Chapitre 48

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- Mademoiselle, réveillez-vous!! Réveillez-vous!!

J'ouvris mes lourdes paupières et entrevis un homme en habit bleu. C'était un officier de police.  Il me demanda:

- Est-ce que vous allez bien?

- Oui, enfin je pense que oui.

- Je vous demanderai de me suivre au poste de police.

- Je ne peux pas.

- Je sais que ce n'est pas vous qui aviez commis ces meurtres. Il faut juste nous suivre, tout ira bien.

- Puisque je vous dis que je ne peux pas bouger.

- Pourquoi ça?

- Mes jambes sont paralysées.

- OK, j'appelle des renforts.

Il prit son talkie et appela des infirmiers qui me levèrent et m'emmenèrent dans une voiture de police. 

Je ne savais pas comment j'avais fait pour m'assoupir, la seule chose qui me préoccupait c'était comment j'allais pouvoir leur expliquer le meurtre de trois personnes. Même si l'officier m'avait affirmé qu'il ne doutait pas de moi, un seul faux pas, une seule contradiction pourrait me conduire en prison.

Je fus conduit au commissariat d'Épernay où l'on me fit asseoir sur une chaise alors qu'une autre en face de moi était encore vide.

La salle était large avec des caméras dans chaque coin. Des policiers étaient postés à chaque coin du couloir et même devant la porte. 

Je n'étais pas angoissée. Je savais que je n'avais rien à cacher, et surtout que je n'y étais pour rien. 

La porte s'ouvrit. Un officier plus gradé que les autres fit son entrée. Il était chauve avec un teint plutôt foncé. Il était grand avec de larges épaules. Ses muscles se dessinaient sur l'uniforme.Les autres officiers le respectaient et le regardaient avec un regard craintif. 

Il s'assit sur la chaise et me fixa du regard. Il écrivit quelque chose sur un carnet avant de me dire:

- Je suis l'agent Walkman, chargé de l'interrogatoire. Je vous prierai de répondre à quelques questions. Vous avez le droit de demander un avocat à n'importe quel moment de l'interrogatoire. Des objections?

- Aucune.

- N'oubliez pas que nous ne voulons que la vérité. Les mensonges ne sont pas acceptés. Est-ce clair?

- Oui.

- Bien, présentez-vous!

Je fis les présentations nécessaires en indiquant mon nom et mon prénom, mon âge, ma nationalité, mes origines et même mon adresse. L'agent chuchota quelques mots à l'un des policiers qui se tenait près de lui. Ce dernier disparut. 

L'agent Walkman me demanda:

- Vous avez été présente sur une scène de crime. Est-ce exact?

- Oui.

- Est-ce que vous connaissiez les victimes?

- Pas toutes.

- Expliquez-vous.

- Je connaissais seulement la jeune fille, Joséphine. 

- Et le vieux couple?

- C'était la première fois que nous voyagions ensemble.

- Je vois. Et quelle était votre relation avec la victime, nommée Joséphine?

- Elle était mon amie, ma meilleure amie.

- Comment vous êtes vous trouver en train de voyager avec des personnes que vous ne connaissez pas?

- Nous voulions nous rendre à Épernay. Ce couple s'y rendait aussi et ils nous avaient proposé de faire la route ensemble.

Il gribouilla quelque chose sur son carnet avant d'ajouter:

- Est-ce que vous connaissiez le meurtrier?

- Je ne l'ai pas vu.

- Je vous demande si vous le connaissez, pas si vous l'avez vu.

- Non, je ne le connais pas.

- Racontez-moi, comment vous vous êtes retrouvés au bord de la route?

- Une panne de voiture.

- Pourtant, nous avions vérifié la voiture et elle est en bon état. Comment expliquez-vous ça?

- Je ne sais pas. Nous étions en train de rouler quand soudain une fumée noire sortit du moteur. Nous nous sommes arrêtés et le mari est sortit pour vérifier.

- Et après?

- Après, une silhouette l'a frappé et le pare-brise est devenu tout rouge.

- De sang?

- Oui, de sang.

- Continuez, je vous prie.

- La vieille femme est sortie pour aider son mari mais elle a été,elle aussi, frappé.

- Par la même silhouette?

- Je ne sais pas. Je n'ai pas vu qui l'a frappé. On a seulement entendu un cri et puis rien.

- D'accord. Et comment est-ce que ton amie s'était fait tuer?

