Chapitre 38 : Le trouble

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Chez lui, nous étions chez lui. Et il fulminait. Ou aurait dit un dragon prêt à faire flamber tout son appartement. Il me fit asseoir sur le canapé et marcha de long en large dans le salon. Il éructait, hors de lui, à tel point qu’il commença à me faire peur. Cette journée me semblait interminable et je n’avais qu’une envie : m’allonger sur le divan et dormir.

Mais Adam continuait à vociférer :

— Franchement, t’es complètement dingue ! Ne pas prévenir tes parents, c’est de la folie. Tu fais n’importe quoi ! Plus sotte que toi, tu meurs. Ils ne sont pas débiles, de toute façon, ils vont bien finir par l’apprendre. Tes marques ne vont pas disparaitre du jour au lendemain ! Nan, vraiment, c’est complètement con !

Je le suivais des yeux mais n’avais plus la force de palabrer. J’étais complètement épuisée. Voyant que personne ne lui répondait, il regarda dans ma direction, inquiet. Son visage devint plus soucieux. Il s’approcha de moi et prit mes mains gelées entre les siennes.

— Tu es frigorifiée.

J’étais toujours en état de choc et probablement encore en mode survie, car je sentais tous les muscles de mon corps tendus au plus haut point. Celui-ci semblait encore sur le point de devoir se sauver à tout moment. Pourtant, il était vingt-deux heures et l’agression avait eu lieu plusieurs heures auparavant. Mais la montée d’adrénaline liée au stress ne m’avait pas encore quittée.

— Écoute, commença-t-il d’une voix radoucie, maintenant que tu es là, c’est trop tard pour revenir en arrière. Je ne suis pas d’accord avec ta décision, mais je ne suis pas à ta place non plus. Alors, on va dire que tu as raison et que c’était la meilleure chose à faire, même si, crois-moi, je n’en suis pas convaincu.

Je me taisais toujours. Mon mutisme l’interrogeait.

— Tu as mal quelque part ?

— Partout.

— Merde. Ils t’ont donné quoi à l’hosto ?

— Des dolipranes.

J’avais déjà les deux poignets bandés et des pansements sur les plus grosses plaies. Les petites avaient seulement été désinfectées.

— Je vais te faire couler un bain pour que tu te réchauffes. Et que tu te laves aussi. T’es dans un état pas possible.

— Toi aussi, répliquai-je en souriant faiblement.

— Ouais, je sais. J’irai me laver après. Je vais d’abord faire chauffer de la soupe et te donner un survêtement propre et sec. Et ensuite, je t’installerai dans ma chambre pour la nuit. Je dormirai sur le canapé. Ça te va ?

Je hochai la tête, comblée. Je disais vrai. Je voulais juste me nettoyer, enfiler des vêtements confortables qui soulageraient ma peau blessée et m’étaler sur un lit sous une énorme couette. J’avais toujours aussi faim mais doutai avoir la force de manger.

Le bain était royal. La baignoire était remplie à ras bord et l’eau très chaude, sans être brûlante. Malheureusement, dans l’eau, mes blessures à vif me picotaient et je me dépêchai de me savonner pour sortir au plus vite. Une fois sortie du bain, je tamponnai les éraflures avec la grande serviette qu’il avait déposé sur le lavabo. Elle était blanche. Mauvais choix. L’eau avait ramolli les chairs et enlevé les croutes qui avaient commencé à se former. Les pansements de fortune n’avaient pas résisté à mon immersion. Les multiples coupures laissèrent des traces de sang sur le tissu.

Il m’avait donné des vêtements blancs, me précisant que c’étaient les seuls à ma taille qu’il possédait. Je ne pouvais pas me vêtir ainsi dans cet état. Il me fallait de nouveaux pansements. Drapée de la longue serviette, j’ouvris la porte et appelai Adam.

Lorsqu’il arriva et me découvrit dans l’encadrement, nue sous le tissu éponge, son regard se troubla.

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