Jeudi 16 mai /1

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Charlotte

Pendant que Manu met les assiettes dans le lave-vaisselle, je m’occupe du coucher de Maxime. Après la douche et le brossage des dents, il me tend son livre d’histoires préférées et je m’installe confortablement à côté de son lit. Une fois le mot « fin » prononcé, j’entends le souffle régulier de mon bonhomme et je reste quelques minutes à le regarder, puis à observer sa chambre.

Depuis un peu plus d’un mois qu’on est dans cette maison, j’ai abattu un boulot de dingue. Tout aménagé, décoré, rangé, déplacé quinze fois jusqu’à trouver le bon emplacement et aujourd’hui je n’ai plus rien à faire. Et je commence à m’ennuyer. Ce qui n’est jamais très sain.

Enfin si… il reste le jardin, mais avant que je puisse planter, on a besoin d’un professionnel pour défricher. Je ne suis pas outillée pour déraciner des buissons desséchés.

Mais j’avoue que ce qui me manque ce sont les conversations, les ragots, les cafés entre copines, les séances bronzettes au bord du lac à parler du dernier roman d’actualité ou d'une recette de pâte à sucre. Même comparer les devoirs des enfants me manque.

J’en suis là de mes pensées lorsque je descends au salon. La cuisine est éteinte, Manu est installé sur le canapé et discute avec notre fille. Elle tient un magazine dans une main et son téléphone dans l’autre. Attendrait-elle un message important ?

Ce soir pour la première fois depuis longtemps, je me sens fatiguée. Je pourrais dire que j’ai le blues, et je me force à sourire. Manu est heureux dans son nouveau job. Je le vois revivre. Il a beaucoup plus de liberté pour créer et je crois que son binôme lui convient.

Je sais que mon regard n’a pas le même éclat et lorsque mon homme me fixe intensément, je tente un sourire pour le rassurer, mais il n’est pas dupe. Il me fait signe de le rejoindre tout en attrapant la télécommande et en demandant si quelqu’un connait le programme de la soirée.

— R’garde ce que tu veux, répond notre progéniture en haussant les épaules.

— Chacha ? Tu viens ? m’invite-il alors que je n’ai toujours pas bougé.

— J’hésite à prendre un bain, dis-je simplement.

Je devine qu’il s’interroge. Marion n’a pas ouvert son magazine, et je reste loin de lui. Il repose la télécommande sans avoir allumé la télévision et questionne notre fille :

— Tu attends un message ?

— Hein ? Euh… Non ! Pourquoi tu dis ça ?

— Tu ne fais que regarder l’écran de ton téléphone alors qu’il est éteint. Le journal te sert juste de prétexte, mais il ne semble pas plus intéressant,

— Becky m’avait promis un appel ce soir. Au moins un snap, soupire-t-elle. C’est plus pareil depuis qu’on est ici.

— C’est normal, Marion, mais tu vas te faire de nouvelles amies. Becky a toujours été un peu tête en l’air, tu ne peux pas lui en vouloir.

— Je sais, mais… là, ça fait trois semaines qu’on s’est pas vues et deux jours qu’on s’est pas téléphonées. Tu crois qu’elle m’a oubliée ?

— Non, elle ne t’a pas oubliée toi, mais juste de t’envoyer un message. On est jeudi, elle n’a pas le chant ce soir ?

Marion fronce les sourcils, semble réfléchir puis sourit :

— Ouais, t’as raison. Ch’uis nulle. Je l’appellerai demain. Je file sous la douche, m’man. Promis j’fais pas long.

Zut, ma fille se défile et je sens que ça va être mon tour. Mon mari tapote le dessus du canapé m’invitant à le rejoindre, ce que je fais sans véritable entrain. Il ouvre ses bras et je me blottis contre son torse, mes jambes allongées le long du sofa. Il dépose un baiser dans mon cou et me berce délicatement, ses mains sur mes épaules.

— Qu’est-ce qui se passe ? chuchote-t-il.

— Je sais pas trop… J’ai fini de ranger la maison, le déménagement m’a épuisée, mais en même temps… en ce moment je m’ennuie. Les journées sont longues et… j’aimerais bien rencontrer du monde.

— Ça n’a rien donné ton gâteau la semaine dernière ?

— Si… comme pour notre fille… des promesses de quelques mamans pour de futurs cafés sans date précise. C'est normal, elles avaient une vie avant que j’arrive… mais je trouve le temps long.

Manu se tortille derrière moi sans que je comprenne ce qu’il fait, sauf que sentir son corps se mouvoir commence à m’allumer. Serait-ce la solution immédiate pour que je change d’humeur ?

