IX – Le destin n’en fait qu’à sa tête

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Au matin, nue, Charlotte cherche à tâtons la présence rassurante de Guillaume. Sa place est vide dans le lit.

Décidemment, il a un toc !

Mais Charlotte est inquiète.
Après l’amour, il a bien fallu parler. Il y a tellement de choses qu’elle aimerait comprendre.

– Pourquoi es-tu parti sans rien me dire ?

Et Guillaume a cherché les mots.
Pas facile de confesser qu’il a obéi à Solange. Avouer qu’un homme de vingt deux ans a suivi l’injonction de sa mère et a abandonné celle qu’il disait aimer plus que tout !

Pas facile de dire qu’il a eu peur de son frère et qu’il a préféré filer doux, laissant son amante entre des bras vulgaires.

– Tu caches ta lâcheté derrière l’obéissance à ta mère !

Charlotte n’a pas pris de gant. Elle a trop souffert pour jouer la femme compréhensive. Ce n’était pas à elle de s’apitoyer.

Guillaume s’est débattu comme il a pu.
– Vincent t’aurait fait du mal. Tu n’aurais pas été la première.

Il voulait me faire croire qu’il me protégeait ! J’ai gagné vingt ans de galère.

– C’est donc vrai que tu es parti avec de l’argent !

Guillaume s’est trouvé mis brutalement devant sa couardise. Il était en détresse. Il ne pouvait nier que depuis vingt ans il percevait une rente mensuelle. Le prix de son silence.
De sa trahison.

Charlotte étouffait elle aussi.
Il y a quelques instants, elle retrouvait de la dignité par la grâce de l’amour. Et voilà que l’homme qui l’a fait tenir debout depuis tant d’année lui renvoyait une image de fille de peu. Fille kleenex.

Pourquoi fallait-il que j’endure encore ces tourments ?

Guillaume s’est alors saisi des mains de Charlotte. Elle a voulu les lui retirer. Mais non, il les tenait solidement. Il avait besoin de cet arrimage pour l’empêcher de se noyer.

Tant bien que mal, il lui a raconté son désarroi, ses peurs, ses errements. Il n’a pas cherché à louvoyer.
Il était sincère.

Il lui a raconté sa vie, confortable certes, mais vide de sens.
Il était touchant.

Il lui a donné raison, mille fois raison, de le mépriser. Elle ne méritait pas un homme faible et veule.
Il était émouvant.

Elle s’est laissée envelopper par les bras de Guillaume car elle avait besoin de croire en lui. Une question de survie !

– Il faut que tu aies confiance en moi. Je serais fort si je suis avec toi.

Elle ne demande que cela. Avoir confiance…

– Tu ne le regretteras pas.

La tête contre sa poitrine Charlotte entendait le cœur de Guillaume battre à tout rompre.

Que c’était grisant !

Une main caressait ses cheveux.
Une douceur retrouvée.
Les lèvres se sont jointes.
Charlotte avait besoin d’amour. Elle voulait être prise à nouveau. Tout de suite.

J’ai tant d’années de déplaisir à effacer.

Elle a empoigné le sexe de son amant et l’a masturbé pour le dresser et elle l’a attiré sur elle.
– Viens Guillaume, aime-moi.

Il s’est introduit sans rencontrer de résistance, au plus profond.

Je veux jouir, jouir, enfin.

– Je te prouverai que tu peux avoir confiance en moi.
Ce sont les derniers mots que Charlotte se rappelle avant qu’elle ne sombre dans le sommeil.

Et au réveil, Guillaume n’est pas là.

Un pressentiment…

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