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Yo ! :D

On aurait pas laissé Iroël et Corny en plan, la dernière fois ? 8D (oui, j'ai pris un peu de retard dans les publications)

C'est un passage que je trouve un peu bof donc n'hésitez pas à me faire des remarques dessus xD

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– Tous ces gens… murmura Cornélia. Ils sont comme toi. Ils font de la magie.

Iroël sembla gêné. Mais alors qu’il ouvrait la bouche, quelqu’un d’autre répondit à sa place :

– Il ne s’agit pas de magie. On appelle cela du talent.

Cornélia fit volte-face et tomba nez à nez avec un archange. Une panique instinctive l'envahit devant cette haute stature, cette aura lumineuse qui pulsait à travers la peau de l'intrus. Son cœur frappa ses côtes à grands coups ; le son de la lance électrique crépita dans ses oreilles. Malgré elle, elle se recroquevilla.

Ce n’est qu’une illusion. Ce n’est qu’un souvenir… Ce n'est pas Orion.

Iroël, en pivotant légèrement devant elle, fit écran de son corps. Elle respira un peu mieux derrière lui.

– Maître, dit-il avec déférence. Je dois vous parler.

– Iroël, que m’as-tu ramené là ? Ce wolpertinger suffisait, tu n’es en rien obligé de ramener toute la Mégastructure chez moi. Je ne prends plus d’autres apprentis.

L’archange fronça son nez parfait. Il était semblable aux autres, à ceci près qu’il était bien plus svelte, les épaules étroites et le visage féminin. Avec sa taille fine et sa voix entre deux tons, il était impossible de lui assigner un genre.

– Et cette jeune femme est en piteux état. Par la grâce de Père, donne-lui une de nos blouses de travail.

Iroël leva la tête pour le fixer droit dans les yeux.

– Je dois vous parler, répéta-t-il fermement.

***

Sobroniel les fit monter à l’étage supérieur, sur le toit de l’immeuble. Oupyre les suivit en gambadant. Le ciel déployait au-dessus d’eux son immense Voie Lactée, légèrement irisée par la présence des soleils à l’est et à l’ouest.

Cornélia se mit en retrait, les bras serrés autour d’elle ; le vent fit voler sa blouse et battre sa chevelure dans son dos comme des ailes coupées. Iroël la contempla du coin de l’œil.

– Que voulais-tu me dire ? demanda la voix de Sobroniel.

L’archange brillait comme s’il venait de chuter des cieux. Il semblait n’être qu’une étoile brûlante, contenue dans un corps humain.

– Maître, cette humaine appartient à Orion, lança Iroël. Elle vient de sa ménagerie.

Après une hésitation, Sobroniel fronça les sourcils.

– Je suis le seul à accepter les humains ici-bas. Ce sont des monstres qu'Orion achète. Faire combattre des humains n’aurait aucun sens !

– Pourtant, c’est la vérité, rétorqua Iroël avec hardiesse. Il a des monstres, oui, mais aussi des humains. Et il les garde tous dans des cages. (Il posa une main sur l’épaule de Cornélia.) Il les bat aussi. Regardez.

Le regard blanc de l’archange survola les marques sur le corps de Cornélia. Elle se força à ne rien dire, à ne pas bouger. Elle ne comprenait pas le plan d’Iroël, mais se força à croire en lui ; et il était terrifiant de remettre sa vie entre ses mains.

– Iroël, je sais que tu ne portes pas les combats d’arène dans ton cœur, dit lentement Sobroniel. Ni mes frères guerriers. Mais je t’interdis d’inventer pareils mensonges. Tu as trouvé cette pauvre créature en train d’errer chez nous, tu ne peux pour autant en imputer la faute à Orion.

Le visage d’Iroël se durcit.

– Je mens pas. Je mens jamais, et vous le savez.

Il se tourna vers Cornélia et du bout des doigts, souleva doucement le col de la blouse.

– Je peux ?

« S’il te plaît », disaient ses yeux. Cornélia hocha la tête. Elle dénuda elle-même son épaule. Quand Sobroniel aperçut les marques de brûlure, il comprit aussitôt quelle arme les avait laissées. La stupéfaction le transfigura.

– C’est impossible ! Le tabou…

Il passa sa longue main fine le long de son avant-bras, là où son nom hébreu était inscrit. Les lettres de feu flamboyèrent.

– Le tabou de notre Père nous interdit de tels actes barbares sur les humains. Orion y est soumis, comme nous tous.

– Pourtant c’est la vérité, répliqua Iroël. Elle était dans la ménagerie.

