Chapitre 17 - Partie 3

3 minutes de lecture

  Je pris une profonde inspiration pour me calmer et le chasser de mon esprit. L'Horloger. Il n'y avait que l'Horloger.

  Je me concentrai de nouveau sur le bruit de sa course. Plus aucun autre son ne comptait à mes oreilles ; ils avaient tous disparut.

  Une branche craqua sous son pas.

  Je rouvris aussitôt les yeux, me retournai, visai et tirai. Lorsque le carreau se décocha, la crosse de l'arbalète partit brusquement en arrière et s'enfonça douloureusement dans mon épaule. Mes muscles se tendirent. Par la Déesse, le recul ! Il m'était sorti de la tête !

  Les conséquences de cet oubli se virent tout de suite. Le carreau fila à toute vitesse et se planta dans l'épaule de l'Horloger au lieu de sa poitrine, alors qu'il n'avait pas eu le temps de réagir. Il poussa un grognement, puis arracha le trait de sa chair.

  Sans attendre une seconde, j'armai mon arme d'un autre carreau. Du sang coula jusque dans ma bouche. Je ne perdis pas de temps à l'essuyer et me remis en position de tir. Au même moment, l'Horloger lança son poignard. Je ne m'écartai pas de sa trajectoire assez vite et la lame m'entailla le bras assez profondément pour que j'en lâche mon arbalète. La panique s’empara de moi. J’oubliai l’arbalète à mes pieds et me remis à courir, en vain. Je n'avais presque plus de force. L'Horloger me rattrapa en quelques secondes et me mit à terre. Malgré ma faiblesse, je le frappai au visage. J'enroulai ensuite mes jambes autour de sa taille, puis basculai mes hanches pour le faire tomber sur le côté et me retrouver au-dessus de lui, arme au poing. Il n'attendit pas que je la baisse pour inverser nos positions et ce ballet se répéta encore trois fois avant que je ne finisse sur le dos, le corps tremblant de fatigue. Je tentai une dernière fois de reprendre le dessus, sans succès. Je cherchai aussi à le toucher avec mon poignard. L’Horloger me l'arracha sans aucune difficulté et le jeta au loin. Son visage et ses yeux, dénués de toute émotion, me terrifièrent plus que jamais.

  –Et tu veux me faire croire, après tout ça, que tu n'es pas la Créatrice ?

  Je me pétrifiai.

  Créatrice...

  C'était ainsi que le Lathos qui avait vu mes pouvoirs m'avait appelé, juste avant d'essayer de me tuer.

  Mon adversaire plaqua sa main sur mon visage, m’arrachant à ma stupéfaction. Une douleur fulgurante se propagea de nouveau en moi. Mon corps redevint un brasier dévorant dont j'étais prisonnière ; mes muscles se tendirent jusqu'au point de rupture ; un cri ne résonna que dans mon esprit… Même si son pouvoir ne fonctionnait pas sur moi, l'Horloger avait compris qu'il avait un impact et s'en servait pour me terrasser. Il n'aurait pu trouver mieux. Lorsque sa paume me quitta pour se placer sur ma gorge, je ne pus qu'essayer de le repousser mollement. Je n'en pouvais plus, l'arbalète et les carreaux m'avaient demandé trop d'énergie, et la violence de son pouvoir se répercutait encore dans mon organisme. D’autres poignards ne me serviraient à rien ; je n'étais plus assez vive pour espérer le blesser avec. Un sanglot se coinça dans ma gorge. Désespérée, je plaquai les mains sur son torse pour essayer de le repousser.

  Le rictus de l'Horloger revint.

  –Je ne sais vraiment pas qui a été assez fou pour faire de toi une Stracony, mais tu n'aurais jamais dû quitter ta prison. (Il brandit son poignard au-dessus de moi) Je ne peux pas t'y renvoyer, mais me débarrasser de toi sera déjà un bon début.

  Les visages de mes proches défilèrent devant mes yeux. Mes enfants et Kalor ; Magdalena, Giulia, ma mère et Marco ; Appolon et Poséidon ; César ; Valkryia, Mathilda, Paulina et Thor ; mon père…, tous souriant.

  Je fermai les paupières. Une larme roula sur ma tempe.

  Je ne veux pas mourir... S'il te plaît, Ka...

  Le souvenir d'une arme ancienne, interdite, me traversa soudain l'esprit. Mon souffle se bloqua et mes yeux se rouvrirent aussitôt. Je n'aurais plus de force après, mais avec une telle arme... je n'en avais pas besoin.

  Je me forçai à y repenser. Une violente migraine me frappa, le sang se mit à couler à flot de mon nez. Et la morsure du métal froid se fit sentir dans ma paume.

  Tout se déroula en un battement. Alors que je glissais un doigt dans la boucle, l’Horloger baissa sa lame.

  Une détonation retentit.

  Une flèche lui traversa la tête.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Asa No ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0