Chapitre 3 1/2

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Pheone ouvrit le carnet de sa mère. Leona avait pris l'habitude d'écrire chacune de ses aventures, de tout ce qu'elle se rappelait lorsqu'elle vivait auprès de la tribu. Grâce à cela, sa fille pouvait découvrir et plonger dans les souvenirs de sa génitrice. Le loup-garou regarda étonné l'objet qu'elle tenait, il savait ce que représenter ce carnet pour Leona.

— Tribu, en place. Nous devons protéger Leona.

Adonis était à l’entrée du lieu qu’habitait la tribu, Makoïs et Sakina présents à ses côtés. Ils allaient devoir affronter des sbires de Kolaris qui n’avaient que pour but, de kidnapper leur futur reine.

— Adonis, nous ne pouvons pas nous permettre de mettre des vies en danger, suppliait Leona.

Adonis se tourna vers la douce démone.

— Je ne permettrai pas qu’ils t’enlèvent sous mon propre toit. C’est notre tribu et tu en fais partie. Nous nous protégeons les uns les autres, coûte que coûte.

Le loup-garou attira la démone contre lui, les mains de la jeune femme s’écrasèrent sur les pectoraux saillants de l'homme. Il la prit par la taille et déposa un tendre baiser sur ses lèvres puis lui murmura :

— Je ne peux pas les laisser faire… Tu sais bien Leona que je…

La démone stoppa l’homme aux yeux vairons. Il n’avait pas le droit de dire ces mots interdits, leur relation était impossible.

— Adonis…

Puis fut le moment où le combat sanglant commença. Un cri de guerre retentit et le couple frémit devant les ombres noires qui fonçaient droit sur le village.

Makoïs jeta un premier sort de foudre qui électrocuta et tua plusieurs sbires, mais certains avaient déjà atteint la tribu.

Sakina se battait avec force et rage. Depuis sa plus tendre enfance, elle avait été entraînée par son père. La phœnix ne faiblissait pas contre les coups de griffes qui lui tailladaient sans relâche les bras et les jambes pendant qu’elle tuait certains des leurs. Le sol était imbibé du sang de plusieurs centaines de cadavres. Les cris des blessés résonnaient encore dans la vallée, pour qu'on vienne les sauver, mais il était trop tard pour eux. L'espèce des démons possédait une combativité exceptionnelle. Grâce à leurs griffes acérées, ils pouvaient trancher des gorges d’un coup sec.

Adonis, de son côté, se retrouva à genoux après avoir été griffé à l’arrière de celui-ci, mais la jeune démone vint à son secours et le guida plus loin. Le loup-garou ne pourra pas se battre avec autant de blessures. Sa régénération était bien moins rapide qu’à l’époque, il dut être mis à l’abri avant que des démons le tuent.

—Le... Leona, ils… ont besoin… de moi.

Le jeune homme s'effondra ce qui ne fit que ralentir la femme aux cheveux de feu qui devait tirer un corps qui pesait bien plus lourd que ce qu’elle pensait. Quand elle le mit en sécurité, elle fut soulagée de voir certaines de ses blessures en train de se refermer.

—Il faut que tu te régénères sinon ils te tueront Adonis et tu ne peux pas te permettre de faiblir devant l’ennemi.

La démone entendit des sifflements approcher du tipi. Les sbires avaient envahit tout le village et nous pouvions entendre à des kilomètres à la ronde les cris des habitants se faisant tuer. Elle se positionnait devant l’entrée prête à glacer le premier qui rentrerait. Un sbire fit irruption brutalement dans le tipi.

— Toi… Venir… Reine, cria-t-il en présentant son épée tendu vers Leona.

La démone fit apparaître une épée de glace dans ses fines mains blanches. Certains démons n'avaient pas les moyens d'apprendre à parler convenablement, ils ne répétaient que quelques mots qu'ils entendaient parfois.

— C'est hors de question.

L’épée de glace fendit le vent avant d’atteindre sa cible, lui tranchant le corps en deux, glaçant la moindre chair en contact avec le froid frigorifiant de l’arme.

— Joli coup, douce hybride, mais il vaudrait mieux que tu me suives si tu ne souhaites pas que ton chef meure.

Leona sursauta en entendant cette voix grave venant de derrière elle, qui la fit frissonner. La démone reconnu à qui elle appartenait. Elle se retourna et vit le roi des enfers. Il était immense aux yeux couleurs laves. Sa peau mate et ses cheveux obscurs faisaient ressortir sa musculature malgré sa tenue, mais ce qui fit frémir Leona fut la lame de son épée, qui semblait avoir été forgée dans le magma d’un volcan, posé sous la gorge d’Adonis.

— Alors ma beauté, quel est ton choix ?

Pendant qu'elle se retrouvait piégée avec la vie d’Adonis en main, Makoïs, lui, venait de chuter au combat. Un sbire lui avait tranché profondément le dos, lui laissant une marque à vie. Le coup pétrifia le mage qui s'écroula au sol. Le sbire allait l'achever en lui portant un dernier coup fatal quand Sakina le transperça de part en part. Le démon disparut dans une explosion de liquide noir. La jeune femme se baissa et mit les mains sur la plaie du mage, utilisant son pouvoir de guérison qui lui permettrait de cicatriser une partie de cette plaie.

