Séverine veille sur le sommeil de la voyageuse. Ses cheveux se détachent au cours d'un rêve agité, de longs cheveux bouclés dont il faudra ôter les brins de paille plus tard.
Les heures passent, Annah ne s’éveillera qu’en fin d’après-midi. Elle trouve la fermière près de ses bêtes, et devine les questions qu’elle se pose, dont la principale est :
« Que fais-tu ici, jeune fille ? Que t’est-il arrivé ? »
L’immense bienveillance de Séverine touche Annah au cœur. Elle ne peut retenir des larmes de tristesse, déçue de ne pas l’avoir laissée derrière elle, à Bellissandre.
La fermière lui apporte un peu de lait, désireuse de la faire parler pour connaître ses mystères.
« Est-ce que je peux rester ici, pour la nuit ? Je te payerai, cela va de soi !
- Parle moi d’abord de toi, Annah. Tu n’es pas venue ici par hasard, n’est-ce pas ? Je n’accueille pas toutes les étrangères » fait Séverine avec un sourire encourageant.
Annah ne dira pas toute la vérité à sa bienfaitrice, trop sordide pour un premier contact. Cependant elle citera le neveu de Séverine, comme un ami de son fiancé plutôt que de son frère, disparu récemment et qui lui seul veillait depuis toujours sur elle.
« Le deuil semble appeler le deuil… Le fils de mon frère n'est pas connu pour sa gentillesse. Je crois que tu passeras l’été ici, à Auren, n’est-ce pas ? »
Annah acquiesce en silence. Effectivement, elle aimerait que son enfant naisse dans ces collines, où il fait bon vivre.