Chapitre 18 : Le maton

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Comme annoncé, Adam s’apprêta pour me raccompagner. Je n’avais pas besoin qu’il me ramène chez moi mais au vu de son visage dur, sa proposition n’avait pas l’air de souffrir de refus. Il me pressa comme un citron en m’aidant à remettre mon manteau, comme si lui aussi avait envie de se barrer au plus vite de cette satanée soirée.

Il laissa derrière lui sa godiche en la prévenant sèchement qu’il n’en avait pas pour longtemps et qu’il allait revenir de suite. Elle voulut le suivre mais il l’arrêta, prétextant qu’il faisait trop froid. C’est sûr qu’avec sa tenue dénudée, qui dévoilait plus de peau qu’il n’en fallait, sa belle pintade allait se cailler les miches dehors. Mais je supposai qu’Adam s’en contrefichait et essayait juste de se débarrasser d’elle. Elle n’insista pas et retourna squatter le canapé.

Je ne m’en plaignis pas. Évidemment, j’appréciai l’idée d’être seule à seul avec lui. Malheureusement, Adam ne me parla pas sur le court trajet qui nous séparait de ma maison. Même si j’étais heureuse de partager ce petit moment en sa compagnie, la situation était malaisante. Comme dans sa chambre autrefois, je ne savais pas quoi lui dire et lui n’avait pas l’air de vouloir s’exprimer non plus.

Arrivés à ma porte, je crus qu’il allait me saluer et partir sitôt sa mission accomplie mais il n’en fit rien.

— Pourquoi es-tu venue ce soir ? me demanda-t-il d’un air hargneux.

— Sonia m’a invitée.

— Je préfère que tu évites ce genre de choses.

— Comment ça ? Je ne comprends pas.

— Tu sais très bien que Seb ne t’aurait jamais laissée trainer comme ça, en semaine, avec des personnes plus âgées.

Ah. Donc, il voulait me raccompagner pour me passer un savon ? Génial !

— Mes parents m’y ont bien autorisée ! rétorquai-je.

— C’est parce qu’ils ne savent pas ce qui s’y passe.

— Et il s’y passe quoi ?

— Rien d’intéressant pour toi. C’est pas ton monde.

Soudain, je me demandai ce que c’était, mon monde. À part ma meilleure amie, Mathilde, ma famille, mes cours et mes camarades de quatrième, il était vachement restreint, mon monde. Et bien sûr, Adam en faisait partie sans le savoir, puisqu’il occupait toutes mes pensées.

— Tu n’as jamais été comme ça avec moi avant. Qu’est-ce qui a changé ?

Je savais très bien ce qui avait changé mais je voulais l’entendre dire.

— Tu n’as plus de frère pour te protéger.

Il avait tellement l’air coupable en disant cela qu’on aurait pu croire que c’était lui qui avait tué Seb de ses propres mains. Cela me fit mal au cœur car je ne l’avais jamais considéré comme le fautif de l’accident, et a fortiori, le responsable de la mort de mon frère.

— Je n’ai pas besoin qu’on veille sur moi.

Évidemment que si, mais Adam n’avait pas à le savoir. Je n’aimais pas l’idée de paraître comme une petite chose fragile et vulnérable.

— Que tu le veuilles ou non, je le ferai.

J’étais estomaquée. Il se prenait pour un maton désormais ? Pourquoi agissait-il ainsi ? En mémoire de mon frangin ? Mais lui n’avait jamais été comme ça avec moi ! Adam dépassait les bornes.

— Et mon père, il sert à quoi ? répliquai-je, les bras croisés.

— Les darons n’en savent pas autant que nous. Moi je sais ce qui se passe lors de ces soirées et je t’interdis d’y retourner.

— Tu me l’interdis ? m’offusquai-je.

— Parfaitement ! s’énerva-t-il.

— Mais de quel droit ?

— C’est comme ça.

Et sur ces mots, il tourna les talons et disparut dans la nuit.

J’avais du mal à y croire. Adam Bellaji allait me fliquer ?

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