Chapitre 54 - Partie 4

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  Mes épaules s'affaissèrent. Évidemment, elle avait fini par en faire des cauchemars.

  M'installant à ses côtés, je la débarrassai de son verre, l'amenai contre moi, puis lui rappelai pourquoi elle n'avait pas à craindre qu'une telle chose arrive. Si mes mots semblaient avoir du mal à l'atteindre, elle se finit par se détendre légèrement.

  –Depuis quand fais-tu de tel cauchemars ? m'enquis-je quand je la sentis plus calme.

  –Depuis l'abandon de mes parents.

  Le Général Marcus ne s'était donc pas trompé.

  –Au début, c'était pire, avoua-t-elle. J'en avais toutes les nuits, parfois même plusieurs fois à la suite. Je ne pouvais plus fermer les yeux sans en être victime. Puis nous avons été adoptés et ces mauvais rêves ont commencé à disparaître, passant de tous jours, à toutes les semaines, à tous les mois. À partir de mes vingt ans, j'étais même arrivé à n'en avoir que quatre ou cinq par ans, c'était très reposant.

  –Mais avec notre mariage, tes terreurs nocturnes sont revenues, conclus-je.

  –Oui, mais ce n'est pas ta faute, assura-t-elle en me prenant la main. Du moins, plus depuis longtemps. Tu n'en étais la cause qu'au début, quand je ne te connaissais pas. À présent, c'est simplement ce qui entoure notre union : la pression de mon rang, la menace de la Cause, la séparation avec ma famille, la difficulté de la contacter... l'impossibilité de la voir, de m'assurer qu’elle va bien...

  Sans m'en rendre compte, je m'étais mis à caresser son épaule avec mon pouce.

  –Cela ne t'arrive jamais d'avoir des rêves heureux avec eux ?

  –Je l'ignore. Si c'est le cas, je ne m'en souviens jamais.

  Cette réponse agita mon pouvoir. J'aurais préféré savoir qu'elle avait droit à un peu de bonheur dans ses songes pour venir contrebalancer les horreurs qui les habitaient. Hélas, les désirs étaient parfois bien loin de la réalité.

  Une question douloureuse me vint en tête. N’étant pas sûre de vouloir entendre la réponse de Lunixa, j’hésitai de longue seconde avant de la poser.

  –Puisque notre mariage est la cause de tes terreurs nocturnes, regrettes-tu de m'avoir épousé ?

  Au lieu de répondre tout de suite, elle baissa la tête, ce qui était une réponse en soi. Mon cœur se serra.

  –En toute sincérité... Cela m'arrive car cela m'empêche de rentrer chez moi, de revoir ma famille.

  Toute chaleur me quitta, mon souffle se bloqua. Alors que je sentais l’intégralité de mon pouvoir déserté mes veines pour se terrer au plus profond de mon être, elle releva soudain les yeux vers moi.

  –Autrement, non. Je n'ai aucun regret. Ce n'est pas facile tous les jours et être avec toi me mets en danger, mais je ne t'échangerais pour rien au monde. Je t'aime, Kalor, de tout mon cœur.

  Elle s'installa à califourchon sur mes cuisses et posa une main sur ma joue, exaltant de plus belle le feu que ces mots venaient de raviver.

  –Même si j'avais été capable de rêver, je n'aurais pu imaginer être lié à un homme comme toi. (Un doux sourire fleuri sur ses lèvres.) Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée depuis des années. Je sais que je ne le montre pas souvent, mais si tu savais comme je suis heureuse avec toi...

  Tant d’amour brillait dans ses magnifiques yeux que mon esprit balaya d’un coup la douleur déchirante que je venais de ressentir en l’entendant énoncer ses regrets. Je glissai soudain une main derrière sa nuque et m’emparai de ses lèvres. Ses doigts empoignèrent aussitôt mes cheveux et elle se rapprocha de moi. Nos lèvres s'entrouvrirent, nos langues se trouvèrent et s'entraînèrent dans une danse langoureuse.

  Alors que nous nous embrassions à en perdre haleine. mon pantalon de nuit, pourtant lâche, ne tarda pas à me paraître trop étroit. Je sentais ma peau s'échauffer à chaque endroit où elle me touchait, mon désir croître encore et encore. Le sien assombrissait ses magnifiques yeux, leur donnant une teinte dans laquelle je me perdis entre deux baisers.

  –Lunixa...

  Ma voix était si rauque que je faillis ne pas la reconnaître.

  Je repris possession de ses lèvres, puis déversai une pluie de baisers le long de sa mâchoire, de son cou et de son épaule dénudée par le glissement de sa manche. Une volée de mots illiosimeriens lui échappa dans un murmure voluptueux. Elle se pressa un peu plus contre moi et je grognai en sentant son entrejambe appuyer sur ma turgescence, ses seins durcis se coller à mon torse.

  L'une de mes mains se posa sur sa cuisse, puis se perdit sous sa chemise de nuit laissant dans son passage un sillon brûlant sur sa peau. Lunixa eut à peine le temps de susurrer mon nom sans dissimuler son accent quand j'atteignis la dentelle de sa lingerie que la bougie s'éteignit. Il roula sur sa langue de façon si sensuelle que j'eus l'impression qu'elle me caressait au plus profond de mon être.

  Ne pouvant attendre plus longtemps, je la délestai de sa tenue de nuit. Elle chût quelque par derrière moi, sur le tapis, puis Lunixa octroya le même traitement à mes vêtements. Je la laissai un instant explorer mon corps du bout des doigts avant de l'inviter à s'allonger sous moi. Elle accompagna mon geste en m'embrassant, puis s'ouvrit à moi, déjà prête. Ne tenant plus, je me plaçai entre ses jambes et m'emparai d'elle d'un puissant coup de reins. Consumés par la fièvre, nous nous fondîmes l'un dans l'autre jusqu'à ne plus savoir où commençaient et où se terminaient nos corps.

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