Chapitre 45 - Partie 2

3 minutes de lecture

  Mon pied tapait nerveusement le sol tandis que je fixais la porte avec appréhension. Je redoutais autant que je souhaitais l'arrivée du médecin et ce second test. Tant qu'il n'y en avait qu'un de positif, je pouvais le remettre en question, mais si le deuxième l'était aussi, contrairement à ce que j'espérais... Malgré l'assurance dont j'avais fait preuve, une part d'incertitude me nouait douloureusement l'estomac et agitait ma jambe. Je pouvais presque sentir la pointe de l'épée de Damoclès frôler ma nuque, prête à tomber.

  Lorsque des coups retentirent contre la porte, moins de cinq minutes après que Kalor eut tiré sur le cordon, la lame appuya davantage. Je me pétrifiai.

  –Entrez, autorisa-t-il d'une voix tendue.

  Le docteur Lekarz pénétra dans le salon, suivi de trois infirmières. Dès qu'ils eurent effectués leur révérence, elles se précipitèrent vers moi telles une nuée d'oiseaux.

  –Un soucis votre Altesse ?

  –Vous sentez-vous nauséeuse ?

  –Avez-vous bien pris vos compléments ?

  Assaillie par toutes ces questions, je m'enfonçai dans le dossier du canapé pour essayer d'y échapper. Kalor, debout à côté de moi, se crispa encore plus.

  –Allons, Mesdames, n'accablez pas son Altesse, les réprimanda le praticien. Je vous ai dit qu'elle venait juste d'apprendre la nouvelle.

  Les infirmières s'écartèrent pour le laisser passer et je me sentis respirer à nouveau. Jusqu'à ce qu'il m'interroge à son tour.

  –Puisque vous m'avez rappelé pour votre examen, puis-je en déduire que vous vous êtes faite à l'idée d'être enceinte ?

  Il haussa un sourcil en me voyant secouer la tête.

  –Ce n'est pas pour cette raison que nous vous avons rappeler, m'expliquai-je. Je pense que mon test est un faux positif et j'aimerais que vous en réaliser un nouveau.

  Un air contrit le gagna.

  –Princesse, il n'y a jamais eu d'erreur. Je comprends que vous soyez effrayée, mais rejeter votre enfant ne vous aidera pas.

  –Il n'y a pas d'en...

  –Pouvez-vous quand même refaire ce test, me coupa sèchement Kalor.

  Le médecin posa son attention sur lui et, voyant à la dureté de son regard qu'il ne souffrait aucune contestation possible, il abdiqua avec un léger soupir.

  –Oui, je le peux, mais pas avant une ou deux semaines.

  Tout mon corps se raidit et dans l'âtre, les flammes eurent un mouvement étrange.

  –Pourquoi ?

  –La prise de sang dont je me suis servie remonte à cette nuit. Si nous réalisons ce second test tout de suite, les résultats pourrait être identiques, mais cela ne nous avancerait pas. Nous ne saurions pas si cette similitude vient du fait que vous êtes bien enceinte ou d'un problème qui se reproduit, ce dont je doute. Quoi qu'il en soit, mieux vaut attendre quelques jours car plus votre grossesse avancera, plus l'intensité du résultat sera forte. Nous pourrons confirmer votre grossesse s'il y a une évolution entre les deux analyses, ou l'infirmer s'il n'y a aucune différence ou si le nouveau test se révèle négatif.

  Mais c'était trop long. Beaucoup trop long. Kalor et moi avions besoin de le savoir. Maintenant !

  Pourtant, ni lui ni moi ne cherchâmes à raccourcir ce délai. Le praticien avait raison : cela ne nous avancerait pas.

  –Maintenant que nous nous sommes mis d'accord sur ce point, puis-je vous ausculter ? s'enquit le docteur.

  J'acquiesçai sans grande conviction.

  Pour plus de confort, il me fit passer dans ma chambre et réalisa un examen des plus classiques. Il écouta mon cœur et ma respiration, pris ma tension, me posa quelques questions : comment je me sentais ? avais-je mal quelque part ? à quand remontait mes dernières règles ?

  –Au mois dernier. Je devrais les avoir à nouveau dans deux jours.

  –Étaient-elles moins importantes que d'ordinaire ?

  –Pas du tout.

  Le praticien assimila ces informations d'un hochement de tête, puis enchaîna avec la question suivante.

  –N'est-ce pas la preuve que je ne suis pas enceinte ? demandai-je au lieu de répondre.

  –Non, car il se peut que les menstrues se poursuivent durant le premier trimestre. Puisque vous en êtes à deux mois, cela n'a donc rien d'anormal.

  J'eus du mal à déglutir.

  Le docteur Lekarz continua son examen et le moment que je redoutais le plus arriva : la pesée. À contrecœur, je montai sur la balance et sus sans regarder ce qu'elle affichait que c'était encore pire qu'il ne le pensait. Une grimace soucieuse pinça aussitôt ses lèvres.

  –Combien, docteur ? s'enquit l'une des infirmières.

  –Tout juste quarante-et-un.

  Je fermai les yeux, écœurée par ce nombre. Mon poids n'aurait jamais dû être aussi faible.

  –Sachant qu'elle vient de déjeuner et qu'elle porte sa chemise de nuit, ajouta-t-il. Il faut bien retirer un kilo.

  Avec une mine contrariée, elle inscrivit ce que cela impliquait dans le carnet entre ses mains.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Asa No ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0