Chapitre 3 (nouveau)

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Pheone observait la valise au pied du lit, elle partirait bientôt, mais actuellement, elle devait créer une carte grâce aux informations dans les carnets de sa mère. La princesse avait aussi demandé à Ash de lui apprendre les combats au corps à corps et à Cosalys, de lui enseigner le tir à l’arc, elle devait être capable de se défendre seule.

Les rayons qui pénétraient dans la pièce éclairaient les yeux émeraude de la jeune femme. Elle paraissait songeuse, plongée dans ses pensées. Ses doigts effleuraient délicatement les tissus autour des pommeaux de ses dagues. Un genou plié sur son lit pendant que l’autre pendait dans le vide. Son regard se tourna vers le parchemin devant elle, plusieurs illustrations s’y trouvaient, une île, des noms et des rivières. Pheone affinait son coup de crayon et peaufiner la carte de Kindénia. Les carnets de sa mère lui fournissaient suffisamment d’informations pour trouver chacun des royaumes, à peu près.

Des coups résonnèrent contre sa porte, Pheone mordillait son crayon avant de dire :

—Entrez !

La porte s’ouvrit, le visage d’Ash apparut. Un sourire étirait ses lèvres tandis qu’il la refermait derrière lui. Son regard s’attarda sur la valise.

—Je vais devoir partir, avoua-t-elle. Jusqu’à maintenant, je ne me sentais pas capable de t’en parler car je me demandais comment tu allais réagir.

La jeune femme se releva et se dirigea vers lui, elle attrapa ses mains. Le filament d’or apparut directement, les entourant.

—Quand ? demanda-t-il les dents serrées.

—Dès demain.

—Si tôt, gronda-t-il en baissant la tête.

Ash recula et se tourna dos à elle. Pheone sentait son cœur se serrait, elle savait déjà ce qu’il pensait, qu’elle l’abandonnerait ici après tout ce qu’il avait fait pour elle. Qu’elle l’oublierait là où elle irait. Le démon lui avait avoué avoir peur d’être mis de côté, laisser derrière comme ce fut le cas entre lui et son frère aîné. Les parents d’Ash ayant étaient tués, il s’était fermé au reste du monde même à Pheone. Toutes ces fois, où elle l’avait retrouvé en pleur et qu’il lui avait fait promettre qu’elle ne le laisserait jamais. Aujourd’hui, elle la rompait.

La jeune femme tendit la main vers lui, la suspendant dans les airs. Hésitante, son geste s’arrêta avant de retomber le long de son corps. En serrant les poings, elle mordilla sa lèvre inférieure. Elle ne voulait pas partir sans lui mais il appartiendrait bientôt à la garde royale.

—Je ne t’abandonne pas, Ash, déclara-t-elle d’une voix tremblante. Je saisis seulement la chance que j’ai de marcher dans les pas de ma mère.

Le poing de l’homme s’abattit contre le mur dans un bruit sourd. Elle sursauta et recula d’un pas, inquiète. C’était inhabituel qu’il réagisse comme ça, à quoi pensait-il pour ne pas pouvoir la regarder en face ?

—Ne m’en veux pas, supplia-t-elle en l’enlaçant par derrière.

Les muscles du démon se crispèrent sous les doigts de la jeune femme. Son corps était tendu, que ressentait-il ? Elle, elle avait peur, de le perdre, de le laisser sous l’autorité de son géniteur, de ne plus le revoir, de devoir taire ses sentiments grandissants.

Tout à coup, il se retourna et releva le menton de la princesse, leurs regards se croisèrent ; le sien paraissait hanté par une émotion tandis que de son côté, son cœur s’emballait face au jeune homme. D’une main fine, elle caressa sa barbe naissante, admirant la douceur et la beauté de son poil. Les lèvres du démon tremblaient et s’ouvraient brièvement avant de se refermer. Alors elle prit une décision, se relevant sur la pointe des pieds, elle attira Ash vers elle.

Pheone attendit un accord muet de la part de l’homme avant de l’embrasser. Leurs lèvres commencèrent à bouger en rythme puis se rapprochèrent de plus en plus dans une danse sensuelle. Leurs mains caressaient chaque partie de leurs corps à travers les vêtements. Ash grondait lorsqu’elle lui tirait légèrement les cheveux pendant qu’elle gémissait. Elle n’était pas capable de décrire ce qu’elle ressentait, son cœur battait la chamade, son souffle irrégulier et ses nombreux frissons la traversant. Elle aimait le goût de ses lèvres, le sentir près d’elle. A cet instant, Pheone se demanda si les filaments d’or n’avaient pas un lien avec leurs sentiments ou peut-être que c’était fait pour les guider vers leurs âmes-sœurs ?

