Chapitre 9

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- Disons qu’à la base, ça ne devait même pas être moi.

Nolan et ses potes jouaient au jeu inventé par eux de «Qui trouvera l’âme sœur en premier ?». C’était des actions où ils devaient par exemple rencontrer une fille, etc. C’était au tour de Nolan, il devait déposer une lettre d’invitation à un date dans le casier de Georgia Vall, une fille de sa classe. Mais il s’est trompé et l’a mis dans mon casier. J’ouvrais mon casier et la lettre m’est littéralement tombée dessus. Je l’ai lu, ça disait qu’il me trouvait belle et qu’il voulait me retrouver au restaurant. Donc j’y suis allée, et Nolan m’a dit :

- Hé, mais c’est pas toi que j’attendais.

Je lui montre la lettre.

- J’ai reçu ça dans mon casier.

- Putain le con, Eric s’est trompé de casier ! C’est à une autre fille que je disais ces choses…

- Tu insinues que je suis moche ?

Il me détaille et un sourire se dessine sur son visage.

- Mais après tout, tu n’es pas mal. C’est quoi ton nom ?

- Julie. Julie Finn.

- Moi c’est Nolan Oyama. Je suis de la section informatique.

On a discuté en buvant un milk-shake et même si, au début je le trouvais énervant et arrogant, j’ai finalement découvert qu’il était sympa. Comme il voulait gagner à son jeu débile, il m’a demandé mon numéro de téléphone, histoire de me revoir. Il avait dit que, je cite, «une beauté pareille, on en rencontre pas tous les jours». On a donc échangé pendant quelques mois, puis en juillet, il m’a déclaré ses sentiments. On avait tous les deux 19 ans, je ne pensais pas être prête à rentrer dans une relation sérieuse, mais Nolan me plaisait vraiment.

- C’est vrai ? Je veux dire, ce n’est pas une blague ?

- Mais non, dit-il.

Ses potes l’avaient applaudit parce qu’il avait gagné, et Eric, qui était apparemment un mauvais perdant mais aussi un tricheur, a avoué avoir faire exprès de se tromper de casier.

- T’abuses, Eric. Enfin, grâce à toi, j’ai rencontré la véritable âme sœur. Peut-être qu’avec Georgia ça aurait été un échec, après tout. Je vais pas te faire la gueule pour ça, parce que tu m’as rendu service, au final.

On est resté ensemble un an et puis, il m’a amené dans des endroits géniaux. Il y a eu «Boisson idyllique de Jenn», un parc d’attractions, et pleins d’autres lieux incroyables qu’il m’a fait découvrir. Ça faisait 6 mois qu’on était ensemble, et je pensais déjà à un avenir. Il était tout tracé. Je me voyais me marier avec lui, avoir deux enfants, un grand garçon et une petite fille. J’avais commencé à regarder les maisons et apparts à Portland qu’on aurait pu trouver. Le prix d’un mariage. Je lui en parlais. On a même visiter un appartement dans le sud de Portland, vers Salem.

Et ensuite, il s’est renfrogné. Quand je lui parlais d’avenir, d’enfants, il s’énervait. Il répondait moins à mes messages, était distant. J’ai cru que c’était une mauvaise phase, que ça lui passerait, mais ça a empiré.

Un matin, je suis arrivée à l’université en retard, et j’entendais un rire féminin en plus du sien. Je suis allée voir, il était avec Kimberley. Quand il m’a vu, il a sauté sur ses jambes.

- Nolan… Je croyais que…

- Désolé, Julie, je…

- Je m’en fiche.

Je suis partie en courant, en pleurant.

- La suite, tu la connais. J’ai fini par tourner la page, j’ai aménagé mon appart pendant les vacances pour penser à autre chose, il m’a demandé de reconquérir Kimberley, je t’ai rencontré…

Marius m’écoute religieusement.

- Tu avais vraiment envisagé un avenir avec lui...murmure-t’il, pensif.

- Oui.

Je pose ma main sur la sienne.

- Mais c’est du passé tout ça. Désormais, c’est toi et toi seul que j’aime. Et vu que je me suis fait trompée, t’inquiètes pas que je compte te faire le même coup.

C’était censé détendre l’atmosphère, mais je crois que ça l’a plus mis en rogne qu’autre chose.

- Désolée, c’est pas super de parler de ça pendant notre premier rencard. Je te ressers du thé ?

- Non mais de toute façon, je vais bientôt y aller.

- J’ai l’impression que cette histoire t’a vexé, Marius.

- Un peu. J’ai l’impression que notre rencontre est nulle par rapport à celle de Nolan et toi. C’est moins original.

