Chapitre 34 : La mauvaise rencontre

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Je rentrai du lycée. L’hiver était arrivé et avec lui, ses nuits raccourcies où on ne voyait presque plus la lumière du jour. J’étais fatiguée et affamée, sans parler d’être trempée jusqu’aux os à cause de la pluie drue qui m’arrosait généreusement. J’avais tout oublié ce matin, en quittant la maison. Voyant que j’étais à la bourre, j’étais partie sans vérifier mes affaires. Rater mon tram n’était pas une option.

Dans ma précipitation, j’avais zappé mon portefeuille, mon goûter et mon parapluie. Et maintenant que j’étais à la merci des éléments déchainés, je le regrettai amèrement. D’autant que mon ventre criait famine et que des crampes d’estomac me rappelaient que le déjeuner était loin.

Arrivée à quelques encablures de la maison, deux trajets à pied s’offraient à moi pour rentrer. Le plus long faisait un détour mais était bien éclairé par les lampadaires du trottoir. Le plus court se faisait de nuit en traversant un bois déserté. Il me foutait les jetons mais j’étais épuisée.

Je sortis mon téléphone et le coinçai dans la manche de mon pull pour le protéger de la pluie. Seul dépassait la petite loupiotte de la lampe torche. Je l’utilisai pour éclairer mon chemin escarpé, où se mêlaient gadoue et branches d’arbres traîtresses. Malgré la lumière, j’avançais presque à tâtons, incapable de voir à plus d’un mètre devant moi. Je butai sur une foutue racine d’arbre et manquai de m’étaler tout mon long.

J’étais presque parvenue à la fin lorsque j’entendis du bruit derrière moi. Je n’eus pas le temps de me retourner qu’une main se posa violemment sur ma bouche, m’empêchant de crier. Je lâchai mon téléphone à terre pour essayer de la dégager, en vain.

On m’immobilisa contre un arbre, pressant mon corps affaibli contre le tronc. Mon visage heurta l’écorce et je hurlai dans la paume qui m’étouffait. À deux reprises, j’essayai de m’enfuir. Mon agresseur me plaqua contre le bois détrempé en retour. La peau de ma joue ripait et je sentis une douleur me brûler le visage. Les larmes gisaient de mes yeux, se mêlant à la pluie qui continuait de nous rincer. Je ne voyais plus rien. Je n’entendais que les trombes d’eau se déverser sur nous.

Il arracha un pan de mon manteau, fermé par des pressions. Puis passa une main gelée sous mon pull. Je me débattis avec plus d’énergie mais rien n’y faisait. Il était beaucoup plus costaud que moi et j’étais vidée de mes forces. Je pleurais si fort que ma gorge me faisait mal. J’essayai de hurler mais sa main m’en empêcha.

Il m’emmena plus loin, me dirigeant à l’aveugle vers un endroit bétonné. Je sentis la différence sous mes pieds. Je compris à l’odeur qu’il s’agissait d’un local poubelle. Lorsqu’il voulut me pousser à l’intérieur, je résistai de toutes mes forces amoindries. Je savais qu’enfermée là-dedans, s’en était fini de moi. Comme je luttai, il m’asséna une gifle magistrale qui me fis tomber au sol. Une fois à terre, il me traina comme un sac tandis que je hurlai. Mes jambes, plus robustes que mes bras, moulinaient contre son corps, le gardant un peu à distance. Alors, il se coucha sur moi, m’écrasant de tout son poids. Il remit sa main sur ma bouche pour m’empêcher de crier. Sa lourde carrure me bloquait, je n’arrivais plus à gesticuler. Ses mains s’immiscèrent sous mes vêtements.

Soudain, je le sentis se détacher de moi, comme arraché de mon corps. Je ne voyais rien mais j’entendis qu’il était projeté au loin. Deux coups lui furent administrés. Leur son résonna sur le béton du local où j’étais toujours allongée. Comprenant que quelqu’un était venu à ma rescousse, je me relevai sur les coudes, incapable de me mettre debout. Je regardai l’homme venu à mon secours assommé l’agresseur. Une fois celui-ci dans les vapes, l’inconnu se tourna vers moi et me cria :

— Donnez-moi une écharpe ou un foulard ! Ou une ceinture, peu importe, que je puisse l’immobiliser.

Sa voix, reconnaissable entre mille.

C’était Adam qui venait de me sauver.

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