Il tire son téléphone de sa poche et me le tend. Il veut que je fasse quoi avec ça ? Il a installé une application avec un jouet sexuel ? Il a trouvé un nouveau site de cul ?

— J’ai reçu ce mémo au boulot.

— Qu’est-ce que c’est ?

— L’occasion de nous faire des amis. Apparemment, l’entreprise organise chaque année un pique-nique pour les familles le dernier dimanche de mai. Ils fournissent les grills, installent les tables, offrent l’apéritif. Il faut s’inscrire jusqu’à vendredi.

— Et y aura du monde ? m’inquiété-je.

— D’après mon collègue, c’est rare qu’il y ait des absents. C’est l’occasion de les rencontrer, eux et leur famille.

— Oui, c’est une bonne idée, acquiescé-je en posant le téléphone, soulagée qu’il cherche une solution. Parle-moi de ton collègue. Tu ne m’as jamais rien dit sur lui.

— Il commence à s’ouvrir un peu. D’ailleurs, il nous invite début juin pour inaugurer sa piscine.

— Ils viennent de la faire construire ?

— Non, l’inauguration pour la saison. Ils font souvent des barbecues le week-end. Il est marié, ils ont trois enfants et sa femme semble être une parfaite petite femme d’intérieur. Elle t’aidera peut-être à te trouver des occupations, je crois qu’elle a grandi ici.

— Et c’est quoi pour toi « une parfaite petite femme d’intérieur » répété-je ironiquement alors qu’il me masse tendrement les épaules.

S’il continue comme ça, faudra pas qu’il se plaigne que je lui saute dessus. Il a des doigts de rêve. Je m’affale de plus en plus, laissant mes yeux papillonner.

— Elle me fait penser à ma grand-mère. Ou plutôt aux femmes de cette génération-là. Il ne s’occupe de rien qui touche de près ou de loin à la maison. Il ne s’arrête jamais acheter du pain, elle gère les enfants, le ménage, les courses, les devoirs, les activités extrascolaires… tout.

— Rassure-moi, il sort la poubelle quand même, pouffé-je.

Il rit avec moi avant que je n’ajoute :

— Et tu penses qu’on peut devenir amies ? Tu espères qu’en la fréquentant je me calme et que je redouble d’efforts dans le nettoyage des carreaux ?

— Je n’ai jamais dit que je voulais te changer. Mais si tu ne t’entends pas avec elle, peut-être qu’elle pourra te suggérer des groupes de fans de pâtisserie, un club de lecture ou pourquoi pas une salle de sport.

Je l’écoute à moitié, attentive uniquement à ses mains sur ma peau, glissant d’avant en arrière, appuyant plus ou moins fortement m’apportant un bien-être appréciable.

Soudain, ses doigts s’arrêtent et quittent mes épaules. Je minaude :

— Encore… tes massages sont miraculeux.

Totalement détendue, un sourire se dessine sur mes lèvres et les idées m’inondent. Je vais attendre que Marion s’enferme dans sa chambre avant de réellement exciter mon homme, mais j’ai envie de m’amuser… discrètement. J’attrape le plaid et recouvre mon corps, surtout mon bassin et ma main qui passe dans mon dos et vient réveiller sa tige.

— Et tu l’imagines comment ? demandé-je en appuyant de plus en plus mes caresses, cherchant à le masturber à travers le tissu de son short.

Il met quelques secondes avant de me répondre :

— En dentelle rose sur les fesses, un triangle en coton sur le pubis et deux ficelles fines sur les hanches.

Je stoppe mes gestes, tourne la tête et m’étonne :

— Tu vois la femme de ton collègue en culotte ? rigolé-je.

— Ahhhhhhhh… non, évidemment ou alors avec des « Petit Bateau ». Parfois, je l’imagine comme Bree dans la série américaine, maniaque, rigide, froide, directive, et parfois plutôt comme une petite chose fragile terrifiée sous le regard de son mari. Limite soumise.

— Je te parlais de son physique. Il ne t’a pas montré une photo ?

— Non. Il n’en a pas sur son bureau.

— Même pas de ses enfants ?

Il secoue la tête et je devine son trouble grimper. Son sexe grossit sous mes pulpes. Je balade ma main à la recherche d’une poche, la glisse dedans et continue mes massages à travers le tissu plus fin. Manu bouge légèrement, sans doute pour modifier son assise et me permettre de le toucher. J’arrive à enrouler mes doigts autour de son mat, à coulisser lentement, à le laisser grossir jusqu’à ce que j’aie vraiment du mal à le branler discrètement.

