Chapitre 2 Partie 2

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Pheone comprenait que seul Adonis, pourrait lui apporter des informations sur sa mère par rapport à leur relation. Elle souhaitait en savoir plus sur Leona, sur comment elle était. Elle observa le mage devant elle depuis un petit temps, et remarqua quelques points sur son visage. Sa posture et son corps firent comprendre à la démone que l'homme qu'elle avait en face d'elle n'était pas un jeune mage comme elle le pensait. Il devait sans doute avoir plusieurs milliers d’années et pourtant son corps était celui d’un homme d’environ la trentaine, ce qui fut un véritable choc pour Pheone. Elle n’avait jamais eu la chance de rencontrer un mage au royaume des Enfers où seul les démons vivaient. -J'aimerai vous poser quelques questions sur les mages, demanda-t-elle, dans mon tipi, si ça ne vous dérange pas.

— Ce sera avec plaisir que je vous parlerai de mon espèce mais vous devez d'abord aller voir Adonis qui doit vous attendre.

La démone acquiesça et partit en direction de la tente, avant de rentrer dans la demeure du chef de la tribu. Pheone se retourna et put observer plusieurs membres de ce royaume naissant en train de l’observer et de murmurer entre eux. Ils devaient sans doute espérer qu’elle s’en aille, avant que le malheur les touche… Sakina, au loin, la regardait d'un mauvais œil. Elle se demandait comment ils pouvaient tolérer la présence d'une démone parmi eux. La phoenix avait toujours été jalouse de la relation qu’entretenait la reine des Enfers avec Adonis.

Makoïs observait la scène se déroulant sous ses yeux depuis son tipi. Le clan avait peur de la démone, ils se demandaient tous pourquoi elle était venue chez eux et quand allait-elle les détruire comme ce fut le cas avec Leona. Le passé laissait des empreintes sur les corps et les esprits, le mage gardait une plaie profonde, qui le brûlait encore aujourd'hui. Cette blessure lui traversait le dos, elle avait été faite par les sbires de Kolaris lorsque la tribu tentait de protéger Leona. Malheureusement, ce combat fut perdu d’avance. Cette femme dotée du cœur le plus pur qu’avait connu Makoïs leur fut arrachée sauvagement puis elle disparut...

La démone entra dans un tipi aux somptueuses couleurs, il était spacieux et chaleureux. À sa droite se tenait Adonis assis sur un fauteuil orangé, à l'arrière, une bibliothèque blanche comprenant une une grande quantité de livres, aux nombreux titres portant le nom des espèces de Kindénia. Devant lui, une table en bois sur laquelle reposait un petit arbuste dans un pot vert clair tandis qu'un tapis de fourrure d'ours jonchait le sol en terre battue. Il y avait une fenêtre avec un rideau beige à côté de la bibliothèque alors qu'à la gauche de la démone, figuraient un lit avec des draps couleur sang ainsi que deux chevets en bois de chaque côté.

-Pheone, j'ai pu remarquer que ton visage n'était pas marqué par la magie, déclara-t-il. Comment cela se fait-il que tes pouvoirs ne se soient pas encore dévoilés ? Il lui indiqua d'un signe de la main qu'elle pouvait s'asseoir.

Elle s'approcha doucement, réfléchissant à sa réponse.

-Je ne sais pas. Je ressens parfois la puissance de ma magie dans mes mains, cependant, elle ne s'est pas encore révélée, murmura-t-elle, en observant les paumes de ses mains.

Adonis posait un regard tendre et compréhensif sur elle. Elle se sentait en sécurité et à sa place, sans qu'elle ne comprenne pourquoi.

-Cela ne devrait pas tarder, répondit-il. Parle-moi de ce dont tu es au courant.

-Comme tu le sais, Adonis, je suis la fille de Leona, mais aussi de Kolaris. Je suis une hybride mi-démone et mi-mage même si, comme tu peux le remarquer, mes facultés de mage ne se sont pas encore réveillées, expliqua-t-elle d'une voix peu assurée. Le Roi des Enfers cherche à récolter des informations sur les peuples de Kindénia. Je ne peux pas détruire tout ce que ma mère a bâti ici, surtout après avoir lu son carnet, continua-t-elle en baissant les yeux, serrant ses mains l'une contre l'autre pour retenir la tristesse l'envahissant. J'aimerai me joindre à vous pour combattre. Des démons se cachent s'en aucun doute parmi vous déjà et se préparent, depuis quelques années, pour qu'un jour une guerre éclate entre les Enfers et Kindénia.

— Cela fait bien longtemps que je n’avais plus entendu parler de ce cher maître des Enfers… Je me disais bien que la forêt était trop calme depuis quelques années. Kolaris ne s’arrêtera donc jamais avec sa conquête de pouvoir ? Il ne faut surtout pas lever les soupçons sur tes intentions, Pheone, il faut que tu continues de lui fournir des informations, c’est ce qui nous permettra de mener ton père sur de fausses pistes.

Adonis se leva de son fauteuil en fronçant les sourcils, il réfléchissait à . Après une telle annonce, nous allons devoir parler avec les chefs des autres royaumes. J'espère que tu ne me dupes pas. Je souhaite pouvoir te faire confiance et qu'on puisse se serrer les coudes. Adonis vint se placer face à la démone qui l’observa en silence. Il l'étudiait, cherchant le moindre signe de mensonge dans son regard ou bien ses gestes.