— Makoïs, il faut reculer ; Sakina se tourna et hurla, Repliez-vous !

Les quelques survivants se dirigeaient dans la grotte à l'abri des ennemis. Beaucoup de sbires et de membres de la tribu avaient péri sous les coups de griffes ou pour les ennemis, sous les pouvoirs et les armes des membres de la tribu. Néanmoins à ce moment-là, Makoïs vit les sbires se diriger vers la sortie.

— Que font ils ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

Leona avait pris une décision, ce choix allait tout changer. Son aimé s'était réveillé mais sa blessure l'affaiblissait.

— Leona ne fais pas ça, je t’en prie ! hurla Adonis.

Le loup-garou tomba à genoux, quand le colosse le lâcha. Il se mit à avancer vers la démone, mais reçut brusquement un coup de pied dans le ventre qui l’envoya contre la paroi du tipi.

— Stop ! Ne lui faites pas mal ! Je vous ai dit que je vous suivrai, mais vous devez lui laisser la vie sauve.

Le colosse nommé Kolaris observait ce bout de femme. Elle venait de lui ordonner de laisser en vie Adonis, pensant avoir le moindre pouvoir sur un roi démon des Enfers sauf qu'elle avait tort. Il allait lui prouver qu'elle n'avait aucun pouvoir,ni sur lui, ni sur aucun d'entre eux. Il brandit son épée en direction du loup-garou et la lui plantait dans l'épaule, brûlant les tissus de la chair du jeune homme. Leona hurlait et se précipitait vers Adonis qui gisait au sol, silencieux, en gardant sa douleur à l’intérieur de lui. Il se releva difficilement et plaça la démone derrière lui. Adonis ne pouvait pas se permettre de perdre la seule femme qu'il avait aimé après la perte de sa première fiancée. Il se transforma en loup et bondit sur le démon sauf que Kolaris eut le réflexe de l’attraper avant et il lui infligea un coup qui sonna le loup.

— Arrêtez, je vous en supplie…

Leona était au sol à genou, ses joues baignées de larmes devant une telle scène. L’homme à qui son cœur appartenait était maintenant inconscient sur le sol du tipi tandis que le colosse était debout devant elle. Il l’attrapa et la mit sur son épaule. La démone avait promis de le suivre et c’est ce qu’elle fit. Elle ne se débattit pas craignant les représailles du monstre qui la maintenait. Elle ne souhaitait pas voir plus de gens tués, qu’Adonis soit encore plus blessé qu’il ne l’était déjà... C’est à ce moment-là que la jeune femme avait pris la décision de suivre Kolaris pour devenir sa reine, souhaitant protéger le loup. Pour une fois, elle avait décidé d’écouter son cœur et non sa conscience. Ce soir-là, la démone disparu de la tribu pour toujours...

(Fin du souvenirs)

— Je suis navrée d'être arrivée ici en amenant une mauvaise nouvelle au sein de la tribu... dit la jeune femme.

Adonis fut sorti de ses souvenirs par la douce voix de la démone. Il se reprit et dit :

— J'annoncerai la nouvelle au clan. Je te pris juste d'écouter mon conseil : tiens-toi éloignée de Sakina ! Elle n'était pas en bon terme avec ta mère, il se tritura les doigts en réfléchissant avant d'ajouter. As-tu d'autres questions à me poser, princesse des Enfers ?

— Oui, comment la tribu s'est-elle créée ?

Pheone observa Adonis. Il se perdit dans ses souvenirs encore plus sombres que les précédents.

Il y a de cela dix ans, le jeune homme venait de tuer son père,atteint de folie depuis quelques temps, de sang-froid. Il était devenu dangereux pour la meute et Adonis ne pouvait se permettre de le laisser faire du mal à qui que ce soit. Le groupe observait le loup-garou outré de son action. Ils se mirent à genoux devant lui. À ce moment-là, l'homme qui était face à eux ne se sentait pas prêt à devenir l'alpha. La meute fut divisée suite au désaccord qu'amena le meurtre de l'ancien chef de clan. Un premier groupe, fidèle au précédent leader, partit vers le nord, tandis qu'un second, dirigé par Adonis, émigra au Sud. Il avait pour but de trouver l'endroit idéal qui leur permettrait de vivre en paix. La meute marcha des années durant sans trouver cet endroit idéal. Un jour, alors qu'ils avaient épuisés toutes leurs forces, ils tombèrent sur un mage. Il les guida vers un endroit magnifique où se trouvaient des tipis de toutes tailles. Il les installa tous dans une tente différente et prit soin de ce clan. Adonis avait comme principal projet d'accueillir toutes espèces dans la tribu sous le conseil de Makoïs. Le clan reçut des nouveaux membres de races variées, nymphes, elfes des forêts, elfes de la nuit, loups-garous, sylphes, etc...