Voilà la question que je craignais. Je ne pouvais pas leur dire qu'elle avait été contrôlée par Edgar, et qu'après elle est morte devant moi. Ils me prendront sûrement pour une folle. La seule réponse qui réussit à sortir était:

- Je ne sais pas.

- Vous ne savez pas?

- J'avais tellement peur qu'une fois que j'ai vu la portière s'ouvrir, j'ai fermé les yeux et j'ai attendu que quelqu'un me frappe.

- Seulement, ce quelqu'un n'a rien fait de semblable?

- Non. J'ai seulement entendu un cri, le cri de Joséphine, et puis plus rien.

- Vous n'avez pas essayé de la sauver?

- Je ne pouvais pas la sauver, je ne pouvais même pas bouger.

- Et vous croyez que c'était ça la raison de votre survie?

- J'en doute.

- Comment ça?

- Eh bien, il y avait une autre petite fille avec moi.

- Une petite fille?

- Elle s'appelle Jada, elle a dix ans. Je lui ai demandé de fuir.

- Avant la mort de ton amie ou après?

- Après.

- Nous signalerons la disparition de cette petite dans l'espoir de la trouver. L'agent ici présent vous demandera des détails concernant son physique, ainsi, les recherches seront facilitées.

L'agent Walkman se leva et avant de sortir me dit d'un ton sévère:

- L'interrogatoire n'est pas encore fini. Plusieurs points restent à clarifier. Nous comptons sur votre aide pour démasquer le coupable.

Il quitta le local. 

Un officier vint et me demanda de dessiner Jada. Étant nulle en dessin, je gribouillais quelque chose sur une feuille que l'agent jugea inutile et jeta avant de sortir.

Un policier m'apporta une tasse de café que je ne pouvais boire tellement mon estomac était noué.

Je repensais aux derniers événements et surtout je me demandais sans cesse si c'était réel, si ce que j'avais vécu n'était pas le simple fruit de mon imagination.  

En voyant des gens normaux, je m'étais rappelé qu'à une époque j'étais comme eux, qu'à une époque, je ne me souciais de rien. 

Ces policiers croyaient que ce n'était qu'un meurtre ordinaire, qu'un dossier comme tous les autres et surtout qu'une affaire à classer. Ils ignoraient qu'il y avait plusieurs choses mises en jeu et que la mort de ces personnes n'était que le début. 

L'agent Walkman entra dans le local et me dit:

- Maintenant que nous avons identifié les victimes, les choses sérieuses peuvent commencer.

Il sortit le carnet de sa poche et me demanda:

- Est-ce que vous avez tué ces trois personnes?

Cette question m'avait choqué à un point que je m'écriais:

- Non!!

- Est-ce que vous avez une quelconque relation avec le crime?

- Bien sûr que non!!

- Vous êtes sûre que vous ne connaissiez pas le meurtrier?

- Non, je ne le connais pas.

- Vous en êtes bien sûr?

- Oui.

- Vous nous avez dit que le couple était mort avant votre amie, est-ce exact?

- Oui, c'est exact.

- Le légiste vient de nous confirmer le contraire.

- Quoi?

- La victime nommée Joséphine était morte il y a une semaine déjà. Son corps est en piteux état. 

- Mais...

- Vous voyez, je vous avais bien demandé de nous dire la vérité. 

- Tout ce que je viens de vous dire est vrai. Joséphine était assise dans la voiture et je peux vous confirmer qu'elle était bien vivante. 

Il se leva et ordonna aux officiers qui se tenaient près de la porte:

- Surveillez-la!!

Je ne savais pas comment c'était possible. Joséphine était bien vivante. C'était sûrement un coup d'Edgar. Il l'avait tué et a utilisé son corps comme réceptacle d'un esprit. Seulement, elle pouvait parler normalement, contrairement à Maître Fahey et à ma mère. C'était à n'y rien comprendre.

Ils allaient sûrement trouver Jada et lui poser des centaines de questions. Il fallait qu'elle n'ait pas peur et qu'elle ne dise que la vérité. Sinon, j'étais dans de beaux draps.

Je posais ma lourde tête sur la table, je fermais les yeux et sombrais dans un profond sommeil.

J'étais impuissante à un point que je ne pouvais plus que dormir.

Dormir, c'est tamiser ses émotions, déposer son limon, clamer son âme, et guérir sa fièvre.

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