— J’attends que tu fasses tes preuves pour être sûr que nous puissions te faire confiance. En tant que fille de Leona, je n’ai aucun doute sur ton envie de protéger Kindénia. J’ai pu voir entre tes mains, l’ancien carnet de ta mère que je lui avais offert lors de son arrivée dans la tribu.

La jeune femme était absorbée par ses mots. L’homme devant elle avait les yeux pétillants de joie et voire même d’amour car il venait de parler de Leona. Il y avait une telle émotion présente dans chacun de ces mots, qu’on ne pouvait douter de la relation qui unissait la reine et le chef de la tribu.

— Adonis, vous étiez très proche de ma mère, si je ne me trompe pas ?

Le loup-garou gêné d’une telle question se mit à rougir et détourna le regard avant de répondre :

— Nous avons eu une courte relation avec ta mère, mais nous ne pouvions nous permettre de présenter une telle faille dans la tribu. Nous l’aurions mise en danger et ce n’était pas concevable pour ta mère et moi, mais avant que ne Leona disparaisse, un combat sanglant a eu lieu. Nous avons perdu des hommes comme des femmes pour protéger ta mère de Kolaris, mais ce combat fut vain... Kolaris avant cela était descendu sur Kindénia, amenant sa haine avec lui, brûlant le royaume des Dragons qui malheureusement, fut exterminé ce jour-là. Leona était une femme tellement douce et intelligente, qui te faisait l’admirer à chaque mot qui sortait de ses divines lèvres… Elle était d’une beauté à couper le souffle, Adonis toussa en rougissant avant de continuer en disant, je suis désolé, je me suis égaré dans mes pensées.

-Vos sentiments envers ma mère n’ont pas l’air d’avoir changé malgré le temps qui s’est écoulé, mais ses sentiments étaient réciproques. J’ai une dernière question à vous poser, ajouta-t-elle après avoir laissé le temps à Adonis de réfléchir à ses paroles. Pourquoi la tribu vous voue une confiance aveugle ?

Adonis devint pâle et se détourna de Pheone avant de prendre la parole :

-J’ai dû faire énormément de sacrifices. J’ai appris à ne plus écouter mon cœur, seule ma conscience dicte mes décisions. J’ai donc pour cela renoncé à toute relation amoureuse…

Le loup-garou se mit à souffler et ressentir la douleur de chacun des sacrifices qu'il avait fait. Son cœur s'était endurcie.

— Vous ne devriez pas, le cœur n’est pas une faiblesse, mais bien une force, il faut juste apprendre à le gérer. Votre conscience n’a fait que des choix pour le bien de la tribu, mais vous ? Comment allez-vous, ne souffrez vous pas justement de toute cette solitude ? Quels sacrifices avez-vous pu faire pour que vous en arriviez à un tel point ?

-Un jour, des goules ont attaqué la tribu. Ma petite sœur a été attrapée par l’une d’elles, mais avant de lui venir en aide, je devais mettre la tribu à l’abri. C’est ce que j’ai fait, mais le temps de faire chemin arrière, raconta-t-il d'une voix tremblante, il était déjà trop tard. J’ai pu voir les yeux de ma petite sœur devenir blancs et son corps se faire déchiqueter par les goules, rajoutait-il en fermant les yeux et serrant les lèvres, par la suite après cet événement, j’ai dû tuer mon propre père affecté par la folie du loup puis ma propre fiancée, qui était atteinte d’une maladie fatale pour tous les loups. J’ai éloigné la tribu d’une cabane où j’ai dit à ma femme d’aller, puis je l'ai fait brûler pour détruire totalement toutes traces de cette maladie.

Adonis grinçait des dents en se rappelant les hurlements de ses proches. Son cœur se serrait au souvenir de son passé. Il frottait brusquement ses jambes, avant de souffler un coup, pour reprendre la parole.

-J’ai décidé après de quitter la forêt d'Elfagos pour venir m’installer ici. Nous avons tous un passé plutôt difficile, Pheone. J’ai dû régulièrement tuer pour protéger les miens, mais je ne regrette pas mes choix puisque grâce à cela des centaines de vies ont été sauvées.

Adonis avait raconté cela avec le visage fermé. On sentait plusieurs émotions traverser sa voix lors de son récit, mais aucun sentiment ne s'était exprimée à travers son regard. Il avait appris avec le temps à contrôler tout ses ressentis, grâce à ça, la tribu le voyait comme un chef fort, qui ne reculait devant rien. Un chef au sang-froid incroyable, mais qui dans le fond, souffrait terriblement de tout ce qu'il avait dû faire jusqu'ici. Son père lui avait enseigné que le clan était plus important que tout le reste.

— Je ne souhaite plus parler de ce sujet, Adonis se tourna vers Pheone et la regarda en fronçant les sourcils, d'un air interrogateur. Comment les démons viennent-ils sur Kindénia ?

— Nous avons une sphère en Enfers, qui nous permet de visualiser l’endroit où l'on souhaite aller, et de s’y téléporter. Pour revenir dans mon monde, nous devons appeler Kolaris qui nous ramènera en Enfers.

-Il y a des moments où tu risques donc d’être téléportée ? demandait-il, inquiet.

— Non, en tout cas, je ne pense pas... Nous n’avons aucune relation avec mon père et je suppose qu’il m'a envoyé sur Kindénia pour se débarrasser de moi. Il attend patiemment que sa fille meure pour ne plus avoir besoin de lui porter une quelconque attention.

—Malheureusement, Kolaris n'aime que les démons. Je ne sais pas comment il a pu aimer ta mère alors qu'elle était une hybride, mais il l'a fait. Il nous l'a arrachée soudainement.
















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