Ils reculèrent à bout de souffle. Dans son regard, elle y lisait une émotion brûlante, voir ardente qui illuminait la couleur terne de ses yeux. Du bout des doigts, elle caressa les lèvres sèches de l’homme tandis qu’elle observait en détails les traits de son visage.

—Je ne veux pas te laisser mais j’ai besoin d’y aller, Ash. Il faut que je comprenne qui elle était, pourquoi elle a autant lutté pour eux !

Il paraissait contrarié, ses yeux se plissèrent et ses sourcils se froncèrent avant qu’il ne se reprenne.

—Je comprends mais je n’ai aucune envie de te laisser partir seule, dans cet endroit inconnu, avoua-t-il. Je pourrai peut-être essayer…

Pheone le stoppa en posant ses mains sur sa bouche, le regard écarquillé.

—Surtout pas ! S’il découvre notre proximité, je ne sais pas ce qu’il pourrait te faire, déclara-t-elle, inquiète.

Ash s’éloigna, il s’appuya contre la fenêtre, observant l’extérieur d’un air absent.

—Comment veux-tu que je te laisse t’exposer à un tel danger ?

Elle fit quelques pas dans sa direction avant de s’arrêter en serrant les poings.

—Je suis capable de me défendre seule et tu le sais très bien !

—Contre combien de personnes ? une seule seulement ? Ce n’est pas assez Pheone, sois réaliste !

—Cela suffit, cria-t-elle d’un coup, se surprenant elle-même. Pourquoi tu veux m’empêcher d’aller là-bas ? Tu ne m’as même pas laissé t’expliquer l’intérêt de la mission !

L’homme se retourna et s’appuya contre le mur, les bras croisaient. Il paraissait en colère vu le teint obscur de ses pupilles. Il fallait qu’elle lui explique et qu’il comprenne les enjeux de cette quête, ce que ça pourrait lui apporter comme réponse, même si elle devait jouer les espions pour son père.

—C’est le roi qui a décidé de m’envoyer là-bas. Il veut que je récolte des informations sur les peuples y vivent, leurs faiblesses et leurs atouts, avoua-t-elle.

Ash se décomposa et se rapprocha de la princesse en quelques enjambées. Il lui attrapa les bras et croisa son regard inquiet.

—Il veut t’exposer à ce point ? Je savais qu’il te détestait mais pas jusqu’à là… pas au point de vouloir te faire tuer !

—C’est mal le connaître alors. Ma vie ne compte pas pour lui, rétorqua-t-elle avant de le repousser. Je fais de cette mission une quête personnelle, j’ai besoin de réponse que je ne pourrai trouver que là-bas !

Les épaules de l’homme se voutèrent comme s’il acceptait sa décision. Elle fut soulagée, elle voulait qu’il la comprenne, qu’il sache que c’était nécessaire pour elle. Pheone voulait en apprendre plus sur Leona, sur Kindénia et sur chaque personne que sa mère avait connu, comment étaient-ils ? Ressemblaient-ils aux descriptions faites dans les carnets ? Aux quelques dessins présents d’un homme assez charismatique.

—Peut-être que nous nous retrouverons là-bas, espéra-t-elle. Nos chemins continueront toujours de se croiser, Ash.

Lorsqu’elle se retourna pour lui faire face, il se précipitait vers elle pour l’embrasser, d’un baisé passionné, il était chargé en émotions ; en crainte, en inquiétude mais aussi en compréhension, en admiration. Leur amitié était devenue de plus en plus intime aux files du temps, enfants ils avaient échangés des baisers volés entre eux dans les écuries et aujourd’hui, ils continuaient encore. Était-ce de l’amour ce qu’elle ressentait ? Elle voulait y croire de tout son cœur car un monde sans lui serait bien trop fade pour mériter d’être vécu.

Il recula légèrement, appuyant son front contre le sien. Son souffle irrégulier venait caresser la peau rougit de la jeune femme.

—On se retrouvera toujours. Je trouverai le moyen de te rejoindre, Pheone.

Des larmes roulèrent le long des joues de la démone, il les essuya tendrement. Son touché électrisait son corps, la brûlant à chaque endroit où il passait.

—Ash… souffla-t-elle d’une voix tremblante.

