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Bonjour, ceci est une scène de combat avec 6 personnages différents, j'ai failli péter un câble en l'écrivant 8D Dites-moi si certaines phrases ne sont pas claires !

***

Cornélia se figea, tous ses muscles tétanisés. Aaron prit une posture défensive, jambes légèrement fléchies, et posa une main sur l’arme à sa ceinture. Il lui lança un bref regard.

Rentre dans ta cage, articula-t-il en silence. Vite.

Un son assourdissant se rapprochait. Celui d’une gamelle de métal qui cognait contre des barreaux de fer. Aaron poussa brusquement Cornélia.

Vite !

La jeune femme sortit de sa paralysie. Elle se glissa entre deux cages, pliée en deux, et rejoignit la sienne par l’arrière. Du coin de l’œil, elle vit Aaron la suivre à pas de loups. Lorsqu’elle retourna dans sa prison, le garçon s’accroupit derrière, dans l’ombre de la Mouche. Celui-ci le remarqua tout de suite. Il ouvrit grand les naseaux, inspira l’odeur d’Aaron. Ses oreilles tournicotèrent. Quand Aaron posa son index sur ses lèvres, l’éale poussa un grognement et se tint tranquille. Cornélia retint son souffle ; elle mit son masque et redevint tzitzimitl dans le plus grand silence.

Orion approchait. Et avec lui, le bruit des cadenas qui s’ouvraient et des verrous qui claquaient les uns après les autres. Il sifflotait. Cornélia n’entendait pas le grésillement de sa lance. Il ne l’avait pas toujours avec lui ; mais il pouvait l’invoquer en une demi-seconde si le besoin s’en faisait sentir. Dans son dos, elle entendait battre plus vite le gros cœur de la Mouche. Celui d’Aaron ralentissait, au contraire. Il respirait lentement. Et puis soudain, par-derrière ces sons-là, elle en entendit un autre. La surprise lui fit faire volte-face. Une deuxième silhouette venait de s’accroupir à côté d’Aaron.

Iroël ?

Avait-elle la berlue ? Iroël s'associait-il réellement à Aaron ? Les deux échangèrent des signes rapides ; Aaron saisit un couteau à sa ceinture et le donna à son acolyte. Stupéfaite, Cornélia les vit hocher la tête à l'unisson. Était-elle vraiment en train d'assister à ça ?

C'est Noël. Il va neiger demain. Ou bien les poules auront des dents, si ce n'est pas déjà le cas dans ce monde...

Dans le plus grand silence, Aaron se tourna vers elle et la Mouche. Il leur fit signe, avant de faire de même en direction de Beyaz. L’ours nandi plissa les paupières. Il montra ses crocs d’ivoire.

Attaquez, articula Aaron très doucement. Quand il passe. Attaquez-le dans le dos.

Orion était presque là. La terreur envahit Cornélia. Elle entendit son cœur s’affoler, trébucher à ses oreilles ; son sang battit plus fort dans ses artères.

– Salut, mes tout beaux, dit l’archange à la cage voisine.

Clic, fit la clé dans le cadenas. Clac, fit le verrou de fer.

Il s’approcha. Passa devant la Mouche et elle. Quand son regard blanc les survola, elle se crispa, convaincue qu’il avait déjà tout deviné, qu’il allait les punir. Au même instant, elle nota qu’il n’avait pas sa lance avec lui.

– Toi, dit-il à la tzitzimitl, je mise beaucoup sur toi. Mais depuis quelques jours, tu te ramollis. J’aime pas trop ça… Il va falloir que je te corrige.

Clic, fit la clé dans le cadenas. Cornélia l’entendit à peine, comme un remous sous la surface de sa peur. Clac, fit le verrou de fer. Un grésillement imaginaire enfla dans ses tympans. Le son de sa punition qui approchait. Non, non, non. Je ne veux pas me battre contre lui. Pitié. Pitié !

L’archange passa devant la cage de Beyaz. L’ours nandi attendait. Les braises de son pelage flamboyaient plus fort que d’habitude. Sous sa frange bouclée, la petite licorne le dévisageait ; elle sentait que quelque chose se tramait. Elle attendait.

Clic.

Cornélia sentit la Mouche bander ses muscles. Derrière eux, Aaron et Iroël firent de même. Malade de peur, elle se mit à trembler de tous ses os.

Clac.

La cage de Beyaz s’entrouvrit doucement. Orion tourna les talons et poursuivit sa route. Il se remit à siffloter. Cornélia sentit une pensée commune jaillir de tous ceux qui l’entouraient, aussi forte qu’un cri silencieux.

MAINTENANT !

Alors ils bondirent.

***

Cornélia jaillit de sa cage au même instant que les autres. L’adrénaline l’étourdissait à moitié. Comme dans un brouillard, elle vit Beyaz refermer ses mâchoires énormes sur l’épaule de l’archange. Ses gencives incandescentes crépitèrent sur la peau surnaturelle d’Orion.

