerrières se mettre à genoux ainsi que les hommes avec les enfants, ils l'observaient avec admiration dans sa sublime armure de guerrière ange morte.

Elle se retourna après avoir salué les siens de la main avec un immense sourire véritable. Néanmoins, son bonheur fut de courte durée quand elle ressentit une forte contraction, la faisant tomber sur le carrelage du haut des escaliers, lui écorchant les genoux. Le peuple hurla qu'on aille l'aider, Xyféris se précipita à ses côtés et appuya sa main sur le ventre de la prêtresse tout en lui passant un bras sur les épaules.

—On doit l'amener dans sa chambre, tout de suite, ordonna le médecin qui venait de s'agenouiller à côté d'Azuria.

Ils portèrent la prêtresse jusqu'à son lit, où ils allongèrent et commencèrent un examen approfondie pour voir où en était le bébé et si peut-être, il était prêt.

Quelques heures plus tard, un cri secouait tout le château en faisant se précipiter chaque femmes qui y travaillait juste devant la porte de la chambre d'Azuria. Elle s'ouvrit en laissant sortir Xyféris, il observait une petite chose qui reposai dans ses bras musclés, un petit gazouillis se fit entendre et les femmes murmurèrent de plaisir à la vue du bébé.

—Oh, il est si mignon !

—Quel magnifique bébé.

Ce petit était un garçon nommé Jikaos, sur son crâne reposaient quelques mèches grises et il avait de magnifiques yeux violets avec un teint plutôt pâle. Il paraissait si fragile dans les bras puissants de son père mais Xyféris voyait en lui un grand homme. Quelqu'un qui serait bon et généreux, digne de sa mère.

Les femmes l'admirèrent à plusieurs reprises avant que le père de famille décida de rentrer à nouveau de la chambre. Il se fraya un passage entre chaque instruments et tables installaient là pour l'accouchement. Il vit Azuria lui sourire tendrement, elle observa en détails leur bébé qu'il lui tendit doucement.

Lorsque la jeune femme le recueillit dans ses bras, elle sentit son cœur battre à tout rompre. Son doux petit garçon, une larme roula le long de sa joue avant de s'écraser sur les draps du lit. Elle serra son bébé contre sa poitrine, en profitant de ce petit instant pour en savourer tout le bonheur qui en ressortait.

Le médecin et certains anges morts débarrassèrent la pièce puis laissèrent de l'intimité au couple.

Xyféris alla s'asseoir de l'autre coté du lit en observant avec joie ce qu'il voyait. Une sublime femme qu'il aimait terriblement, tenir leur enfant avec un immense sourire.

—Il sera aussi fort et doux que toi. Il sera joué avec deux masques comme tu le fais depuis longtemps. Il sera digne de toi, déclara Xyféris.

—Et il aura ton savoir, la même idéologie que toi sur la justice et de nombreux autres sujets, rajouta d'une voix basse la prêtresse.

La jeune femme ressentait une certaine tristesse de bientôt devoir partir à la guerre en laissant son enfant ici alors qu'il serait né depuis peu de temps. Elle sentit la main de Xyféris se posa sur la sienne dans un signe de réconfort.

—Je sais à quoi tu penses mais tout se passera bien. Lorsque la guerre sera finie, nous pourrons profiter de notre temps pour le voir grandir. Il sera pendant ce temps à l'abri entre ses mûrs.

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Pheone se réveilla doucement, elle tenta de se lever mais ce fut impossible, la démone remarqua rapidement qu'elle se trouvait enchaînée à un lit.

—Ah, tu es enfin réveillée. On a préféré t'enchaîner au cas où.

Son géniteur s'approcha en regardant en détails la jeune femme exposée au danger. Elle ne paraissait plus avoir peur de lui, sa fille était devenue une femme, plus puissante qu'il le pensait.

—Relâchez-moi ! Hurla-t-elle en essayant de se débattre.

Zayos s'avança à son tour, il regarda avec pitié Pheone. Il était habillé de son habituelle tenue noir mais cette fois-ci, on pouvait remarquer une ride fronçait sur son front. Son sourire absence n'annonçait rien de bon.