J’attends que Marion vienne nous faire le bisou du « bonne nuit » qui ne saurait tarder et qu’elle s’enferme dans sa chambre avant de le masturber. Non, ce soir je le goberai, j’ai envie de sa grosse sucette dans ma bouche. J’humidifie mes lèvres, me réjouissant de la sentir coulisser entre mes parois. Marion… dépêche !

Le plaid se soulève, puis ses doigts parcourent ma hanche. Il grogne… je suis en jeans, il ne pourra rien me faire.

Sauf que mon mari ne manque pas d’imagination. Sa main passe sur ma cuisse puis se glisse entre mes jambes et frotte la couture du pantalon contre ma fente. Je couine de surprise et redouble de caresses tout en fixant l’escalier des yeux. Bon fillette… c’est l’heure, file au lit que je puisse… Oh Manu !

Je bascule la tête contre son torse abandonnant une seconde mes gestes et dégustant entièrement ceux de mon homme aidé par cette couture rugueuse. Il appuie, masse, déplace, cherche les lieux sensibles et les trouvent facilement. Je ne suis pas très longue à satisfaire et il connait par cœur mon corps et mes sursauts. S’il continue comme ça il va me faire jouir… j’halète, de peur de crier, me mords les joues, crispe mes doigts sur sa main et au lieu de l’empêcher de bouger, je l’encourage. Oh oui je veux… j’en ai envie… là tout de suite. Tant pis pour les jeux, tant pis pour le bisou du « bonne nuit », tant pis pour le…

Oh oui, oui oui… je soupire, retiens mes cris, crispe mon corps, mes jambes se tendent, mes orteils se plient, mes doigts obligent ceux de Manu à poursuivre… j’y suis presque… il ne manque plus que…

— Maman, il sent trop bon le nouveau shampoing.

Bordel ! Je me redresse rapidement, Manu replace ses doigts sur mes épaules et je tente de reprendre ma contenance. Mais je suis essoufflée comme si je venais de faire un cent mètres.

— Tu l’as trouvé où ? insiste Marion.

— Manor… je crois, arrivé-je à dire sans trop de mal alors que je ne vois que le sexe de mon cher et tendre. Mon vagin se crispe de frustration, la tension diminue et je souffre de ne pas avoir joui. Sentiment de manque absolument intenable. J’ai qu’une envie, ordonner à ma fille de remonter retrouver son lit, de mettre la télévision à fond et que mon mec puisse me baiser à me faire hurler.
Faut que je me reprenne.

— Marion, c’est l’heure. Y a école demain, dit simplement Manu sans que sa voix ne parte dans les aigües. Comment fait-il pour rester aussi stoïque ? Ah oui… il était très loin de mon état. Alors que moi…

Je veux finir ! hurle mon corps. Heureusement, notre fille choisit d’obéir à son père, se penche vers nous et nous embrasse à tour de rôle. Nous l’observons encore boire un verre d’eau puis remonter à l'étage. Au moment où j’entends la porte de sa chambre se fermer, je me tourne, débraguette le short de mon homme, libère son sexe qui a perdu de sa vigueur et l’enfonce au fond de ma gorge. Il a à peine le temps de réagir et tente de me calmer :

— On devrait attendre… Elle ne dort pas encore.

M’en fous… Là, je veux juste… prendre mon pied. Et pour ça… c’est mieux si le jouet est bien dur. Je joins mes mains, caresse ses couilles, lèche son méat, suce son gland, avale les premières gouttes qui lubrifient toujours son sexe. Il commence à onduler… exactement ce que je voulais. J'aspire tout en retirant mon visage et le bruit que sa queue fait en quittant ma bouche me met dans un état pas possible. Je me lève, déboutonne mon jeans, mais Manu secoue la tête.

— Sage, Charlotte… On peut pas encore.

— Mais elle redescend jamais ! dis-je d’un ton plaintif.

— Tu connais mes conditions. On s’amuse si tu veux, mais on finit quand ils dorment ou absents. Ils sont trop grands maintenant pour qu’on les baratine.

Je tique, croise les bras sur ma poitrine tout en m’asseyant à ses côtés :

— Ton bureau ?

— Non, sa chambre est juste en dessus.

— Et tu suggères quoi ?

— La télé ?

Il rigole lui ! Je secoue la tête et lui annonce que je vais moi aussi prendre une douche. Il comprend alors que mes doigts et surtout le jet massant s’occuperont de ce qu’il refuse de faire. Je lui laisse le plaid en couvrant son intimité, puis lui dis que je l’attends dans notre chambre. Je sais qu’il voudra être moins excité avant de se balader dans la maison et vu la bosse que je laisse derrière moi, j’ai largement le temps de m’amuser sous la douche.

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