Les débuts furent difficiles. Sakina arriva cinq ans plus tard avec un groupe, Adonis avait été surpris à la vue de la phœnix. Ce fut les seuls phœnix avec son frère, puisque leur espèce n'existait presque plus.

D'autres personnes continuaient encore et encore d'arriver avec l'idée de trouver un refuge où vivre librement...

Adonis allait s'asseoir dans le fauteuil et croisa ses jambes avant de continuer.

— La tribu continue à accueillir des personnes dans le besoin, qui cherchent un lieu où se poser pour toujours, dans un endroit calme comme celui-là. Makoïs nous a tous sauvés ce jour-là. Il a changé toute notre façon de vivre et nos principes. Nous avons vécu des moments difficiles où certains d'entre nous ont péri. Cette tribu est tout ce qu'il me reste de ma vie passée. J'avais décidé de changer tous nos anciens principes sur l'idée qu'une meute ne devait pas avoir que des loups-garou. Aujourd'hui, notre tribu est habité par des nymphes, fées, elfes, loups-garous, d'une phœnix, d'un mage et d'autres espèces différentes les unes des autres. C'est ce dont je suis le plus fier actuellement. Nous avons tellement évolué, comparé à avant, que je ne peux qu'admirer le travail parcouru.

Pheone sentait dans ses paroles à quel point il tenait à cette meute, que son passé avait abîmé son cœur, mais que grâce à ce qui l'entourait il allait mieux.

Comment était votre ancienne tribu ? Vous avez l'air de très peu apprécié ces années-là.

Mon père était un homme dur. Mon grand-père lui avait inculpé son savoir mais aussi sa colère contre les autres espèces, contre la diversité, déclara-t-il en soupirant, ses épaules se crispèrent soudainement. Ils refusaient d'aider ou d’accueillir d'autres personnes. À cause d'eux, certains ont du vivre dehors ou errer à la recherche d'un autre clan ou abri.

— Je comprends mieux pourquoi vous êtes si protecteur envers eux et votre façon de penser. Je ne vais pas vous déranger plus que ça. Je vais rejoindre mon tipi, mais avant cela, me permettez-vous demain de parler avec Makoïs pour en apprendre plus sur son espèce.

— Bien sûr, Pheone.

La jeune femme le saluait et se retournait, avant de quitter le tipi, elle voulut lui transmettre un message. Lorsque leurs yeux se croisèrent : « Vous êtes comme ma mère vous a décrit dans son carnet, un homme loyal et généreux envers son peuple, mais qui souffre à l'intérieur ».

La démone passa la nuit à feuilleter le carnet de sa mère pour découvrir à quel point Adonis était lié à sa meute. Avoir entendu le chef lui raconter son passé aussi facilement l'avait touchée. Il avait accompli des sacrifices dont peu de personnes auraient été capable. Elle savait que les loups-garou vivaient toujours entre eux, depuis des décennies. Il était rare de les voir entourés de d'autres espèces. Adonis avait modifié les principes de l'ancien temps. Grâce à cela, des guerres s'étaient arrêtées. Cela n'a malheureusement pas empêché les millions de morts et les espèces de s'éteindre. Toutes les races avaient un ennemi commun, Kolaris.

La jeune femme observa les lieux où elle vivrait pendant un temps indéterminé : un tipi simple orné de couleurs beige et noir. Il y avait un lit avec un bureau sur lequel elle venait de déposer son ordinateur portable. Il lui permettait de fournir des informations à son géniteur. Il y avait aussi une bibliothèque ayant quelques livres sur les démons. Son tipi possédait peu de meubles et de décorations, il y avait seulement le strict nécessaire. Elle s'assit sur la chaise devant le bureau et commença à rédiger le message qu'elle allait envoyer à son père.

« Votre faquin : j'ai pu apercevoir en me levant, une biche galopait dans la forêt. Un blaireau la suivait de près et je dois dire que tu lui ressemblais plutôt bien. Je m'excuse auprès du blaireau pour cette phrase blessante envers son ego. L'espèce humaine est intrigante ! Ils vous sont supérieurs en tout point. Ils ont une technologie bien plus avancée que la nôtre, écrivait-elle en soupirant, Notre peuple est si imbu de lui-même, nous voyons à cause de vous le mal partout. Cher « roi » ! Vous n'êtes qu'un misérable, immonde, forban... Tant d'insultes qui vous conviennent parfaitement. Vous voulez que je vous dise ? Les loups-garous ont énormément évolué. Ils se rallient enfin aux autres peuples. Peut-être devriez-vous faire de-même ? Ah oui mais vous voudriez encore une fois tout contrôler. Votre très chère fille adorée, Pheone.»

Elle ferma son ordinateur. Elle souffla, en appuyant sa tête sur le dossier de la chaise. Son regard rivait vers le plafond du tipis. Elle se sentait perdue, désemparée même. La démone voulait comprendre les ambitions de son père mais aussi ces anciens agissement, pourquoi avoir enlevé Leona ? Elle attrapa brusquement le carnet de sa mère, en espérant y trouver des réponses.


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