Mercredi 26 juin / 2

2 minutes de lecture

Charlotte

La sonnette retentit au moment où Manu sort de la douche, vêtu d’un jogging. Il regarde, étonné, la porte d’entrée alors que les enfants s’écrient :

— Pizza.

Je sors l’argent du porte-monnaie et le tend à Marion pour payer le livreur. Mon homme s’approche de moi, m’embrasse la nuque en murmurant :

— Tu n’as pas fait les courses ?

— Non. Et surtout, je voulais pas m’interrompre. Tu regarderas ce soir ?

Je lui file le logo sous le nez, espérant décrocher un compliment ou au moins un sourire. Mais il semble préoccupé. Il y jette à peine un coup d’œil, puis se dirige vers la cuisine pour se servir un verre d’eau.

— On avait dit ce week-end, Charlotte. Ce soir, j’attends un mail pour finir un projet que je dois apporter à Tim après. La pizza c’était une bonne idée.

— A table, crie Maxime en ouvrant le tiroir des couverts.

Je pousse mon dossier, me lève pour chercher un pot d’eau écoutant distraitement les anecdotes racontées par les enfants. Marion et son après-midi au bord du lac, Maxime et la sortie en forêt du matin-même. Mon esprit est ailleurs. Je visualise des décors en pâte à sucre, des inserts de fruits dans des génoises aux goûts improbables, puis j’imagine une boutique, sa vitrine, le laboratoire gigantesque, les étals de gourmandises, les sculptures en chocolat, les illuminations de Noël, les…

— C’est pas bon maman ? Tu n’as encore rien mangé !

Surprise, je sursaute en entendant le mot : « maman ». Je regarde tour à tour mes enfants, puis mon homme avant de constater qu’ils ont presque fini leur assiette alors que mes tranches sont encore intactes. Je me redresse, souris et les rassure :

— Je rêvais. Mais oui, c’est très bon, ajouté-je après avoir avalé une première bouchée.

Je remarque le regard suspicieux de Manu mais je décide de ne pas relever. Pas tout de suite, en tout cas.

— Au fait, Julie nous invite demain soir pour un petit apéro dans leur jardin.

— Demain ? Mais… vendredi, y a école, s’étonne Manu.

— Oh papa ! On est presque en vacances. C’est génial, maman. Je peux y aller direct après les cours ?

Maxime pose la même question. J’acquiesce.

— Julie m’a demandé d’apporter le dessert, je pourrai mieux me concentrer sur les décors si je n’ai pas besoin de m’interrompre pour venir te chercher, Max. Que pensez-vous de framboise chocolat ? Trop commun peut-être. Fruit de la passion ? Ananas ? Poire ?

— Tu as dit : apéro. Cela ressemble plus à un repas avec un gâteau en guise de dessert, non ? m’interrompt mon mari.

— Tu connais Julie, on ne sera pas assis tous autour d’une table mais cela m’étonnerait beaucoup qu’on quitte leur maison avec la faim au ventre.

Il confirme et propose de s’arrêter au retour pour acheter du vin.

Manu s’éclipse dès la fin du repas, le regard rivé sur l’écran de sa tablette, marmonnant un charabia incompréhensible. J’espère qu’il finira avant que j’aie sommeil. Mais je suis tellement excitée par mon projet que le sexe ou même l’idée du sexe ne m’effleure pas plus que ça.

Enfin si… quand même un peu, puisque je viens de…

L’horloge du salon résonne, je lève les yeux et demande à Maxime de se préparer pour aller se coucher.

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