Chapitre 95 : Le réveil

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Je redoutai le réveil du lendemain. Les lendemains dévoilaient toujours la réalité de manière affreusement crue. Là où les faibles lumières de la nuit avaient tamisé nos échanges et adoucit nos défauts, la luminosité exacerbée du jour les révélaient et mettait en exergue ce que l’on aurait aimé oublier ou caché.

Je m’éveillai sur le qui-vive, le cœur palpitant. J’étais persuadée qu’Adam regrettait déjà ce que nous avions fait. J’avais la trouille qu’en ouvrant les yeux, il se rappelle notre nuit d’amour et me rejette comme il l’avait si souvent fait. Je ne voulais pas que notre nuit de rêve s’arrête et laisse place à une triste réalité. Je n’avais aucune idée de l’heure qu’il était mais la clarté extérieure perçait à travers les interstices des persiennes de la fenêtre.

Une sourde angoisse grandissait en moi. Je n’arrivais pas à la contenir au fur et à mesure que je quittais le monde irréel des songes. Mon objectif impossible à atteindre était advenu, et maintenant ? Je redoutai la suite. Adam m’avait si souvent blessée après avoir partagé avec moi des moments d’une grande intensité. Quelle attitude allait-il afficher en reprenant conscience ?

Heureusement, dans la froideur du matin, je sentis son corps chaud se blottir contre moi.

Je n’arrivais pas à savoir s’il était réveillé où s’il bougeait dans son sommeil mais j’avais l’impression qu’il recherchait ma chaleur en se collant à mon corps. Et mon odeur aussi car je le sentis me renifler. Il s’aperçut que je ne dormais plus et murmura :

— Tu sens bon.

— Toi aussi, lui déclarai-je en retour, en gloussant d’embarras.

Dans la noirceur de la chambre, les yeux ouverts mais non-voyants, nous étions comme ses petits chiots aveugles à la recherche de la présence apaisante de leur mère. Il bougea un peu plus et plongea son nez dans mon cou pour me respirer davantage. Dos contre son torse, je sentis son sexe érigé contre moi.

— Réaction naturelle et incontrôlable, constatai-je amusée.

— Je n’y peux rien. Mais cela dit, tu n’y es pas étrangère.

— Et moi qui croyais naïvement que tu étais rassasié...

— De toi ? Jamais...

Il embrassa mon cou et remonta jusque sous mon oreille.

— Adam, tu m’apprendras ? chuchotais-je un peu embarrassée.

— Quoi ?

— À m’occuper de toi.

Cette fois-ci, ce fût lui qui gloussa. Je sentis son souffle chaud onduler sur ma peau, tel un léger vent agréable se levant aux prémices d’une nouvelle journée d’été. Je tournai mon visage de trois quart, cherchant le sien du regard. Éludant ma question, il posa son front sur le mien, parcourant ma pommette du bout de son nez.

— Adam, tu me montreras ? insistai-je.

— On verra.

J’avais plutôt l’impression que c’était tout vu et qu’il n’y était pas disposé. Avait-il peur que je sois nulle ? Redoutait-il que je lui fasse mal ?

— Tu n’as pas envie ?

— Si... bien sûr... mais chaque chose en son temps... Je ne suis pas pressé.

— Tu ne l’as jamais été, constatai-je avec reconnaissance.

Il me serra plus fort, moulant son corps d’athlète comme mon anatomie de sylphide. Ses muscles saillants m’enveloppaient avec une force tranquille, une douceur solide, une assurance sans esbrouffe. Il était si convaincant de son rôle protecteur, que ses bras me paressèrent désormais être l’endroit le plus sécurisant du monde.

— Je n’avais pas envie de te bousculer...

— Mais si c’est moi qui te le demandes, tu m’enseigneras ?

— Ça ne s’enseigne pas, poursuivit-il, toujours en murmurant... Il faut juste y aller au feeling...

Au feeling, au feeling, il en avait de bonnes, lui. Ça ressemblait à quoi le feeling quand on débutait ? Sans indications, j’allais sûrement faire n’importe quoi.

— Si je me plante...

— Tu ne te planteras pas.

— Mais si je ne sais pas faire ?

Je le vis sourire de plus belle, toujours troublé par mes questions, qu’il devait trouver bien naïves. Mais je l’étais, naïve, du fait de mon inexpérience et de mon jeune âge, alors évidemment, face à lui, ma candeur contrastait encore davantage avec sa maturité.

— Si je ne sais pas faire.... réitérai-je avec impatience.

— Je serais là pour te guider.

— J’espère que je ne serai pas ridicule...

— Tu ne le seras pas, je te le promets... Tout ce que je fais avec toi est merveilleux, alors... pour... la suite.... quoi qu’il arrive, je serai comblé...

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