Samedi 8 juin / 3

3 minutes de lecture

Julie

Couché… couché… ce n’est pas le vrai mot, du moins je n’ai pas vraiment couché avec Manu, pas au sens réel du terme, mais dans mon esprit c’est de plus en plus clair. Aussi limpide que si nous avions vraiment fait l’amour. Aussi intense que l’échange de nos baisers.

Mon subconscient nous avait transportés au milieu d’un champ. Manu avait étalé une couverture et roulé en boule son pull pour m’en faire un coussin. Je portais mon baby-doll rose sexy, sans culotte et il était torse nu. Ses cheveux étaient en bataille, ses yeux me dévoraient, ses mains emprisonnaient mes seins, sa bouche embrassait chaque parcelle de peau, ses dents me mordaient déclenchant des sursauts de mon corps et électrisant mon envie. Il me bousculait et j’aimais ça. Je réclamais, suppliais de le sentir, qu’il me prenne, qu’il me pénètre…

Je me pince les lèvres… Ces pensées, ces paroles, ces gestes…

Comment j’ai pu les imaginer aussi précis, aussi intensément avec un autre homme que Tim ? Comment j’ai pu me sentir aussi désirée dans les bras de Manu et transparente ce matin sous le regard de mon époux ?

Et surtout… ai-je prononcé son nom durant mon sommeil ? Est-ce que mes paroles étaient compréhensibles ? Non ! Tim m’aurait demandé des explications.

Les clichés se succédaient, passant d’un baiser à une caresse, d’un buisson nous cachant des regards aux étagères de la librairie nous exposant à la rue grouillant de passants.

Les sensations aussi me surprennent. J’ai les muscles tendus, le corps à la fois crispé et impatient, comme ma respiration qui alterne son rythme.

Jamais jusqu’à aujourd’hui, je n’avais fait un tel rêve. Jamais je ne m’étais réveillée aussi chaude, le sexe en ébullition, sentant les pulsations de mon cœur au creux de mes reins. Mon bassin accélère, mes cuisses se serrent, évitant que mes doigts s’amusent de mon état. C’est pas bien, je ne dois pas… pas toute seule… pas sans mon mari ! Je n’ai jamais fait ça.

Je coince la couette entre mes cuisses et me frotte. Mais l’image que je renvoie ne me plait pas. D’un geste brusque, je me redresse et fonce sous la douche. Au moins le jet d’eau froide devrait me remettre les idées en place.

Devrait… heureusement que j’ai utilisé le conditionnel, parce que même si physiquement je me sens plus calme, mentalement c’est pas le cas.

J’enfile une robe longue par-dessus mes sous-vêtements et rejoins la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. Je dépose tout ce que les enfants aiment sur un plateau, mets la machine à expresso à chauffer, puis ouvre la porte-fenêtre donnant sur la terrasse une patte à la main pour nettoyer la table. Occuper mes mains et mon esprit pour ne plus penser.

Je remarque la silhouette de Théo au milieu de l’escalier, son doudou collé à son oreille et ses yeux encore tout endormis. Il me sourit en se dirigeant près du canapé. Il se roule en boule dans un angle en me demandant s’il peut regarder son dessin animé préféré en buvant son cacao.

— Tu peux en attendant papa. Il va revenir avec le petit déjeuner qu’on prendra tous ensemble sur la terrasse.

Il hoche la tête, la télécommande dans la main, alors que je nettoie la dernière chaise.

Les couverts et les assiettes sont mis lorsque Tiphaine nous rejoint. Il est déjà 9h et Tim n’est toujours pas revenu. Mon ventre crie famine et je peine de plus en plus à contrôler l’impatience de Théo. Je toaste le pain de la veille et tant pis pour les croissants, il m’avait bien dit qu’il ne tarderait pas. Il a sans doute rencontré un ami et aura oublié de me prévenir.

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