Chapitre 92 : Les excuses

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Je ne voulais pas savoir ce qu’il avait dit exactement à Bastien mais je voulais qu’il me parle de son frère. Nous n’en parlions que rarement tous les deux et les fantômes de nos frangins décédés nous pesaient. Les évoquer soulageait pourtant notre cœur. Moi, en tout cas, cela me faisait toujours du bien et j’étais persuadée que cela aurait le même effet apaisant sur lui.

Il sourit à ma demande. Perdu dans ses pensées, il sembla replonger quelques instants dans cette époque bénie où nos fratries n’avaient pas encore éclaté.

— J’ai tellement soulé Bastien avec ça, se mit-il à rire. Tu sais que le jour où il m’a dit qu’il allait le faire, je lui ai fait un vrai cours de SVT, option Playboy. Je lui ai tout expliqué : le clitoris, le cuni, comment le faire, comment être sûr d’avoir réussi. Je crois qu’il m’a détesté ce jour-là. Mais, ensuite, il m’a remercié. Il avait aimé sa première fois et la fille avait l’air contente aussi. Ça m’a fait plaisir pour lui. J’avais l’impression que ma mauvaise expérience avait servi à quelque chose.

— Tu as joué un rôle merveilleux auprès de lui. Tu peux être fier de toi.

Il me regarda intensément et m’embrassa soudain avec passion. Il me fit basculer sur le côté et vint me recouvrir de son corps. Son poids m’écrasa, mais cette sensation me fit du bien. Je me sentais protégée. Il agissait comme s’il voulait se fondre en moi. Ses mains encadrèrent mon visage, puis ses doigts dégagèrent les mèches de cheveux indisciplinées qui le gênaient. Il déposa mille baisers sur mon front, mon nez, mes joues, mon menton avant de revenir à ma bouche pour la dévorer.

Après de telles effusions, il fit une pause, plongeant son regard intense dans mes yeux, dont il complimenta la beauté.

— Tu es fatiguée ? demanda-t-il en souriant.

— Non, aucunement. Et toi ?

— Non, du tout.

Nous étions à nouveau sur la même longueur d'onde, pleinement présents à ce regain de désir qui nous traversait. Je voulais lui faire comprendre que nous pouvions retourner là où nous en étions restés quelques dizaines de minutes auparavant. Des excuses s’imposaient.

— Je suis vraiment désolée de t’avoir menti, tu sais... Je ne pensais que cela irait aussi loin. Je n’avais pas mesuré l’ampleur que mon mensonge prendrait. Je n'imaginais pas que l’on se retrouverait un jour tous les deux dans un lit. J’avais presque fait une croix dessus.

— Faut dire que j’ai tout fait pour te repousser et de ça, je m’excuse également. Certes, j’avais peur de reproduire mon erreur du passé mais j’avais surtout peur de ce que je ressentais pour toi.

Un frisson me parcourut l’échine. Des papillons s’envolèrent dans mon ventre noué.

— J’avoue que pour me repousser, tu n’as pas fait dans la dentelle. J’ai souvent cru que tu me détestais.

— Je m’en excuse, Anna, sincèrement. Ce n’était pas du tout le cas, bien au contraire. Mais je te trouvais trop jeune et moi, pas à la hauteur de ce que tu attendais. Tu veux bien me pardonner mon comportement de débile ?

— Évidemment...

Il m’embrassa de nouveau, pour sceller nos échanges repentants et notre volonté d’aller de l’avant. Puis se repositionna sur moi, calant son bassin entre mes hanches. Je le sentis plus proche que jamais, nos deux corps enlacés, nos deux cœurs vibrant de concert d’un même sentiment partagé. Il murmura contre ma bouche :

— Anna... C’est toujours ce que tu veux ? Faire l’amour avec moi ?

— Plus que jamais, Adam. Et toi, es-tu prêt à revivre avec moi ce qui autrefois t’as causé tant de tracas ?

— Avec toi, plus que jamais. D’autant qu’à présent, je le vois comme un honneur. Cette confiance que tu m’accordes est un immense cadeau. Je le voyais comme un fardeau jusqu’à ce soir, mais je réalise à quel point je suis chanceux que tu m’aies choisi pour vivre ce moment unique. J’en suis très fier et je te remercie.

J’étais flattée qu’il ait abandonné ses réticences pour moi, et plus que partante pour reprendre nos ébats là où nous les avions arrêtés. Et ses baisers me replongèrent à nouveau dans le bain. Émue par ce qu’il venait de me raconter, par ses excuses, par sa façon attentionnée de me montrer son affection, je me sentais plus que jamais prête... Mon cœur était léger depuis que nous avions évoqué nos erreurs mutuelles, nos peurs et nos regrets. Nos confidences n’avaient fait qu’amplifier mon désir pour lui. C’était un homme bien. Il n’était pas aussi insensible qu’il voulait bien le laisser croire. Après ses confessions, j’avais le sentiment de le découvrir enfin et de percer à jour ses secrets. Nous partagions de nouveau une réelle proximité, de corps et de cœur, une connivence magique qui me rendait encore plus amoureuse de lui.

Tout en caressant ma joue avec délicatesse, il reprit :

— J’espère que je serai à la hauteur.

— Il n’y a qu’une façon de le savoir, non ?

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