—Tes amis sont en train de créer une rébellion dans tout Kindénia.

Au début, elle ne réagit pas à cette annonce mais elle se demanda où se trouvait Lidéos, elle tenta de le chercher du regard mais il n'avait pas l'air d'être ici. Pourtant elle savait qu'il l'avait amené car il n'était plus jamais revenu à la prison.

L'elfe de la nuit comprit à quoi pensait la démone, il ressentit un pincement au cœur avant de grimacer. La culpabilité l'empêchait de dormir la nuit, il revoyait le visage du garçon dans chacun de ses rêves et même à chaque fois qu'il fermait les yeux.

—Il est mort de ma main, déclara-t-il.

Il vit de la haine apparaître dans son regard, si elle avait pu elle le tuerait maintenant. Elle se mit à hurler en se débattant et en jurant qu'elle les anéantirait tous.

Les tatouages sur son visage s'illuminèrent ainsi que ceux sur ses bras et jambes. Des flammes apparaissaient dans ses mains, crépitant et éclairant la pièce.

—Libérez-moi maintenant !

Kolaris refusa alors que Zayos détachait les sangles des membres de la démone.

—Je te libère mais en échange, tu dois te calmer.

La démone le fit tout en serrant les dents. Elle pourrait s'en aucun doute tuer l'elfe mais pas son géniteur.

—Ma chérie, pourquoi veux-tu suivre les pas de ta mère ? Veux-tu vraiment que tous tes amis meurent ? Demanda Kolaris.

Le regard avec lequel elle l'observa était sombre et rempli d'une colère prête à exploser comme un volcan.

—Suivre ses pas ? Mère était une pacifiste alors que moi, je suis une combattante. Je t'empêcherai de gagner et sauverai ce monde ! Cracha-t-elle. Ainsi que mes amis mourront pour certains, je le sais et je l'accepte. Nous vous combattrons jusqu'à la mort !

Zayos pouvait voir une étincelle de détermination dans les yeux émeraudes de la démone. Un frisson le traversa avant qu'il aperçoive un filament se créer autour de son poignet ainsi qu'au poignet de Pheone. Ils clignèrent des yeux et se regardèrent un instant avant de se détourner.

—Tu ferais mieux de coopérer, ma fille. Je détiens la clé de la légende dans mon royaume, tu te rappelles ? L'enfant qui doit te tuer ?

La démone tenta de reculer quand la main de son père l'attrapa au cou. Elle la sentit se resserrer sans qu'elle ne puisse résister.

—Je vais l'entraîner pour qu'elle te tue, déclara-t-il. Je veux que la légende se réalise et mette fin à la magie. Je te regarderai mourir lentement, en baignant dans ton propre sang.

Zayos envoya des filaments s'enrouler autour des bras du roi démon l'obligeant à lâcher Pheone, qui tomba au sol en respirant bruyamment.

—En aucun cas, nous devons la tuer ! Le mage noir est toujours en elle et il reste intéressant de le découvrir ainsi que les pouvoirs qu'elle possède. Expliquait calmement l'elfe de la nuit. Je pourrais peut-être la placer dans mon palais.

—Faîtes en ce que vous voulez. De toute façon dans quelques semaines, l'hiver sera fini annonçant le début de la guerre et nous nous retrouverons tous face l'un à l'autre en espérant que vous ne changerez pas de camp entre temps roi elfe de la nuit. Je vous garde à l’œil, déclara Kolaris avant de disparaître dans un nuage de fumée.

Zayos était face à Pheone qui l'observait avec mépris.

—Vous avez tué un gamin sans la moindre pitié, cracha-t-elle.

—Il a prévenu vos amis. Nous sommes ennemis l'un de l'autre alors je me devais de le tuer comme viendra votre mort aussi.

Elle cria et le frappa d'un coup de poing à la joue, l'elfe tourna légèrement la tête au moment de l'impacte. Il se massa l'endroit endolori en grimaçant avant de croiser à nouveau le regard de la démone et elle y vit à l'intérieur, une émotion étrange sur laquelle elle n'arrivait pas à poser de nom.

