Chapitre 41 : Bonne nuit ?

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Le repas se déroula en silence. La soupe était délicieuse et réconfortante. Je crevais la dalle. Je n’avais plus froid, réchauffée par le liquide chaud dont je m’abreuvais et par les fringues qu’Adam m’avait refilées.

Elles portaient son odeur. C’était enivrant. Il devait porter du parfum maintenant car ses vêtements ne sentaient plus comme autrefois. Il émanait du tissu une odeur boisée, masculine et entêtante. La respirer sur moi avait quelque chose de très sexy.

Tout ce que dégageait Adam Bellaji était sexy. Son visage hâlé et mal rasé. Ses longues mains aux doigts fins et aux ongles courts. Son corps allongé et dessiné par des années de sport. Ses yeux noirs profonds et intenses. Ses cheveux rasés lui donnaient l’air viril et autoritaire des militaires.

Il avait beaucoup changé ces deux dernières années, mais restait beau à crever. Sa beauté avait été upgradée, magnifiée au fil des ans. La maturité lui seyait à merveille. Il portait désormais un piercing au labret, ce qu’il n’avait pas avant, de même qu’un tatouage sous l’oreille, nouveau également. Sa pomme d’Adam ressortait plus, bien visible sur son cou musclé. Il avait tronqué ses dernières rondeurs d’adolescent contre des épaules élargies en triangle et un corps plus sec et élancé. Cependant, celui-ci dégageait une puissance impressionnante. Je l’avais bien perçue quand il m’avait maintenue pour m’empêcher de partir. J’avais senti ses membres nerveux m’encadrer et pourtant, je savais qu’il n’avait pas usé du tiers de sa force.

Sa présence me rassurait. Et me rappeler qu’il venait de me sortir de sales draps me confortait dans cette sensation apaisante. Je me sentais en sécurité avec lui.

Je commençai à bailler de plus belle au-dessus de mon bol presque vide.

— Tu as encore faim ?

— Non, j’ai juste besoin d’aller me coucher.

— Tu es sûre ? Tu n’as mangé que de la soupe. À ton â...

Je le regardai subitement avec l’envie de le buter.

— Viens, je te montre où tu vas dormir.

Il n’avait pas de brosse à dents de rechange alors je fis l’impasse sur la salle de bain et le suivis jusque dans son antre. Adam avait bel et bien changé. Sa chambre ne ressemblait plus du tout à celles du quartier ou de sa villa en bord de mer.

— Tu as quel âge maintenant ?

— Vingt ans, pourquoi ?

— Comme ça.

— Tu as besoin de quelque chose pour dormir ?

D’un baiser de bonne nuit. Oui, mais ça, ce n’était pas possible, pensai-je, dépitée. Je dormais avec un doudou à la maison mais ça aussi, je préférais le garder pour moi. Je n’allais pas mettre de l’eau à son moulin après lui avoir fait admettre que je n’étais plus une enfant.

Il s’apprêta à partir, mais je le retins en ouvrant la bouche. Sauf qu’aucun son ne sortit. Je voulais lui dire que je n’avais pas du tout envie qu’il me laisse seule dans cet endroit inconnu et froid qui ne lui ressemblait pas. Mais les mots restèrent coincés dans ma gorge. En jetant un coup d’œil vers lui, je compris qu’il savait à quoi je pensais. Et qu’il redoutait ma demande. Voilà pourquoi il ne traina pas et quitta la pièce en vitesse. Sur le seuil de la porte, il se retourna et ajouta :

— C’est samedi demain. Tu n’as pas cours. Je te laisse dormir autant que tu veux et ensuite je te raccompagne chez ta mère.

Je n’ai jamais connu pire façon de me dire bonne nuit.

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