Chapitre 37 : Proposition

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Je n’eus pas le temps de m’éloigner bien loin qu’Adam était déjà sur mes pas. Arrivé à ma hauteur, il me saisit la main, une des rares parties de mon corps qui n’avait presque pas subi de dommages.

— Mais qu’est-ce que tu fous, bordel ? T’es devenue complètement folle ou quoi ? Monte dans la voiture nom de Dieu, le mec attend.

— J’en n’ai rien à foutre ! éructai-je en commençant à sangloter malgré moi. Je ne veux pas ! Mes parents vont paniquer quand ils vont voir dans quel état je suis.

— Mais tu as été agressée, ils ne vont pas te le reprocher quand même.

— Ils n’ont pas besoin de ça, Adam, dis-je, affolée. Ils ont déjà assez de soucis.

Il parut surpris comme s’il prenait conscience que quelque chose clochait en plus de l’accident de nos frères et de l’agression que je venais de subir.

— Comment ça ?

— Mon père... Il est parti. Je vis seule avec ma mère et tu sais comment elles sont. Elles font des montagnes pour pas grand-chose. Je veux juste attendre un peu pour ne pas l’inquiéter.

— Ton père est parti ? répéta-t-il, les sourcils froncés.

— Oui.

— Merde.

Il sembla sincèrement désolé.

— Mais bon, ça ne change rien, reprit-il dans la foulée. Je te ramène chez toi. Je ne vais pas te laisser errer de nuit après ce qui vient de se passer.

Je protestai encore mais mes supplications glissaient sur lui comme sur les plumes d’un canard. Plus têtu tu meurs. Il tira ma main vers le véhicule garé en double file. Alors je m’arrachai de toutes mes forces à son emprise et courus dans l’autre sens. Mon sac à dos ne me gênait pas pour m’évader. Adam s’était proposé pour le porter et l’avait encore sur l’épaule. Me voyant reprendre la tangente, il me suivit sans difficulté avant de me rattraper et m’encercler de ses bras. Il savait que j’avais des blessures à tous les membres et la seule façon pour lui de ne pas raviver mes douleurs était de m’emprisonner contre son torse.

— Suis-moi, Anna, je ne plaisante pas !

— Moi non plus. Je ne peux pas rentrer chez moi, hurlai-je. Adam, je t’en prie, laisse-moi m’en aller ! Ma mère ne doit pas savoir, pas ce soir !

— Putain, Anna, arrête ton cinéma et monte là-dedans !

— Laisse-moi partir ! criai-je en me débattant. Tu es pire que l’autre si tu me fais ça. Ne m’oblige pas à monter dans cette bagnole ! Ne m’oblige pas !

Sur ce, il s’immobilisa, touché par mes dernières paroles. De plus, notre scène commençait à attirer les regards, ce qu’il vit bien sûr d’un mauvais œil. Une jeune fille esquintée qui refusait de suivre un homme plus âgé. À ce stade, c’est lui qui allait finir au gnouf. Il réfléchit quelques instants. Je grelottai de froid et claquai des dents si fort que le bruit de ma mâchoire surplomba celui de mes sanglots. Malgré son corps contre le mien, j’étais frigorifiée.

— Où veux-tu aller ?

J’ouvris de grands yeux de stupeur. J’avais réussi à le faire plier. Je ne pouvais pas lui dire ce que j’espérais, pas après ce qu’il s’était passé entre nous en Bretagne. Je gardai le silence et priai juste pour qu’il comprenne de lui-même. Ce qu’il fit, à mon grand étonnement.

— Viens, je t’emmène chez moi.

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