—Je l'ai bien mérité. Maintenant si tu veux bien me suivre, je vais t'amener à une auberge dans le royaume, annonça-t-il calmement avant de rajouter, et surtout ne cherche pas à t'enfuir, car des gardes seront postés à chaque coin de mon royaume avec l'ordre de te ramener en vie ici.

Elle grimaçait, mais finit par coopérer en suivant les pas du jeune homme. La démone devait avouer que dans une autre vie, elle aurait tenté un rapprochement vers cet homme sauf qu'aujourd'hui, il était son ennemi et quelqu'un de dangereux malgré sa terrible beauté qui atteignait la jeune femme en plein cœur, il avait tendance à la trahir en battant plus fort à chaque fois qu'elle le voyait.

Sa peau colorée différemment ainsi que ses sublimes yeux rouges lui rappelant le feu ardent des Enfers, mais aussi celui d'une détermination sans faille, sans oublier ses délicieuses oreilles pointues apportant un charme sublime à son visage fin tandis que son corps avait l'air d'avoir été sculpté dans la statue d'un dieu grecque. Il n'avait clairement rien à envier aux autres espèces. Les elfes de la nuit vivaient en grande partie dans l'obscurité jusqu'à il y a quelques années où ils avaient trouvé le moyen de vivre à la lumière sans la craindre. Le pouvoir que contient leur roi est d'une rareté sans pareil, ceux sont des filaments obscurs qui sont tels des esprits et permettent de créer ainsi que de détruire tout ce qu'il souhaite.

On racontait que l'un des ancêtres de Zayos était devenu fou. Il aurait décimé une partie de son peuple en propageant son pouvoir dans le royaume. Il perdait totalement le contrôle dessus au point qu'il tua sa propre femme et son fils aîné, il laissa le second désemparé et terrifié. Par la suite, sa magie se serait retourné contre lui, un filament aurait été dirigé dans sa direction, ça le consuma de l'intérieur en ne laissant à la fin que quelques cendres. Est-ce que Zayos suivrait ses traces ?

En marchant dans les rues du royaume avec le roi juste devant-elle, elle put apercevoir les regards de son peuple, la peur se lisait à l'intérieur, qu'avait-il fait pour que son royaume le craigne autant ?

—Pourquoi vous craignent-ils tous ? Questionna la démone en observant deux enfants jouer.

—Vous ne connaissez pas ma réputation ? Je suis un tueur d'après leurs dires.

Elle vit les épaules du roi s'abaisser comme si quelque chose de lourd y reposait dessus, elle eut envie de poser sa main sur son épaule dans un geste réconfortant sauf qu'elle se rappelât qu'elle n'avait pas le droit de ressentir la moindre pitié pour son ennemi.

—Peut-être devriez-vous arrêter de tuer à tout va, conseilla-t-elle avant d'être brusquement poussée dans une pièce où elle trébucha, tombant sur les fesses.

—Aie ! Vous auriez pu me prévenir avant de faire ça ! Cria-t-elle rouge de honte en se massant le postérieur.

Un rire franc résonna contre les mûrs les entourant, cela la fit frissonner en observant l'elfe rigoler.

—Vous vous moquez de moi ou je rêve ?! Gronda-t-elle en se relevant et tapant du pied.

—Non, en aucun cas, hoqueta-t-il en étouffant un rire. La situation aurait été bien moins drôle si je ne vous avais pas surprise. J'espère que votre postérieur n'a rien.

La démone grogna avant de lui frapper l'épaule et de lui murmurer : « Je jure de me venger ! Et pour votre gouverne, mon postérieur est délicieusement rebondi, il me permet de ne pas me faire mal lorsque je tombe. » Ce qui fit rougir l'elfe, ses joues se teintèrent d'une couleur un peu plus clair ainsi que les pointes de ses oreilles.

—Vous êtes plutôt charmant en rougissant, Messire, rigola-t-elle en faisant la révérence.

Ceci ne fit que le faire rougir bien plus en bégayant alors qu'il lui montrait sa chambre dans la petite auberge près du palais.