—J’étais venu te chercher pour t’inviter à danser à ton bal d’anniversaire, déclara-t-il. Tu m’as pris d’avance !

Il ria, un sourire étira les lèvres de Pheone. Qu’est-ce qu’elle aimait ce son, c’était si agréable de l’entendre rire aussi librement. Elle était fière de l’homme qu’il était devenu et qu’il deviendrait dans quelques années.

—Kolaris sera là.

—Tu crois que c’est ça qui m’empêchera de te demander une danse ? s’esclaffa-t-il taquin.

Elle ria et tapota du bout de son index le nez du jeune homme. Ses yeux émeraude pétillaient de bonheur, elle le sentait même dans son cœur. Il était comme une lumière qui ne cessait de l’attirer. Il arrivait à la rendre heureuse, à lui faire oublier les aspects sombres de sa vie.

—Non mais je ne veux qu’aucun mal ne te soit fait, souffla-t-elle.

—Je serai prudent, répondit-il. J’ai envie de pouvoir te faire danser ce soir, d’avoir peut-être la possibilité de te faire rêver une dernière fois.

—ça ne sera pas la dernière fois, loin de là, murmura-t-elle avant de déposer un tendre baiser sur ses lèvres. Même lorsqu’on sera vieux et ridé, je veux pouvoir continuer à danser à tes côtés.

—Tant que nos jambes nous porteront, je continuerai de le faire, avoua-t-il en l’enlaçant.

Ils restèrent quelques instants ainsi, écoutant leurs cœurs battre à l’unisson. Leur séparation approchait, ils le sentaient tout les deux mais ils ne voulaient pas s’y résoudre. Il l’embrassa une dernière fois, sans avoir vraiment pu mettre un statut à leur relation, il repartit en lui disant qu’il l’attendrait ce soir.

—Je t’aime jusqu’à Neptune, souffla-t-elle lorsque la porte se referma.

Elle se sentait incapable de lui dire en face mais elle le pensait. Elle ne savait pas où pourrait la mener ses sentiments mais elle voulait en profiter, les savourer à chaque moment. Lors du bal, elle dansera avec lui, il la serrera contre lui tandis qu’elle sentira son cœur accélérer dans sa poitrine, que ses jambes seront prêtes à se dérober sous elle. La jeune femme soupira de plaisir à l’idée de ce moment, qu’il puisse devenir réalité.

Pheone alla s’appuyer contre la vitre, des personnes marchaient dans les rues de la ville. Quelques marchands vendaient de la nourriture, quelques vêtements étaient suspendus devant les stands et un homme criait à qui voulait l’entendre qu’un bal aurait lieu ce soir au château. Le ciel obscur assombrissait l’ambiance du lieu, les sourires des passants ne reflétaient pas du tout cet aspect sombre que la ville renvoyait. Des enfants jouaient encore autour de la fontaine en criant et riant. Elle aurait aimé avoir leurs insouciances, pouvoir grandir comme eux et non dans le château. Les souvenirs heureux de son enfance étaient effacés face à ceux douloureux. Son corps trembla à cette pensée, elle frotta ses mains sur ses bras pour se réchauffer et à la fois se réconforter. Une larme roula le long de sa joue, elle angoissait, elle ressentait de plus en plus le besoin de fuir cet endroit.

Quelqu’un toqua et entra. Sur le coup, la jeune femme continua de fixer l’extérieur, elle ne voulait pas encore revenir à la réalité. Sa main se posa sur la vitre glacée par le froid extérieur. Aurait-elle un jour la chance de revenir fouler le sol de sa ville natale ? Serait-elle capable de tourner le dos à chacun de ses habitants qui croient en elle ?

Les enfants autour de la fontaine deviendraient pour la plupart les futurs guerriers des Enfers, des êtres innocents qu’on aura transformé en monstre sanguinaire. Elle espérait qu’un changement arriverait avant qu’ils rejoignent l’armée démone.

—Il faut qu’on te prépare, mon étoile, annonça la voix douce d’Anya.

Pheone se retourna face à elle et pris le temps d’admirer le teint presque parfait de sa nourrice. Ses cheveux courts en batailles, son regard pétillant et cette silhouette très mince, pourtant elle donnait l’air d’une femme forte et puissante, peut-être était-ce le cas ? La jeune femme trouvait un peu plus chaque année qu’Anya ne ressemblait pas à une démone, elle paraissait différente mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.

—Très bien, qu’as-tu préparé ?