– Qu’est-ce que…

L'archange tendit une main vers le plafond, prêt à invoquer son arme, mais la Mouche se jetait déjà sur lui. Tête baissée, ses cornes mobiles orientées vers l’avant, il le heurta de plein fouet. Orion sembla se désarticuler sous la violence du coup. L’éale secoua la tête, à la façon brusque d'un taureau de corrida, pour se débarrasser du corps gigantesque. L’espace d’un instant, Cornélia crut qu’Orion était déjà vaincu ; un grand espoir l'envahit. Mais l'archange reprit pied presque aussitôt. Ses ailes immenses battirent l’air et les giflèrent brutalement. Une main pressée sur ses côtes, il prit une longue inspiration hachée ; son visage marqué par la douleur sembla plus âgé.

– Alors c’est comme ça que vous vous conduisez avec votre maître, siffla-t-il d’une voix venimeuse.

Cornélia ! hurla Beyaz en silence. Attaque !

Mais la tzitzimitl était pétrifiée par la terreur. Beyaz se projeta de nouveau sur l’archange, les mâchoires en avant. Du coin de l’œil, Cornélia distingua Aaron et Iroël qui rôdaient dans l’ombre, leurs armes à la main. Ils attendaient l’instant propice pour frapper. Un arc électrique traversa l’air avant de s’évanouir : Beyaz, la gueule grande ouverte, luttait contre la lance d’Orion. Quelques centimètres à peine séparaient ses crocs du visage de l’archange.

– Retourne… dans… ta cage !

D’un geste puissant, Orion le repoussa. Il fit tournoyer sa lance autour de lui ; la Mouche évita de justesse d’avoir la tête coupée en deux.

Cornélia ! cria Beyaz. Bordel ! Chope sa jambe ! Son bras ! Tiens Orion !

Cornélia haletait. L’angoisse lui donna envie de pleurer.

Je ne sais pas me battre ! hurla-t-elle par toutes les fibres de son être.

Pour savoir faire… Faut essayer…

Beyaz feinta, esquiva la lance avec une souplesse incroyable pour sa masse, et parvint de nouveau à attraper l’arme entre ses dents. Il banda tous les muscles de son corps et l’archange fit de même, chacun essayant d’arracher la lance à l’autre. Les nivées en cage suivaient leur affrontement en silence ; leurs yeux brûlaient comme des spectres dans la pénombre.

Beyaz rugit à travers ses crocs et, d’un geste brusque de la nuque, parvint à projeter la lance deux mètres plus loin. Elle roula sur le sol dans un déluge d’étincelles. Le temps parut suspendu un instant ; puis tous se ruèrent dans sa direction. Beyaz attrapa au vol l'une des mains d'Orion, le tira en arrière pour lui faire perdre du temps ; l'archange poussa un cri de rage. L'arme de foudre était sa seule chance de reprendre l’avantage et il le savait bien. Il choisit de sacrifier sa main gauche. D’un coup sec, il arracha son poignet aux crocs de Beyaz, roula au sol et tendit sa main valide vers sa lance. En une fraction de seconde, Cornélia comprit qu’il allait l’avoir. La Mouche avait posé son énorme patte dessus, mais il n’avait pas de doigts pour la saisir, et la force d’Orion semblait sans limite.

Cornélia agit sans réfléchir. Elle se jeta sur l’archange et mordit l’une de ses jambes. Elle serra les dents de toutes ses forces alors qu’il se débattait, et le tira puissamment en arrière. La peau de sa proie crépitait. Son odeur piquante et âcre s’infiltra dans la gorge de la tzitzimitl ; l'archange ne sentait pas l’humain, il n’en avait pas le goût. Aucun sang ne jaillissait de ses plaies, de sa main arrachée... D'un coup, il se retourna vers elle et sa main intacte se précipita vers elle, les ongles en avant ; elle l’esquiva en bondissant de droite à gauche. À l’arrière-plan, elle aperçut Aaron qui se baissait vers la lance, mais il sursauta en la touchant.

– Fais chier ! J’en ai marre de me faire électrocuter !

– Toi ? cracha Orion. Le chien de garde d'Aegeus, dans ma ménagerie ?

D’un coup de pied, Aaron repoussa la lance le plus loin possible ; elle alla rebondir contre les chaussures d’Iroël. Celui-ci s’assombrit. Une concentration intense parut sur ses traits. Lorsqu’il la saisit à pleines mains, l'arme crépita furieusement. Une vague de lumière remonta le long de son bras, nimbant sa peau de l'intérieur. Aaron plissa les yeux sans y croire.

– Attends. Tu peux la toucher ?

Un sourire narquois étira le visage d’Orion, qui rampait à moitié en traînant Cornélia derrière lui.

– Quelle question idiote. Le sang de son père coule dans ses veines !

Aaron masqua vite sa surprise. Il porta la main à sa ceinture, en tira une lame dans un éclat mortel.

– Tant mieux... Moi, j'préfère les couteaux.

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