Zayos voulait à tout prix éviter de refaire la même erreur. Il avait voulu accorder sa confiance à Lidéos qui lui rappelait le garçon qu'il avait été sauf que l'elfe avait fini par intercepter une lettre qu'il allait envoyer, ce qui prouva sa trahison. Pheone se tiendrait à distance du palais et n'aurait en aucun cas le droit de rentrer, alors il s'assurait qu'elle ne puisse pas lui jouer le même tour.

Quand il ouvrit la porte, la chambre décoré avec goût apparaissait devant-lui. Il eut tout son temps pour observer en détails la démone, c'était une très belle femme avec sa longue chevelure rousse et quelques taches de rousseurs sous son regard émeraude. Ses tatouages le long de son corps montraient la présence des éléments en elle. Il vit son nez fin avant de descendre vers les lèvres pulpeuses qui hanteraient ses nuits. Elle s'était changée, elle portait maintenant un pantalon simili cuir noir, il moulait parfaitement son postérieur rebondi d'après ses propos, il mettait en valeur le bas de son corps. En haut, elle était plutôt sur un débardeur rouge avec toujours sa fidèle ceinture autour de la taille comme accessoire, pourtant il manquait ses deux dagues qu'il lui avait enlevées. Sa tenue lui collait à la peau au point que l'elfe laissa son regard dévié vers le décolleté de la démone. Lorsqu'il releva son regard vers son visage, il la vit l'observer en riant, il venait d'être pris la main dans le sac.

—Vous êtes bien un homme ! Toujours à regarder là où les yeux ne sont pas, ricana-t-elle en se laissant tomber sur la chaise.

Zayos ricanait aussi en se frottant la nuque et rougissant à nouveau.

—Vous pourriez me rendre mes dagues ? J'en ai grandement besoin.. pour ma santé mentale personnelle. Vous comprenez ? Essaya-t-elle de le persuader.

—Non. Vos dagues resteront en sécurité dans mon armurerie. Lorsque vous vous déplacerez dans mon royaume, des gardes vous accompagneront.

Elle lui lança un regard noir en murmurant « Je me ferai un plaisir de les semer pour partir d'ici. »

—Si vous fuyez, nous nous retrouverons dans tous les cas face à face. Mon royaume combattra au côté de votre père, grimaça Zayos.

—Xocarès...Pourquoi veux-tu le retrouver ?

—Une histoire de famille que je ne pourrais me permettre d'oublier, répondit l'elfe en tournant les talons quittant la pièce. Vous êtes libre de vous promener dans ces lieux.

Puis cet homme mystérieux disparut en laissant des questions sans la moindre réponse.

Pheone s'assit sur le lit observant ses chaussures, les balançant délicatement en réfléchissant à où pouvaient être ses amis, si ils étaient vivants. Lidéos était mort sans que personne ne puisse le sauver.. Elle sentait que Moukaï avait fui tandis que Sinélia avait toujours disparu. La démone déposa délicatement sa tenue, délaça ses bottes en les jetant plus loin et mit une nuisette en soie avant de s'étaler sur le lit. Le feu crépitait dans ses mains dès qu'elle ressentait des émotions négatives, elle avait trouvé comme solution, le fait de fermer les poings autant que possible, le temps qu'elle puisse reprendre le contrôle dessus. Le vent faisait voltiger ses cheveux tandis que la terre illuminait ses marques sur son visage et l'eau lui permettait lors de ses douches de s'amuser à créer des bulles de souvenirs pour qu'elle ne cesse jamais de se souvenir de ses amis perdus.. Adonis, Xoka qui était sa mère, Makoïs...

Elle soupira en observant le plafond et croisa les bras derrière sa tête. Tant de questions trottinaient dans sa tête sans qu'elle ne puisse y apporter la moindre réponse.

—Mère, qui suis-je vraiment ? Pourquoi suis-je la clé d'une légende annonçant ma mort ? Chuchota-t-elle en fermant les yeux.

Brusquement, la porte de sa chambre s'ouvrit, la démone sursauta et se positionna prête à combattre quand elle remarqua une petite fille aux cheveux d'or, elle portait une mignonne petite robe à fleurs et des chaussons. Elle se détendit face à l'enfant, cette fille était une elfe de la nuit, une peau bleutée mais un visage fin qui lui rappelait celui d'Anya. Pourtant, sa nourrice n'avait jamais eu d'enfant...et si...

