C'est ton anniversaire et pourtant j'ai plutôt l'impression que c'est le mien. Tu es venu me chercher à la sortie du travail pour m'emmener pique-niquer. Nous arrivons au bord de l'étang et nous nous installons. Tu as encore une fois tout prévu. Un très joli bouquet, de délicates petites attentions à mon égard, un bon repas, les bougies d'anniversaire et même une petite bouteille de champagne.

Le repas en plein air est très agréable. Le champagne me monte d'ailleurs un peu à la tête. Je suis joyeuse, je parle, je ris, nous refaisons connaissance simplement. Le repas se termine et nous décidons de trouver un endroit pour se poser au bord de l'eau. Il fait beau, ce lieu est calme et apaisant.

Nous installons la couverture et nous voilà dans les bras l'un de l'autre à admirer la beauté de la nature. Quelques nuages apparaissent au loin mais loin de nous l'idée qu' ils pourraient être menaçants. Tu me parles tout bas à l'oreille tel un Ange. Tu me prédis que nous serons heureux ensemble, que nous passerons nos prochaines vacances ensemble, qu'un jour tu me demanderas ma main, que plus jamais tu ne veux me perdre, que le seul but dans ta vie depuis vingt-cinq années est que nous finissions notre vie ensemble. Je reçois cette prédiction comme un cadeau du ciel. Ce ciel qui s'assombrit petit à petit mais nous n'y prêtons encore que peu d'attentions.

Nous nous allongeons sur la couverture et nous nous embrassons. Je commence tout de même à sentir quelques gouttes. Je te dis qu'il pleut mais je crois que tu es devenu sourd. Tes baisers sont passionnés et intenses. Mais la pluie redouble d'intensité. Je crois que tu n'en a pas conscience et ton désir est grandissant. La pluie est si forte maintenant que je ne peux même plus ouvrir les yeux. Mon visage et mes cheveux ruissellent, ma robe est trempée et je commence à avoir froid. Cette fois, je te dis qu'il faut vraiment aller se mettre à l'abri. Tu prends enfin conscience de la situation et réalises que nous sommes trempés comme des soupes.

Nous courons jusqu'à la voiture et une fois à l'intérieur, tu allumes les sièges chauffants pour qu'on se réchauffe rapidement. Ta chemise dégouline et j'ai vraiment peur que tu attrapes froid. Il nous faut quelques instants pour redescendre sur terre. Malgré la pluie, nous avons vécu un moment hors du temps. L'Ange était toujours avec nous c'est certain. Il t'a transporté. Tu es très ému et tu as vraiment du mal à reprendre tes esprits, à te dire que l'on doit maintenant repartir chacun dans nos vies. Cette pluie, c'était tes larmes de joie de m'avoir enfin retrouvée. De grosses larmes retenues depuis tant d'années. Ces larmes que nous avons partagées ensemble dans ce moment inoubliable.