—Une robe de bal aux épaules dénudées avec un léger décolleté ainsi qu’une longue jupe bouffante, avec une cape comme tu aimes ! Elle est faite dans un satin très rare et soyeux, d’un ton rouge pour se marier avec ta chevelure, décria-t-elle. Nous avons brodé une épingle pour représenter les quatre éléments comme dans le couloir. Quelques émeraudes ornent la robe.

Enthousiaste, elle se précipita vers la boîte qu’avait posé Anya sur le lit. Elle l’ouvrit et prit le temps d’admirer la matière du vêtement. La teinte rouge sang était sublime, c’était la couleur qu’elle préférait. Son regard s’attarda sur la broderie, l’épingle des éléments, les joyaux dessus. Pheone la souleva et l’observa sous tous les angles, elle était très longue au point qu’elle devrait porter des talons pour la mettre. Elle s’en réjouissait d’avance !

—Tu n’as encore rien vu, avoua Anya.

Sa nourrice sortit une boîte plus petite de son dos et lui tendit. Avec hâte, elle souleva le couvercle et découvrit la cape qu’elle porterait. C’était celle de la reine, de sa mère pensa-t-elle. Ses yeux s’embuèrent alors qu’elle caressait délicatement le tissu de soie. Cette fois-ci la teinte était d’un noir corbeau avec quelques émeraudes brodés sur le devant.

—C’est vraiment pour moi ? souffla-t-elle d’une voix tremblante.

La main d’Anya se posa sur la sienne dans un geste tendre.

—Oui, ta mère voulait qu’elle te revienne.

Les doigts de la jeune femme tremblaient, elle serrait le tissu comme s’il allait s’envoler, comme s’il était un rêve. A ce moment-là, elle était heureuse d’hérité d’un vêtement ayant appartenue à sa mère. Elle ne savait pas comment remercier Anya.

—Je…

—Ne dis rien, ma fille, la coupa sa nourrice. Ce soir, je veux que tu t’amuses, que tu en profites. Tu dois te relever de tes cendres.

Pheone se précipita pour l’enlacer. Anya était comme une mère à ses yeux, sans elle, elle n’aurait jamais pu tenir jusqu’ici. Elle lui avait tout apporté, la culture, la connaissance et elle faisait partie des rares femmes qui lui adressaient la parole. A chaque fois, Anya avait su panser ses blessures, l’avait aidé à se relever dans les instants les plus difficiles comme cette fois. Un souvenir douloureux la submergea.


Kolaris se tenait devant elle, une torche dans une main et une dague dans l’autre. L’enfant qu’elle était ferma les yeux, attendant le coup de grâce. Elle se trouvait enchaînée à une chaise, elle criait à s’en arracher les poumons mais personne ne viendrait, pas aujourd’hui en tout cas…

La douleur fut fulgurante quand le feu toucha sa chair. Ses hurlements s’intensifièrent, les larmes roulaient le long de ses joues terriblement pâles. Elle sentait le monde vacillé sous ses pieds, à tout juste dix ans, son corps était recouvert de nombreuses cicatrices.

—Je peux le faire, pensa-t-elle. Un peu de courage !

La torche continua de lui brûler le dos, pendant que son géniteur approchait dangereusement la dague de ses jambes. Un cri strident traversa ses lèvres lorsqu’il planta l’arme tranchante dans sa cuisse.

—Ce coup-ci est pour ta mère.

Ses lèvres tremblaient tandis qu’elle tentait de serrer les dents. Son teint habituellement plus halé devenait aussi pâle que la porcelaine. Le vent pénétrait la pièce par une fissure dans le mur du cachot, il venait sécher ses larmes. Le feu continuait de ronger sa chair mini mètre par mini mètre sans qu’elle ne puisse l’arrêter. La souffrance qu’elle endurait devenait de plus en plus insupportable, elle voulait lâcher prise, que tout cela cesse. Sa conscience lui criait d’arrêter de résister tandis que son cœur luttait pour qu’elle continue de s’accrocher.

Soudainement, Pheone hurla à pleins poumons. La lame venait de pénétrer sa chair au niveau de ses côtes. Elle regardait médusée son géniteur, comment pouvait-il lui faire ça ? Elle voulait le supplier d’arrêter mais toutes les fois où elle avait tenté de le faire, il avait continué en utilisant d’autres outils de tortures. Ses poings se fermèrent, ses dents déchirèrent sa lèvre inférieure.