Pheone comprit alors que Anya connaissait par cœur les aventures de Leona car elle avait été à ses côtés pendant tout ce temps, elle avait dû être attrapée après l'enlèvement de sa mère en laissant derrière-elle, une petite sœur peut-être.

—Qui es-tu ? demanda Pheone en s'accroupissant face à la petite souriante.

—Je me nomme Minélia. Maman m'a dit que tu as connu ma grande sœur nya.. Anya.

—Oui, elle fut ma mère adoptive..

—Maman est si triste de ne pas avoir pu enterrer ma sœur ici, murmura l'enfant en faisant la moue.

Les traits de la petite étaient dignes d'une enfant d'environ une dizaine d'années. Anya avait donc eu une famille, elle devait sans doute énormément lui manquer.

—Tu as parlé d'enterrement ? Que veux-tu dire par là ? Anya est... demanda la démone en l'observant inquiète.

—Oui, tu ne savais pas ? Le roi l'a exécutée après sa trahison..

Pheone se releva difficilement en avalant de travers et observa autour d'elle paniquée avant de se laisser tomber d'un coup sur son lit.

—trahison ? Anya n'aurait jamais fait ça ! Il a dû se passer autre chose...

Puis en réfléchissant, le puzzle se complétait devant ses yeux en lui annonçant une terrible nouvelle. Son géniteur devait avoir condamné Ash pour avoir désobéi aux ordres, Anya ne pouvait pas se résoudre à le laisser comme ça. Elle avait dû préparer un plan pour l'aider à s'évader mais ils devaient être deux, cependant son frère avait dû mourir en chemin.

Cosalys était un bon démon, il avait fait une erreur lors de ses débuts en arrêtant son propre frère, mais il n'avait pas eu le choix et Pheone savait que depuis ce jour, il s'en voulait, il regrettait terriblement sa décision d'agir en bon soldat et non en frère. Elle visualisa devant-elle, l'homme en armure démone avec la douce Anya à coté souriant d'être enfin libres des joutes du roi des Enfers.

—Ta sœur était une grande femme, l'une des plus nobles et généreuses que j'ai pu connaître. Elle n'a en aucun cas trahi son peuple, mais elle a pris la décision d'empêcher une injustice qui lui a coûté la vie malheureusement... raconta la démone.

Minélia l'observait attentivement avant de s'approcher doucement et de la serrer dans ses petits bras.

—Merci Pheone. Zayos n'avait pas tort sur toi, tu es quelqu'un de bien, disait la fillette en repartant sautillant dans ses petits chaussons en chantonnant.

« Une fille viendra.

Aussi brûlante que le feu,

Aussi douce que l'air,

Aussi sauvage que l'eau,

Aussi généreuse que la terre,

Mais une terrible légende

Arrivera rattrapant l'héroïne,

Seule l'âme noire pourra la sauver. »

Pheone observait hébétée là où c'était tenu la fille, la pièce étant maintenant vide de sa présence. Elle entendait encore les paroles se répétant dans sa tête.

Pheone observait hébétée la porte étant maintenant vide de la présence de l'enfant, entendant encore les paroles se répétant dans sa tête.

—Seule l'âme noire pourra la sauver... Le mage noir ou quelqu'un d'autre ?... Se demanda la démone.

Elle se positionna à sa fenêtre observant le ciel devenu obscur où une magnifique lune scintillait avec des milliers d'étoiles emplissant chaque endroit de ce spectacle nocturne.

Tandis qu'elle se perdait dans ses pensées, un mouvement attira son regard sur les arbres avec un petit chemin en bas de l'auberge où elle aperçut une personne portant une cape noir sur les épaules et qui recouvrait la tête, la camouflant totalement. Pheone fut intriguée et décida de désobéir aux règles en sortant à l'aide de ses draps pour descendre, quand elle posa les deux pieds aux sols, elle regarda autour d'elle avant de suivre les traces de cette mystérieuse personne. Les rues de Oxyris étaient désertes la nuit permettant à la jeune femme de se déplacer rapidement en faisant attention à son environnement. La personne s'arrêta dans un cimetière particulièrement pauvre où très peu de tombes reposaient, elles étaient remplacées par de simples cartons qui pour certains étaient totalement détruits. L'inconnu se dirigea vers deux tombes collées où il s'arrêta avant d'enlever sa capuche et de permettre à Pheone d'observer les traits tirés de Zayos. Elle vit une larme couler sur la joue de l'elfe de la nuit. Que faisait-il ici ? Qui avait-il perdu pour venir le soir en cachette ?