- Moins original peut-être, mais moins débile aussi. De toute façon, une relation qui commence par un coup monté par son meilleur ami, ça n’augure rien de bon. Eric n’aurait jamais dû faire ça.

- Peut-être que s’il ne l’avait pas fait, t’aurais rencontré un autre gars et on ne serait pas ensemble à l’heure qu’il est.

Je m’approche de lui.

- Peut-être.

Je dépose un baiser sur ses lèvres.

- On y va ?

- Je vais rentrer seul, ne t’inquiètes pas.

Je regarde l’heure. Il est déjà 22 heures 30. Je dois encore me démaquiller, me passer un coup d’eau dessus et enfiler un pyjama, alors c’est préférable que Marius rentre maintenant.

- Ok… Bon bah alors, bonne nuit, Marius. On se voit demain…

- Oui, bonne nuit Julie.

Je referme la porte et file dans la salle de bain pour me relaver. J’enlève le maquillage posé par Cassandra et file dans mon lit pour me coucher. Je suis heureuse de cette journée. Désormais, Marius et moi sommes en couple. Il ne reste plus que faire sortir Nolan de ma vie, et tout sera bon pour moi.

Mon réveil sonne à 7 heures, m’indiquant qu’il faut que j’aille en cours dans une heure. Je commence ma journée par envoyer un message à Marius.

Moi : Salut, passe une bonne journée, je viendrais te voir ce soir. :)

Marius : Salut, passe une bonne journée aussi. °3°

J’arrive à la fac à 8 heures, et Cassandra me salue.

- Alors, cette soirée ?

- Ca s’est bien passé. On est allé dans un pub, ensuite dans un resto italien, puis se promener au bord d’un lac. Après, on est allé chez moi.

- Et ?

- On a discuté, rien de plus. Et il est reparti chez lui.

- Classique pour un premier rencard.

- Parce que tu t’y connais ?

- Bien sûr, dit-elle avec assurance. Sinon, t’es au courant pour Nolan et Tessa ? Ils ont passé la nuit ensemble.

- On va voir combien de temps il va la garder, celle-là.

- En tout cas, ils sont déjà proches.

Elle désigne le couple Nolan-Tessa là-bas. C’est vrai qu’ils ont l’air proches. Tessa rit bêtement et Nolan la regarde avec amour. Donc je dois comprendre qu’il ne m’aime plus ? Mille questions se posent dans ma tête. Il m’avait dit qu’il était avec Tessa, mais il m’avait aussi dit qu’il m’aimait. Il faudrait que je lui demande mais pour ça, je dois lui parler et je n’ai pas envie. Depuis la mort de Rachel, rien que sa présence m’énerve.

À la sortie de la fac, Marius m’attend. Cassandra me sourit et me laisse avec lui.

- Tu as fermé ta librairie ?

- Non, un employé gère. Tu veux aller te promener ? Manger une glace ?

- Ouais. Je connais un bon vendeur de glace, tu veux y aller ?

- Mouais, allons-y.

Il m’attrape la main et je le guide dans les rues de Portland jusqu’au marchand de glace.

- Je te laisse choisir ton parfum, c’est moi qui régale, dis-je en sortant mon porte-monnaie.

- Je vais prendre une boule vanille, ça ira.

- Même pas un coulis ?

- Hmm… Un au beurre de cacahuète ?

- Ok.

Moi, je prends la même chose que lui. On avance dans les allées de Portland en savourant notre glace. Le soleil décline vers l’horizon quand on arrive chez Marius. Comme dans sa librairie, l’allure est scandinave, avec des meubles faits en matériaux naturels seulement. Mais ça donne un aspect chaleureux à sa maison.

On s’installe sur son canapé en cuir et il me demande si je veux commander un truc à manger.

- Des sushis ! m’exclame-je.

Il ouvre son ordinateur pour commander des sushis à domicile, puis il allume la télé.

- Netflix-sushis ? J’avoue que c’était mieux hier, plus romantique, mais j’ai pas les moyens de payer des restos comme ça tous les soirs..

- C’est parfait comme ça, dis-je en posant ma tête sur son torse.

Il entreprend de me caresser les cheveux. On se dispute sur le choix du film. Il veut regarder de la SF, de l’action ou de l’horreur, tandis que je veux regarder de la romance ou une comédie.

- Allez, je suis sûr que tu n’as jamais vu Incassable, c’est incroyable. C’est avec un mec qui lui arrive jamais rien, genre pas de maladie et tout. Et y en a un autres il lui arrive pleins de trucs… Et je vais pas te spoiler tout le film, mais vraiment, faut que tu le vois. Surtout que Bruce Willis est l’acteur principal !

