Chapitre 78 : Temps de cuisson terminé

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Ma déclaration le laissa sur le cul. Il ne retira pas sa main de la mienne mais je sentis à distance son corps se contracter. Je m’attendais à recevoir une volée de bois vert tant il avait l’air désappointé. Alors que dire si à présent je lui confiai mon affreux mensonge. Je le perdrai à tout jamais. Aucun homme n’aime se faire mener en bateau, et encore moins un de la trempe d’Adam.

La voix s’élevant d’un cran, il poursuivit :

— Tu es en train de me dire qu’à cause de cette stupide remarque que je t’ai faite lorsque tu étais en vacances chez mes parents, tu as décidé de le faire sans aimer ce garçon ?

— Pourquoi pas ? Je m’étais faite une promesse et tu avais décrété qu’elle ne se réaliserait jamais. Je ne vois pas pourquoi j’aurais dû me priver ! Quelqu’un devait bien s’y coller !

De la tristesse, je passais à l’énervement, déboussolée par nos retrouvailles chargées, par les révélations qu’il m’avait faites au sujet de l’adresse et par ses questions de plus en plus difficiles à contrer. Je ne savais plus quelle attitude affichée pour qu’il me fiche la paix. Adam était têtu comme un mulet de campagne et borné comme un mec de quartier. Qu’il m’exaspérait par moments ! Ne pouvait-il tout simplement pas passer à autre chose ? D’où venait cette obsession pour ma foutue virginité ?

— S’y coller ? répéta-t-il, ahuri à son tour. Mais ce n’est pas une épreuve de fin d’année que l’on doit se farcir pour s’en débarrasser. Où as-tu été chercher de pareilles idées ? Tu n’aurais pas dû agir ainsi.

— Eh bien, c’est fait, Adam, n’en parlons plus. Tu ne voulais pas me dépuceler, je ne suis plus vierge, il n’y a plus de problème maintenant.

Étais-je ouvertement en train de m’offrir à lui ? Si c’était le cas, il ne releva même pas l’information et continua sur sa lancée.

— Ça ne te ressemble pas.

— Tu es mal placé pour savoir ce qui me ressemble ou non. Tu ne me connais pas si bien que tu as l’air de le penser. J’ai changé, figure-toi. Tiens, moi aussi, j’ai une question pour toi.

— Je t’écoute.

Puisqu’il avait l’air d’humeur à se disputer avec moi, je n’allais pas me priver du plaisir de lui chercher des poux dans la tête, dans l’espoir, moi aussi, de lui voler dans les plumes.

— Tu as eu beaucoup de femmes durant cette année sud-américaine ?

Il blêmit. Son panache se flétrit comme un soufflé retombé à la sortie du four. Il perdait de sa superbe, conscient que la réponse avait faire tourner encore plus la conversation au vinaigre. Mais c’est lui qui avait commencé alors il n’avait plus qu’à assumer et à me lâcher le morceau que j’essayais de lui faire cracher.

— Alors, insistai-je, devant son silence gêné.

— Pourquoi cette question ?

— Réponds.

Mon ton direct ne le dérangea même pas, comme s’il se préparait à recevoir les foudres de ma colère à venir. Cela n’annonçait rien de bon. Je me sentis mal en imaginant la réponse, dominée par une jalousie qui ne disait pas son nom, tapie au fond de mon ventre.

— Pas assez pour t’oublier, Anna.

Ses paroles me déroutèrent. Par leur franchise, par leur signification. Au moins, il reconnaissait les faits. Malheureusement, il reconnaissait les faits. Je souffrais de ses aveux, le cœur meurtri de l’imaginer dans les bras d’autres conquêtes. Certes, il était parti célibataire, et l’adresse n’ayant pas trouvé sa destinataire, notre histoire en était restée là. Mais je ne pouvais empêcher la jalousie de s’emparer de moi. La jalousie et la frustration. Quel gâchis de s’apercevoir que nous nous étions loupés.

— Est-ce que tu as laissé quelqu’un derrière toi, là-bas ?

— Personne d’important, non. Et toi, que s’est-il passé durant mon absence ? Tu ne me feras jamais croire que ton comportement de ce soir avec Xavier est habituel. Tu n’es pas comme ça.

— Si c’était le cas, je te décevrais ?

— Bien sûr que non, Anna. Mais même si tu as évolué au cours de cette dernière année, j’aurais du mal à t’envisager ainsi. Tu es trop entière pour cela. Donc, je pense que...

— La dernière personne qui a posé les mains sur moi, c’était toi....

Il mit sa main sur ma cuisse. C’était aussi ridicule que prévisible. Il marquait son territoire. Adam était arrogant et possessif. Contradictoire et compliqué. Égoïste et égocentrique. Et j’étais éperdument amoureuse de lui. Rien n’avait changé. Au cours de ces dernières années, il m’avait ignorée, repoussée, trahie, manipulée et j’étais toujours aussi dingue de lui.

Sauf qu’à présent, lui aussi semblait dingue de moi.

— Viens chez moi.

Accroc.

— Je ne peux pas.

— Débrouille-toi.

Mordu.

— C’est plus facile à dire qu’à faire, Adam !

— Je ne peux pas imaginer rentrer seul chez moi ce soir.

Cuit.

— Il y a des tas de filles à ta soirée.

— Je sais. Mais c’est toi que je veux.

Foutu.

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