Elle restait à l'abri derrière un arbre en essayant de lire les inscriptions malheureusement trop petits sur les trois tombes.

Soudainement, un craquement se produisit derrière-elle, elle sursauta sur le coup en sortant de sa cachette. Elle releva la tête et vit un géant à quelques pas d'elle. Pheone recula précipitamment sans se retourner, tout en essayant d'éviter que l'inconnu l'attrape.

—Mais laissez moi ! hurla-t-elle en se débattant lorsque le géant l'attrapa par le pied et la leva tandis que sa tête pendait proche du sol.

Zayos, ayant entendu le vacarme, s'était retourné et observait la scène en rigolant. Il s'avança en disant :

—Je croyais t'avoir dit de rester dans l'auberge.

—Ce n'est pas moi qui me promène la nuit avec une capuche et une cape noir pour se cacher ! Cria la jeune femme en rougissant.

—C'est pour cela alors que tu t'es permis de me suivre ? demanda Zayos en haussant son sourcil droit tout en continuant de fixer la démone.

—Hum...Eh bien.. J'avais envie de prendre l'air et de faire un petit tour, tu peux bien me comprendre ?

L'elfe de la nuit éclata de rire tandis que le géant reposait la femme aux cheveux roux sur le sol. Pheone croisa le regard de l'homme aux yeux rouges qui la fixait intensément en cherchant à percer le moindre de ses secrets, ce qui la fit rougir et détourner le regard.

—Je comprends, c'est pour cela que je vais te ramener à l'auberge et sans aucun doute te menacer de te trancher les jambes si tu recommences, déclara-t-il. Je reste généreux seulement quelques jours.

Il l'attrapa par le bras, la guidant vers la sortie du cimetière tandis que la jeune femme regardait par-dessus son épaule continuant d'observer les trois tombes qui reposaient là seules, elle devait savoir ce qu'il y avait écrit dessus. L'elfe la fit sortir de ses pensées en la tirant plus fort alors qu'ils avançaient dans les rues de Oxyris qui étaient encore vides en laissant les quelques éclairages guidaient leurs pas.

Lorsqu'ils furent arrivés, il lui ouvrit la porte puis la poussa à l'intérieur avant de prendre la parole.

—Maintenant, tu as intérêt à ne plus sortir de cette auberge. Pheone, je ne te veux aucun mal mais à cause de tes pouvoirs, je suis dans l'obligation de te tenir loin de la guerre pour que ton père puisse gagner, répondit-il en fixant ses pieds et en grimaçant.

—Zayos... Il ne doit pas gagner. Tu imagines ce qu'il fera de cette planète ? De ton royaume ? Tout ça va disparaître. Il ne souhaite que conquérir et se fiche totalement de tout ce qu'il détruira sur son passage. Laisse moi rejoindre mes amis, le supplia-t-elle.

La démone était face à lui, les mains tremblantes et la bouche serrée. Quand l'hiver arriverait à sa fin, la guerre arrivera et Pheone ne pouvait se permettre de rester enfermée dans cette auberge en imaginant tous les siens se faire massacrer. Elle déposa sa main sur l'emplacement de là où résidait le cœur du jeune homme.

—Je ne te veux aucun mal, elfe de la nuit. Je souhaite juste sauver tout les peuples même si certains mourront...

Il repoussa sa main et lui tourna le dos en baissant la tête.

—Non, je combattrai au côté de ton père au printemps. Tu ne peux comprendre les raisons qui me poussent à m'allier à lui.

Il quitta la pièce en laissant la porte claquer tandis que la démone était toujours debout avec la main tendue dans le vide mais son visage était livide.

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