En un éclair, Cornélia crut comprendre son plan. Il voulait faire d’une pierre deux coups. S'il parvenait à amener Sobroniel à la ménagerie – un endroit où il ne pénétrait visiblement jamais – et lui faire constater la présence des boyards, il pourrait monter les archanges les uns contre les autres. Orion ne pourrait pas nier si les autres archanges trouvaient des humains dans ses cages.

Mais Blanche, elle, ne pourrait pas se retransformer dans sa toute petite cage... Et ni la Mouche, ni Mitaine, ni les autres créatures ne seraient libres pour autant. Ce plan comportait trop de failles.

Fais-lui confiance, se força-t-elle à penser. Il sait ce qu’il fait. Bien mieux que toi.

Au nom du Ciel, elle détestait faire confiance à quiconque.

– Maître, je voyage avec Aegeus, reprit Iroël. Il voulait traverser notre secteur.

« Notre » secteur. Cornélia ne manqua pas cet aveu implicite. À quel point Iroël se considérait-il comme un fils d’archange ?

– D'abord, Orion, Gabriel et Seraphiel lui ont interdit, poursuivit le jeune homme. Alors Aegeus leur a offert des cadeaux pour les convaincre. C’est eux qui ont choisi. Et ils ont choisi des humains. J’étais là. J’ai vu. On a tous vu.

« Je mens jamais, et vous le savez. » Il jouait avec le feu et mettait en jeu, en même temps, les vies de Cornélia et des boyards. Cornélia ne bougeait pas, pétrifiée, craignant que l’archange parvienne à sentir la peur qui l’envahissait. La mâchoire de Sobroniel se crispa. Le vent faisait voler ses longs cheveux, nattés en centaines de tresses jusqu’au bas de son dos.

– C’est une accusation très grave, Iroël. Je ne parviens pas à croire ce que tu avances. Pourquoi mes frères feraient-ils une chose pareille ? Tout comme nous, les humains sont les enfants chéris de notre Père. Nous devons les protéger et les respecter, non les maltraiter ! Cette pauvre fille…

« Pauvre créature », « pauvre fille ». Cornélia serra les poings. Elle en eut subitement assez qu’Iroël et l’archange la considèrent comme une petite chose fragile. Sa colère s’échappa d’elle avant qu’elle réfléchisse.

– Cette pauvre fille a été battue par votre frère et enfermée dans une cage pendant des jours ! (L’archange se tourna vers elle. Elle se força à poursuivre calmement.) Pourquoi ferait-il une chose pareille ? Parce qu’il est à moitié dingue. Parce qu’il aime faire souffrir les autres et profiter de leur faiblesse !

Elle repensa à Metatron qui avait prononcé les mêmes mots que Sobroniel, dégoulinants de compassion pour les êtres humains. Leur naïveté la mettait hors d’elle.

– Ni Gabriel, ni Seraphiel, ni Orion ne respectent les humains ! Comment est-ce que vous pouvez être si aveugles, Metatron et vous ? Vos frères se moquent bien de nous et de leur tabou ! Ils nous tueraient s’ils le pouvaient. Ils nous traitent de truies, de cochons. (Elle désigna Iroël.) Ils insultent votre apprenti. Ils insultent sa mère !

Elle avait voulu choquer Sobroniel par cette dernière phrase, parce qu’il semblait bien connaître Iroël ; mais ce fut le jeune homme qui la prit de plein fouet. Il releva brusquement la tête et dévisagea Cornélia. Elle se mordit la lèvre.

Pardon, mais il faut que la vérité éclate. Tu ne pourras pas toujours cacher le fait qu’ils te maltraitent aussi.

Sobroniel les contempla tous les deux alors qu’ils s’affrontaient du regard.

– Vous deux. Vous vous connaissez.

– Bien sûr, rétorqua la jeune femme. Je fais aussi partie du convoi d’Aegeus. Du moins, c’était le cas. Avant qu’il nous échange comme des marchandises pour gagner le droit d’entrer chez vous !

Sobroniel la toisa de toute sa hauteur. Malgré la taille élancée de Cornélia, il la surplombait de très haut, comme tous les archanges. Son auréole d’or fin tournoyait autour de son crâne avec agacement.

– Je ne vais pas punir ton insolence, dit-il d’une voix lente. Si Iroël t’a révélé son statut de demi-sang, j’imagine que c’est parce qu’il t’estime beaucoup.

Cornélia baissa les yeux malgré elle. Il ne lui avait rien révélé du tout. Les circonstances l’avaient fait à sa place. Et il devait s’en mordre les doigts à présent.

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