Tout à coup, elle remarqua une femme à ses côtés. Un sourire illuminait son visage, elle avait la sensation de la connaître mais elle n’arrivait pas à mettre un nom sur cette personne.

—Mon étoile, souffla l’inconnue.

Hypnotisé, elle en oubliait presque la douleur qu’elle endurait. Ses cheveux roux, ce teint pâle, ce regard émeraude qui ressemblait au sien. Une couronne reposait sur la tête de cette femme, une longue robe identique à celle d’une reine venait caresser le sol de sa dentelle.

—L’histoire ne fait que débuter, petite flamme. Ça sera à toi d’y mettre fin.

L’enfant ne comprenait pas, comment ça « y mettre fin » ? Qu’est-ce qu’elle devait arrêter ? Le doute s’insinua en elle jusqu’à qu’elle soit ramené à la réalité. Le feu continuait de consumer sa chair, une odeur nauséabonde emplissait la pièce. La lame glissait le long de sa peau sous le regard cruel de son géniteur. Les yeux émeraudes se voilèrent sous l’intensité de la douleur. Ses paupières se fermèrent doucement, tout commençait à tourner autour d’elle sans qu’elle ne puisse changer les choses. Elle avait envie de lâcher prise, de se laisser enfin aller sans chercher à lutter encore et encore. Pourquoi devait-elle vivre si c’était pour endurer constamment cette torture ? Elle ne voulait plus de tout ça, pourquoi ne pouvait-elle pas être une petite fille normale ? dans une famille saine ? Son cœur se serra à cette pensée. Pheone repensa à Anya, Cosalys, Ash et Xoka, c’était eux sa famille. Il fallait qu’elle tienne le coup pour eux, elle ne pouvait pas les laisser à la merci de son père.

Quand la torche caressa à nouveau sa peau, elle décida d’arrêter de résister.

—à l’aide, hurla-t-elle.

Kolaris attrapa sa mâchoire et la serra. Son regard haineux se posa sur elle, pendant un instant elle resta de marbre avant de se débattre.

—Personne ne viendra te chercher ici, cracha-t-il. Tu mérites cette souffrance, tu as tué ta mère !

—Je n’ai rien fait, articula-t-elle difficilement.

—Oh si, tu es venu au monde en lui prenant sa vie.

Il la gifla, sur le coup elle fut désarçonnée mais elle reprit rapidement ses esprits. Sa joue rougit à cause du coup, elle tourna vers lui, un regard attristé. Ne pouvait-il pas voir qu’elle souffrait déjà suffisamment ? Pheone s’en voulait énormément de la mort de sa mère lors de sa naissance, elle porterait ce fardeau sur ses épaules toute sa vie.

—Ne lâche pas, mon étoile, souffla la douce voix de la femme.

—Je n’en peux plus, murmura Pheone en larmes.

La douleur fulgurante lui donnait l’impression d’être déchiré, qu’on la broyait de l’intérieur. Son corps d’enfant n’arrivait plus à tenir le coup, il ne cessait de trembler. Les larmes roulaient le long de ses joues terriblement pâles. Elle se sentait partir sans qu’elle ne puisse résister.

—Bats-toi ! cria cette femme.

—Non…

Les paupières closent, elle serra les lèvres une dernière fois pour retenir un nouveau hurlement. Un bruit assourdissant l’atteignit mais elle n’en fit pas cas, attendant le prochain coup.

Brusquement, Pheone ouvrit les yeux et chercha du regard d’où provenait les grognements qu’elle entendait. Xoka était là, le bras de Kolaris dans la gueule du renard. Le roi tendait de la faire lâcher, en l’attrapant mais elle esquivait chacune de ses tentatives.

Ce jour-là, Pheone avait retrouvé Anya dans sa chambre après l’arrivée de Xoka. La démone ne savait pas comment la renarde l’avait retrouvée, ni pourquoi elle avait agi comme ça alors que ce n’était jamais arrivé auparavant.

—Ce soir, tu seras de toute beauté, mon étoile, murmura Anya.

« Mon étoile », le même surnom qu’avait utilisé la femme aux cheveux roux qu’elle avait aperçu. Est-ce qu’Anya pouvait la connaître ? Plusieurs fois Pheone avait fait le rapprochement avec sa mère mais était-ce possible ? Pourquoi serait-elle apparue seulement à cet instant et pas avant ? Toutes ces questions la taraudaient mais ce n’est pas ce soir qu’elle trouverait une réponse.

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