- C’est un thriller, je n’aime pas ça. Moi je suis persuadée que tu n’as jamais vu The Kissing Booth. C’est une histoire d’amour au lycée, je te dis que c’est bien ! Et en plus, l’acteur c’est Jacob Elordi, tu peux pas me dire qu’il est moche.

- Je vais être jaloux.

- T’as pas de quoi.

Les sushis arrivent et on a toujours pas choisi le film. Je persiste à dire que les films d’amour c’est mieux, mais lui il veut voir de la SF. On finit par lancer The Conjuring 1. J’ai capitulé parce qu’il disait que je ne voulais pas le voir parce que j’avais peur des films d’horreurs, et que c’en est un.

C’est vrai qu’à certains moments, je sursaute. Je m’agrippe à Marius. Lui rigole de ma frayeur. À la fin, Marius me dit qu’il est l’heure de rentrer chez moi.

- Avec ce que je viens de voir, tu crois que je vais réussir à dormir ?

- Tu veux dormir ici ?

- Je peux ?

- Bah ouais.

- Oooh, merci.

Je demande à Marius de rester avec moi dans le salon jusqu’à ce que je m’endorme. Comme je l’ai demandé, lorsque je tombe dans les bras de Morphée, mon amoureux est à mes côtés.

Je me réveille au petit matin. Marius est à côté de moi, en position fœtale. Je le secoue pour le réveiller.

- Marius, lève-toi.

- T’as encore peur ?

- Bah oui, allez, bouge toi !

- Calme…

Il baille et s’étire avant de sortir du canapé.

- Je dois aller à l’université ! dis-je. Il est 8 heures, il faut encore que je me lave, que je m’habille. Mes cours commencent à 9 heures.

Marius pose sa main sur mon épaule.

- Tu peux aller te laver dans ma salle de bain, si tu veux.

- Ah ouais, et je m’habille avec quoi ?

Mon ton est froid.

- Désolée. C’est juste, j’ai été beaucoup trop en retard cette année pour me permettre de l’être à nouveau. Je ne veux pas rater mes examens à la fin de l’année.

- Ok, t’inquiètes.

Ce qui m’énerve, c’est que je suis capricieuse, chiante avec lui, et il reste compréhensif et patient. À présent, je vais essayer d’être plus gentille et de faire un effort.

- Tu veux que je te ramène chez toi en voiture ?

- Merci Marius, je suis désolée.

On monte dans sa voiture et il me conduit jusqu’à chez moi. Une fois que j’y suis, je prends une douche rapide, enfile un jean et une chemise, noue mes cheveux en une queue de cheval simple. Je n’ai pas le temps de me maquiller, il est temps que j’aille à la fac. J’y arrive pile quand ça sonne pour indiquer le début des cours.

- Julie, je pourrais vous parler en fin d’heure ?

- Oui, Monsieur, réponds-je.

Je m’assois à ma place, la boule au ventre. Qu’est-ce qu’il veut ? Il va sûrement me parler de mes nombreuses absences depuis juin, alors que nous sommes en février. Je suis en train de rater mes études, ma vie. Alors quoi, je vais retourner vivre chez mes parents les fermiers et toute ma vie m’occuper des chèvres ? Ou alors je vais encore tirer profit de Marius, même de façon inconsciente ? Depuis que Nolan m’a quitté, je suis fatiguée, je me déteste.

La cloche sonne, m’indiquant la fin du cours. Une fois que tout le monde a quitté la salle, je rejoins le professeur.

- Vous souhaitiez me voir, Monsieur ?

- Oui, Julie. Je voulais vous parler de vos absences et retards. Julie, je m’inquiète pour vous. Depuis le début, vous nous avez montré beaucoup d’intérêt, vous aviez des bonnes notes… Mais j’ai remarqué depuis la fin de l’année dernière – et je parle d’années scolaires – que vous vous étiez relâchée, que vous manquiez beaucoup de cours. Les examens sont dans 5 mois, et je m’en voudrais si vous ne réussissez pas à obtenir votre diplôme, car vous êtes une de nos meilleures élèves. Y a-t’il une explication à ce soudain relâchement, Julie ? Vous savez bien que s’il y a un problème, vous pouvez m’en parler.

- Je suis désolée, j’ai eu deux ou trois problèmes personnels, mais tout s’est arrangé, j’essayerais d’être plus ponctuelle et de ne manquer aucun cours, Monsieur. Moi non plus, je ne veux pas rater mes examens.

- Quel genre de problèmes, Julie ?

Je déteste sa façon de vouloir s’immiscer dans ma vie. Il s’est pris pour qui ? C’est juste mon professeur, il doit avoir 40 ans, il croit vraiment que je vais lui raconter mes problèmes ?

- Rien de grave Monsieur. Je peux y aller ?

- Oui, allez-y.

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